La prise du château médiéval de Saint Germain sous Cailly

A l’époque médiévale, plusieurs châteaux-forts, comme ceux de Clères, Fontaine le Bourg, Saint Germain sous Cailly, Blainville, Préaux … constituaient une ligne d’avant garde protégeant Rouen.

Pendant la guerre de cent ans, ils ont été assiégés, pris, repris, alternativement par les français ou les anglais.

Celui de Saint Germain, après un long siège, est tombé, une dernière fois, en novembre 1436 pour être ensuite détruit.

(Source Canopé, base numérique du patrimoine d'Alsace)
En 1678 : « il n’en reste que partie d’une tour… et plusieurs édifices fermés de fossés
avec la basse cour en partie aussi enclose de fossés…
et une chapelle en laquelle on célèbre la messe…
»

Des ruines encore visibles à la fin des années 1970, quoique malmenées ...(fonds Patrice Bizet)

Les châteaux de Clères, Fontaine-le-Bourg, Saint-Germain-lès-Cailly, Fontaine-Châtel (commune rattachée à st Germain des Essourts en 1826), Blainville, Préaux, édifiés pour la plupart au XIIIème siècle formaient au nord de Rouen une ligne d'avant-garde destinée à la protection de la ville. Mais durant la guerre de 100 ans, ils sont tombés alternativement entre les mains anglaises et françaises.

Ainsi, le château médiéval de St Germain sous Cailly a connu les vicissitudes des querelles entre les deux royaumes. Après les succès initiaux des Anglais ( les Plantagenêts), la reconquête par les Français est assurée par Charles V. La forteresse de st Germain a été une première fois « abatue » en 1359, par ordre de Charles V, alors régent du royaume de France et duc de Normandie qui déclare cette forteresse « nuisable et desagreable au pays d'environ » et ordonne de la faire abattre. Elle appartenait alors au chevalier Nicolas de Boissay, seigneur de Cailly, soumis à l’autorité anglaise.

En 1418, les Anglais assiègent Rouen après s’être emparé facilement des forteresses protégeant la ville. Mais en 1435, les Français et plus précisément les Cauchois, sous la conduite du comte de Richemont, s'approchant de Rouen, occupent « Saint-Germain-sur-Cailly, Fontaine-le-bourg, Prėaux, Blainville et aulcunes aultres places esquelles partout on mettait garnison ». Cependant, les Anglais reprennent assez vite le terrain perdu et détruisent tous ces châteaux qu’ils jugent dangereux pour leur sécurité : à St Germain, c’est la reddition du château en avril 1436. Les écuyers du roy viennent exiger auprès de Jehan Maquerel « …la place chastel et forteresse de S. Germain soubz Cailly et la nous rendre bailler et livrer en nos mains avecq les clefz d'icelle vous ayez et tous ceulx estants en lad. Place ». Les termes de l’accord, ont été consignés dans des actes très détaillés déposés à Paris.

Malgré cette reddition, le château est néanmoins assiégé du 23 juillet au 6 septembre 1436. « Le duc d'Yorch devant dit conquist par continuacion de siege Saint-Germain-sur-Chailly. Si furent pendus des François jusques au nombre de douze ou environ ». Le 16 août, « des charrettiers, cognurent et confesserent avoir eu et receu de Guy de la Villette, vicomte de Rouen, la somme de quinze livres tournois en diverses parties et en plusieurs paiemens dont ils avoient receu aujourduy le parpoie et derrenier poiement ». Des quittances pour les transports de matériel et des troupes nécessaires au siège de St Germain, ainsi que pour les gages des soldats nous sont parvenues.

Le château est démoli en novembre. Des documents très précis permettent de nous faire une idée des opérations de démolition : le montant des gages des soldats et ouvriers employés à la démolition du château (hommes d’armes à cheval, archers, charretiers, maçons, charpentiers…). « Ce payement a nous fait par ledit receveur general par vertu des lettres du Roy nostre sire données le ix°jour de ce present mois ». Les noms des soldats et ouvriers y sont également consignés. Fin 1436, le château en ruines est sous le contrôle des Anglais jusqu’à la fin de la guerre de 100 ans (en 1453, puis définitivement après le traité de paix entre les deux pays en 1475).

En 1678 Le Fèvre de Caumartin prend possession du château «forteresse démolie il y a longtemps par les guerres, il n’en reste que partie d’une tour… et plusieurs édifices fermés de fossés avec la basse cour en partie aussi enclose de fossés… et une chapelle en laquelle on célèbre la messe… »

En 1872, l’abbé Cochet note : « des pans de mur assez élevés témoignent de l'importance de cette forteresse disparue ».

Les derniers pans de murs, un peu plus éboulés aujourd'hui, se dressent toujours, fossés comblés, au milieu de la prairie, près de la rivière de Cailly.

Pour aller plus loin :

Prise et démolition du château en 1436 – Communication de Ch. BREARD (bulletin de la société de l’Histoire de Normandie).