L’arrivée des moissonneuses

1565 - La moisson par Pieter Brueghel (Metropolitan Museum of Art, New York)

Faucheuse (environ 1850)

Faucheuse lieuse (environ 1880)

Le battage (environ 1900)

Les mulons - dessin de Francis Yard (source Le Pucheux)

La moisson vient de se terminer. C’est le grand moment du monde agricole : réussie elle est garante de prospérité.

Entièrement manuelle jusque vers 1850, c’est un travail pénible nécessitant une main-d'œuvre nombreuse. Un siècle est nécessaire afin que sa mécanisation se diffuse sur l'ensemble des fermes de France.

La moisson est la grande affaire du monde agricole, grâce aux moissonneuses batteuses, elle se fait maintenant en peu de jours avec peu de main-d'œuvre.

Jusqu’au milieu du 19ème siècle, c’est un travail pénible qui mobilise une armée de saisonniers : le recrutement des moissonneurs commence aux environs de la Saint-Jean, comme à Bosc-le-hard lors de la fête du même nom, où les engagés portent alors une “longe” autour du cou lorsqu'ils sont embauchés.

La moisson débute par le fauchage, réalisé à l’aide de faux et de faucilles, suivi de la mise en gerbes ; celles-ci sont ensuite entassées en “villottes” puis en “mulons” pour le séchage en attendant le battage au fléau.

L’arrivée, vers 1850, des premières faucheuses, tirées par un ou deux chevaux, supprime le fauchage manuel et, vers 1880, celle des faucheuses-lieuses (ou moissonneuse -lieuse), mécanise la fauche et la mise en gerbe comme à la même époque, les batteuses à poste fixe, tirant leur force de machines à vapeur, simplifie l’opération de battage.

Toutefois, avant d’adopter ces nouveaux outils, les cultivateurs, comme on dit à l’époque, sont demandeurs d’informations pouvant les éclairer.

Aussi le comice agricole de l’arrondissement de Rouen organisé, le samedi 14 août 1886 dans la grande ferme des Authieux de Monsieur Savoye (La ferme des Authieux actuelle) avec un grand concours international de faucheuses, a un énorme succès.

Dès 9 heures du matin, 10 faucheuses simples, 3 combinées et 8 faucheuses-lieuses sont rassemblées dans la cour de la ferme.

Les parcelles attribuées ayant été tirées au sort, les attelages se rendent, à 13 heures, sur chacune d’elles.

Au coup de fusil, elles commencent la coupe des blés sous l’œil attentif de plusieurs milliers de personnes massées le long de la route dominant la plaine (l'actuel chemin départemental n°6).

Pour l’attribution des récompenses, une épreuve supplémentaire vient à bout de l’embarras du Comice.

Le travail des faucheuses-lieuses, une nouveauté, est particulièrement remarqué : la coupe est parfaite, les gerbes disposées avec régularité, la conduite aussi facile que celle des faucheuses. Bien des cultivateurs présents expriment le regret de n’avoir que des faucheuses, les plus réticents sont convaincus.

Afin d’assurer la récolte, les cultivateurs du voisinage, et leur personnel, disposent les gerbes en "villottes" (moyettes) ainsi coupées sur les 25 hectares.

Un panneau du parcours numérique des Authieux-Ratiéville rappelle cet évènement à l'entrée de la "Ferme des Authieux".

JC Parenty


Sources :

Fonds Bizet et d’après la chronique de Raoul Aubé dans le Journal de Rouen et Gabrielle Sueur-Hébert, "D'un Printemps à l'autre. 1997"


Pour aller plus loin :

L'article "Les moissonneuses" de GERVAISE (Gabrielle SUEUR) dans Le Pucheux n° 34 de 1988