Chute d'un V1 dans une ferme
Crédit herodot.net
Alors que les alliés débarquent sur les plages de Normandie, une semaine plus tard, le 13 juin, les premiers V1 s’envolent du Haut-Cailly vers Londres avec des lancements parfois ratés.
Imaginez la surprise des habitants des communes du canton, voyant ces curieux avions complètement inconnus, sans pilote, volant très bas vers le nord-ouest, au bruit infernal de casserole, crachant une flamme.
Ils sèment la terreur dans les communes car beaucoup de lancements échouent : le V1 explose 25 minutes après son départ (temps prévu pour atteindre Londres), parfois dans la région après avoir fait plusieurs boucles au-dessus de la campagne, pulvérisant tout se qui se trouve à proximité et tuant de nombreux habitants (comme à Auppegard 14 victimes le 16 juin).
La surprise est totale car tout cela s’est installé dans le plus grand secret, laissant la place à toutes les rumeurs.
Les chantiers de construction des rampes d'abord lourdes puis légère et démontables pour pallier aux effets des bombardements, commencés en août 1943, ne sont pas visibles du sol car toutes les routes y menant sont bloquées et surveillées.
Installées à l’abri des regards donc, dans les bois, dans les parcs des châteaux, leur localisation précise sur le terrain par les membres des réseaux de résistance est difficile.
Toutefois les évadés des chantiers de construction (souvent russes et polonais) donnent quelques indications.
Les alertes par la résistance sont toutefois suffisamment nombreuses (Michel Hollard en localisa en 1944 plusieurs dizaines) pour qu’elles soient prises au sérieux par les alliés.
Les bombardements, comme à Clères, Saint André sur Cailly, Mont-Cauvaire, Bosc-le-Hard ... commencent dès Noël 1943, surtout la nuit, éclairés par les projecteurs et les explosions des batteries anti aériennes comme au Fort (Grigneuseville), la Houssaye Béranger, Bosc-le Hard, Beaumont le Hareng …
De nombreux avions sont touchés, tombant dans un bruit fracassant, explosant comme à Frichemesnil, la Houssaye Béranger, Mont Cauvaire, Anceaumeville … Les pilotes les plus chanceux sont récupérés après leur descente en parachute par les résistants.
Simultanément, de nombreuses villes et villages sont bombardés pour gêner l’arrivée de renfort allemands.
Cette année 1944 est réellement un enfer !
JC Parenty
Établi à partir du livre l'Enfer des V1 en Seine-Maritime durant la seconde guerre mondiale, de Norbert Dufour et Christian Doré (Imprimerie Bertout Octobre 1993 - ISBN 2-86 743 179-4