En 1945, les alliés découvrent l’horreur des camps de concentration et d’extermination nazis.
Joseph Kerebel, vicaire de Montville depuis 1936 a connu cet enfer, arrêté en 1943, déporté en 1944, il meurt au camp de concentration de Theresienstadt le 19 juin 1945.
par Stéphane Cauchois,
auteur du livre "Un prêtre dans la Résistance“ consacré à l’abbé Kerebel
Joseph Kerebel est né le 4 juillet 1912, à Lambézellec, dans le Finistère, devenu en 1945 un quartier de la ville de Brest. A la veille de la Première Guerre mondiale, la famille Kerebel quitte sa Bretagne natale pour s’installer à Dieppe, en Seine-Inférieure, où M. Kerebel père avait obtenu un poste de pontier.
Le jeune Joseph, au tempérament fougueux et passionné, vit à Dieppe où il se fait de nombreux amis. Il fréquente l'école Saint-Charles, puis ses parents l’inscrivent à l’Institution Saint-Romain, à Rouen, appelé aussi le Petit Séminaire. Très attaché à sa ville, il revient souvent à Dieppe.
Après ses études secondaires, il entre au Grand Séminaire. Ordonné prêtre en décembre 1936, l’abbé Kerebel est nommé vicaire de la paroisse de Montville par l’archevêque du diocèse de Rouen. Il se lie volontiers d’amitié avec la population locale qui apprécie ses qualités humaines.
Rappelé sous les drapeaux à la veille de l’invasion de la Pologne par les troupes allemandes, il rejoint le régiment d’infanterie auquel il a été affecté en garnison à la caserne Gouraud à Soissons. Fait prisonnier en juin 1940, il s’évade, regagne sa paroisse et reprend son ministère.
Ardent patriote, ne se résignant pas à l’idée de servitude, l’abbé Kerebel rejoint alors les rangs du Front Patriotique de la Jeunesse, émanation du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, mouvement de la Résistance intérieure créé à l’initiative du Parti communiste français.
Dénoncé par André Prieur, un auxiliaire français de la police allemande, il est arrêté à son domicile le 13 octobre 1943 en compagnie de Paul Le Goupil, responsable départemental du FPJ par des membres de la Sipo-SD de Rouen sous le commandement du SS-Sturmcharführer Otto Nöhring.
Les deux résistants sont emmenés sous bonne escorte rue du Donjon, à Rouen, avant d’être incarcérés à la prison Bonne-Nouvelle. Interné au camp de Compiègne-Royallieu, il est déporté dans le convoi du 27 avril 1944, dit convoi « Tatoués », vers Auschwitz-Birkenau, puis, le 12 mai 1944, transféré au camp de concentration de Buchenwald. Le 25 mai 1944, il est de nouveau transféré, cette fois au camp de Flossenbürg où il ne reste que quelques jours avant d’être dirigé, le 2 juin 1944, vers le Kommando de Flöha.
A l’approche des troupes alliées, Himmler ordonne l’évacuation des camps de concentration. La marche de la mort conduit l’abbé Kerebel au camp de Theresienstadt où il meurt du typhus le 19 juin 1945, quelques jours seulement après son compagnon de captivité, le poète surréaliste Robert Desnos.
A la Libération, deux hommes soupçonnés d’être à l’origine de l’arrestation de l’abbé Kerebel sont arrêtés et emprisonnés par les autorités françaises. Accusé à tort, Etienne Roche bénéficie d’un non-lieu. André Prieur comparait donc seul devant la Cour de justice de Rouen. A l’issue du procès qui a duré deux jours, il est condamné à la peine de mort. Il tombera sous les balles d’un peloton d’exécution au matin du 30 novembre 1946.
Stéphane Cauchois
Montville, le 23/01/2025
Pour en savoir plus
Le livre a été réédité en juin 2020 sous le titre "Un prêtre dans la Résistance" par TheBookEdition.com
Il est disponible en format papier et en format numérique en cliquant ici.