Jean Delacour (1890-1985)

Jean Delacour est un naturaliste franco-américain né à Paris le 26 septembre 1890. Après la destruction de son domaine de Villers Bretonneux pendant la bataille de la Somme, il achète le château de Clères en 1920. 

Spécialiste de l’ornithologie, il crée à Clères un parc où les animaux sont en liberté et participe à la création de la Ligue de Protection des oiseaux. Il travaille aux États-Unis dès le début de la guerre jusqu’ à sa mort en 1985 à Los Angeles. 

Né le 26 septembre 1890 à Paris, Jean Delacour s’intéresse très jeune à la nature, passion qu’il développe dans son enfance pendant les vacances qu’il passe dans la propriété familiale de Villers-Bretonneux, commune de la Somme où sa famille possède une usine de bonneterie.

Dans le parc, il crée ses premières serres peuplées d’oiseaux et collectionne les orchidées.

Après son baccalauréat, il entreprend des études de botanique à Lille, et voyage, en Europe et en particulier en Angleterre - durant une période, il s’y rend tous les mois, et fréquente les milieux scientifiques et des Arts. Après son service militaire, il entame des études de zoologie à la Sorbonne et fréquente assidûment le Muséum National d’Histoire Naturelle, dont il deviendra plus tard chercheur associé et correspondant. Membre de la section ornithologique de la Société Nationale d’Acclimatation, il devient naturellement membre de l’Avicultural Society de Londres, les deux organismes étant très liés. Il participe à la création de la Ligue de Protection des Animaux avec son ami le prince Paul Murat.

Pendant la guerre de 1914-1918, la propriété familiale est détruite lors de la bataille de la Somme. Durant cette période, officier de liaison avec les armées britanniques et australiennes, Jean Delacour fait la connaissance de personnages dont il restera proche toute sa vie, comme Alfred Ezra et la famille Astley, chez qui il est reçu. Ceux-ci sont propriétaires, en Angleterre, de demeures avec parcs et collections botaniques, d’oiseaux et d’animaux. Ils le conforteront, après la perte de Villers-Bretonneux, dans sa conviction à trouver le lieu idéal pour développer de nouvelles collections. C’est ainsi qu’il acquiert le domaine de Clères en 1919.

Ce domaine avait déjà au cours du 19e siècle été transformé par Hector de Béarn qui avait ouvert l’espace autour des bâtiments en supprimant les murs de clôture, en agrandissant l’étang et en transformant les terrains à l’arrière en jardin romantique à l'anglaise. Jean Delacour continue les aménagements extérieurs en transformant la prairie en façade en jardin Arts and Crafts, en aménageant savamment les espaces de circulation humains-animaux avec des murs minérales ou végétales, en faisant construire des volières avec pour certaines des points d’eau aménagés en fontaine.

Toujours infatigable, Jean Delacour est sollicité dès 1923 par le Ministère de l’Instruction publique et par le Muséum National d’Histoire Naturelle pour une première expédition en Indochine Française. Six expéditions suivront dans cette partie du monde jusqu’en 1938-1939, et s’y intercaleront deux missions à Madagascar. C’est une période très faste pour Delacour. Des expéditions il ramène des milliers de spécimens, dont certains nouveaux pour la science. Il publie ouvrages et articles et devient correspondant de la plupart des plus importants musées d’Histoire naturelle du monde.

 Mais la guerre de 1939 arrêtera cet élan. Après l’incendie du château de Clères en février 1939 qui détruit sa bibliothèque et ses archives scientifiques et personnelles, découragé, il rejoint les Etats-Unis en décembre 1940, après le bombardement de sa propriété en mai et juin de la même année.

Jean Delacour passe en partie le reste de sa vie aux Etats-Unis où il est associé de recherche au Musée américain d’Histoire Naturelle de New-York. Il participe ainsi à la rénovation des volières du zoo du Bronx. En 1951, il rejoint le Comté de Los Angeles comme directeur du Département d’Histoire, Sciences et Art et y développe les musées. Le parc de Clères étant à nouveau ouvert à la visite en 1947, il revient plusieurs mois par an y séjourner jusqu’à sa mort en novembre 1985 à l’âge de 95 ans. Dès les années soixante, Jean Delacour prépare l’avenir du parc en le léguant au Muséum National d’Histoire Naturelle, partenaire professionnel de l’ornithologue depuis toujours. Le Département de la Seine-Maritime acquiert la propriété du domaine en 2013 après déjà plusieurs années de gestion du site. 

L’esprit du lieu restera en accord avec la vision de Jean Delacour.

Adeline Boinet