1791 - Du rififi ecclésiastique
à la Rue Saint Pierre

En 1791, tous les ecclésiastiques sont tenus de prêter serment à la Convention un jour de dimanche après la messe, en présence du conseil général de la commune et des fidèles. Plus de la moitié des prêtres refuse, dont l’abbé Simon, curé de la Rue Saint Pierre. Il doit quitter le presbytère alors qu’un nouveau prêtre est nommé.

Jean Baptiste de Fermanel, châtelain du Mesnil Godefroy, entend bien compliquer la vie du nouveau curé.

Si la plupart des prêtres du Haut-Cailly refusent de prêter serment à la Convention de 1791, peu ont eu un soutien aussi actif comme celui du sieur Jean-Baptiste de Fermanel au vicaire Simon de la Rue Saint Pierre.

Alors que ce dernier doit quitter le presbytère, le propriétaire du château du Mesnil-Godefroy l’accueille avec tous ses meubles et lui fait dire la messe dominicale dans la chapelle du parc «après avoir fait défendre lui-même et fait défendre par ses domestiques et à un très grand nombre de citoyens de la paroisse d’assister à la messe du nouveau curé».

Soupçonné de détourner plusieurs prêtres du canton de prêter serment à la Convention, J.B. Simon est déporté le 22 juillet 1794 (4 thermidor de l’an II) et ses meubles sont vendus.

Il revient d’exil en 1802 et est qualifié de «bon prêtre» à l’archevêché.

Les messes du Vicaire Simon, devenu réfractaire, se déroulent dans la chapelle privée du domaine du Mesnil-Godefroy, dissimulée derrière la splendide allée de tilleuls menant au château.

L’édifice, sobre, est trop petit pour contenir les fidèles car il est de petite dimension : 6.60 m de long par 5 m de large et 6.5 m de haut. Les murs sont en briques et silex, la toiture en ardoises à deux pans surmontée d’un clocheton abritant une clochette. Les murs latéraux laissent voir chacun une fenêtre garnie d’un vitrail montrant des figures géométriques. La porte de bois vitrée est à deux vantaux et un œil de bœuf est situé au-dessus. L’intérieur montre des murs à nu dont la partie basse est recouverte de lambris bois. Le sol est pavé de carreaux noirs et blancs disposés en diagonale, entourant deux dalles permettant d’accéder à une crypte ayant servi de caveau funéraire notamment à la famille Fermanel. L’autel est constitué par un meuble de bois surmonté d’un retable à niche comportant un petit tabernacle au-dessus d’une frise très travaillée. La charpente est constituée de liens arqués et de jambettes en bois constituant la forme de la voûte, rayonnante au-dessus de l’abside.

La famille de Fermanel est propriétaire des lieux depuis la fin du 16ème siècle et le château est édifié en 1663 et la chapelle en 1686. Dotée de 50 livres de rente, elle est placée sous le nom de Notre Dame de Consolation et de Saint-Cyr puis sous le nom de Saint-Cyr et Sainte Juliette, après sa ré-édification en 1747 par Jean de Béthencourt seigneur de Mauquenchy époux depuis 1715 d’Aymée de Fermanel

Jacques Gilles Nicolas de Fermanel, dernier possesseur du nom des terres du Mesnil Godefroy, longtemps maire de La Rue Saint-Pierre, décéde le 5 mai 1847. Il est inhumé dans le caveau familial de la chapelle du château.

En 1884, on se rend en procession à la chapelle du château le 16 juin, jour de la fête patronale (Sainte Juliette).

Hugues Auvray

Pour aller plus loin :

Le château du Mesnil Godefroy dans :