La découverte d'un nouveau manuscrit de Spalikowski datant de 1946, intitulé "Pages choisies", offre une opportunité unique d'explorer l'état d'esprit de l'auteur à cette période charnière de l'après-guerre.
Les sources de la même époque révèlent un Spalikowski tiraillé entre l'espoir d'un retour à la normale et les profondes cicatrices laissées par la guerre.
Spalikowski exprime à maintes reprises son désir ardent de retourner à sa maison des Friquets, occupée illégalement depuis la guerre. Ses lettres sont empreintes d'une frustration croissante face aux lenteurs administratives et à l'intransigeance de l'occupante. Cette situation l'oblige à résider dans un logement temporaire à Auffay, où il se sent à l'étroit et impatient de retrouver son chez-soi.
La correspondance de Spalikowski témoigne des conditions de vie difficiles de l'immédiat après-guerre. Il décrit les pénuries, le rationnement, les restrictions de transport et l'inflation galopante.
La Normandie dévastée:
Le retour de Spalikowski en Normandie, après son séjour à Argelès-Gazost, est marqué par la constatation douloureuse des destructions causées par la guerre. La vision de sa ville natale, Rouen, le "navre" profondément. Les ruines omniprésentes le confrontent à l'absurdité du conflit et à la souffrance qu'il a engendrée.
Malgré les épreuves, Spalikowski se réfugie dans le travail. Il se consacre avec acharnement à ses projets littéraires et artistiques. Il trouve une certaine satisfaction dans le succès de ses conférences et publications, signe que la Normandie ne l'a pas oublié.
Les "Versets des temps d'épreuves", écrits entre 1940 et 1944, révèlent la profondeur des blessures psychologiques infligées par la guerre. Spalikowski y exprime sa colère face à l'injustice, sa douleur face aux pertes et son désespoir face à la cruauté humaine.
Face à la souffrance, Spalikowski se tourne vers la foi, la nature et l'amour. Il implore Dieu de mettre fin à la guerre et de soulager la misère des hommes. La nature lui offre un refuge apaisant, tandis que l'amour de sa compagne lui apporte du réconfort dans les moments difficiles.
L'année 1946 est pour Spalikowski une période de transition marquée par des sentiments contradictoires. L'espoir d'un retour à la normale se heurte à la réalité d'un monde encore profondément marqué par la guerre. La rédaction de "Pages choisies" s'inscrit dans ce contexte psychologique complexe, où la résilience, la mélancolie et l'espoir se côtoient.