Les tisserands du Haut - Cailly au 19ème siècle 

Sur notre territoire du Haut Cailly, une activité de tissage à domicile s’est développée dans les campagnes dès le Moyen Age, tissage de la laine et du lin, puis à partir du 18 ème siècle, tissage du coton venant des Etats Unis via les ports du Havre et de Rouen. 

Ces activités ont totalement disparu à la fin du 19 ème siècle entrainant leur lot de misère.

Tisserand du val de Liepvre. Gravure de Lix, pour illustrer le récit A travers l'Alsace et la Lorraine, en 1887, par Charles Grad - Alamy

« Le Tisserand » (peinture à l’huile de 1888 par Paul Sérusier au Musée d’Art et d’Archéologie, Senlis, France, Wikimedia Commons)

L’étude des recensements mentionnant le nom, quartier de résidence et emploi de chaque habitant des villages, accessibles sur le site des archives départementales, montre l’importance des activités de tissage dans nos campagnes du Haut Cailly. 

Souvent, elles venaient en complément de travaux agricoles. Les tisserands allaient chercher les fils sur les marchés et y apportaient les toiles confectionnées, ou bien la production était collectée par des commissionnaires d’entreprises textiles de Rouen et des vallées du Cailly et de l’Austreberthe.

L’’étude des recensements du village de la Houssaye permet d’avoir une vision précise des activités textiles dans ce village au 19 ème siècle. 

En 1841 et 1851, on dénombre une soixantaine de tisserands, de nombreux trameurs et trameuses (11 en 1841, 25 en 1851), mais aussi des tailleurs, des couturières et des blanchisseuses. 

Hippolyte Lemarchand mentionne “l’industrie de l’habillement” qui occupe 36 personnes en 1851 (8 maîtres, 3 hommes et 25 femmes) à la Houssaye.

A partir de 1861-62, la guerre de sécession aux Etats Unis stoppe les importations de coton, et la baisse des droits de douane sur les toiles anglaises portent un coup fatal au tissage  dans nos campagnes.

Le nombre de tisserands, trameurs et trameuses baisse inexorablement à la Houssaye. 

Pour le village de la Houssaye, les noms de familles entières disparaissent des recensements. Que sont devenus tous ces habitants ? Ont-ils quitté le village pour aller travailler dans les grandes usines textiles de nos vallées ? Ont-ils changé de métier et quitté le village ?

Dans notre département, beaucoup de chômage et de misère résultent de cette conjoncture économique. 

Afin d’éviter des troubles, diverses mesures sont prises pour lutter contre la misère ; les municipalités, le département et l’Etat participent à leur financement, ainsi que des souscriptions organisées dans toute la France. 

Dans certains villages, des ateliers de charité sont organisés. Les bureaux de bienfaisance apportent aussi de l’aide  aux nécessiteux.

La baisse notable du nombre d’habitants de nos petites communes est sans doute en partie liée à ces événements économiques : entre 1851 et 1886, la population de la Houssaye  passe de 454 à 339 habitants, soit une perte de 115 personnes.

Françoise Hénaut