La découverte du trésor de Cailly

Cailly et Saint André ont constitué, par le passé, une seule et unique cité gallo-romaine.

Si les fouilles du 19ème siècles ont révélé de très nombreuses ruines sur le plateau de Saint André, quelques découvertes fortuites ont mis en évidence des éléments sur la commune de Cailly.

Comme ce trésor découvert en 1821, tel que le rapporte le Journal de Rouen, 50 ans plus tard...

Le trésor de Cailly tel qu'il est publié dans le Bulletin de la Commission Départementale de l'Archéologie et du Patrimoine en 1874 

Archéologie – Le trésor de Cailly 

On n’a pas oublié peut-être qu’à la fin de 1821, on découvrit à Cailly, au lieu dit la Côte-du-Floquet, un trésor romain, composé d'un beau collier d'or, de vingt-sept pièces en or du Haut-Empire, de quelques monnaies d'argent, d'une balance en bronze et de quelques autres objets de métal. Ces pièces furent alors recueillies par leur propriétaire, M. Esneault, de Rouen, qui les garda soigneusement. Toutefois le collier et la plus grande partie des monnaies furent dessinés et gravés par Hyacinthe Langlois. Le célèbre Mionnet estima les pièces, et un mémoire fut composé et lu par M. Lévy, à la séance publique de la Société d’Émulation de Rouen, le 10 juin 1822.

On n'y pensait plus, et déjà plusieurs ignoraient l'existence de ce trésor, dont la découverte avait fait du bruit, lorsque le propriétaire actuel, M. Esneault, a bien voulu donner ce qui lui restait de cette découverte au Musée départemental des Antiquités de Rouen, où on le verra bientôt.

On ne saurait assez remercier M. Esneault de la bonne pensée qu'il a eue de faire profiter le pays d'un trésor sorti de ses entrailles, et qui fait partie de son histoire. Nous voulons espérer que ses neveux, MM. Morel et Maillet du Boullay, de Paris, les co-héritiers des dix-sept autres pièces, voudront imiter un si bel exemple et faire ainsi profiter le pays d'une découverte dont le public leur serait reconnaissant de bénéficier.

Bon nombre de nos lecteurs sont peut-être désireux de savoir ce que fut ce trésor de Cailly en 1821. Le bruit qu'il fit alors est bien effacé aujourd'hui. Mais heureusement, les documents nous restent, et nous irons en puiser le détail dans le mémoire de M. Lévy, qui publia alors la description et le dessin des objets.

Ce trésor consistait surtout en un collier composé de 36 amandes d'or bombées d'un côté et aplaties de l'autre. Sur le côté aplati régnaient des agrafes artistement soudées qui enlaçaient ensemble toutes les parties du joyau. Deux amandes également d'or, mais distinguées par le listel ciselé qui les borde, servaient probablement de fermoirs. Nous ignorons si le collier est complet tel que nous le possédons.

Ce collier, long de 10 pouces, ne pèse que 23 grammes, mais le métal n'est que son moindre mérite. L'ancienneté de l'origine, la perfection du travail et la rareté de l’objet en sont les principales qualités.

Avec ce collier on a recueilli 27 médailles d'or du Haut-Empire dans un état parfait de conservation. Frappées à Rome, aucune d'elle n'est inédite, mais par leur beauté native et la particularité de leur revers, elles sont toutes remarquables. Comme nous l'avons déjà dit, l'antiquaire Mionnet les avait connues et il avait estimé l'une d'elles jusqu'à 150 fr.

Pour la plupart, elles furent dessinées par Hyacinthe Langlois. Toutes représentent des Césars, des empereurs et des impératrices. Nous citerons particulièrement Domitien, Antonin-le-Pieux, Marc-Aurèle, Lucius Verus, Faustine la mère et Ælius, César Adrien.

Avec ces pièces d'or furent recueillies quelques monnaies d'argent et des médailles de bronze, parmi lesquelles on distingue les noms d'Auguste, de Nerva, d'Adrien, de Vespasien et de quelques autres. On a également trouvé une balance en bronze qui doit se trouver au musée d'antiquités. Dans le nombre on remarquait une cassolette carrée en cuivre qui dut servir à faire brûler des parfums. Un vase beaucoup plus beau et destiné au même usage a été rencontré en ces derniers temps à Sainte-Beuve-Epinay. Cette seconde cassolette était damasquinée en argent dans certaines parties.

M. Lévy fit une dissertation sur la balance antique à propos de celle de Cailly. M. Potier a fait un mémoire beaucoup plus complet sur la même matière dans la Revue de la Normandie à propos de la balance trouvée à Archelles en 1863. Celle-ci, en-effet, possédait tous ses poids et contrepoids.

Du trésor de Cailly, partagé comme bien de famille, il ne restait plus dans les mains de M. Esneault que les dix aurei dont nous avons parlé. Il a bien voulu se désister, en notre faveur de cette partie de l'héritage de son père. Il a donné là un rare exemple de désintéressement et de patriotisme qui, nous l'espérons bien, trouvera des imitateurs dans notre contrée. A la vérité, c'était chose inutile pour lui que de posséder un objet rare et antique. Il est plus beau d'en faire profiter ses concitoyens et la postérité, ces compatriotes de l'avenir. De cette manière, les objets sont pour toujours soustraits aux hasards de la propriété privée et le fruit du génie humain devient ainsi une chose publique. Ingenium hominum rem publicam fecit.

Source :

Journal de Rouen du 17/01/1874 -  AD76. Transcription Christian Ninot pour l’association Histoire et Patrimoine du Haut Cailly

Pour en savoir plus

Le vol du trésor de Cailly en 1890