Histoires courtes mais brèves

Les histoires les plus courtes étant les meilleures, comme aimait à le répéter Pépin-le-Bref à une époque où ni la presse, ni le presse-citron n'existaient encore, j'ai décidé d'en écrire de brèves pour tenter de les bonifier à un TEG proche de 3%. Franchement c'est une affaire et c'est le moment d'acheter !

Bonne année quand même !

Au risque de paraître vieux jeu, je continue de jouer le jeu des vœux sous la contrainte d’un calendrier qui ne nous laisse pas un jour de répit et pas mal de jours de dépit. Il n’est pas toujours facile de réussir ses vœux de réussite mais les vœux de fiasco étant voués à l’échec, je prends mon courage à une main, l’autre étant occupée par un verre, pour souhaiter :

· Aux infirmiers d’avoir du pot et aux potiers d’avoir de la veine,

· A Carlos Ghosn de s’acheter une conduite,

· Aux caricaturistes de bien croquer et aux affairistes de moins en croquer,

· Aux assureurs d’assurer et aux assurés de se rassurer,

· Aux gilets jaunes de pouvoir se payer des pulls à manches longues,

· Aux rêveurs de continuer de rêver et aux autres d’y songer,

· A Emmanuel Macron de terminer sa traversée du désert et aux chômeurs de ne pas rester sur le sable,

· Aux funambules, aux lecteurs et aux strings de ne pas perdre le fil,

· Aux conteurs de raconter sans calculer,

· Au monde de tourner rond et de ne pas tourner le dos à ceux qui n’ont pas de ronds,

Et surtout à toutes et à tous que la bêtise et la haine baissent pavillon face aux armes de l’humour et de l’amour, et que la fraternité reste l’égale de la liberté. C’est pas gagné mais bonne année quand même !


Horoscope du Vendredi 13 octobre 2017

Bélier : Ne jouez pas aujourd’hui, vous allez tourner chèvre.

Taureau : Si on vous invite dans une arène, n’y allez pas.

Gémeaux : Pour prendre l’ascendant sur le destin, évitez les échelles doubles

Cancer : Attention c’est un jour à finir en cellules.

Lion : Aujourd’hui vous n’aurez pas à rugir si vous avez peur des chats noirs

Vierge : Avec un peu de chance vous allez trouver un Jésus

Balance : Avant de sortir, pesez le pour et le contre

Scorpion : La chance finira par tourner sur le dard

Sagittaire : S’agira pas de vous taire si vous voulez forcer le destin

Capricorne : Ne partez pas pour Capri, vous risquez un coup en vache

Verseau : La chance vous sourira si vous vous dirigez vers Sceaux

Poissons : Ce Vendredi, vous risquez de prendre la mouche en cas d’accrochage

Pierre de Jade – Voyant pas très regardant


L’origine du machisme

Si nous en sommes encore à organiser des journées pour le droit des femmes en 2016 après Jésus-Christ, il faut bien reconnaître que le problème ne date pas d’hier.

Reprenons depuis le début pour trouver l’origine du problème. Dieu, qui avait passé sa semaine à créer les océans, les plages, les transats et les chichis, a façonné la première femme, Eve que je ne vous présente pas, à partir du premier homme venu, le non moins présentable Adam, laissant croire par là et par ailleurs puisque tous les chemins mènent à Rome que la femme n’existerait pas sans l’homme.

Alors que, laissez-moi m’esclaffer, tous les hommes sages et toutes les sages-femmes savent très bien que c’est l’inverse !

Et comble du machisme originel, lequel des deux s’est bêtement fait berner par Kaa bien avant Mowgly et l’invention du K-Way ? La première femme bien sûr, comme si une femme normalement constituée pouvait se laisser tenter par un serpent quand elle n’est pas membre des Folies-Bergères très attirée par les boas depuis Zizi Jeanmaire qui elle-même était très portée sur les plumes.

C’est donc parti en couilles dès le coup de feu du starter et depuis même en étant trognon, elles ont surtout réussi à accumuler les pépins distribués par des hommes qui ne pensent qu’à leur pomme.


Des postes là, pour voir

Remaniement après remaniement, de nouveaux postes apparaissent dans les gouvernements successifs dont l’originalité peut assez vite confiner au bizarre pour ne pas dire au loufoque. J’apporte donc ma pierre à cet édifice chancelant en vous proposant des postes d’avenir pour enfin entrer d’un pas décidé dans l’univers du comique.

  • Ministre du Bois et des Ponceurs de Rondins en charge des mini-stères
  • Ministre des Affaires Etranges et de la Bizarrerie Vestimentaire
  • Ministre des Femmes Battantes et des Fromages Battus
  • Ministre des Finances et des Cultes, en charge de la prévention des trous du culte
  • Ministre de la Fonction Publique et des Privés de Fonctions
  • Ministre de la Ville, de la Campagne et des Environs
  • Ministre de l’Injustice et de l’Inégalité des chances
  • Ministre de la Défense des Droits et du Droit à la Défonce
  • Secrétaire d’Etat au Redressement des angles aigus
  • Secrétaire d’Etat à la Mémoire, à l’Outre-Tombe et aux Rappels de Vaccination
  • Secrétaire d’Etat à la Simplification des Fractions et à la Multiplication des Pains
  • Secrétaire d’Etat à la Pêche aux voix et à la Récolte du blé
  • Porte-parole du gouvernement, chargé de la lutte contre l’addiction

Un gouvernement qui en fin de compte ne me dit rien qui Valls…


Plat ou creux ?

Acheter des assiettes creuses peut finir par vous mettre à plat…

- Bonjour. Je cherche des assiettes creuses mais pas trop.

- Des assiettes plates en quelque sorte ?

- C’est ça mais en plus creuses.

- Nos assiettes sont soit plates, soit creuses, il va falloir choisir.

- Excusez-moi mais les assiettes plates sont creuses.

- C’est une façon de parler.

- Il ne faut pas avoir beaucoup creusé pour formuler de telles platitudes.

- Vous n’allez pas en faire tout un plat !

- Je vous assure que j’ai déjà vu des assiettes plates plus creuses.

- Vous avez vu ça où ?

- Dans la Creuse.

- Vous ne deviez pas être dans votre assiette.

- Je venais du Creusot.

- Ce n’est pas plat du tout par là.

- J’avais un p’tit creux, je me suis arrêté pour prendre le plat du jour.

- Il y avait du monde ?

- Non, c’était une période creuse.

- Et on vous a servi quoi ?

- Un œuf sur le plat dans une assiette plate plus creuse, ils n’avaient plus de plat du jour.

- Vous me fatiguez ! Vous les prenez mes assiettes plates ?

- Non j’abandonne, je n’ai pas de bol aujourd’hui. Je vous laisse, ces histoires de plat ça creuse.


En vœux tu en voilà encore !

Et oui nous voilà arrivés à ce moment tant attendu par les vendeurs de calendriers, ce moment où noyé dans les vapeurs d’alcool de votre beau-frère et les effluves du parfum de votre belle-sœur à moins que ce ne soit l’inverse, vous allez devoir passer au cérémonial des vœux avec l’enthousiasme d’un poisson rouge devant une boîte de loukoums et souhaiter une bonne et heureuse année et surtout la santé à la terre entière et à ce con de Robert.

Bien que n’étant pas d’une nature particulièrement suicidaire, je vais m’exécuter en vous présentant les miens, mes vœux pas ma famille qui est beaucoup moins présentable. Pour cette nouvelle année je souhaite donc :

· Aux kamikazes de ne faire sauter que les bouchons,

· Aux cons d’essayer de l’être moins et aux êtres de tenter d’être moins cons,

· A Bernard-Henri Lévy de trouver un poste d’ambassadeur chez Lego,

· A Michel Polnareff d’enfin découvrir qui a tué sa grand-mère,

· Aux psychiatres d’avoir un succès fou et aux psychologues de débloquer,

· Aux dentistes de gagner au bridge à défaut de faire fortune à la roulette,

· Aux chauffeurs de taxi de mettre Uber dans leurs épinards,

· A Kim Jong Un de changer de coiffeur et à Kim Kardashian de changer de régime,

· Aux chirurgiens esthétiques et aux tagueurs d’arrêter de défigurer les façades,

· A Léon, de Bruxelles, de continuer à avoir la frite,

· Aux laids de ne pas tourner,

Et surtout à toutes et à tous que l’amour et l’humour soient plus forts que la haine et la bêtise, et comme on a pu le constater en 2015, il y a de plus en plus de boulot !


Tout un programme

Si vous tenez vraiment à vous engager pour moi, voici les engagements que je m’engage à tenir durant mon mandat de 6 ans sachant qu’ils n’engagent que moi. Je tiens à souligner par ailleurs et par ici que je me suis déjà engagé dans une démarche volontariste d’économie en étant la première tête de liste à m’habiller avec des fins de séries.

Accès à la culture

- Mise à disposition d’une binette par tête pour que la culture soit dans tous les esprits.

Soutien à l’emploi

- inciter les entreprises de la luxure à engager plus de débauchés.

- accroître le nombre d’emplois saisonniers à Météo-France.

Priorité à l’écologie

- Relancer de manière volontariste l’énergie éolienne en exploitant les moyens illimités des brasseurs d’air de la Région.

- Délocaliser les individus répandant sans vergogne les noms à particule de génération en génération.

Lutte contre le gaspillage

- Le pain perdu sera enfin retrouvé.

Sécurité

- Des malices seront mises en place (des milices, en plus intelligentes)

Egalité homme-femme

- Distribution de géraniums à toutes les femmes et de chrysanthèmes à tous hommes qui n’auront pas eu de pot.

Aide au Handicap

- Une place de parking sera attribuée gracieusement à tous les aveugles qui en feront la demande.

Accès à la propriété

- Des logements de fortune seront accessibles pour pas cher.

Lutte contre les nuisances sonores

- Des murs du son infranchissables seront installés près des aéroports.

Votez pour moi et n’oubliez pas, mieux vaut avoir la foi des votes que la foi dévote.


Le défilé du 14 juillet

Tous les ans, avant le chassé-croisé des juilletiens et des aoûtistes, à moins que ce ne soit l’inverse, c’est la même rengaine.

Même s’il faut bien reconnaître que dans ce domaine, mieux vaut rengainer que dégainer : je veux évidemment parler du sempiternel défilé du 14 juillet. Vous savez, l’évènement annuel grâce auquel vous pouvez voir défiler devant vos yeux une part conséquente de vos impôts.

Si vous vous dites, comme beaucoup « l’argent défile à une vitesse, je ne sais pas où il passe ! », et bien là vous savez : il défile au pas et il passe par l’avenue des Champs Elysées.

Toutes les armes sont là ou presque. On ne va quand même pas faire défiler la bombe atomique : imaginez qu’elle pète pendant la cérémonie, ça serait très mal perçu par une majorité de rabat-joie qui a horreur que l’on égratigne la tradition. Le feu d’artifice doit toujours être placé après le défilé, et on n’y dérogera pas.

On y voit l’armée de terre, la marine sans la flotte quand il fait beau, l’armée de l’air sauf si vous avez un torticolis, l’armée du salut… Non, pas l’armée du salut. C’est d’ailleurs paradoxal, le salut est omniprésent dans l’armée mais l’armée du salut est absente du défilé. Alors qu’il faut bien le reconnaître, à la naissance et même plus tard, il n’y a point de salut sans armée.

L’une des caractéristiques marquante de cette cérémonie est certainement la variété dans l’uniforme. En effet, toutes les couleurs, tous les ornements, tous les képis sont de sortie. A croire que ce défilé perdure pour perpétuer la mémoire des zouaves.

Tout y est réglé comme du papier à musique, tiré au cordeau. Pas un bouton ne manque. Pas un poil de barbe plus long que l’autre chez les légionnaires. Tout est au poil. La représentation vivante de l’ordre dans toute sa splendeur. Si l’état fondamental de la matière est le désordre, il ne fait aucun doute que celui de la bannière est l’ordre.

Si par malheur, le plus petit écart à cet état idyllique survient, tout rentre vite dans l’ordre : une seule guêtre leur manque et tout serait dépeuplé.

Devant cette manifestation quasi-divine de l’agencement humain, beaucoup ne peuvent réfréner une indicible envie d’entrer dans les ordres.

Un observateur averti du monde rural notera toutefois que le nombre significatif de fourragères présentes sur les champs en cette époque de l’année est annonciateur d’une moisson précoce…

La présence d’un « meneur » devant chacun des groupes me fait irrésistiblement penser aux défilés de majorettes, les jupes en moins (les militaires, pas les majorettes), à la différence notoire que celles-ci sont beaucoup plus canons que les fusiliers. Je profite de l’occasion pour avouer ma honte d’avoir longtemps cru qu’un défilé de majorettes était un défilé de petites voitures…

Et cette procession de chars, tous plus beaux les uns que les autres, auxquels il ne manque que les fleurs pour concurrencer le carnaval de Nice ? Evidemment, quelques baroudeurs martèleront « on n’est pas des pédés ! », ce qui confirmerait la thèse généralement admise que les défilés de la Gay Pride sont, au niveau de l’ordre, assez éloignés des défilés militaires. Et que le constat d’une tendance homosexuelle chez certains soldats fasse tout de suite désordre, mais ne compliquons pas tout.

En fin de compte, tout est beau, rutilant, étincelant, dans ce défilé du 14 juillet. Tout brille de mille feux. Trop beau pour être vrai ? La guerre ne serait pas si jolie ?

Ces feux sont peut-être alors de vrais feux de l’artifice…


Un Festival à Cannes

Le Festival de Cannes a été créé en 1946 dans le but louable s’il en est de promouvoir des réalisateurs et acteurs de cinéma.

Et il faut bien reconnaître que sur la Croisette le cinéma commence en pleine lumière bien avant les salles obscures et dès l’ascension des marches du Palais par la face Sud, où dans l’ordre d’apparition à l’écran les gominés, pardon, les nominés sont :

Les chirurgiens esthétiques des vedettes affichant déjà quelques heures de navigation au compteur et qui à défaut de tirer la couverture ou le tapis rouge à eux réussissent l’exploit de leur tirer la face pour qu’elles puissent se faire tirer le portrait.

Les maquilleurs qui à grand renfort de crèmes et avant même le tube de l’été masquent les imperfections faciales de ces messieurs-dames et subliment ainsi des visages dont la banalité n’est pas sans rappeler un clair de lune à Dunkerque un soir d’hiver comme le dirait Catherine Deneuve quand elle est mal lunée, dans le seul but de jeter de la poudre aux yeux d’un public qui avait pris la précaution de se maquiller pour ne pas perdre la face devant la crème du 7ème art.

Les stylistes et habilleurs issus du gratin de la profession, bien que peu d’entre eux aient fait leur classe dans le Dauphiné, qui rivalisent d’esprit inventif pour que leurs clients paraissent de l’étoffe des héros après avoir aligné les zéros pour l’étoffe et soient bien emballés à défaut d’emballer le public. Si les hôtes du festival ne sont pas tous de marque, ils sont sans aucun doute de grandes marques. Et c’est bien connu, rien ne vaut un couturier de haute-tenue pour compenser un scénario décousu.

Les coiffeurs qui tiennent le haut du pavé et prennent soin du haut du caillou de tout ce beau monde et qui surtout permettent aux nominés de repartir avec une bonne coupe à défaut de remporter la Palme.

Que le meilleur gagne à être connu !


Pourquoi je ne partirai pas en vacances avec un djihadiste

Les événements récents ont non sans raison fait naître auprès du grand public un phénomène de rejet collectif d’une certaine catégorie d’individus, appelons les djihadistes pour les différencier des DJ à Nice, qui n’est pas sans rappeler la répulsion à l’égard des topinambours et des collabos affichée par nos compatriotes à la fin de la guerre 39-45.

Face à l’irrationnel, il faut savoir raison garder et la tête froide aussi, si j’ose m’exprimer ainsi dans le cas présent, et il ne me paraît pas inutile de recenser les raisons profondes de ce désamour.

Tout d’abord, nous noterons que le djihadiste présente un aspect général que nous qualifierons de peu avenant. Non content de s’habiller chez Emmaüs ou avec les invendus de Hache et Haine, il est affublé d’une barbe de trois mois qui vous déclenche une réaction d’allergie épidermique à chaque embrassade. Outre le fait qu’un sourire sur son visage est aussi rare qu’une baisse des demandeurs d’emploi en période de crise, il ne fera jamais l’effort de venir boire un pot au bar de l’église affichant en ce sens un refus criant d’intégration.

Comme si cet aspect rébarbatif ne suffisait pas, le djihadiste décime même en plaine à tour de bras. Sa propension évidente à décapiter ses invités ne peut que décourager les velléités de rapprochement de la part de personnes qui ont la tête sur les épaules. En particulier celles qui ont déjà peur d’une coupe ratée et de se retrouver avec une sale tête quand elles se rendent chez le coiffeur qui, soit dit en passant, est lui-aussi un terroriste capable de tous les carnages. On n’est plus en sécurité nulle part.

Autre source non négligeable de rejet, le djihadiste à de très rares exceptions près, ne fait aucun effort pour parler notre langue. Il passe son temps à proférer des menaces et à ressasser des incantations dans un fatwa, pardon un patois local, à côté duquel les discussions de comptoir d’un Berrichon ayant dépassé la dose prescrite passeraient aisément pour le discours de la méthode. Il ne faut pas s’étonner après ça qu’on ne se comprenne pas !

Le djihadiste n’ayant pas de limite, ce n’est pas tout. Passons sur le fait qu’il considère les femmes comme des moins que rien et que paradoxalement il cherche à les vendre, démontrant ainsi un déplorable sens des affaires, d’autres font la même chose et restent avec des invendues sur les bras. Mais alors, refuser à la population de regarder des matchs de foot à la télé sous prétexte que Messi joue témoigne d’une surenchère dans l’horreur jamais atteinte jusque-là.

C’est pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore que franchement pour s’éclater en vacances, la compagnie d’un djihadiste n’est pas le meilleur choix.


De vœux à moi

Nous arrivons au moment sans cesse renouvelé depuis que les postiers et autres éboueurs de l’Egypte antique ont inventé le calendrier, ce moment où dans un double élan de générosité à peine voilée par une hypocrisie savamment contenue et d’empathie imperceptiblement mâtinée d’indifférence, tout le monde embrasse tout le monde et ses faubourgs en se souhaitant le meilleur pour l’année naissante en évitant le pire faute de mieux.

N’étant pas mieux que les autres et me refusant à faire pire, voici mes vœux les plus sincères (voir plus haut) pour cette nouvelle année.

Je souhaite :

· Aux avions, aux oiseaux, aux libellules, aux assureurs, aux banquiers, aux impresarios, aux politiciens de continuer à voler,

· Aux cons de la mettre en veilleuse et aux veilleurs d’être moins cons,

· Aux philosophes de relire Descartes avant de les redistribuer,

· Aux racistes d’arrêter de broyer du noir,

· Aux spéléologues de toucher le fond et aux parieurs de toucher les fonds,

· Aux comédiens vaccinés d’avoir des rappels et aux contribuables de les éviter,

· A Nabilla de ne plus couper la viande,

· Aux midinettes de devenir cuisinières à part entière,

· Aux supporters de se supporter et aux porteurs de bien se porter,

· Aux pions solitaires de trouver une dame,

· Aux croyants et aux alcooliques de conserver leur foi(e),

· Aux ventriloques de ne pas faire de bide,

Et surtout à tous que l’amour et l’humour soient plus forts que la haine et la bêtise, et il y a du boulot !


Comment bien vendre en période de crise

(Extrait du Traité d’économie très appliquée)

La vente est un art difficile qui se complique d’autant plus que les clients potentiels n’ont plus les moyens d’acheter.

Quoi de plus triste qu’un vendeur sans acheteurs ? Peut-être un acheteur sans vendeur mais vous n’aviez qu’à regarder les horaires d’ouverture avant de venir.

Pour éviter le spleen en période de dépression et de déprime concomitante de l’acheteur, le vendeur doit rapidement donner envie d’acheter car comme chacun sait il est très difficile de résister à une envie pressante.

Il doit faire très attention de ne pas se louper la première fois car il aura du mal à se racheter. En forçant trop sur le trait, le risque est grand de passer pour un vendu auprès des acheteurs, et de se retrouver assez vite avec un stock d’invendus.

Il faut donc agir vite et savoir mettre en valeur le bien sans sous-estimer le mal qui nous entoure, amen. Le mettre en valeur tout en minimisant son prix, je vous rappelle que nous sommes en période de crise. Certes l’acheteur, qui n’oublie pas d’être mesquin sans négliger d’être matérialiste, va vouloir marchander. Il ne sait pas à qui il a affaire le bougre ! Ni une ni deux, vous lui proposez une remise de 5% s’il est titulaire de la carte de fidélité ou même un paiement sans frais sur 3 mois valable y compris sur l’achat d’un réfrigérateur avec congélateur 3 bacs intégré.

Si ça ne marche pas, de trois choses l’une :

Soit il s’agit d’un opposant acharné à la société de consommation qu’il exècre à un niveau tel qu’il n’a pas de mots pour l’accuser de tous les maux. Dans ce cas n’insistez pas vous allez vous consumer.

Soit vous avez affaire à un radin notoire qui n’a jamais offert de fleurs à sa femme malgré les remises sur quantité et vous risquez d’y laisser des plumes en cherchant à le plumer.

Soit vous êtes face à un vrai fauché et là vous êtes plutôt mal parti pour faire du blé. Conseillez-lui aimablement le magasin Emmaüs le plus proche ou s’il est vraiment dans le besoin un magasin Tati.

Voilà c’est terminé pour la première leçon. La semaine prochaine nous aborderons la deuxième « Comment vendre un réfrigérateur-congélateur trois bacs à un esquimau ».


Des mots sur les jeux

L’homme comme le chat, le dauphin, la tortue des Galapagos ou la roue arrière de mon vélo, aime jouer. Ça lui prend dès la naissance et pour certains vieux jeux, ça peut durer tant que la roue tourne. On peut jouer avec tout et avec un rien et certains poussent même leur côté ludique jusqu’à jouer avec nos nerfs, avec notre argent et donc avec notre santé.

Pour assouvir sa passion, il a donc inventé toute une palette de jeux qui contrairement à la palette de porc s’accommodent à toutes les sauces.

Mais que savons-nous vraiment sur ces jeux ? Je me suis pris au jeu de vous donner quelques éclaircissements sur certains d’entre eux pour vos sombres soirées d’hiver.

- Le jeu de l’oie : des hommes de loi lassés de voir passer des individus sans foi ni l’oie ont pris leur plus belle plume pour rédiger une règle du jeu qui passerait par la prison.

- Le jeu de dés : Jacques Coudre, couturier à Paris au moyen-âge et ancêtre trop peu connu de Charlélie Couture, après avoir fait le point sur son existence a décidé un jour de créer un jeu pour pouvoir en découdre sans perdre les faces. De là est né le célèbre jeu de dés à Coudre.

- Le jeu d’échecs : ce jeu a été conçu peu après qu’un fou plutôt cavalier ait été enfermé dans une tour après avoir voulu damer le pion à la dame du roi.

- Le jeu de dames : jeu d’échecs réservé aux pions qui font honneur aux dames.

- Le jeu de paume : ancêtre du jeu d’échecs qui n’a pas toujours été une réussite tant les joueurs avaient tendance à s’y perdre.

- Le jeu des mille bornes : ce jeu a été créé par Emile Borgne, conducteur de fiacre malvoyant qui devant relier Paris à Senlis est souvent passé par Metz, rallongeant ainsi de manière sensible le trajet prévu au point d’être considéré comme un peu borné sur les bords.

- Le jeu des quatre coins : jeu inventé par quatre nomades désœuvrés au milieu du désert. Trois d’entre eux n’ont jamais été retrouvés et le rescapé est devenu fou après avoir tenté d’en expliquer les règles à un trisomique.

- Le jeu dit de « l’ascension » : ce jeu a été conçu par des guides de haute-montagne lorsque les cols étaient fermés. Ils passaient alors d’une vallée à l’autre en empruntant un pont, dit de « l’ascension ». Il faut bien reconnaître que ce jeu n’a jamais atteint des sommets.

Il y en a évidemment bien d’autres mais je ne vais pas passer la soirée à vous éclairer, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Amusez-vous bien !


Le con

D’où vient le con ? Qu’est-ce qu’un con ? La connerie est-elle génétique ou contagieuse ? Autant de questions à la con auxquelles il serait con de ne pas répondre.

Pour commencer par le commencement, le con ne date pas d’hier. Adam et Eve n’ont pas attendu le déluge pour jouer aux cons.

Mais qu’appelle t’on vraiment un con ? Beaucoup se sont penchés sur le con sans vraiment en percer le secret. Le con est difficile à cerner. On observera toutefois que les individus cernés par les cons sont assez vite consternés.

La connerie est extrêmement difficile à mesurer surtout quand elle est infinie. Sa forme varie en permanence, comme en témoignent les grands cons, les petits cons, les gros cons qui finissent par vous perdre vos moyens.

Les cons évoluent, si j’ose m’exprimer ainsi, souvent en bandes. Les cons qui s’adorent en deviennent ainsi envahissants, cherchant en permanence à vous convertir à leurs idées.

Si vous n’approuver pas ses dires, le con paradoxalement vous prend pour un con. On vous avait prévenus, c’est normal, c’est un con.

La connerie est-elle héréditaire ? Nous avons posé la question à un fils de con qui bien que clairement sans-gêne avait de toute évidence hérité de l’air con de son père. Nous pouvons déduire de ce bref entretien que si sa mère est la moitié d’un con, le fils est aussi con que ses pairs.

Mais attention, tout ne se joue pas à la naissance. Il est tout à fait possible de devenir con en partant de rien, il suffit d’y mettre du sien en écoutant et en regardant des conneries. Au regard de la quantité d’émissions à la con, si ça ne marche pas, soit vous êtes vraiment trop con, soit vous êtes allergique à la connerie. Dans ce dernier cas, vous êtes mal barré ! Il est scientifiquement reconnu que la probabilité d’être traité de con est très supérieure à celle d’être traité contre les cons.

Même s’il arrive que par miracle la connerie finisse par passer, certains passent pour des cons alors que d’autres plus assidus le restent en permanence. On parle alors de demeurés. Je vais donc en rester là pour aujourd’hui.


L’indigène

De tous temps, l’homme en se déplaçant de son lieu d’origine, communément appelé « chez soi », « maison », « home, sweet home » ou « Ker Ozen (la maison d’Eugène, pour les ignares qui ne parleraient pas le breton) », s’est très vite trouvé confronté à l’étranger, ou pire, à l’indigène.

L’indigène, parfois dénommé autochtone lorsqu’il est d’origine germanique, est très différent de l’homme dit évolué en ce sens qu’il a des racines, des coutumes, des traditions, propres à sa contrée. Sauf que, vous l’aviez déjà deviné en qualité de membre d’un monde civilisé, reconnaissable à son aptitude sans cesse démontrée à laisser mourir de froid quelques uns de ses représentants n’ayant pas encore le chauffage central dans leurs cartons, ces racines, ces coutumes et ces traditions ne sont pas les nôtres.

Ce qui prouve sans aucun doute que l’indigène a l’esprit rebelle.

L’indigène est aussi, à l’exception notoire de Bison fûté, très mal informé.

Vous allez rire, mais il n’a jamais entendu parler du café de la gare de Bécon les Bruyères, pourtant très proche de la gare de même nom ! C’est pourtant universellement reconnu depuis des années, certainement par manque d’esprit d’initiative ou par facilité, l’homme civilisé s’ingénie à installer des gares au plus près des cafés de la gare.

Autre preuve de son ignorance, l’indigène ne connaît même pas les premières mesures de la 9ème symphonie de Beethoven : il vaut mieux entendre ça que d’être sourd mais tout de même ! D’autant que ça perdure depuis des siècles, les conquistadors espagnols avaient déjà fait le même constat.

En plus de ses coutumes atypiques, l’indigène s’affuble très souvent d’une tenue indécente et n’est qu’exceptionnellement habillé par Jean-Paul Gauthier. Là où l’homme civilisé porte une plume sur son chapeau, l’indigène, lui, porte la plume dans les cheveux : c’est à ce genre de détail que l’on mesure l’écart de civilisations.

Et entre nous, c’est ridicule ! Comment voulez-vous présenter vos papiers à un contrôle routier alors que vous vous trouvez en tenue d’Adam ?

Pour vivre, l’indigène, à la fois par atavisme et par un manque criant de supérettes à proximité, est amené à recourir à la chasse avec les moyens du bord, même s’il n’a pas d’embarcation. Et comme le dit le dicton : qui va à la chasse perd sa place. Cette habitude constituerait une explication de la colonisation pour certains ethnologues ayant fourbi leurs premières armes dans l’œnologie. En d’autres termes, il s’agirait là d’une colonie de vacance.

Mais en dépit de tous ces constats et en fin de compte, c'est-à-dire aux alentours du 20 du mois, on éprouve une certaine tendresse pour les indigènes. On passe même nos vacances chez eux.

On se dit qu’il sont un peu nos frères. Personnellement, je trouve qu’ils ressemblent plutôt à mon beau-frère.

Et si le monde tournait plus rond le jour où les indigènes civilisés trouvaient que les autres indigènes ressemblaient tous un peu à leur beau-frère ?

Epitaphes fumantes


« Si après ça on dit encore que mes absences sont injustifiées… »

« C’est la dernière fois que je déjeune dans ce restaurant ! »

« N’oubliez pas de prévenir mon médecin que j’ai interrompu son traitement »

« La prochaine fois, je ferai plus attention en traversant la rue »

« Moi qui avait une sainte horreur de faire comme tout le monde… »

« Je vous confirme que le tigre n’a rien à envier à l’homme en terme de vélocité »

« Si je retrouve le salaud qui devait couper le jus ! »

« A force de rouler à tombeau ouvert, il a fini par se refermer »

« Un train peut vraiment en cacher un autre »

« Ne m’attendez pas pour dîner, j’ai un imprévu »

« On finit toujours par avoir raison de la maladie »

« Je serais bien resté plus longtemps mais on ne fait pas attendre l’éternité »

« N’achetez jamais de parachute en solde »

« Je n’aurai pas la grippe cette année »

« C’était ça ou un an de plus avec ma belle-mère : vous auriez fait quoi à ma place ? »

« Mon baptême de l’air n’a pas été une franche réussite »

« Finir parmi les vers à douze pieds sous terre quand on a été poète procède d’une certaine forme de continuité … »

« J’ai enfin retrouvé mes racines »

« Devant tant d’inconséquence de la part du monde médical, je préfère mourir »

« Tout est bien qui finit mal ! »


La tête de cochon

- On dit souvent que ma femme a une tête de cochon : déjà qu’elle est originaire de St Jean-pied-de-Port, elle l’a un peu en travers

- Surtout qu’elle n’a pas de chance, elle a une santé précaire. La dernière fois, elle a eu un problème au jarret

- Elle a refusé d’aller voir le vétérinaire de peur de se faire charcuter et sous le prétexte fallacieux qu’il n’était pas médecin

- Je m’échine à lui dire à ma femme : arrête de fumer, c’est pas bon pour ta poitrine !

- Bon c’est vrai, elle n’aime pas la contradiction : avec son caractère, on dit souvent qu’elle est mal braisée, mais ce n’est pas de ma faute !

- Dernièrement, alors qu’elle faisait la queue pour un tire-bouchon, un malotru l’a bousculée : de nos jours, la galantine se perd. Et bien, elle s’est tout de suite mise à grogner

- Elle prend tout mal : je lui faisais remarquer la semaine dernière qu’avec son profil de grande saucisse, elle devrait éviter de sortir avec son chapelet pour aller à la messe, l’affaire a tourné rapidement en eau de boudin

- Elle a pourtant une bonne place chez Pathé, et son président, Jérôme Saindoux, ou un nom comme ça, est très sympa. Même si elle n’est pas prête de recevoir la rosette, elle y est bien traitée

- Ceci dit, on ne me fait pas de cadeaux non plus

- On m’a rapporté que des rustres laissaient entendre qu’elle était arrivée à bon port, le jour où elle était tombée sur une tête de lard

- Il y a même des mal embouchés qui racontent qu’un boudin avec une andouille, ça nous fait un bel assortiment, ma bonne dame.

- Autant vous dire que je les ai assaisonnés

- Les gens sont méchants

- Finalement, tout n’est pas bon dans le cochon…

Mine de rien

Un fils de mineur, peu avant sa majorité, a voulu lui-aussi devenir mineur. Mais lors de l’entretien d’embauche…

« Bonjour Monsieur. Je viens vous voir pour devenir mineur, comme mon père »

« Votre père est mineur ? Il ne fait pas son âge »

« Hélas pour lui, ça fait longtemps qu’il est majeur et vacciné »

« Il est majeur ? Je croyais qu’il était mineur ? »

« Il était mineur jusqu’à ce qu’il rencontre un problème majeur »

« Et vous même, vous souhaitez devenir mineur ? Vous êtes majeur ? »

« Je ne savais pas qu’il fallait être majeur pour devenir mineur »

« ça me semblait clair ! »

« Soyez indulgent, ce n’est pas un handicap majeur d’être mineur »

« La loi m’interdit d’embaucher un mineur mineur »

« Les lois, vous savez, elles sont faites par une minorité qui détient la majorité »

« Si elles ne vous plaisent pas, vous n’avez qu’à voter pour une autre majorité »

« Je ne peux pas, je dois attendre ma majorité »

« Vous faites partie de la majorité silencieuse ? »

« Non, d’une minorité qui ne peut apporter sa voix à une majorité »

« Vous ne l’emmenez pas avec vous ? »

« Si, mais quand je chante, il m’arrive de la perdre »

« Vous chantez en si bémol majeur ? »

« Pas encore. Je me contente du la mineur »

« La mineur ? J’avais compris que vous vous vouliez devenir mineur de fond ? »

« Oui, mais mon professeur de chant est un ancien lamineur qui demeure tout près du lac Majeur »

« Il habite une grande maison ? »

« Elle ne paie pas de mine »

« La mine ne paie plus, mon bon monsieur, je vous conseille de trouver une autre voie »

Le médecin malgré moi

« Bonjour Docteur, comment allez-vous ? »

« Bonjour Monsieur Vérole. N’inversez pas les rôles, c’est à moi de vous le demander. Votre fille va bien ? »

« La petite avait attrapée des boutons mais ça n’a pas duré. Moi, ça ne va pas très fort. Je n’ai plus rien de sérieux à prendre et, le pire, c’est cette impression persistante d’être en bonne santé »

« Allez, allez, qu’est-ce que je vous sers, un petit remontant ? Ressaisissez-vous mon vieux, être en bonne santé n’est pas si grave, et ça se soigne très facilement. Il faut juste que je vous prescrive les bons remèdes »

« Merci Docteur, je savais que je pouvais compter sur vous »

« Nous allons pousser un peu nos investigations. Voyons voir… La dernière fois, vous étiez constipé et je vous ai prescrit un traitement de fond : il vous a remis en celles ? »

« Ah oui, radical ce traitement ! ça tombait bien, si j’ose dire, j’avais une leçon d’équitation le week-end qui suivait, et je n’avais pas l’intention de la passer au paddock. Si j’osais l’humour, je dirais qu’avec vous, les culs rient !... Pardon, Docteur »

« Et bien, je vois que ça va déjà beaucoup mieux, Monsieur Vérole ! Donc plus de problèmes côté échappement, voyons si l’admission fonctionne aussi bien… »

« Attendez ! J’allais oublier un détail qui a son importance. En poursuivant le traitement, la prise des comprimés a fini par m’oppresser. Et là, paf, j’ai attrapé la courante ! »

« C’est au moins le signe que vous ne souffrez pas du syndrome du colon irritable »

« Aucun risque là-dessus ! C’est mon adjudant-chef qui était irritable. Mon colon, lui, a toujours été très coulant »

« Bien, bien… Le soir, avant de vous coucher, vous vous sentez fatigué ? »

« Oui, très souvent »

« Et après un repas copieux et bien arrosé, vous ressentez des difficultés de digestion ? »

« Oui, aussi »

« Quand vous montez des marches, votre cœur s’accélère ? »

« Oui, oui »

« Et bien, vous voyez que vous n’allez pas si bien que ça. Il suffit juste de chercher un peu »

« Docteur, que deviendrais-je sans vous ? »

« Certainement un malade qui s’ignore. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir comme nouveau traitement ? »

« Quelque chose qui ne me ferait pas de mal »

« Je viens de recevoir un arrivage de nouvelles capsules du laboratoire Nase, qui ont été testées sur des astronautes. Elles remplacent avantageusement un ancien aérosol qui avait des effets secondaires : il donnait de l’aérophagie. Ceci explique sûrement qu’il n’avait jamais vraiment décollé.

J’ai également un nouveau sirop en ampoules, très pratique si vous êtes allergique aux cuillères : ils pensent à tout, les laboratoires Sassufi ! »

« Des pastilles ? Vous avez des pastilles ? J’aime bien les pastilles, surtout celles à prendre par voie orale »

« Vous tombez bien. Le laboratoire Poison vient de commercialiser une nouvelle pastille absolument innovante. D’après les nombreux experts qui ont assisté aux séminaires de présentation à Tahiti, la prise de cette pastille a des effets révolutionnaires. Elle soigne un nombre incalculable de maux. Elle soigne d’ailleurs déjà très bien les médecins. On dit même qu’elle pourrait soigner des patients en bonne santé, des patients placebo, en quelque sorte »

« Je vous prendrais bien ça ! Vous les avez en quels parfums ? »

« Pour le moment, elles ne sont pas parfumées, mais ça viendra. La preuve, ce laboratoire a déjà mis sur le marché des suppositoires à la menthe, à la fraise et, celui qui marche le mieux, à l’anis »

« Je vous les prends quand même, au naturel. Le bio, il n’y a rien de mieux ! »

« Très bien. Et avec ceci ? »

« Je ne sais pas j’hésite. Avec tous ces produits, on ne sait que choisir ! »

« Je vous prends votre tension pendant que vous réfléchissez. Hum, elle a bien baissé par rapport à la dernière fois ? »

« C’est logique : on a installé une décharge non loin de chez moi, et je n’ai plus mes enfants à charge »

« Tout s’explique ! Un dernier contrôle des poumons : inspirez !... expirez !... »

« Euh, Docteur, si c’était possible, j’aimerais bien attendre encore un peu avant d’expirer »

« Vous ne manquez pas d’air, vous ! Vous mériteriez que je vous souffle dans les bronches ! Allez quelques médicaments génériques et au suivant, j’ai d’autres clients qui attendent ! »

« C’est ce que l’on appelle le générique de fin… »

….

J’expire, j’expire… finalement, la question que je me pose est : toubib or not toubib ?

Les conseils du Docteur de Jade

« Vous souffrez d’une fièvre de cheval qui n’a pas été dessellé à temps ? Privilégiez la viande à cru pendant quelques semaines »

« Vous avez en permanence un chat dans la gorge ? Variez un peu plus vos menus et arrêtez de manger n’importe quoi ! Ne vous étonnez pas après ça de vous plaindre sans arrêt, en marmonnant dans vos moustaches « je n’arrive pas à me débarrasser de ma toux ! » »

« Vous avez les oreilles qui sifflent ? Nettoyez-vous régulièrement les dents au coton-tige »

« Vous sentez que Alzheimer vous guette ? Fermez la fenêtre, prévenez la police et oubliez-le »

« Vous êtes sujet à un rhume chronique ? Adoptez un nouveau-né »

« Vous avez les jambes qui gonflent quand il fait chaud ? Faites vous poser des prothèses mammaires pour conserver l’harmonie »

« Vous avez attrapé les oreillons ? Mangez des abricots »

« Vous avez les chevilles qui enflent ? Faites la chandelle pour avoir la grosse tête »

« Vous souffrez d’incontinence ? La fuite du problème n’est pas la solution : quelques gouttes avant de vous coucher devraient faire l’affaire »

« Vous êtes sujet à une furoncolite fibrilatoire sous sa forme dégénérée ? Bon courage »

Le Tour de Sens

Samedi dernier, je me suis dit, tiens, et si j’allais faire un tour chez ma copine Lily à Sens ? Elle m’avait dit : viens à Sens, ça vaut le détour !

Je me pares de mes plus beaux atours, il paraît que ça éveille les sens, et je suis parti.

Mais voilà qu’à peine arrivé à Sens, ma virée prend un mauvais tour.

Il y avait des sens interdits partout. Un vrai nonsense.

Après plusieurs détours, je n’y suis pas allé par quatre chemins, je suis entré dans un bar.

A peine entré, le patron annonce sans détour « C’est ma tournée ! ». J’ai fait demi-tour.

En sortant, je croise un passant qui faisait un tour : « Bonjour Monsieur, je cherche la rue de la Tour ? »

« Oh là ! Vous n’êtes pas dans le bon sens ! Vous n’avez pas l’air d’avoir le sens de l’orientation ! »

« Il me joue des tours »

Avec tous ces détours, je risque la panne d’essence. Je vous le dis, installer des sens interdits partout, c’est de l’indécence.

Mon sang n’a fait qu’un tour et j’ai fini par prendre une rue à contresens.

La dernière fois que je me suis perdu comme ça, c’était à Tours.

J’avais fait plusieurs fois le tour de Tours avant de me retrouver dans le bon sens : manque de chance, j’allais à Tours.

J’arrive enfin chez Lily. Personne. Elles était partie faire un tour ! Il y a des jours comme ça où la vie n’a aucun sens…

Politiquement incorrect

Depuis des siècles, l’homme disserte et philosophe sur la signification profonde du mot politique. Mais en réalité, qu’est-ce que la politique ?

L’art de la politique consiste essentiellement à promettre l’impossible et à expliquer plus tard qu’à l’impossible nul n’est tenu.

Il est généralement admis que la politique est un instrument à discorde qui fonctionne toujours dans le sens du vent, et conduit souvent, en dépit de la qualité des artistes, à une cacophonie assez éloignée de l’idée que l’on se fait de l’harmonie quand on se situe dans la population des fervents admirateurs de Wolfgang Amadeus Mozart.

Il n’y a pas de politique sans homme politique. L’homme politique a toujours fait couler beaucoup d’encre, mais en réalité, qu’est-ce qu’un homme politique ?

L’homme politique ou politicus omnibus, étymologiquement « l’homme qui s’arrête à tous les marchés », a toujours fait preuve d’une certaine logique.

Il est tout à sa quête inlassable de voix alors qu’il n’a pas de parole, ceci pour lui permettre de continuer à tenir un double langage.

L’homme politique, appelons le Robert pour simplifier et pour ceux qui ne connaissent pas un traître mot de latin, est animé par une soif inextinguible de pouvoir, d’où son penchant incontrôlable pour le liquide.

Il cherche en permanence à rassembler pour devenir un chef des tas.

Malin comme un singe, ce qui expliquerait par ailleurs son attirance pour les bananes et les peaux qui vont avec, il sait bien qu’il ne pourra pas tirer de dividendes de la division.

Il est beaucoup plus enclin à multiplier les adhérents, très utiles pour coller les affiches à sa gloire.

L’homme politique, pardon, Robert, est particulièrement attiré par la maroquinerie. La plus petite valise, le portefeuille le moins imposant, le moindre fauteuil, déclenchent chez lui une effervescence dévote.

Est-ce dû aux incessantes guerres intestines ? Il est souvent fourré au cabinet et passe un temps fou au siège. Quand il ne se montre pas à la Foire du Trône.

Pour parvenir à ses fins, Robert n’hésite pas à battre la campagne. Certains n’hésitent pas à battre leur compagne mais il faut bien reconnaître que le pain de compagne n’ a jamais eu le succès escompté.

Contrairement au fruit, l’homme politique peut être pourri alors même que sa maturation n’est pas terminée. Dans ce cas, on dit qu’il est véreux. De façon plus générale, il se doit d’être toujours tourné vers les autres.

Une de ses caractéristiques les plus marquantes est sa relation ambiguë avec les tables.

Il est toujours prêt à s’asseoir autour d’une table mais refuse souvent de tout mettre sur ladite table. Et si la discussion s’oriente vers le dessous de la table, il se braque et refuse obstinément de s’y mettre, à table.

Robert sait qu’il doit être convaincant s’il ne veut pas passer pour un convaincu : il doit sans relâche donner du rêve, de l’illusion.

Finalement, l’homme politique ne serait-il pas qu’un illusionniste qui a plus d’un tour de vice dans son sac ?

La question que tout le monde se pose, sauf peut-être les hommes politiques, est-il foncièrement malhonnête ? Tout juste, pouvons-nous affirmer qu’il est souvent confronté à quelques soucis dans le domaine immobilier.

En fin de compte, pourrait on vivre sans politique ? La réponse est évidemment non. Pour qui voterions-nous aux élections ?

Parler de tout pour ne rien dire

Je m’en vais de ce pas vous parler de tout et de rien.

Et même si je ne sais rien du tout, je vous dirais tout sur rien.

Si vous avez tout, vous ressentez assez vite un besoin irrépressible de rien, et quand vous n’avez rien, vous manquez tout aussi vite de tout, même si, il faut bien le reconnaître, débuter avec rien n’est pas la fin de tout.

Quand on n’a rien, on est prêt à tout. Mais il est possible que ça ne donne rien. On a pourtant tout à gagner quand on n’a rien à perdre.

Il faut à tout prix y aller même si ça ne coûte rien.

Vous vous dites : comment y aller si je n’ai rien à me mettre ? Ne vous tracassez pas, un rien vous habille.

Attention tout de même de ne rien emballer. Quand on veut tout, tout de suite, on ne perd rien pour attendre. Mais quand on ne veut rien, il faut s’attendre à tout.

Passons à table. Rien ne presse, me direz-vous ? Peut-être, mais tout s’accélère. Si vous mangez de tout, vous ne laissez rien. Et si vous n’avez rien à vous mettre sous la dent, vous avez envie de tout : vous n’êtes pas raisonnable, non plus.

Vous n’aimez pas les haricots mange-tout ? Vous n’êtes pas obligé de tout manger, on ne vous dira rien.

Vous jugez que plus rien n’a de goût ? Consolez-vous avec le tout à l’égout.

D’une manière générale, le tout est de ne rien laisser au hasard. Même si le hasard fait bien les choses, il ne fait pas tout.

Un bon à rien a tous les atouts pour n’arriver à rien. Malgré tous ses efforts, il n’y a rien à y faire, il n’arrivera à rien. Et il finira par se dire : et tout ça pour rien ?

Si vous n’avez pas tout suivi, ça ne fait rien.

Rien de rien. Je ne regrette rien.

Rien du tout.

Le temps de le dire

Le temps est d’une ponctualité exemplaire. Là où l’homme peut être en retard sur son temps, le temps, lui, n’a jamais une seconde à perdre.

Rien ne l’arrête, pas même un contretemps. Il s’écoule inéluctablement.

Les secondes s’égrènent comme dans un couscous suisse.

Je vous le dis, rien ne sert d’essayer de l’arrêter, vous perdrez votre temps.

D’une façon générale, il est d’ailleurs très facile de perdre son temps.

Dernièrement, j’ai perdu mon temps à chercher ma montre et j’ai fini par trouver le temps d’en acheter une autre.

Une autre fois où j’avais encore bêtement perdu mon temps, je ne suis pas très soigneux, je me suis présenté au bureau des objets trouvés.

« Bonjour Madame, j’ai perdu mon temps, quelqu’un ne vous l’aurait pas ramené par hasard ? »

« Montand ? Le chanteur ? Vous avez perdu un disque de Montand ? Allez au service médias, c’est la deuxième porte à droite en montant »

« Non, non, pas le chanteur. Je suis à la recherche du temps perdu »

« A la recherche du temps perdu ? C’est de Proust ça. Vous l’avez perdu quand ? »

« C’est mon temps que j’ai perdu, pas le temps de Proust ou de Voltaire ; eux, ils ont fait leur temps depuis longtemps »

« Vous me faites perdre mon temps à rechercher le votre. Vous devez avoir du temps à perdre si vous avez trouvé le temps de venir le chercher ici »

J’ai fini par trouver le temps long et je suis parti, sans perdre une minute.

J’ai beau être remonté comme une pendule, rien y fait, je n’arrive pas à remonter le temps. J’aurais même une tendance naturelle à me laisser déborder par lui. Je ne m’en fais pas pour ça, mieux vaut un retardataire qu’une avance en l’air.

La notion du temps est très difficile à acquérir. Par lassitude, certains sont conduits à laisser couler. Ma femme, par exemple (bien qu’elle ne soit pas toujours un exemple à suivre), à force de trop laisser cuire les œufs à la coque, a fini par rendre son sablier.

Ce n’est pas le tout mais pendant que je disserte sur le temps, il passe.

Une interrogation pour finir : faut-il prendre son temps au risque d’être pris par le temps ?

Ça fait du bien de se donner du mal

Le bien et le mal sont des notions que depuis des siècles, les philosophes et les religieux invoquent pour définir des règles et justifier les actes de leurs congénères : tiens prends ça sur le coin de la gueule, tu l’as bien mérité après le mal que tu as fait !

Imaginez un peu : sans ces notions, punitions, récompenses, bons points, condamnations, tortures, canonisations, n’existeraient pas. La vie serait d’un monotone…

Faire le bien ou faire le mal est une question de goût personnel, comme préférer les fraises des bois aux tronçonneuses à deux vitesses.

Il est généralement admis par les médecins, à l’exclusion notoire des sadomasochistes dont la clientèle est moins douillette, que faire le bien ne peut pas faire de mal.

Je reconnais que parfois faire le bien peut conduire au mal. Personnellement, j’ai été le témoin récent de la chute d’une petite vieille dans le fleuve qui traverse ma ville (il pourrait faire le tour mais on ne discute pas facilement avec un fleuve). Voulant bien faire, je me suis fait mal au dos en me précipitant pour sauver son sac.

Mais si vous faites le bien, faites-le bien. En vous donnant un peu de mal, vous finirez bien par le faire bien. Si malgré vos efforts répétés, vous n’arrivez pas à bien faire le bien, alors faites le mal.

Hélas (du grec Hellas « si j’avais su, j’aurais pas venu », prononcé en -480 et en grec ancien par un guerrier grec ancien lui-aussi, avant de rendre son quatre heures et son dernier soupir lors de la bataille des Thermopyles), hélas donc, il est tout aussi difficile de bien faire le mal, à l’exception manifeste des sadomasochistes même s’ils ne sont pas médecins.

Car si vous tenez vraiment à faire le mal, par vocation ou par mimétisme avec le Malin, je vous en conjure, faites le bien. Ceci dit entre parenthèses, moi, si j’avais des cornes, je ne ferais pas le malin. Si vous choisissez quand même de le faire, le Malin, ce serait bien le diable si vous ne trouviez pas le moyen de bien faire le mal. Non vraiment, le mal mal fait, ça commence à bien faire ! Il est pourtant si facile d’identifier un mal bien fait. Un mal bien fait fait en général bien mal. Ce n’est pas plus compliqué que ça.

Et ne voyez pas le mal partout alors qu’il n’est bien nulle part.

On dit que bien mal acquis ne profite jamais. Admettons. Mais il faut bien reconnaître qu’un mal bien acquis ne profite pas beaucoup non plus. Ma concierge par exemple a attrapé un mal de dents qui, vu de l’extérieur, ne fait pas du bien.

Si vous tenez absolument à vendre votre bien mal acquis, et que vous ayez du mal à le vendre, il ne vous restera plus qu’à vous racheter. Dites vous que c’est un mal pour un bien.

Comme le dit ma femme en parlant du voisin, à moins que ce ne soit de son appartement, je ne m’en souviens plus, mieux vaut un beau mal qu’un mauvais bien.

Et soyons sérieux une minute, vous n’allez quand même pas vous trouver mal en perdant un bien.

Je n’en dirai pas plus. Il est hors de question que je dise du mal de quelqu’un, ce serait bien mal me connaître.

S’il fallait que je dise du mal de tous les crétins débilisant à l’encéphale sous-alimenté qui accompagnent les cruches anesthésiées au cervelet aussi congestionné qu’une artère de la Capitale en période de soldes, ce serait au-dessus de mes forces.

Tant bien que mal, je ne peux pas faire mieux. Le mieux étant l’ennemi du bien, je ne voulais pas que l’histoire finisse mal…


L’amour ou la guerre ?

Un slogan lancé dans les années 60 disait « faites l’amour, pas la guerre ». Pour vous aider à prendre position, c’est le cas de le dire, je vous propose de mener une réflexion sur ces deux termes apparemment antagonistes pour ne pas dire ennemis.

Depuis la nuit des temps et contrairement aux idées reçues, le cachet de la poste faisant foi, l’amour fait beaucoup plus de victimes que la guerre. Et, il n’y a aucun doute sur ce sujet, la nuit détend quand on fait l’amour.

C’est une première différence notable. N’allez pas en déduire pour autant qu’il soit plus dangereux de faire l’amour que de faire la guerre, sauf si vous êtes religieux et que votre femme est une mante.

Abordons le sujet de la déclaration. Si vous n’avez rien à déclarer, tout le monde s’en fout, il n’y a plus de frontières en Europe. Certains esprits chagrins me diront, il y en a encore en Asie.

Je leur répondrai alors, en ne rendant pas les larmes, qu’il est expressément interdit de s’accoutrer en nazi et encore plus de franchir la frontière dans cette tenue, allemande qui plus est, pour ne pas donner la fâcheuse impression de rediffuser un mauvais film qui n’avait pas marché du tout lors de sa sortie en 1939. Au contraire de la Grande Vadrouille qui avait beaucoup mieux marché quelques années plus tard. J’avance l’hypothèse qu’un sens du comique plus développé chez Bourvil et De Funès que chez Hitler et Himmler pourrait être à l’origine de cette différence de popularité.

Mais revenons à la déclaration préalable, sans licenciement.

Il faut bien admettre que la déclaration de guerre est précédée d’une quantité de simagrées sensiblement plus réduite que la déclaration d’amour. Il est assez rare qu’un chef d’état invite un autre chef d’état

à plusieurs reprises au restaurant pour finalement lui susurrer entre la poire et le fromage qu’il compte bien lui faire sa fête à brève échéance à coups de missiles. On peut donc dire, sans risquer d’être taxé d’antimilitarisme primaire, que les préliminaires annonçant le premier coup tiré sont plus que négligés par les militaires.

Contrairement au chef d’état, l’amoureux évitera soigneusement d’énumérer ses conquêtes précédentes avant de se déclarer.

Passons maintenant à la stratégie.

Pour arriver à ses fins l’amoureux transi ou le chef d’état major chauffé à blanc utilise toutes sortes de stratagèmes plus malins les uns que les autres.

L’un des plus efficace et éprouvé est celui consistant à prendre l’adversaire en étau, ou plus simplement à l’encercler si vous n’êtes pas bricoleur, ou à le prendre à revers si vous êtes joueur de tennis.

Le chef d’état major encercle l’ennemi là où l’amoureux transi enlace son amoureuse en transit. Ou juste à côté si la place manque.

L’effectif requis pour la réussite de l’opération est très souvent plus important dans le premier cas, sauf si l’amoureuse en transit présente un tour de taille dépassant l’entendement ou si l’amoureux transi est équipé de bras sous-dimensionnés au-delà du raisonnable.

Abordons maintenant un sujet explosif s’il en est, celui des bombes.

Il est clair que le cas d’un individu commun, appelons-le Arsène (c’est beaucoup plus courant que commun), tombant amoureux d’une bombe, n’est pas comparable au cas d’un sergent artilleur, appelons-le sergent, on est dans l’armée tout de même, qui tomberait amoureux de l’une de ses bombes. Si, si, c’est possible. Il paraît même que certains couchent avec leur fusil, c’est pour dire. Il y a fort à parier que la nuit de noces du second sera beaucoup plus mal supportée par ses voisins que celle du premier, même si sa bombe à lui a joué dans alerte à Malibu.

On peut toutefois comprendre que certaines personnes refusent une vie sans éclats.

Dans un autre registre, le camouflage, il ne faut pas se le cacher, la méthode utilisée n’est pas à proprement parler identique. J’ajouterais que je ne parle jamais salement et que je m’essuie les pieds avant d’entrée.

L’ennemi avance masqué là où la femme avance maquillée. Si l’ennemi évolue à visage découvert, contrairement à la femme, il ne se maquillera jamais en utilisant du rouge à lèvres. Sauf évidemment s’il se terre dans un champ de fraises.

Passons maintenant, non pas par la Lorraine mais à la sortie de crise.

Une guerre se termine toujours par un cessez le feu. Comme son nom l’indique, on range l’artillerie et les couteaux de cuisine jusqu’à la prochaine fois.

La fin d’un amour se traduit par une perte de flamme qui peut s’avérer éminemment explosive. Il n’est pas rare que la fin d’une histoire d’amour déclenche des hostilités à côté desquelles la guerre du Vietnam fait figure d’aimable randonnée touristique dans les rizières du delta du Mekong, risquant fort de mettre à mal la convention de Genève.

On dit souvent que l’amour rend aveugle. La guerre aussi, surtout quand un obus de 75 vous pète à la figure.

Tout bien réfléchi et malgré les risques encourus, je préfère l’amour à la guerre et je ne changerai pas de position, même si ma femme me le demande. Les frais à engager sont beaucoup plus raisonnables, notamment en quincaillerie et en fleurs, et franchement la fleur au fusil, c’est d’un manque de goût…


On est bien avancé

Comme chaque année à la même époque, une vague de promotions dans les entreprises annonce la période des soldes d’hiver. Au même titre que le Père Noël et la taxe d’habitation, l’avancement est un sujet qui revient à intervalles réguliers hanter nos nuits et notre portefeuille. Et, il faut bien le dire, beaucoup ne reculent devant rien pour avancer.

Mon altruisme naturel me conduit à prodiguer quelques conseils à ces derniers pour les aider à gravir les échelons qui mènent au sommet de l’échelle.

Il est utile à ce stade de désigner le principal obstacle à l’avancement : le concurrent. Le concurrent est un collègue de travail qui a le mauvais goût de se situer au même niveau hiérarchique que vous et qui, rien que pour vous gâcher vos RTT et le goût des frites le midi, a l’outrecuidance de lorgner vers le même niveau supérieur.

Vous vous rendez vite à l’évidence, après être passé évidemment par la cantine pour éviter la file d’attente à l’heure de pointe, le concurrent est un ennemi qui risque de transformer votre quête du grade en chemin de croix, et que vous devez anéantir par tous les moyens.

Pour s’élever dans la hiérarchie, la bassesse n’est pas un handicap. Elle peut même devenir un atout si elle est utilisée à bon escient.

Première recette pour bien réussir dans son entreprise, c’est le cas de le dire : dénigrer consciencieusement ses concurrents.

Allez-y par petites touches, insidieusement, du style « je ne savais pas qu’on pouvait avoir autant de jours de congés », ou « je croyais qu’il n’avait plus de problème avec l’alcool ? Je me suis pourtant laissé dire qu’au pot de départ de Marcel… », ou encore « il paraît que sa femme a demandé le divorce. C’est sûr que s’il met autant de temps à faire son choix quand il est en courses qu’à prendre une décision au boulot, chez eux ils ne doivent pas manger à leur faim tous les jours ! ».

Cette méthode, qui peut porter ses fruits, n’est pas sans danger. Vous pouvez être amené à déblatérer sur une collègue, « celle là, la seule qui fait bonne impression dans son bureau, c’est son imprimante », devant un autre collègue qui s’avère être le petit ami de la première, elle-même se trouvant être la nièce du directeur. Mauvaise pioche.

Dans ce registre, je vous déconseille la lettre anonyme de dénonciation, a fortiori si vous utilisez du papier à en-tête de votre service.

Deuxième recette pour réussir, beaucoup plus radicale celle-là, éliminer votre concurrent. La difficulté est d’atteindre l’objectif sans risquer d’être accusé plus tard : si vous croupissez en prison, vous serez bien avancé.

En ce sens, je vous déconseille de verser du révélateur dans le café de votre collègue bien-aimé, du fait de la grande difficulté à camoufler un crime au révélateur. Utilisez plutôt avantageusement une cartouche. Pas une cartouche de fusil, ce n’est pas d’une grande discrétion surtout en dehors des périodes d’ouverture de la chasse, mais une cartouche de toner. Versez un peu de toner dans le café de votre collègue (si celui-ci ne boit pas de café, tant pis, revenez à la cartouche du début), le toner s’apparente visuellement beaucoup au marc de café. Si tout se passe bien, en un éclair, celui-ci sera foudroyé par le toner.

Troisième recette, plus classique et moins violente, se faire bien voir du patron, du chef de service, du directeur, du PDG, du grand vizir ou du calife, selon l’entreprise et le niveau où vous vous situez.

Ne lésinez pas dans la flagornerie, adopter le position de l’encenseur est un bon moyen de s’élever.

Tout est bon. Même si la cravate de votre supérieur vous inspire des hauts le cœur et que vous refuseriez de la porter un jour de carnaval, n’hésitez pas à lui clamer votre admiration pour un goût que bien des couturiers devraient lui envier. Au vu de certains défilés de mode, je vous confirme en passant que le ridicule ne tue pas.

Applaudissez à toutes ses idées, toutes ses solutions, qui sont évidemment géniales puisque c’est le chef. Vous êtes con ou vous le faites exprès, il ne serait pas chef sinon. Si par esprit de contradiction, il vous demande votre avis, méfiance, il y a un piège. Ne répondez surtout pas, et dites lui que vous allez réfléchir à la question. Imaginez un instant que vous lui soumettiez une idée débouchant sur un fiasco total, ou pire, lui déplaisant fortement. Le résultat serait à l’opposé du but recherché.

Esclaffez-vous à chacun de ses bons mots, même si comparé à ses plaisanteries, l’Almanach Vermot fait figure d’Encyclopédie de la langue française. Riez avec d’autant plus de vigueur s’il s’agit de plaisanteries destinées à l’un de vos concurrents. Soyez plus discret si elle sont dirigées contre vous.

Quatrième recette, éprouvée elle-aussi mais qui nécessite des pré-requis, le lien de parenté avec le supérieur. Il a été démontré scientifiquement que le fait d’être le fils ou le neveu du directeur n’était pas un handicap insurmontable pour progresser dans l’entreprise.

Certains iront même jusqu’à devenir le beau-frère du directeur en épousant généralement sa sœur, et plus rarement son frère.

Voire à tenter de devenir la femme du directeur ou le mari de la directrice, ou l’inverse selon leurs tendances sexuelles, en procédant par étapes, c’est à dire en commençant par coucher avec.

Nous rejoignons ici la notion de promotion canapé, qui n’a rien à voir avec les promotions sur les canapés qui ont lieu un plus tard, si vous avez suivi ce que j’ai dit au début. Précisons toutefois qu’il faut se méfier des promotions canapé. Le canapé en cuir que j’ai acheté l’an dernier est déjà complètement râpé.

Le problème de cette recette est la difficulté à faire partie d’une famille qui n’est pas la vôtre au départ. Et n’essayez pas de vous faire adopter, sauf peut-être si vous avez moins de 2 ans et que vous êtes de nationalité cambodgienne.

Il existe bien une dernière recette que je n’ai volontairement pas mentionnée du fait de son caractère désuet, la compétence. Certains anciens clament haut et fort qu’il est toujours possible de progresser dans la hiérarchie grâce à ses seuls mérites. C’est vrai. Mais si vous êtes pressés…

Une absence bien présente

La présence et l’absence sont deux notions antinomiques et indissociables.

En débutant ainsi, j’ai bien conscience que je décourage au bas mot une bonne moitié de mes lecteurs potentiels, soit environ 5 personnes d’après un sondage Hipsauce réalisé auprès d’une échantillon représentatif de mes voisins de palier.

Si j’avais affirmé que la présence et l’absence sont deux termes qui s’opposent mais vont toujours de paire, comme Laurel et Hardy, la belle et le clochard, Vade et Retro ou Nicolas et Carla, il en resterait sans aucun doute le double pour lire la suite de mon texte, soit environ… 10 personnes. Mes rares et néanmoins estimables lecteurs me feront grâce de n’avoir pas sollicité à outrance leurs capacités de calcul mental dans cet exercice. Il est vrai que je n’avais pas la moindre idée du nombre de mots d’excuse que leurs parents avaient dû rédiger pour justifier de leurs absences durant leurs années scolaires.

Nous touchons là la (itou) première différence notable entre la présence et l’absence : l’absence doit toujours être justifiée et excusée, au contraire de la présence qui n’est injustifiée que lorsqu’elle est incongrue.

Cette tradition est regrettable dans le sens où l’absence de certains pourrait être supportée sans effort démesuré et sans un mot par une majorité d’autres.

Mais revenons à nos moutons, comme aimait à le dire Jeanne d’Arc en boutant l’anglais hors de France avant de finir en méchoui.

La nature ayant horreur du vide, et étant moi-même personnellement très proche de la nature, l’homme souvent absent a paradoxalement l’habitude de couvrir sa femme de présents pour combler ce vide.

Dans un autre registre et depuis la nuit des temps, on notera que l’appel est en général effectué en comptabilisant les présents. Quel temps bêtement perdu ! Pourquoi s’obstiner à compter les présents alors que les absents sont beaucoup moins nombreux ? Il y a bien un léger obstacle à cette solution innovante : il est très difficile de compter sur eux. Sans compter qu’un absent passe souvent inaperçu, ce qui relève d’une logique implacable : avez-vous déjà aperçu un absent ?

Quelques absents de marque peuvent toutefois se prévaloir de ne pas passer inaperçus. C’est un peu leur façon de se démarquer des autres. En cas de récidive de leur part, on parle même alors de deuxième démarque.

Parmi ces absents remarquables pour ne pas dire très marqués, on trouve en autres l’absent alsacien et l’absent du midi.

Ce dernier a la fâcheuse habitude d’arriver à 14 heures lorsqu’on l’attend à midi pétante, en présentant des excuses plus vaseuses les unes que les autres, et en conduisant ainsi ses interlocuteurs à juger qu’il cherche vraiment midi à 14 heures.

Les absents hésitants, ceux qui rebroussent chemin à mi-parcours, n’ont pas bonne presse. On peut même dire qu’une tendance évidente se dessine pour faire porter le chapeau aux absents circonspects.

C’est d’ailleurs une orientation assez générale de considérer que les absents ont toujours tort. Quand on voit ce qu’on entend de la part de certains présents, il vaut mieux entendre ça que d’être aveugle.

Il n’est pourtant pas interdit de faire preuve de présence d’esprit même si celle-ci n’exclut pas quelques absences, surtout dans les maisons hantées et les longères en L.

Pour conclure, on observera néanmoins que l’abus de présence peut également conduire à des dérives. A être trop présent, on finit souvent par être las. Et d’être las implique rapidement de ne plus être là et donc en d’autres termes, d’être absent.

A présent que la boucle est bouclée, je peux m’absenter…


Mes meilleurs aveux

On y est. Comme chaque année à la même époque, vous devez vous acquitter sans jugement des vœux de nouvel an. Le plus difficile, pour ne pas dire insoutenable, étant de devoir souhaiter une bonne et heureuse année à des personnes que vous ne portez pas dans votre cœur, voire même que vous exécrez. C’est le moment de vous laisser aller et d’exprimer le fond de votre pensée, en raclant bien.

Dans un élan de grande bonté sylvestre (les rennes sont déjà passés), je vous livre aimablement, si j’ose dire, quelques formulations de vœux en forme d’aveux, avec le risque potentiel de prendre un pain (sylvestre lui aussi), mais je vous aurai prévenus.

A votre collègue de bureau bien aimée : « Tu as bien bavé sur mon compte en 2011, vieille limace, je te souhaite de dégorger en 2012 ! »

A votre autre collègue de bureau tout aussi bien aimé : « J’ai été heureux que tu te sortes indemne de la grippe H1N1 en 2011. Mais ce n’est rien à côté de la joie immense que tu me ferais de crever de la maladie de ton choix en 2012 ! ». Si vous êtes assez intimes, vous pouvez même ajouter « vieille charogne ! ».

A votre patron, chef, directeur, grand-yaka, etc … : « Je vous souhaite une excellente année 2012, à vous et à votre famille, surtout à votre famille d’ailleurs, à qui le mérite revient de devoir vous supporter plus longtemps que moi. J’en profite pour vous faire remarquer que contrairement à moi, le calendrier avance ».

A votre voisin du dessus, celui qui a l’exquise attention de débuter ses répétitions de violon à l’heure des informations de 20h : « Je souhaite que vos dons multiples vous éloignent à tout jamais en 2012 de cet instrument satanique qui ne peut, je le sens, vous conduire qu’à des sanglots longs et pas seulement en automne. Je vous rappelle à toutes fins utiles que je suis personnellement un adepte des percussions ».

A votre voisin de palier, un tel fouille-merde que l’on pourrait aisément le classer dans la famille des scatologiques pratiquants, de ceux qui répandent le fumier à tous bouts de champs, même le dimanche : « Cher voisin, je souhaite vivement que 2012 soit l’année où je n’aurais plus à apercevoir la face hideuse de rat des villes ou de fouine des couloirs (c’est selon) qui me donne l’impression diffuse d’atteindre le nirvana du faux-jeton et l’envie irrépressible de vous offrir un voyage aller sur la voie lactée ».

A votre beau-frère, celui qui vous assomme de blagues vaseuses lors des repas de famille : « Je te souhaite sincèrement que 2012 soit l’année d’une avancée médicale majeure dans le domaine de la transplantation du cerveau, seule issue possible pour te sortir enfin du marasme intellectuel qui mieux que le microscope électronique à balayage permet d’appréhender le monde de l’infiniment petit ».

A votre belle-mère, c’est classique mais toujours d’actualité : « Heureuse année 2012, avec beaucoup de voyages enrichissants de part le monde. Il y a tant de belles choses à découvrir, ailleurs, loin, très loin. C’est beaucoup plus profitable que de passer ton temps à nous demander pourquoi on a choisi du papier saumon dans le salon plutôt que du blanc cassé. Surtout que je ne sais toujours pas pourquoi notre préférence est allée au saumon plutôt qu’au beige clair et j’ai horreur des questions existentielles ».

Je laisse libre cours à votre imagination pour adapter ces formules en fonction d’autres personnes qui le méritent certainement tout autant dans votre entourage.

Et que ça ne vous empêche pas de souhaiter sincèrement une bonne année à ceux que vous aimez, trop de diatribe tue la diatribe.

Adam et Eve : la suite de l’histoire

« Adam ? »

« Fous moi la paix »

« Tu m’en veux encore ? »

« … »

« Réponds moi, tu m’en veux encore ? »

« Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour tomber sur une femme pareille ! J’aurais mieux fait d’écouter ma mère si j’en avais eu une. Jamais je n’aurais dû me précipiter sur la première venue ! »

« Et toi, tu crois que tu est sorti de la cuisse de Jupiter peut-être ? Quand on s’est connu, tu passais tes journées à bâfrer et à te prélasser et moi pendant ce temps là, je n’avais rien à me mettre ! »

« C’est ça les filles uniques, tout leur est dû. Il a suffi que le premier bonimenteur zézayant te vante les golden du patron pour que tu te jettes dessus sans penser une seconde aux pépins qui allaient suivre »

« Je ne pensais pas que le vieux tenait autant à son pommier »

« Je t’ai fait confiance et nous voilà maintenant comme deux brutes à biner ! »

« Te plains pas ! Passer l’éternité à bouffer des fruits dans le même jardin, tu parles d’une vie. Et toi qui a les intestins fragiles, tu allais finir par t’enflammer le côlon. Et un colon qui s’enflamme, on sait comment ça commence, on ne sait pas comment ça finit »

« Peut-être, mais au Paradis au moins, on n’avait pas à bêcher »

« On s’en sort pas si mal. Mieux vaut être cultivateur à l’Est d’Eden que prêcheur en haute-mer »

« Ouais, n’empêche qu’avec tes histoires de pommes, maintenant j’ai le dos en compote ! »

« Qu’est-ce que tu peux être négatif ! On a un bout de terrain et pas de voisin pour nous casser les pieds »

« Bah, en fin de compte, tu auras au moins la consolation d’avoir été la première Pom-Pom Girl de l’histoire de l’humanité. Je sais, c’est maigre comme consolation, mais pour un vendredi, c’est la règle »

Peine de remise

Nous y sommes. Les soldes sont l’une des créations de l’homme qui, en dépit des remises consenties, lui font prendre pleinement conscience de sa supériorité manifeste sur l’animal, notamment sur le mouton pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres.

Aucun animal digne de ce nom n’aurait eu l’intelligence d’imaginer des variations aussi frappantes sur l’échelle de ses valeurs. Une telle volatilité des prix pourrait toutefois laisser penser à des esprits chagrins que l’on s’adresse à des pigeons ou à des dindons. Laissons les piailler et poursuivons.

Bien sûr, on peut légitimement se poser la question si de tels rabais vont dans le sens de l’élévation de l’individu. Cette question se pose effectivement puisque je viens de la poser, mais l’essentiel est de respecter l’étiquette.

Il est paradoxal de constater que plus l’homme achète à bas prix, plus il se sent valorisé. L’influence de vaseux communicants y est très certainement pour beaucoup.

L’ouverture des soldes est le coup de pistolet signifiant le départ de la ruée vers la consommation : à vos démarques, prêt, partez ! C’est à flux continu que le consommateur se précipite vers le superflu, prêt à suer sang et eau en quête d’un Graal au rabais. Et si possible de haute lutte pour joindre l’inutile au désagréable.

La valse des étiquettes est tellement étourdissante qu’on ne sait plus où donner de la dette. Les remises succédant aux démarques, le contenant finit par valoir plus cher que le contenu, et faute d’être très emballé, vous avez la pénible impression d’être pris pour un ballot.

De mauvais esprits qui refusent de revenir diront que les commerçants profitent de ces occasions pour écouler leurs invendus et autres produits de basse qualité. Je ne peux pas croire que faire baisser la note en agissant sur les bas de gammes soit la clé des soldes.

Vous croyez vraiment que les consommateurs s’entredéchireraient pour acheter un article dont ils ne voulaient pas la veille sous prétexte qu’il a baissé de quelques euros ? C’est ridicule et c’est un peu prendre les chalands pour des barges.

N’accablons pas non plus les vendeurs. Ce n’est pas parce que les enseignes multiplient les remises de 50% qu’elles sont à la solde des demis. Et soyons clairs, il faut un certain courage pour brader les demis.

En tout état de cause, c’est au consommateur de faire preuve de clairvoyance. Il ne doit pas se laisser entraîner dans une frénésie de l’achat, se laisser envahir par la fièvre acheteuse.

Sauf dans l’hypothèse où vous venez de vous mettre en ménage avec une descendante de Shiva, ne vous précipitez pas sur les cinq paires de gants pour le prix d’une. Dans tous les autres cas, il est probable que l’on ne prendra pas de gants pour vous reprocher votre achat.

Ce n’est pas parce que vous êtes propriétaire d’une Jaguar qu’il faut vous jeter sur la première veste léopard venue, même dégriffée.

Déconseillez à votre femme l’achat d’un string avec 80% de réduction alors qu’une bobine de ficelle ferait tout aussi bien l’affaire.

Ce ne sont que quelques conseils donnés gratuitement, soit avec un rabais consenti de 100%, pour vous éviter d’accumuler les objets soldés dans votre remise.

Des conseils donnés pour solde de tout compte.

Bons achats quand même !


Un joyeux enterrement

Si nous sommes tous réunis aujourd’hui, Robert, ce n’est pas pour te rendre un dernier hommage comme il est de coutume en ces circonstances. Loin de nous cette idée. Le plus petit hommage aurait été grand dommage.

Non, dans ton cas il s’agirait plutôt de nous assurer que tu nous aies bien quitté. Et franchement, on n’y croyait plus.

Au terme d’une longue autant qu’infructueuse recherche, je peux affirmer sans regrets éternels qu’il est plus facile de déceler des traces d’eau sur la planète Mars qu’une once d’humanité ou les prémices d’une action dans ton parcours qui auraient mérité d’alimenter un semblant d’éloge funèbre.

Bien au contraire, tu as fait preuve tout au long de ton existence de facultés de nuisance que l’on pourrait qualifier de don du fiel tant elles paraissaient surnaturelles, relevées d’une persévérance hors normes dans la volonté de t’opposer au bien-être de l’humanité qui aurait mérité sans aucun doute un prix Nobel de la plaie.

La perte d’un proche suscite de façon générale de la peine, des regrets, une certaine nostalgie, plus rarement une hilarité générale. Avec toi, rien de tout cela. Une douce euphorie mêlée de soulagement nous envahit en nous rappelant qu’il ne faut jamais désespérer, et que le temps finit toujours par avoir raison des mauvaises herbes les plus tenaces.

Nous ne te regretterons pas mais il nous sera difficile de t’oublier de sitôt.

Tu avais toujours un petit mot déplacé quand tu croisais quelqu’un, n’oubliant personne, je devrais même dire n’épargnant personne. De ces petits mots qui ne coûtent rien mais qui te ruinent le moral pour le restant de la journée.

Tout jeune déjà ton aptitude à pourrir la vie de tes congénères n’avait échappé à personne. Ta précocité dans la malfaisance avait été détectée dès l’âge de 3 ans lorsque tu avais manqué d’étouffer ta sœur en tentant de lui faire avaler ta girafe en caoutchouc. Mais elle a vraiment été mise en pleine lumière le jour de tes 8 ans, jour mémorable où à l’aide de tes bougies d’anniversaire tu as réussi à mettre le feu à l’église pendant la cérémonie des Cendres.

Pour faire bonne mesure, tu avais même entrepris quelques temps plus tard de nettoyer le chat de ta voisine en ayant recours à l’efficacité de la machine à laver de tes parents, et tu t’en étais tiré en invoquant l’excuse d’avoir lu « Le chat machine » sur le paquet de lessive. Mettons cet écart sur le compte d’un déficit d’information ou d’une publicité mensongère.

Par la suite, tes études ont été couronnées de trois suicides, deux dépressions et un délirium tremens de professeurs. Tu aurais pu faire mieux mais elles furent brutalement interrompues au début de ton année de seconde, peu après une tentative de strangulation sur la personne de la conseillère pédagogique d’éducation qui t’avait il est vrai, reproché un retard. Il est à signaler que beaucoup te soupçonnent de ne pas être totalement étranger aux décès accidentels de deux de tes camarades de classe, le premier d’une perforation de l’estomac due à la présence inopinée et inexpliquée d’acide sulfurique dans son chocolat, le second après une chute malheureuse dans l’escalier après avoir bêtement trébuché sur ton pied.

Rappelons que pour ton vingtième anniversaire, tu avais élaboré et mis en pratique le plan machiavélique consistant à tester les freins de la chaise roulante de ta grand-mère handicapée en la lâchant du haut de la rue conduisant à l’église. Par miracle le portail était resté ouvert, les voies du Seigneur étant pour une fois pénétrables, et elle avait pu s’arrêter devant l’autel sans faire les frais du stationnement, contrairement au curé terrassé par l’émotion.

Une telle créativité mise au service du mal ne pouvait que ravaler le diable en personne au rang de bienfaiteur. Tu as poussé le vice jusqu’à ne jamais payer un seul café à tes collègues de bureau, montrant ainsi à quel point ton abjection ne pouvait souffrir la moindre contradiction.

La délation, la fausse rumeur, la calomnie, le vol formaient ton lot quotidien. Avec ce petit grain de méchanceté supplémentaire qui faisait ton charme. Le vol du portefeuille du Directeur en accusant ton propre frère d’avoir commis ce larcin avec la complicité de la DRH restera un grand moment de ta carrière. Soit dit en passant, tu ne m’as jamais rendu le stylo à quatre couleurs que je t’avais prêté dans un moment d’égarement.

J’épargnerai à l’assistance la litanie de tes méfaits qui nous conduirait au bout de la nuit et aux confins des ténèbres.

Toi qui pensais nous enterrer tous, tu es parti le premier, contredisant ainsi le dicton affirmant que les meilleurs partent toujours les premiers.

Je ne crois pas aux revenants mais surtout ne reviens jamais ! Avec un fantôme de ton espèce, l’humanité serait dans de beaux draps …

Hommage à Audiard

Quelques citations à la façon et en souvenir de Michel Audiard, qui reste le roi des dialogues peints à la gouaille. Des textes à rendre la mémoire à un amnésique et à faire jaillir une étincelle d’intelligence chez un ensablé du bulbe. N’essayez pas de vous rebiffer, ça va flinguer chez les tontons !

« Il ne manquerait plus que je me laisse insulter par un grossier ! »

« A un tel niveau de perfection, la connerie touche au divin. On a du mal à y croire »

« Dire qu’ils s’y sont mis à deux pour pondre un gugusse dans son genre, c’est soit du travail bâclé, soit du temps partiel »

« Il y a sûrement un rapport de cause à effet entre la multiplication des chaînes et la prolifération des glands »

« Avec une grande gueule et une petite tête, mieux vaut éviter de porter le chapeau »

« Faire sauter la banque avec un bandit manchot, vraiment tout fout le camp ! »

« Face à la brute épaisse qui en tient une couche, la persuasion passe par l’artillerie lourde »

« Ma femme a commencé à me coûter cher le jour où elle s’est mise à vivre au-dessus des moyens de son amant »

« Les nageurs en eaux troubles, on a envie de leur claquer le baigneur »

« Remplacez l’ostensoir par la pétoire et le frère deviendra vite un parrain »

« L’imbécile est au crétin ce que la cornemuse est au biniou : ils ne manquent pas d’air »

« On peut être intelligent et avoir des parents cons, mais la génétique vient souvent contredire le raisonnement »

Comment devenir écrivain quand on est doué pour la pétanque

Coucher des mots sur une feuille dans l’espoir de voir s’étaler son nom sur une couverture, n’est souvent qu’un vœu pieux pour bon nombre de rêveurs promptement ramenés à la raison par des mauvais coucheurs.

C’est une évidence que l’écriture est un art difficile. On ne passe pas d’un claquement de doigts d’un brin de causette à l’œuvre de Victor Hugo. Le penser serait misérable.

Si vous n’avez pas d’idée, aucun don pour la rédaction, si votre vocabulaire n’a rien à envier à celui d’un mainate, si votre orthographe est à faire sombrer dans l’alcoolisme les descendants d’Emile Littré, si les accords se refusent à vous, et pire encore, si vous n’avez ni stylo, ni clavier, ne désespérez pas pour autant, vous avez tous les atouts pour devenir une vedette de la chanson. C’est bien connu, l’auditeur est beaucoup moins regardant que l’éditeur.

Vous vous reconnaissez dans ces qualités qui feront de vous un excellent rappeur ? Ne persévérez pas dans votre quête du Graal littéraire, vos textes risquant fort de porter plainte pour mauvais traitement.

Soyons clair, comme aimait à le dire un célèbre écrivain se refusant à faire appel à un nègre malgré l’angoisse de la page blanche, si vous êtes incapable d’aligner deux mots, tirez un trait.

Si en revanche (j’ai perdu le premier match deux sets à un, mon adversaire a eu un de ces bols de Goncourt !), si en revanche donc (en plus, il m’a mis plusieurs balles sur la ligne, si c’est pas du Poe !), vous jugez que vous n’avez pas les compétences nécessaires pour bien rapper, rien ne vous interdit d’essayer de gratter le papier.

Avant de vous lancer, commencez par réfléchir au genre d’écrit qui stimulerait votre imagination et pourrait vous permettre de passer un jour à la postérité, ce qui vous en conviendrez, n’est pas plus simple que de passer à la poste pour hériter.

Je déconseillerais personnellement le roman à un adepte du style gothique. Par contre, si vous aimez vous épanchez, l’option du roman fleuve écrit en italique est à retenir.

Vous aimez collecter les informations ? Choisissez la nouvelle, le genre littéraire, pas la nouvelle secrétaire qui a mauvais genre, mais attention toutefois de ne pas faire du neuf avec du vieux, les mauvaises nouvelles n’ayant pas souvent bonne presse.

L’autobiographie n’est pas très fédératrice. De nos jours, raconter la vie de sa voiture n’intéresse même plus les garagistes.

Parmi les écrivains potentiels, celui qui rêve de passer à la télévision aura tout intérêt à choisir la parabole.

Quelle que soit l’option retenue, le tout est de trouver son style. Il n’ y a pas de style plus porteur que l’autre. Le vrai style porteur est celui qui accroche le lecteur.

Même le style télégraphique, plus elliptique que celui de la parabole, n’évoquera pas pour autant l’idiome des postiers. J’en profite pour souligner que contrairement aux idées reçues par poste aérienne, le facteur respecte l’esprit tout autant que la lettre.

Le style ampoulé, même s’il apporte un certain éclairage sur le sujet traité, reste réservé à une petite élite s’exprimant par ordonnances.

Il est cependant très rare qu’une ordonnance fasse un best-seller, sauf peut-être dans le monde très fermé de l’industrie pharmaceutique.

Retenez pour terminer qu’il ne faut pas reculer devant l’adversité ; un premier échec ne signifie en aucune manière que vous n’aurez pas à faire face à un deuxième, à un troisième, voire à d’autres. N’abusez toutefois pas des échecs qui pourraient à la longue vous amener à croire que vous n’êtes pas fait pour l’écriture et que vous feriez mieux de faire narrer les autres plutôt que de vous obstinez.

Si tel est le cas, n’en faites pas un drame.

Un joueur de pétanque ne va pas aller pointer au chômage sous prétexte qu’il a des problèmes de tirage…

Quand le psy cause …

« Docteur, je ne vais pas bien »

« Allons, allons, ce ne doit pas être si grave que ça. Si vous étiez venu me voir en allant bien, là je me serais dit, celui là il ne va pas bien. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Je suis victime d’un dédoublement de personnalité »

« Expliquez moi ça. Je vous en prie, prenez deux chaises »

« Quand je suis quelque part, les gens disent que j’ai l’air absent. Je suis donc ailleurs tout en étant là. Je ne sais plus où j’en suis »

« Vous ressentez ce trouble depuis quand ? »

« Depuis longtemps et jusque là, ça passait encore. Mais depuis quelques temps, mon double me suit comme mon ombre. Je ne peux pas faire un pas sans l’avoir sur le dos, une vraie doublure »

« Vous n’avez pas essayé de le semer ? »

« Impossible, il est aussi collant qu’un adhésif double-face »

« Comment se traduisent vos troubles ? »

« Vous êtes marrant, vous ne voulez pas que je vous les traduise, j’ai déjà du mal à les comprendre ! »

« Je veux dire comment se matérialisent vos troubles ? »

« ça me coûte un fric fou ! Vous imaginez un peu, tout en double. Je mangeais déjà comme quatre, alors à huit, je n’y arrive plus »

« Il y a certainement un problème de père dans votre histoire de double »

« Vous n’allez pas me ressortir la rengaine du complexe d’Œdipe ! Je n’ai pas couché avec ma mère ! Et si vous aviez connu ma mère, vous vous poseriez même la question comment mon père a bien pu couché avec »

« Dans votre cas, le fait de ne pas avoir tué le père peut être à l’origine de votre problème »

« Soyons clair, je ne l’ai pas tué. Je n’ai pas eu le temps. Mon père disait toujours, ta mère elle va finir par me tuer à petit feu. Il se trompait. Elle lui a fendu le crâne à coups de tisonnier »

« ça a dû générer un vrai traumatisme »

« Oui, surtout pour lui »

« Votre mère a été prise d’un accès de folie ? »

« Pas vraiment, elle s’est un peu énervée, il venait de violer ma grand-mère après avoir égorgé ma sœur, ou l’inverse, je ne me souviens plus bien »

« C’est tout ?! »

« Il n’a pas pu faire mieux, mon grand-père avait préféré mourir avant. Il a toujours eu horreur des histoires de famille »

« Votre père était un psychopathe ? »

« Au début non. Mais je crois qu’il n’a pas supporté que ma mère le trompe avec la mère supérieure du couvent voisin. Il a noyé son chagrin dans l’Entredeuxmers. Ça finit par attaquer la carafe ! »

« Il semble évident que vous avez un lourd passé »

« Sans compter si j’ose dire, que mon frère s’est pendu juste après. Radin comme il était, il n’a pas supporté le devis des obsèques. A peine le temps de le décrocher que ma mère par désespoir s’est jetée sous le TER de 17h30. Jusqu’au bout, elle aura mis en retard tout le monde. Et je vous épargne la coupure au petit doigt que je me suis faite en décapsulant une bière. Une horreur, ça pissait le sang ! »

« Tout n’est pas perdu, vous pouvez vous en sortir. La preuve, vous êtes le seul rescapé de ce génocide »

« Deux, nous sommes deux rescapés, moi et mon double »

« Je vais vous faire un aveu. Moi aussi, j’ai eu des gros problèmes étant jeune. Je me suis pris longtemps pour une toupie. Un vrai désaxé. Je sentais que ça ne tournait vraiment pas rond. On m’ a fait tourner de psy en psy qui n’arrivaient pas à trouver la cause de ma psychose, ils tournaient en rond sans arrêt. Le dernier a fini par découvrir l’origine de mes problèmes : mon père, tourneur-fraiseur, s’était mis à boire après avoir changé de roulement d’horaires. Il enchaînait tournées sur tournées et c’est moi qui trinquait »

« Vous êtes guéri ? »

« Je suis plus posé, plus stable. C’est suite à ces problèmes que j’ai trouvé ma vocation. Et puis, je ne me voyais pas tourner toute ma vie. Entre nous, il y a plus de débouchés dans le tire-bouchon que dans la toupie »

« C’est encourageant, en effet. Qu’est-ce que vous me conseillez pour que je me sorte de ce calvaire ? »

« Une thérapie de couple. Venez tous les deux mardi prochain à 18h00 »

« Avec mon double ou avec ma moitié ? »

« Je ne fais jamais le travail à moitié, mais débutons avec votre double. Et puisque c’est vous, je vous fais les 50 premières séances à moitié prix »

« Merci docteur, à mardi »

Au p’tit bonheur la chance

Qu’est-ce que la chance ? Qu’est-ce que la malchance ? Que vais-je manger ce soir ? Ces questions hantent nos esprits comme les esprits hantent les châteaux écossais ou le monstre du Loch Ness … le Loch Ness. Il serait d’ailleurs foncièrement ridicule qu’il aille hanter le lac Titicaca ou la rivière Kwaï avec un nom pareil. Je profite de cet aparté géographique pour affirmer avec vigueur que le Loch Ness n’a absolument aucun rapport avec Eliot Ness, contrairement à ce que soutiennent quelques illuminés qui propagent la légende d’Eliot le dragon. Mieux vaut pouffer que d’avaler ça !

Rentrons chez nous et rendons-nous à l’évidence, le trajet est plus court. Lorsque la chance nous fuit, nous nous retrouvons souvent comme ces fantômes calédoniens, dans de beaux draps et la chaîne au pied.

Mais ne nous égarons pas et revenons aux questions essentielles. Vous avez de la chance, je vais y répondre. Ou tout au moins répondre à la dernière. Une omelette aux fines herbes fera très bien l’affaire, c’est une recette facile et de la meilleure veine.

On réfléchit toujours mieux avec le ventre plein, ceci expliquant sans doute que le nombre de prix Nobel originaires du Sahel ou du Bengladesh est sensiblement inférieur à celui des prix Nobel originaires d’Europe occidentale ou des Etats-Unis.

Nous touchons là du doigt le fond du problème comme aime à le répéter en prenant des gants un urologue réputé qui nous casse régulièrement les testicules à la télé.

Dès la naissance, la chance entre en jeu, et les statistiques prouvent que nombreux sont ceux qui n’ont pas de chance au jeu. Naître avec une cuillère d’argent dans la bouche procure un avantage indiscutable sur celui qui naît sans cuillère pour la raison simple qu’il n’a rien à mettre dedans. Il est toutefois recommandé de ne pas trop tenter la chance, car laisser un nouveau-né avec une cuillère dans la bouche, il faut être joueur ! Et oui, la chance peut très vite se muer en malchance. On ne peut vraiment pas s’y fier. Laisser une chose aussi essentielle que la chance évoluer au gré du hasard expose au grand jour l’inconsistance des Dieux et le génie de la Française des jeux.

Ce caractère insaisissable de la chance conduit l’homme à imaginer toutes sortes de stratagèmes pour parvenir à ses fins. Sa quête de la chance est en réalité une fuite en avant. Il a une peur bleue, j’aurais pu écrire une peur panique mais j’aime bien le bleu, de se retourner et de s’apercevoir qu’il est poursuivi par la malchance.

Car il faut bien l’admettre, contrairement à la chance, cette délurée, qui vous sourit surtout si vous êtes audacieux, la malchance n’a jamais été très avenante. Avec elle on peut s’attendre au pire et l’attente est rarement déçue.

Prenons quelques exemples pour illustrer, un bon destin valant mieux qu’un long discours. On raconte souvent l’histoire de ce pauvre hère tué sur le coup par une tuile tombée de son toit tout absorbé qu’il était à chercher des trèfles à quatre feuilles dans son jardin, ou celle du chat noir de la mère Justine trucidé par la chute de l’un des nombreux fers à cheval qu’elle accrochait aux murs pour lui porter bonheur. Ou encore de la malchance du mendiant en manque d’obole. La chance tourne vite et pour beaucoup, on peut alors parler de roue de l’infortune sans risquer de se tromper.

Vous allez me dire que nous ne sommes pas tous égaux face à la chance.

Que certains sont bénis des Dieux, alors que d’autres sont maudits jusqu’à la nuit des temps, voire la suivante. C’est vrai. Sinon comment pourrait-on expliquer que des êtres humains normalement constitués trouvent les six numéros du Loto alors que la probabilité de cette performance équivaut à trouver une aiguille dans une botte de foin ? Surtout en ville où il est extrêmement difficile de trouver une botte de foin.

Ou bien qu’un autre représentant de l’espèce humaine déjà en manque de veine depuis des années et sujet à des problèmes de circulation se fasse renverser en traversant une grande artère. Pourquoi lui ? Pourquoi pas mon voisin du dessus qui joue du trombone ? Pourquoi mon voisin du dessus qui joue du trombone a-t-il élu domicile au-dessus de chez moi ? C’est quand même pas de chance…

Le constat est bien que l’on ne maîtrise rien, c’est le hasard qui décide de tout. Sauf peut-être du temps de cuisson de l’omelette aux fines herbes. On a beau dire que le hasard fait bien les choses, un certain doute peut légitimement nous étreindre et quand le doute étreint, la confiance déraille …

Que savons-nous sur les savants ?

Au fil des siècles et en dépit du nombre de chercheurs sur le coup, on n’a jamais trouvé mieux que des savants pour faire avancer la science. La grande interrogation est que serions nous devenus sans eux ? Comment faire cuire une omelette sans eux ? Imaginez l’ignorance abyssale pour ne pas dire crasse (quand il y a de l’abyssal, la crasse n’est jamais loin) dans laquelle vous seriez plongé aujourd’hui si vous n’aviez jamais appris que la somme des carrés des côtés d’un triangle rectangle était égale au carré de l’hypothèque de la nurse ? Que l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux aux alentours de 100°C et de l’état gazeux à l’état liquide aux alentours de la Normandie, de manière plus prosaïque que l’eau bout à 100°C, alors que le caribou beaucoup moins haut.

Imaginez un peu que les hommes en soient encore à régler leurs différents à coups de massues sans même avoir la moindre idée de l’efficacité bienfaisante des missiles sol-sol ? Mieux vaut en rire comme aimait à le répéter le Général Massu qui ne répugnait pas à rire jaune tout en prenant le thé dans le delta du Mékong.

Ces quelques exemples suffisent à prendre conscience de l’apport considérable des savants à notre vie quotidienne depuis l’invention du feu par l’homo pyromanus.

Il est donc temps de rendre hommage à certains de ceux qui ont marqué de leur empreinte le chemin tortueux de l’humanité.

Newton, qui n’était pas ce que l’on appelle communément un comique troupier, ne se démunissait jamais d’une gravité de façade et travaillait d’arrache-pied. C’est en faisant une pause allongé sous un arbre qu’il a soudain pris conscience que si l’homme retourne souvent à ses racines, la pomme ne retourne jamais à sa branche, a fortiori sous un poirier. C’est depuis ce jour que la chute est devenue une attraction universelle et paradoxalement une source d’hilarité générale.

Einstein n’était pas le dernier à en rire, lui qui avait très vite compris que tout est relatif, que la relativité est générale et que le général est au particulier ce que le pluralisme est à la presse nord-coréenne.

Descartes ne perdait pas son temps en longs discours et avait découvert la méthode pour régulièrement taper de quelques billets Blaise Pascal, toujours perdu dans ses pensées.

Pour sa part, Foucault était un savant très ponctuel tout en étant en avance sur son temps, la pendule de Foucault étant de notoriété publique, mais qui hélas n’a jamais réussi à gagner des millions avec son invention du gyroscope, situation qui l’a quelque peu désorienté.

Fahrenheit, célèbre physicien allemand, inventeur d’une échelle de température incompréhensible pour le commun des mortels français, a démontré au cours de ses recherches que la probabilité de se cailler les meules au mois de janvier était nettement supérieure à celle du mois de juillet, loi démontrée un peu plus tard par Lagrange.

Maxwell, physicien et mathématicien écossais doté d’un magnétisme très marqué, torréfiait lui-même son café par souci d’économie. Dès qu’il fallait sortir son argent, la constante qui prédominait chez lui était la constante de Planck.

Ampère se tenait au courant de tout et travaillait lui-aussi avec une intensité sans limite jusqu’au jour où il s’est éteint à la suite d’un excès de tension.

Grâce à Coriolis, les indigènes des tribus subéquatoriales savent pourquoi l’eau qui s’évacuerait d’un évier s’ils en avaient un, tourne dans le sens opposé de celle s’évacuant d’un évier lapon si elle ne gelait pas avant de tourner. Ils lui en seront toujours reconnaissants.

Archimède a élaboré un principe, la fameuse poussée d’Archimède, que l’ensemble des navires mettent en application en flottant sur l’eau, à quelques rares exceptions près pour lesquelles le principe est supplanté par la loi de Coulomb, très proche de la loi de Poisson.

Et pour terminer cette très courte rétrospective, n’oublions jamais que c’est grâce à Bell que l’on entend quand Edison.

L’humanité aura toujours besoin de savants pour la faire avancer et il y aura toujours quelqu’un pour ramener sa science…

L’art de vivre sans art ?

L’homme peut-il vivre sans art ? Ma femme peut-elle vivre sans moi ?

Ces questions existentielles hantent l’esprit du commun des mortels depuis la nuit des temps, il est vrai de façon plus ou moins marquée selon les individus, notamment les célibataires.

Il est généralement admis que la béatitude adulatoire éthylico-houblonnée d’un supporter d’artistes du ballon rond n’est que très discrètement troublée par la présence du Jugement dernier de Michel-Ange sur l’un des murs de la Chapelle Sixtine. Ce dernier n’évoquant en son for intérieur que les stations de métro situées à proximité du Parc des Princes.

Pour autant, une vie sans art serait difficile à vivre, même avec un ballon.

Réfléchissez un peu. Que ferions-nous des cadres s’il n’y avait rien à encadrer ? Ils perdraient à l’évidence l’essentiel de leur raison d’être si celle-ci se limitait à l’encadrement de photos de famille dont vous avez personnellement du mal à voir en peinture certains de ses membres.

Et je vous le demande, sans la musique quel usage ferions-nous du trombone à coulisse et du cornet à piston ? Impossible de les utiliser comme réceptacles ou comme vases à fleurs sans risquer de passer pour l’instigateur d’une nouvelle forme d’art moderne. Autant souffler dans un violon.

Sans parler ou plutôt si, j’en parle, de la baisse prévisible de fréquentation des musées et des salles de spectacle : c’est fou comme les gens se lassent vite quand il n’y a rien à voir.

A l’évidence donc, l’homme éprouve de grandes difficultés à vivre sans art.

Le Petit Larousse, qui contrairement au petit de la rousse d’à côté sait de quoi il parle, propose cette définition de l’art : « création d’objets ou de mises en scènes spécifiques destinées à produire chez l’homme un état particulier de sensibilité plus ou moins lié au plaisir esthétique ».

Une absence d’art influe donc directement sur la sensibilité d’un individu, comme l’a démontré Adolf Hitler qui en abandonnant très tôt sa carrière d’artiste peintre a assez rapidement perdu une grande part de la sienne.

Ceci démontrant soit dit en passant qu’il est tout à fait possible d’être un mauvais peintre et de faire un excellent dictateur, laissant ainsi une lueur d’espoir à bon nombre de naufragés du pinceau.

Mais revenons un peu à la fin de la définition proposée « … plus ou moins lié au plaisir esthétique ». Là se situe le fond du problème. La notion d’art s’avère très relative de part la subjectivité de chacun vis-à-vis de l’esthétisme et de la beauté.

Là où certains crieront au génie face à un point noir au milieu d’une toile, d’autres, majoritaires et totalement incultes, n’y verront, les pauvres, qu’un point noir. Alors qu’en y regardant de plus près, il est incontestable que le point est plus gros.

Cet aspect nous ramène au lien évoqué plus haut, entre l’art et la dictature.

Qui n’a pas été le témoin de péroraisons affligeantes d’un pseudo artiste médiatico-mondain bouffi d’arrogance et dont la fatuité n’a d’égale que l’ineptie, expliquant en quoi sa compression réalisée à partir de boîtes de cassoulet toulousain et de sardines à l’huile bretonnes ravalerait le Penseur de Rodin au stade de la ringardise absolue. Ce type d’artiste me laisse pour le moins songeur et dans un état de flatulence avancé, les compressions ayant tendance à m’oppresser.

Un autre vous présentera comme un chef d’œuvre l’amas de tâches difformes composé en laissant courir sur la toile la queue d’une vache trempée dans la gouache, la queue pas la vache, laissant ainsi penser qu’il y a plus d’art dans la queue d’un bovidé que dans la main de mon beauf. Alors qu’il faut bien se rendre à l’évidence que ce chef d’œuvre inoubliable n’aurait que très peu de chance de franchir la présélection des dessins de l’école maternelle en vue d’être exposés le jour de la fête de fin d’année.

Ou encore cet autre qui vous expliquera doctement que sa suspension réalisée à partir d’un ressort à boudin et de quelques boulons et écrous rouillés lui a été inspirée par le ciel. Si c’est le cas, le ciel devait être ailleurs, parce que franchement, faire de l’art à partir de boudin, c’est du travail de cochon.

Mais malgré tout, avouons-le, écouter du Mozart tout en dévorant des yeux un tableau de Monet reste un plaisir inégalable, que seul un bon match au Parc des Princes pourrait approcher…


Beauf français d’origine incontrôlée

A une époque où la traçabilité des produits est érigée en principe incontournable et est entrée dans les mœurs à défaut d’être entrée dans les ordres, les questions de l’origine et de l’avenir du beauf français peuvent légitimement se poser.

Un produit aussi abouti que le beauf, même s’il n’est pas toujours bien fini, ne peut en effet que résulter d’un long processus de maturation ayant fait son œuvre au fil des siècles et qui n’est pas sans rappeler celui du vin. En effet, comme le bovin, pardon comme le bon vin, le beauf se bonifie année après année. Bien vieilli, il peut atteindre des sommets sans avoir recours à aucun guide de haute-montagne.

Aussi loin que remontent les écritures, on retrouve traces du beauf.

Déjà le beauf gaulois reconnaissable à son casque à cornes cherchait à faire son intéressant pour se différencier du gaulois classique, également porteur d’un casque à cornes. Il partait régulièrement à la chasse au latin en entonnant des chansons paillardes à faire fumer les gauloises. Une forte concentration des ces beaufs a été retrouvé récemment dans le Charolais.

Mais en fait, à quoi reconnaît-on un beauf ? Les experts de tous bords consultés sur la question sont unanimes : le beauf est soluble dans la masse. Tout juste pouvons-nous observer quelques signes extérieurs permettant de l’identifier. Car c’est l’une de ses caractéristiques majeures, le beauf a horreur de passer inaperçu. Un beauf discret est un peu comme un veau sans Marengo, il perd toute sa saveur.

Il a donc fréquemment une grosse voiture, de grosses lunettes, une grosse montre, une grosse femme, une grande gueule et, il faut bien le dire, c’est souvent un gros con. Rien ne lui fait plus plaisir que d’aller chercher son pain au coin de la rue avec son sa femme et son gros 4x4, à moins que ce ne soit l’inverse.

Chez lui, le vulgaire le dispute au grossier. Cet amour du gros, outre le fait que celui-ci soit économiquement plus rentable que le détail, contrarie quelque peu une certaine finesse naturelle, le conduisant à préférer « Bo le lavabo » ou « La pêche aux moules » au deuxième mouvement de l’Adagio d’Albinoni.

Autre caractéristique essentielle du beauf, il exècre tout ce qui déborde de son cercle restreint, déroge à ses habitudes ou contrarie sa normalité. Les différences, l’étranger, « l’autre », sont ses cibles privilégiées.

Il peut même aller jusqu’à refuser de reconnaître sa progéniture sous prétexte qu’elle ne lui ressemble pas, ou rejeter une reconnaissance de dettes en avançant l’explication fallacieuse qu’il n’avait jamais vu Odette auparavant.

Etonnamment pourtant, malgré des difficultés à supporter l’autre et notamment sa femme, le beauf peut sans arrière pensée supporter une équipe. Ne généralisons pas, le beauf n’est pas toujours un supporter, mais avouons-le, c’est un atout indiscutable pour mériter pleinement son appellation d’origine.

Et là encore, nouveau paradoxe, il peut honnir sans retenue l’équipe adverse composée de joueurs originaire de sa propre ville et porter aux nues la sienne composée de joueurs issus de partout ailleurs, et même, j’en ris encore, de pays étrangers où l’on n’hésite pas à exhiber une peau plus bronzée que celle de sa femme à la sortie d’un mois de grillade au second degré à la Grande-Motte.

Evidemment, le naturel revenant toujours au galop quand on ne lui a pas piqué son cheval, le beauf a gagné lorsque son équipe est vainqueur et ils ont perdus lorsqu’elle est battue. C’est normal avec tous ces étrangers incapables d’aligner trois passes alors que lui aligne sans problème trois apéros. « Il n’y a pas à dire, plus ils sont bronzés plus il sont feignants ces gens-là », dit-il en regardant sa femme de retour après s’être laissée hâlée lors d’une séance d’UV.

Car il faut le souligner, non content d’être mauvais joueur et de détester être contredit, le beauf peut aussi être raciste, ce qui ne gâche rien.

Ce penchant n’est pas étranger si j’ose dire aux vagues successives d’invasions barbares qui ont ponctué notre histoire, certains de ces barbares n’ayant pas hésité à venir égorger nos fils et nos compagnes jusque dans nos bras sans même demander la permission, c’est dire à quel point le barbare n’a pas notre éducation. Pour mémoire, la dernière en date de ces invasions est celle de la redoutable tribu des rappeurs qui à ce jour n’a toujours pas été repoussée malgré les efforts redoublés des beaufs et des musiciens, mais n’ayant toutefois pas réussi à avoir notre peau contrairement à la tribu des trappeurs sévissant dans le Grand Nord.

Il n’y a en fin de compte aucune crainte à avoir, de par son historique le beauf français possède sur le territoire national une longueur d’avance sur les beaufs étrangers nettement plus performants chez eux.

Ce produit du terroir a encore un bel avenir devant lui, le beauf étant sans aucun doute un dur à cuire…

La météo loufoque de Pierre de Jade

Bonjour à toutes et à tous. Enfin bonjour, c’est une façon de parler…

En effet, demain lundi, une perturbation océanique venue des îles britanniques va traverser le Nord de la France d’Ouest en Est, sinon elle n’aurait rien d’océanique, ne soyons pas ridicule. Vous noterez au passage qu’il s’agit d’un cas de récidive notoire, les anglais nous ayant déjà fait le coup en d’autres temps en étant notamment à l’origine de la grande dépression de Waterloo.

Voyant cela l’anticyclone des Açores qui a horreur de se mouiller est rentré chez lui avant que ça ne commence à chauffer.

En conséquence, les gens du Nord qui fort heureusement ont le soleil dans leur cœur pour éviter de se geler les ch’ti miches, pourront sans aucun problème différer la sortie de leurs tenues d’été.

Dès le début de la matinée, il va en effet pleuvoir des cordes à Noeux, tomber des hallebardes à Lens et il fera à nouveau mauvais à Berck. Le ciel et les habitants de Laon resteront couverts toute la journée, les précipitations attendues leur laissant tout le temps nécessaire pour s’adonner à la chasse aux escargots. Que le meilleur gagne !

Plus au Sud, entre la côte Atlantique et la région Rhône-Alpes, on attend un vent violent à décorner les cocus. Deux précautions valant mieux qu’une, restez chez vous demain.

Je conseille en particulier aux marins pêcheurs et aux plaisanciers de ne pas prendre la mer et de se contenter de la fille. C’est déjà pas simple…

En revanche, s’il pleuvra à Sceaux lundi, aucun débordement n’est attendu au Puy et un calme plat devrait régner sur la Creuse.

Dans le Sud-Ouest, si le climat est au beau fixe entre Gisèle et Paul Feuolac d’Estaing, il se dégradera fortement pour devenir orageux entre Germaine et Roger Lacourante de Pau. Il faut dire que Germaine le gave depuis un certain temps…

On attend également quelques gouttes sur la côte méditerranéenne qui devraient tout juste suffire pour préparer le pastis, peuchère ! Inutile donc d’alimenter les poêles du côté de Menton.

Les températures du jour : basses pour la saison, surtout à l’extérieur, 20°C chez Angèle Leboeuf à Froidevaux qui, dans le Doubs ne s’est pas abstenue de mettre sa chaudière en route, 15°C chez Gérard Manchaud à Chauffailles (Centre), qui avait bêtement oublié de fermer sa fenêtre, et 39°C chez le fils de ma concierge qui a attrapé la crève après avoir suivi mes prévisions de la semaine dernière. J’avais pourtant annoncé que leur fiabilité était proche de celle des promesses électorales.

Ces températures étant données sous abri, les sans-abris auront donc la présence d’esprit d’ôter quelques degrés aux valeurs indiquées.

Mardi, le temps se stabilisera tout en devenant variable.

Ceux qui aiment la pluie seront comblés, ceux qui ne l’aiment pas aussi.

Les risques de coups de soleil resteront limités aux péninsules ibériques et italiennes, mais on s’en fout puisque je suis payé pour présenter la météo française.

Pour les jours suivants, d’après les indications que j’ai pu lire dans la mare de café répandue en voulant attraper cette foutue grenouille qui refusait obstinément de monter sur son échelle, il semblerait que quelques grains soient à redouter.

Un temps ensoleillé devrait succéder au temps pluvieux et ainsi de suite, car comme on le dit souvent à la Poste, après la pluie vient le botin.

Ma voyante extralucide, Madame Bonneuil, sortant demain de l’hôpital après avoir été renversée par un chauffard qu’elle n’avait pas vu venir, je devrais être en mesure de vous fournir des informations plus sérieuses à partir de Mercredi, notamment sur le temps de la veille.

Bonne soirée et à demain à celles et ceux qui n’auront pas sombré dans la dépression.

On n’y croyait plus

Je ne suis pas croyant. Mon manque de foi est même proprement incroyable. Je vous prie de croire que ce n’est pas de la faute de mes parents, ma mère ayant poussé la foi jusqu’à se prénommer Marie, prouvant ainsi qu’elle était beaucoup plus catholique qu’un protestant.

Mon père, qui avait décidé d’adopter le patronyme de Roger pour ne pas se faire appeler Joseph, il faut toujours qu’il fasse son intéressant, a très rapidement levé le doute sur mon immaculée conception. Je lui serai éternellement reconnaissant de m’avoir évité d’être affublé du prénom de Jésus et de traîner cette croix toute ma vie, voire plus. En Espagne, passe encore mais en France… Imaginez un peu dans la cour de récréation à l’école, les quolibets du genre « tiens, v’là le p’tit jésus ! » ou « le p’tit jésus est de retour ». Je crois qu’au lieu de leur tendre l’autre joue, le p’tit jésus leur aurait mis sa main dans la gueule à tous ces mécréants !

J’avais donc bien réussi à éviter de m’appeler Jésus mais une attaque aussi soudaine que sournoise m’avait conduit à me retrouver aussi baptisé que l’abbé Pierre. En effet, profitant d’un instant de relâchement bien mérité entre deux biberons, une espèce d’illuminé déguisé en mariée m’avait lâchement plongé la tête dans l’eau alors que je n’avais pas encore mon brevet de 25m et l’âge de lui retourner un bourre-pif.

Tout n’était pourtant pas négatif. Je dois notamment admettre que la revente quelques années plus tard de ma médaille de baptême m’avait largement aidé à financer l’agrandissement de ma collection d’albums d’Astérix et de Lucky Luke.

Vous allez me dire, il n’est pas croyant d’accord, mais il n’est pas le seul dans son cas et il n’y a pas lieu d’en faire toute une histoire.

Je dois avouer que sans l’événement survenu récemment et que je vais de ce pas vous narrer, je n’aurais pas épilogué outre mesure sur cet état irréversible.

Il y a un mois, un dimanche matin à l’heure de la messe ou du résumé filmé de la journée de championnat de foot de la veille, selon la religion à laquelle on adhère, on frappe à ma porte. Par le biais d’un réflexe conditionné que Pavlov m’aurait envié, je me lève pour aller ouvrir.

Je me retrouve alors face à un individu que je classais du premier coup d’œil dans une catégorie s’apparentant plus à celle des SdF qu’à celle des représentants gominés en abonnements câblés haut-débile.

« J’ai déjà donné à Emmaüs pour les étrennes », lui dis-je.

« Bonjour mon fils, je suis Jésus », me répond-il alors.

« C’est ça ! Et moi je suis la Reine Elisabeth ! » lui rétorque-je.

« C’est difficile à croire mais je suis le fils de Dieu et je suis de passage sur terre »

« Les cheveux longs, la barbe, la tenue débraillée, OK. Vous avez le look hippie, mais si tous les hippies étaient le fils de Dieu, ça se saurait et ils toucheraient de sacrées allocations familiales ! »

Bien qu’il n’ait pas de téléphone portable, il était entouré d’un certain halo qui aurait pu laisser penser qu’il rentrait de vacances à Fukushima. La curiosité l’emportait néanmoins sur la méfiance et l’incrédulité.

« Vous n’êtes pas radioactif au moins ? »

« Non, non, n’ayez crainte mon fils. Je suis la lumière ce qui explique la lueur autour de moi »

« C’est pratique pour aller aux toilettes la nuit. Bon allez , entrez, ne restez pas planté là »

Je fis donc entrer dans mon appartement celui qui prétendait être Jésus.

« Je vous en prie, prenez un Saint-Siège, je plaisante, prenez un siège »

« Merci mon fils »

« Si vous pouviez arrêter de m’appeler mon fils. Mon père a horreur des cheveux longs et il est toujours rasé de près. Vous ne lui ressemblez absolument pas et je vais finir par avoir des doutes sur la fidélité de ma mère »

« Comment voulez-vous que je m’adresse à vous, mon fils ? »

« Appelez moi Pierre »

« ça va me rappeler le boulot mais si ça peut vous faire plaisir »

« Je vous sers quelque chose ? Marie-Brizard, Chartreuse, liqueur de l’abbaye de Thélème, un petit vin de messe ? Je ne vous propose pas de punch planteur… »

« Merci mais un verre d’eau suffira. Comment voulez-vous que je montre la voie si je ne la distingue plus ? »

« Franchement je ne comprends pas. Si vous dites vrai, pourquoi m’avoir choisi moi, et qui plus est dans un appartement en ville, pour réapparaître après une aussi longue absence ? »

« Ma mère s’était caillée les miches dans une grotte il y a quelques années et elle avait traîné un rhum pendant un mois. Déjà que je me gèle les noisettes en slip depuis 2000 ans dans les églises... Un appartement, c’est mieux chauffé »

« D’accord mais pourquoi moi ? Je n’ai jamais réussi à toucher le Tiercé même dans le désordre et je ne parle pas du Loto alors me retrouver d’un coup élu par Dieu et au premier tour en plus, ça relève du miracle »

« Un non-croyant qui dira avoir vu Jésus sera plus crédible qu’une grenouille de bénitier, pardon, une fidèle »

« Mais vous auriez pu réapparaître à Rome ? »

« Ah non ! Depuis ma dernière visite, je garde une appréhension vis-à-vis des romains qui restent ancrée au plus profond de moi-même »

« Mais votre représentant officiel est installé là-bas ? »

« Et bien qu’il y reste ! De toute façon, je ne viens pas pour lui piquer son boulot, il y a bien assez de chômeurs comme ça »

« Admettons, mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Il y a longtemps que les croyants avaient fait une croix sur votre retour »

« Je voulais laisser le temps aux hommes de montrer de quoi ils étaient capables »

« Et alors, le verdict après deux millénaires ? »

« Je les croyais capable du pire et bien ils ont fait encore mieux »

« Vous n’avez rien fait pour les en empêcher ? »

« Ah non ! Depuis que l’aut’ poire avait bêtement mordu dans la pomme, les règles étaient claires ! Chacun devait se débrouiller ! Et puis, s’il avait fallu s’occuper de toutes les dérives humaines, l’éternité n’aurait pas suffi »

« Vous êtes venu faire quoi au juste ? »

« D’abord me changer les idées. Je vous prie de croire que ce n’est pas drôle tous les jours là-haut. Il ne s’y passe jamais rien. Tout n’est que calme et sérénité. On finit par y trouver l’éternité longuette. A part les petites calottes, il n’y a rien d’excitant là-haut »

« Des vacances, en quelque sorte ? »

« On peut le dire. Avec la hausse continue d’âmes à sauver à effectifs constants, vous comprendrez que j’ai besoin de souffler un peu. Mais j’en profite pour venir rappeler que le boss est encore là et qu’il ne faut quand même pas pousser mémère dans les osties »

« Vous comptez rester longtemps ? »

« Non, non, je repars tout de suite, j’ai des âmes en retard et j’ai les clés du paradis sur moi, je m’en voudrais que certaines restent à la lourde »

« Content d’avoir fait votre connaissance. Vous êtes finalement plus drôle que vos afficionados guindés. Vous avez un message à laisser avant de partir ? »

« Un seul : privilégiez toujours le bien plutôt que de passer votre temps à expliquer où est le mal. Ce n’est pas en voyant le mal partout que les hommes feront le bien »

« Merci de ce conseil et de votre visite, j’en ferai part à qui de droit. Bon retour et bonjour à vos parents ! »

Et c’est ainsi que Jésus ou celui qui prétendait s’appeler Jésus est reparti comme il était venu, sans laisser d’adresse.

La conclusion de cette histoire ? Je vous laisse le soin de la trouver ; moi je vais de ce pas acheter une grille du Loto…

Le parvenu est-il un bon parti ?

Penchons nous aujourd’hui sur une espèce qui, contrairement au kakapo ou whakapapa de Nouvelle-Zélande, n’est pas en voie de disparition, je veux parler du parvenu. Enfin essayer de parler car il est difficile d’en placer une en présence d’un parvenu sans des tensions permanentes, alors qu’il est beaucoup plus facile de placer un prévenu en détention provisoire en présence de son avocat.

Laissons de côté aujourd’hui l’espèce des prévenus, qui elle aussi n’est pas en voie en disparition. Tout juste pouvons nous recenser quelques cas de prévenus disparus, tous avertis au préalable.

Et revenons à nos moutons, comme le dit si bien ma femme de ménage qui aspire un jour à devenir une parvenue.

Comment différencier à coup sûr un parvenu d’un gnou de Tanzanie ? C’est très difficile au premier coup d’œil, les deux ayant l’air con. Mais si vous posez la question à leur femme « Marcel est-il parvenu ? », j’ouvre une parenthèse pour préciser qu’un gnou peut très bien s’appeler Marcel ayant moi-même très bien connu une dinde prénommée Josette, je referme la parenthèse pour vous donner la réponse que vous attendiez avec une ferveur non dissimulée, et que celle-ci vous répond « Je suis très inquiète, il est parti il y a deux jours et depuis il est parvenu », vous pouvez sans coup férir affirmer que le gnou tanzanien n’est parvenu que par la grâce du lion des mêmes contrées.

Si vous n’avez toujours pas compris la différence entre un parvenu et un gnou, je vous conseille vivement un livre très bien fait sur le sujet « le mal de vivre du gnou en banlieue parisienne » aux Editions La Pompe – Afrique.

Si malgré tout, vous persistez à croupir dans une ignorance crasse éclairant d’un jour nouveau le monde de l’infiniment petit, je mets aimablement à votre disposition d’autres indices permettant d’identifier le parvenu.

Premier indice, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour se faire remarquer. Comme la pie et bien qu’il ne soit pas toujours lui-même un voleur, il adore tout ce qui brille et il le montre. Avec lui, le clinquant le dispute au superflu. Pour compenser un esprit aussi brillant qu’une lune blafarde un soir de brume au mois de novembre, il porte des chaussures vernies.

Deuxième indice, le parvenu se nourrit et se développe grâce à un apport important de métaux non ferreux tels que l’argent ou l’or et plus rarement le zinc pour les cafetiers qui ont réussi.

Le parvenu n’est pas sauvage, vous pouvez facilement en adopter un.

Mais attention, ne le laissez jamais seul. Plus que le pou ou le bouton de varicelle, il ne supporte pas la solitude. Un parvenu se trouvant soudainement dans l’incapacité de démontrer à la terre entière que son ascension sociale n’avait rien à envier l’ascension des grandes Jorasses par la face Nord, dépérit rapidement et se sent partir.

En société, il étalera volontiers tout son savoir, n’hésitant pas à déclamer des vers, donnant ainsi immanquablement l’impression de réclamer des verres.

Nous en profiterons pour rétablir la vérité et rappeler au passage que Racine n’a pas écrit « Sous mon chêne » et que Voltaire n’est pas l’auteur de « Ma victoire dans un fauteuil ».Un peu de respect pour les musiciens tout de même !

Malgré son côté m’as-tu-vu et au contraire des poêles au Téflon, l’espèce des parvenus présente un côté attachant dont il est difficile de se détacher.

En tout état de cause et pour terminer, les revenus du parvenu laissent à penser qu’il peut être un bon parti pour votre fille …

L’un et l’autre

Nous allons abordé aujourd’hui un thème qui consomme beaucoup de salive, fait couler beaucoup d’encre et réciproquement, je veux parler de l’autre. Des esprits chagrins diront que lorsque ce n’est pas l’un, c’est l’autre, mais comme dirait l’autre, l’un ne va pas sans l’autre.

D’autant que l’un est toujours l’autre d’un autre, mais ne compliquons pas.

La plus grande difficulté pour tout être vivant et notamment son représentant le mieux vêtu jusqu’à l’avènement du baggy, l’homme ou homo sapiens, cette dernière appellation désignant à la fois l’ancêtre de l’homme moderne et le porteur de baggy, est sans aucun doute sa grande solitude au milieu d’un monde peuplé d’une multitude d’autres.

Et comme le répète souvent ma voisine du 6ème que Jean-Paul Sartre a bien connue, « L’enfer, c’est les autres, surtout quand ils passent l’aspirateur à 23h ».

Non contents d’être plus nombreux que vous, les autres ont pris la fâcheuse habitude d’être différents et, c’est là qu’ils dépassent les frontières de la bienséance, de ne pas toujours penser comme vous.

Ces ignares ne sont très souvent même pas informés des réalités et continuent à penser qu’ils ont raison, n’hésitant pas en cela à nier outrageusement l’évidence.

Car il faut bien le reconnaître, il est tout simplement insupportable pour ne pas dire insoutenable (si, je l’ai dit) de constater que l’autre peut préférer les sardines à l’huile à l’omelette aux cèpes. Et s’il n’y avait que ça. Un autre peut même aller jusqu’à préférer les filets de maquereaux, c’est dire à quel point il est bizarre et qu’il faut s’en méfier comme de la peste.

L’autre ne fait rien que vous embêter. Lorsque l’autre gagne au Loto dès sa première tentative, au mépris des 30 années que vous avez passées sans succès à jouer la date de votre mariage et la taille du pantalon de votre femme à cette même date, il est clair qu’il vous nargue sans vergogne.

Si l’un est indivisible à de très rares exceptions près comme par exemple la proximité d’un kamikaze animé de mauvaises intentions et animant un explosif, les autres sont très souvent divisés. Beaucoup n’étant pas faits l’un pour l’autre, ils nous évitent ainsi de faire face à une coalition aussi hétéroclite qu’hétérosexuelle contre laquelle le combat s’avèrerait vite inégal.

Dès son plus jeune âge l’homme se méfie de l’autre. Il a bien raison de se méfier, l’autre poussant le vice jusqu’à s’introduire traitreusement dans sa propre famille. On ne peut vraiment plus faire confiance à personne.

Que vous soyez quatre, ou cinq ça marche aussi, et que votre femme ne se prénomme pas Hélène, vous êtes en quelque sorte toujours victime du cheval de Troie.

Cette relation difficile entre les uns et les autres ne date pas d’hier. Les Huns, déjà, n’avaient pas que des relations courtoises avec les autres. Et en remontant plus loin encore, ce qui je vous l’accorde est moins pratique pour aller chercher son pain que de redescendre plus près, l’homme préhistorique vivait dans la crainte permanente qu’un autre aussi sournois que malintentionné, tapi dans une ombre très répandue dans les grottes très mal éclairées de l’âge de pierre, vienne lui piquer son morceau de viande et je ne parle pas de sa femme.

Heureusement l’autre n’est pas toujours la brute assoiffée de sang ne cherchant qu’à vous égorger pendant votre sommeil. Non, l’autre peut aussi apprécier l’omelette aux cèpes. Il est donc tout à fait possible de vivre en parfaite communion avec l’autre, tout au moins jusqu’au dessert.

En fin de compte si l’homme de tous temps a toujours eu quelques problèmes relationnels avec l’autre, la question fondamentale qui se pose reste celle-ci : aimez vous les uns, les autres ?

La critique est aisée

Comme aimait à le répéter Philippe Destouches, comédien du 18ème siècle, en référence à Boileau et avant de s’en jeter un petit dernier derrière le jabot, la critique est aisée mais l’art est difficile.

Constatez vous-même comment certains critiques littéraires imaginaires mais non sans imagination mettent en application cette expression non sans un certain plaisir que n’aurait pas renié le marquis de Sade.

« Si je me fie à la légèreté de votre style, vous n’allez pas tarder à devenir un poids lourd de l’édition » - Les Dernières nouvelles du Centre à l’Est

« Vous soutenez dans votre ouvrage vouloir rendre hommage à Balzac. Après l’avoir parcouru comme on parcourt un chemin de croix, sans risque de me tromper je peux affirmer que Balzac, vous l’avez déshonoré » - Livre à vous

« De deux choses l’une : soit vous avez séché des cours de français, soit il manque des touches au clavier de votre ordinateur » - Lecture pour presque tous

« Plus j’avançais dans la lecture de votre livre, plus j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une traduction inachevée d’un texte en Hébreu » - Dans le bain Michel

« Votre tentative de rapprochement avec l’œuvre de Victor Hugo est louable et pour ainsi dire couronnée de succès : votre ouvrage est tout simplement misérable » - Les carnets de la devanture

« En vous lisant, j’ai vraiment eu l’impression fugace que votre production se résumait à son sommaire … » - Le plaisir de lire quand c’est bien écrit

« Baudelaire a écrit Les fleurs du mal. Après la lecture de vos poèmes, j’ai l’intime conviction que l’on a fait du mal aux fleurs » - Amis poètes, bonsoir

Non mais des fois !

De nos jours, il faut bien reconnaître qu’il faut avoir la foi pour se multiplier alors qu’il est de notoriété publique dans le monde actuel que la foi divise. Il est vrai que l’on a beau se multiplier, le produit de nos efforts ne donne pas toujours le résultat escompté.

Ouvrons une parenthèse pour noter que dans le domaine militaire, paradoxalement, la multiplication des victoires est intimement liée au nombre de divisions, affirmation notamment vérifiée dans la Somme en 1914.

Refermons la parenthèse et ouvrons la carte des menus. Je me souviens d’une fois, dans un restaurant à Foix, où j’ai bien cru en voyant l’addition m’être assis à une table de multiplication. Ce jour-là je n’ai pas demandé mon reste et je me suis juré que l’on ne m’y reprendrait pas deux fois. Certaines fois, il est difficile de ne pas laisser cours à l’envie de multiplier les pains …

Il y a vraiment des gens sans foi ni loi qui en veulent toujours plus, un vrai marché au plus ! Ce ne sont rien de plus que des moins que rien.

Bien sûr sauf à être un quotient, inconscient pardon, il est souvent nécessaire de multiplier les précautions pour se soustraire à un danger. Mais à tout le moins, ne jamais oublier que le plus est l’ennemi du bien et que l’excès de biens finit toujours par diviser.

La multiplication rend malade avec ou sans retenue. Je dois dire sans sombrer dans le comique de répétition que l’addition sans retenue peut également générer une sécrétion anormale de bill comme on le dit chez les anglais pourtant connus pour leur sens de ladite retenue.

Pour s’en convaincre, prenons d’autres exemples. Offrir une rose, très bien, en offrir deux, trois, parfait. Mais si vous allez jusqu’à six roses, c’est le mal de foie assuré. Un verre ça va mais dès que l’on parle dévers, les risques de dérapage apparaissent. Une potée, aucun problème, mais servez une tripotée et dans l’instant vous saisissez la portée de la surabondance. Je m’arrêterai là pour ne pas en rajouter.

Vous conviendrez comme moi que cette maladie du plus est une véritable addiction derrière laquelle bon nombre de nos contemporains se retranchent sans parvenir à s’y soustraire. Et qui, il faut bien le dire, débute dès la prime jeunesse : quel enfant n’a jamais réclamé un ours en plus, ou un chat en plus, ça marche aussi ?

Je n’en dirai pas plus d’autant que j’ai des tables de multiplication à faire réciter. Ça m’assomme déjà…

Bons baisers du Showbiz !

« Bonsoir Mick Asso, merci d’être avec nous ce soir »

« Hi ! I’m very happy to be with you ! »

« Tu parles un peu le français ? »

« Ouais, un peu, j’suis né à Pantin, mais ça fait ringard de speak le french ! »

« On essaie quand même de faire cette interview en français ? En souhaitant bien sûr que les auditeurs comprennent mieux ton français que ton anglais, et c’est pas gagné ! »

« OK, je va essayer, for all my fans ! »

« Mick, si tu as choisi Mick Asso comme nom de scène, ce n’est sûrement pas un hasard ? »

« Non, of course ! J’ai voulu rendre hommage à un grand acteur espagnol que mon père adulait. Ma mère avait du lait aussi, mais on s’en fout ! »

« Tu as des dons de comique aussi… Tu veux dire un grand peintre espagnol ?»

« Non, un grand acteur ! Mon père disait toujours, chaque fois que je vais voir une de ses toiles, c’est une nouvelle histoire qui commence.»

« C’est une façon de voir les choses… Tu viens de faire un malheur, notamment chez les mélomanes, avec ton nouveau titre « J’kiffe trop ma meuf ! », comment expliques-tu un tel succès ?»

« Ah que j’ai vachement chiadé les paroles et j’cause pas de la zik !»

« ça ne vaut pas le coup d’en parler, c’est sûr… Tu dis dans ta chanson « J’te kiffe plus que l’khebab à Mouloud ! », tu voulais faire passer un message ?»

« Ah ouais, ouais ! Les khebabs à mon copain Mouloud, c’est les plus meilleurs ! Il sont super plus bons que les autres et c’est pas de l’arnaque !»

« On sent chez toi une envie de sortir des sentiers battus ? »

« Non pas vraiment, j’me suis jamais fait casser la tête dans le Sentier ! J’comprends pas ta question ! »

« ça ne m’étonne pas. C’est une expression… »

« Ah ouais, ça j’connais, le café où c’est qu’Georges Clooney qui fait la pub pour !»

« Il n’y a aucun doute tu marqueras ton époque à défaut de marquer l’histoire de la musique. Merci Mick et bonne chance pour ton album ! »

« OK ! ça va être un album in ! Un albumine, elle est bonne non ? »

« Elle ne manque pas de sel… Finalement quand j’écoute ton humour, je finis par adorer tes chansons. Bonsoir à tous ! »

Honni Lundi !

Lundi, jour béni des Dieux où le coucoulement de ma pendule helvétique m’arrachant sans pitié à la torpeur éthylico-ouatée d’un sommeil post-dominical ô combien mérité, me rappelle immanquablement le coucou aussi nasillard que matinal de ma collègue de bureau qui n’a pourtant de suisse que son couteau et son banquier.

Ne prêtons pas à Confucius des propos subversifs, il ne faut d’ailleurs rien prêter à Confucius, étant de notoriété publique qu’il ne rend jamais rien au contraire de Saint-Louis qui rendait la justice. Mais franchement les questions fondamentales qui se posent sont : à quoi sert réellement le lundi ? A-t-il un sens profond ? Pourquoi le lundi est le jour de la lune alors que le vendredi est le jour du poisson ? Tartines ou biscottes ?

Devant tant d’interrogations philosophiques à court-bouillonner l’encéphale de ma concierge, prenant mon courage et ma couette à deux mains, je choisis de me lever.

La somnolence vaseuse concomitante à la mélopée lancinante du volatile genevois est très vite dissipée par une prise de conscience objective de la dure réalité du terrain, tel David avant de terrasser le dragon, à moins que ce ne soit Goldorak ou Goliath, je les confonds toujours à cette heure là.

Mon esprit se prépare à devoir affronter les sempiternelles épreuves de ce premier jour de semaine de labeur chichement rémunéré qui en font tout son charme, en tentant une nouvelle fois de réfréner des envies de meurtre que seuls avant moi Landru et Jack l’éventreur ont peiné à réprimer.

La secrétaire du directeur va encore me raconter dans le détail sa soirée mondaine du samedi bouffie d’extase béate devant des parvenues manucurées, franck-provost chignonnées, faux-cilisées, pérorant sur les dernières saillies de philosophes gominés dont la platitude n’a d’égale que la fatuité et dont les centres d’intérêt sont globalement alignés avec les centres commerciaux.

Je n’échapperai pas non plus, sauf peut-être en me jetant par la fenêtre mais j’exclus a priori cette hypothèse traumatisante, au récit des aventures boutonneuses, scatologiques et néanmoins trépidantes de la progéniture de mes collègues, dont la narration ne va pas sans laisser un arrière goût à l’huile de vidange qui me tient lieu de café matinal.

Peu de chances également d’éviter les compte-rendus de chantiers des maniaques de la perceuse éclectique, planteurs de clous à la mode de chez nous et autres névrosés de la ponceuse de rondins, dont la persévérance à vous taper sur les nerfs aussi fort qu’ils tapent sur les murs impose le respect. Franchement si les murs avaient des oreilles, il seraient sourds depuis des lustres…

Mais le pire de tout est ailleurs. Malgré des efforts soutenus et répétés pour laisser mes dossiers sans protection particulière le vendredi soir en partant, et en dépit de statistiques sur la hausse de la délinquance honteusement génératrices d’espoirs déçus, je sais en mon for intérieur et sur ses tourelles extérieures que je les retrouverai en l’état lundi matin sans que la moindre page ne soit portée disparue.

Je hais le lundi, et en plus il va pleuvoir …

Correspondances de vente

Quelques variations sur le thème de la vente et subséquemment de l’achat, la première perdant beaucoup de sa superbe en l’absence du second …

- Quitte à passer pour un vendu, autant éviter les périodes de soldes.

- Mes achats risquent fortement de conduire à la mévente.

- Quand on pense que les achats en ligne redressent les courbes des ventes, il ne reste que très peu d’alternatives …

- J’ai toujours eu du mal à me vendre. Mais il faut bien admettre que je tiens beaucoup à moi …

- Ceux qui parlent plus de vente forcée que d’achat forcé ne connaissent pas ma belle-mère.

- La différence fondamentale entre un vendu et un invendu est que le vendu peut vous le faire payer cher !

- La vente par correspondance est somme toute très éloignée de l’achat par mimétisme.

- Je présenterais avec plaisir certains de mes collègues à celui qui vendrait sa mère pour de l’argent.

- Il est illusoire ou hors de prix de vouloir acheter le silence d’une femme …

- Les meilleures ventes s’effectuent à Mont de Marsan, là où tout est bien achat landais.

- La vente à perte présente l’avantage indéniable de s’y retrouver à l’achat.

Et si la tête d’un vendeur ne vous revient pas, achetez au content !

Laisser passer

Tout individu pourvu d’un minimum de discernement fera le même constat, sur cette terre nous ne faisons que passer. Et comme il est de notoriétés publique et privée (il ne faut jamais se priver de notoriété en public) que tout abus a la déplorable habitude de mal finir, à force de trop passer nous finissons par trépasser.

Force est ainsi de constater que nous passons notre vie à passer et à repasser, c’est en tout cas ce que me répète régulièrement ma repasseuse qui ne se refuse jamais à repasser les plats en plus de repasser les plis.

Certes, vous allez me dire que certains ne laissent rien passer, mais il s’agit en général d’utopistes qui finissent par passer la main à défaut de la passer dans le dos.

Non, passer est indubitablement l’activité principale de l’homme dans ce bas monde. Il y en a même qui passent à l’ennemi, c’est vous dire comme ils sont fourbes, mais évitons les passe d’armes et passons sur ce malheureux faux pas que je mettrais sans vous offenser sur le compte d’une envie irrépressible de passer à l’offensive…

Certains, voulant passer trop vite à l’acte et je ne parle pas que des notaires à l’écrit compulsif, se retrouvent à passer à la casserole dans le feu de l’action, la gastronomie étant comme chacun sait un art consommé.

Tout ne se passe évidemment pas toujours comme on le souhaiterait. Passer n’est pas un long fleuve tranquille. Il est ainsi tout aussi possible, sans aller jusqu’à dire probable, de passer au bureau de tabac que d’être passé à tabac sur le chemin du bureau, la seconde hypothèse s’avérant d’assez loin la moins souhaitable, de près le spectacle n’étant pas beau à voir.

L’homme a toujours cherché à se dépasser présentant en ce sens des dispositions évidentes pour le dédoublement de la personnalité, lui permettant ainsi de passer plus tôt à la caisse et accessoirement à la postérité.

D’aucuns diront même que l’homme a tendance a outrepasser ses droits en doublant dans les virages, ce qui n’est pas faux ayant moi-même été victime de l’un de ces saligauds passé à deux doigts de plier ma voiture dans une courbe ! L’homme par nature a donc au cours de son histoire régulièrement fait preuve de grandes difficultés à se plier aux règles alors qu’il se plie très bien à l’équerre, c’est un rapporteur qui me l’a dit.

En fin de compte une chose est sûre, on ne peut pas se passer de passer, on ne peut pas se passer du passé, mais on peut très bien se passer du futur, surtout quand on n’a pas d’avenir.

Mais si vous en avez un, ce qui est le cas d’une très grande majorité des vivants et des voyantes, mieux vaut ne pas trop se retourner sur son passé pour ne pas tourner le dos à l’avenir …

En vœux tu, en voilà !

Si vous en avez assez des sempiternelles formules de vœux qu’il vous faut répéter inlassablement chaque année à la même époque, voici quelques tournures qui vous permettrons de tourner le dos à la banalité, adaptées aux différents interlocuteurs qui en resteront interloqués ou sur le cul …

A votre banquier : « Que cette nouvelle année soit celle où enfin vous ne direz que du bien sur mon compte »

A votre assureur : « Je vous assure de mes souhaits les plus sincères pour que votre année soit la plus sinistre possible »

A votre carrossier : « Que cette nouvelle année se termine comme elle va commencer , en tôle »

A votre mécanicien auto: « J’espère de tout cœur qu’en cette nouvelle année le manque de plaquettes ne soit pas un frein à votre santé ! »

A votre médecin : « Je vous souhaite une mauvaise santé pour vos autres clients et par là même une bonne année »

A votre dentiste : « Que cette année soit couronnée de succès avec beaucoup de chance à la roulette ! »

A votre coiffeur : « Je vous souhaite de vous faire encore plus de cheveux sans trop tresser »

A votre manucure : « Que deux mains soient aussi bénéfiques qu’aujourd’hui ! »

A votre toiletteur pour chien : « Une année au poil pour vous et que tout, tout, vous réussisse ! »

A votre curé de paroisse : « Je prie pour qu’en cette nouvelle année vos fidèles le restent »

A votre plombier : « Je vous souhaite encore plus de débouchés et de conserver votre ligne de conduite, sans dévier »

A votre carreleur : « Je vous souhaite de ne pas crever la dalle tout en restant sur le carreau ! »

A votre charpentier couvreur : « Tous mes vœux pour que chaque jour soit un jour de faîte ! »

A votre opticien : « Qu’en cette nouvelle année vos montures vous remettent en selle !’ »

A votre notaire : « Je vous souhaite après tant de passages à l’acte sans lendemain d’enfin trouver l’âme sœur qui vous donnera le droit de succession ! »

A votre… Stop ! Je ne vais tout de même pas passer l’année à souhaiter la bonne année au risque de ne pas la voir passer !

En conséquence, je ne m’étendrai donc pas sur les autres corps de métier sauf s’ils insistent et qu’ils appartiennent à des miss rousses, blondes ou brunes, j’ai dit des miss rousses, pas Demis Roussos …

Il serait dommage d’y laisser sa santé alors même que l’on vient de nous la souhaiter bonne, non ? …

Star anonyme

Dans le monde actuel hyper médiatisé où la notoriété peut se jouer en quelques clics, beaucoup aspirent à atteindre le nirvana de l’icône adulée.

Se retrouver soudainement sous les feux de la rampe alors que la veille encore on rampait sous les foudres de son patron est un rêve qui devient réalité et une réalité qui tourne au cauchemar pour votre patron …

Il faut bien reconnaître que cette reconnaissance tant attendue et ô combien méritée au regard de vos capacités qui dépassent de beaucoup celles de la cruche à moitié pleine, présente l’avantage indéniable d’être reconnu par une population beaucoup plus large que celle constituée par vos ancien copains de cours préparatoire et votre grand-mère grabataire.

Le nec plus ultra étant évidemment d’obtenir la reconnaissance de ses pairs, sans aucun rapport avec une quelconque reconnaissance du ventre s’avérant très aléatoire en cas de bide, beaucoup plus difficile à observer que la reconnaissance de sa mère en état d’ébriété avancée ou la reconnaissance d’Odette si vous êtes à découvert.

Mais cet enchantement initial peut vite vous conduire à déchanter, situation plutôt désagréable si vous êtes devenue une star de la chanson sachant chanter (c’est plus facile à écrire qu’à dire), chose fort heureusement très rare.

En effet, être reconnu en permanence conduit très vite du plongeon dans l’inconnu à l’immersion parmi les inconnus reconnaissants.

Impossible de faire un pas dans la rue sans entendre « Ah mais j’le r’connais çui là, c’est çui qu’a joué dans la gare des étiolés ! », ou « Vous pouvez m’faire une p’tite signure pour ma belle-mère qui vous adore ? ». Vous imaginez le ridicule ? une belle-mère qui m’adore …

Il y a des jours où l’on finit par se dire que l’on gagnerait à être l’inconnu du nord express.

Ne nous méprenons pas, s’il n’est pas aisé d’emboucher les trompettes de la renommée, il est très difficile de rester anonyme. Il se trouve toujours un individu pour vous reconnaître, ne serait-ce que parmi vos proches. Etant évident pour la plupart des gens sensés qu’il est notoirement plus facile de reconnaître de près que de loin.

C’est bien dommage car être anonyme présente de fort nombreux avantages tels que poster des lettres anonymes en se payant le luxe de les signer, faire partie des alcooliques anonymes sans payer l’adhésion à l’association ou même se présenter aux élections sans étiquette.

La large supériorité numérique de la population vivant dans l’ombre sur celle des personnages publics n’est certainement pas étrangère à tous ces bénéfices dont on comprend facilement qu’il est difficile de se passer.

La frontière entre notoriété et anonymat est donc beaucoup plus ténue qu’il n’y paraît de prime abord.

Transportez une star du chaud biz dans une tribu au fin fond de la forêt amazonienne et vous constaterez très vite que ses chances de conserver sur place son statut de vedette même en lui ajoutant deux plumes dans les cheveux et une plume dans le derrière, ou l’inverse si elle a le cuir chevelu sensible, seront très proches du QI de la tarte aux courges.

Transplantez en retour le chef de la tribu en pagne et coiffe à plumes à Paris, il est peu probable qu’il conserve un statut de star sauf peut-être dans l’un des bars branchés du quartier du Marais… Dans l’absolu tout est relatif, comme l’ont dit Einstein et ma concierge qui chacun de leur côté ont atteint une incontestable notoriété !

Et quand on pense que même un illustre inconnu peut le rester, c’est à vous décourager de sortir du lot.

Finalement, seul le soldat inconnu a réussi à se faire un nom en restant anonyme …

Le chef

De tout temps, le chef, le guide, le boss, le patron, le grand manitou (très différent du petit touche-à-tout soit dit en passant) a tracé la route, faisant fonction en ce sens d’indicateur de direction même s’il n’est pas toujours, loin s’en faut, comparable à une flèche.

Bien que généralement pourvu d’un chauffeur et d’une voiture de fonction, vous conviendrez que ce n’est pas digne d’un chef d’être accompagné d’un chauffeur non véhiculé, le chef conduit. Il montre la voie, qui peut s’avérer être celle de la sortie pour certains salariés plus proches de la porte que de la revalorisation salariale, avec d’autant plus de mérite qu’il peut lui-même se trouver parfois quelque peu désorienté.

Et quand le chef perd le sens de l’orientation, il génère automatiquement une perte de confiance évidente envers la Direction.

Fort heureusement, depuis Louis XVI, le chef ne perd que très rarement la tête. Et il sait se couvrir. Il trouve toujours un subordonné pour porter le chapeau à sa place en cas de gros temps qui, dans ce cas, fait tout à fait convenablement office de couvre-chef.

Si étymologiquement parlant le chef est une tête, il peut s’avérer que la réalité des faits contredise l’origine du mot beaucoup plus souvent que le chercheur d’or ne découvre une pépite dans le lit conjugal.

Dans certains cas extrêmes, il faut bien se rendre à l’évidence, c’est une tête de con. On notera au passage que d’avoir une grosse tête n’interdit d’aucune manière d’être une tête de con. On la voit mieux, c’est tout.

La probabilité de se trouver confronté à un chef entrant dans cette catégorie est notoirement accrue lorsque celui-ci a atteint son Graal par promotion interne, autrement dit lorsqu’il est issu du rang, même lorsqu’il se nomme Dupont.

Car contrairement à l’hémorragie interne, la promotion interne peut très rapidement se détecter à l’œil nu en s’avérant tout aussi saignante.

La distance étant plus réduite que chez le grand chef, le pouvoir monte beaucoup plus rapidement à la tête du petit chef, lui occasionnant de ce fait un mal de crâne qui le conduit immanquablement à des réactions épidermiques proches d’une hystérie comparable à celle de ma voisine de palier à un concert de Julio Iglesias, Jules l’Eglise pour les non-hispanisants et il y en a parmi mes lecteurs, personne n’est parfait.

Le chef, qu’il soit petit ou grand, donne des ordres qui parfois peuvent conduire au désordre. Mais ce désordre ordonné ne peut-être contredit par un subalterne sous peine d’un rappel à l’ordre qui relève du bon sens.

Le chef est très susceptible. D’un rien, il peut faire tout un plat, c’est même souvent la spécialité du chef. Et n’essayez surtout pas de lui resservir au risque de vous desservir.

Vous êtes au service du chef et l’oublier ne serait pas vous rendre service.

En fin de compte, en dépit de tous les tracas qu’il vous fait endurer, il faut bien admettre que le chef est indispensable. En effet, imaginez un instant la détresse du sous-chef si le chef n’existait pas …

Le bal des trous

Penchons nous un instant sur l’un des composants essentiels de notre univers, le trou. Car si vous avez les yeux en face des trous et un regard perçant, vous n’avez pas manqué d’observer que notre monde est rempli de trous.

Et comme si ça ne suffisait pas, vous trouverez toujours un trou du c.. de voisin qui en percera d’autres et vos tympans avec.

Il faut bien le dire, l’homme passe une bonne partie de sa vie à percer et à combler des trous. Certains passent même régulièrement pour des bouche-trous, ce qui ne les comble guère.

Creusons un peu pour toucher le fond du problème. Sans être un visionnaire, il faut être aveugle pour ne pas s’apercevoir que le trou borgne ne débouche pas. Tenter de déboucher une bouteille avec un trou borgne, c’est d’un ridicule ! A moins de boire comme un trou …

Ceci étant et nonobstant l’âge de la perceuse ridicule, il est de la même manière extrêmement difficile de déboucher un Château Cheval blanc avec un trou qui débouche, que ce soit à Trouville ou dans un trou perdu.

Mais attention, n’allez pas croire que le trou a toujours tenu la vedette. Il a mis du temps à percer. Tenez, je vous le donne en mille, ne soyons pas avare, l’homme de Cro-Magnon ne savait même pas que l’univers était parsemé de trous noirs ! Il poussait même le vis, pardon le vice, jusqu’à vivre lui-même dans un trou, judicieusement nommée grotte de par son odeur caractéristique et sa différence notoire avec la chapelle Sixtine, sans même le savoir ! Le rustre ! Des nos jours, les gens qui vivent dans un trou le savent. C’est à ces détails que l’on mesure l’avancée des civilisations et la prise de conscience du trou au fil des siècles.

Cette renommée acquise de haute lutte doit évidemment beaucoup au trou vide. Le trou plein, beaucoup plus commun malgré des tentatives désespérées de reconnaissance, est resté dans un anonymat auquel une inclination irrépressible pour ne pas dire maladive à se noyer régulièrement dans la masse n’est pas étrangère, vos papiers s’il vous plait !

J’avais bien pensé à d’autres saillies sur le trou, mais j’ai un trou de mémoire …



La rentrée

C’est inéluctable et on n’en sort pas. Comme la marée, l’impôt qui soit dit en passant ne fait pas marrer, ou la vérole dans le bas clergé, elle finit toujours par revenir.

A peine s’est-on retourné de la plage qu’il faut tourner la page. Et beaucoup encore sur le sable s’en font déjà une montagne !

Et pourtant, même s’il n’y a pas lieu de pavoiser, inutile d’agiter le drapeau blanc, ce n’est pas l’amer à boire.

Dites vous que c’est la période des bonnes résolutions qui vont vous permettre de faire face aux mauvais problèmes. Ne pas manger trop riche, donner aux pauvres, être aimable avec ce gros con de Gérard , et j’en passe, ils ne s’appellent pas tous Gérard.

Certes, vous allez devoir affronter les affres des traditionnels commentaires sentant bon la naphtaline et le sable chaud sur le soleil et le rosé de Provence qui ont, je ne vous dis pas à quel point mon bon monsieur, éclairé d’un jour nouveau votre teint blafard des petits matins calmes et néanmoins besogneux.

Emporté par un enthousiasme aussi débordant qu’un ruisseau du désert de Gobi en période de sécheresse, vous serez en retour inéluctablement conduit à louer le teint hâlé de vos collègues de bureau qui n’est pas sans évoquer les nuances du poulet de Bresse évoluant avec grâce dans la rôtissoire de monsieur Ducarne, le boucher de la deuxième rue à droite en sortant.

Mais d’une manière générale, vous êtes heureux de repartir du bon pied, sans jeu de mots déplacé à l’égard des culs-de-jattes et autres unijambistes, je préfère faire le premier pas pour couper court, chaque rentrée est un nouveau départ.

De nouvelles aventures vous attendent et vous vous sentez l’âme de St Michel terrassant le dragon ou plus prosaïquement celle d’un étudiant pétant le feu sur une terrasse du Boul’Mich’ ! Vous êtes prêt à tout renverser sur votre passage en commençant par le café du matin et rien ne vous fait peur, sauf peut-être le nouveau maquillage de la comptable du deuxième qui frise la condamnation pour grime contre l’humanité.

Ceci étant dit, ne soyons pas dupe, dépeindre la rentrée est un peu comme repeindre l’entrée. On est enthousiaste au début et on est vite au bout du rouleau. Alors bon courage à tous ceux qui ne sont pas repartis …



Résolutions sans problème

Comme chaque année, c’est le moment de se lancer dans un flot de résolutions dont le volontarisme de l’annonce n’a d’égal que la déconfiture de la réalisation.

Ne souhaitant pas déroger à cette tradition vouée traditionnellement à l’échec, tel Don Quichotte bravant les moulins ou le dragon affrontant St Michel aux heures de pointe, je vous soumets les miennes que je vous prierais de ne pas me piquer, vous êtes assez grands pour ne pas respecter vos propres résolutions !

- Je ne parlerai plus en mal de mon gros con de collègue de bureau, celui qui a l’air absent même quand il est présent.

- Je ne critiquerai plus les femmes et les hommes politiques, chacun a la liberté de se moquer du monde après tout.

- Je ne convoiterai pas la femme de mon voisin de palier qui vient de partir au 6ème avec le voisin du 3ème.

- Je ne plaisanterai plus sur les religions, ou alors juste une foi.

- Je dormirai plus chaque jour, pour les nuits on verra plus tard.

- Je mangerai plus équilibré, à condition toutefois d’être bien calé.

- Je ne boirai pas comme un trou, sauf en cas de problème de fond.

Je reverserai l’ensemble de mes droits d’auteur à la recherche contre le nanisme.

- Je ne dépasserai plus les limitations de vitesse par temps de pluie pour ne plus confondre vitesse et précipitations.

Voilà, la liste est suffisamment longue pour ne laisser aucun doute sur le résultat. On relèvera les copies le 31 décembre …



Le breton

Le breton est fier et orgueilleux. Il faut dire qu’il descend du Celte qui lui aussi était fier et orgueilleux. On ne sait pas vraiment de qui descend le Celte et tout le monde s’en fout du moment qu’on puisse se le passer à table.

Non content d’être fier et orgueilleux, le breton a la tête dure comme le granit qu’il se protège avec un chapeau rond, vive les bretons. Bien qu’il ne soit pas un bois sans coiffe, il lui arrive toutefois d’ôter son chapeau quand il croise sa mère pour éviter qu’elle n’écume au milieu de la houle.

Depuis des siècles le breton est un adepte de l’érection. Il a élevé des menhirs, des dolmens, des cochons, des calvaires et comme le calvaire ne pouvait pas s’arrêter là, je connais même des gardiens de la paix bretons qui dressent des contraventions à tour de bras.

Si le breton n’apprécie guère sa belle-mère pour ne pas trop se différencier de ses congénères, il voue un amour sans borne à sa mer beaucoup plus accueillante et qui ne se démonte pas pour un rien.

C’est certainement cet amour ancestral qui lui a fait préférer la pêche au thon plutôt que la chasse au grizzly. En Bretagne, on ne chasse la grande ourse qu’à la belle étoile.

Mais par-dessus tout, le breton est convivial. Il n’hésitera pas à vous servir un verre de chouchen, liquide universel qui lui est très utile par ailleurs pour enlever les tâches de goudron persistantes sur les coques des bateaux, pour vous aider à faire passer le kouign-amann sur lequel vous vous êtes jeté comme la vague sur le sillon de St Malo.

Même si votre femme ne se prénomme pas Suzette, prénom ô combien désuet et beaucoup moins répandu que l’anisette, il lui proposera dans un grand sourire de lui servir des crêpes pour éviter qu’elle ne pique un phare.

Pour conclure, le breton d’apparence rugueuse et taillé à coups de serpe hier comme aujourd’hui ne vous laissera jamais en rade à Brest ou à Lorient et franchement, entre nous, le détour par la Bretagne vaut à coup sûr mieux qu’un coup de cidre.