Fecha de publicación: 08-ene-2011 2:26:13
Par Renée Mourgues
1 janvier 2011
Egalement ânier, David Bordes a appris la montagne en marchant. © archives Pp
Accompagnateur, ânier et conteur, David Bordes a fait du Haut-Béarn sa terre d'élection, et de la langue occitane un chemin parmi d'autres pour aller à la rencontre d'autrui dans un rapport dynamique et résolument positif.
Une enfance citadine à Lons-Le Perlic, émaillée d'escapades à Arencou paraissait peu propice aux métiers de la montagne. L'exemple familial ne semble pas davantage avoir joué de rôle prépondérant avec un père négociant dans les matériaux du bâtiment et une mère secrétaire. Seules les sorties de ski ont pu exercer une quelconque influence sur les choix futurs mais plus sûrement encore des engagements de jeunesse contre le tunnel du Somport. « J'ai rencontré des bergers et un guide aspois qui m'ont inoculé le virus des Pyrénées. J'aimais leur part d'autonomie et ce qu'ils transmettaient aux gens ».
Militant d'Anaram au Patac, David Bordes cherchait sa voie. « Je me voyais bien dans l'agriculture mais avec de gros points d'interrogation ». En consultant les pages jaunes de l'annuaire téléphonique, il tombe sur la rubrique des accompagnateurs de montagne et relève le nom d'Annie Beaudéant qu'il sollicite en 2001. « Ce qui m'a plu, c'est sa lucidité. Elle m'a conseillé d'essayer pendant quatre ans avant de prendre une décision ». Elle deviendra son maître de stage.
« Un peu pagalhos »
Il entame une formation agréée par la Direction départementale de la Jeunesse et des Sports. « J'ai mangé de la montagne pendant un an. Quand il faisait beau, ça se passait dehors. Quand il pleuvait, c'était à la bibliothèque où je dévorais la littérature spécialisée. Ce fut une très belle année ». Sur le terrain, il se découvre des ressources insoupçonnées. « Je suis un autodidacte de la montagne. J'ai appris à marcher lentement. Il faut du temps pour maîtriser son rythme et se mettre à la place d'autrui. Le plus dur a été de s'astreindre à la rigueur sous toutes ses formes. Il faut dire qu'avant, j'étais un peu pagalhos (en français : brouillon) » reconnaît-il volontiers.
En août 2002, il effectue sa toute première sortie au Pic du Midi d'Ossau : un raid de quatre jours en compagnie d'une famille. « Nous avons eu bel orage pour démarrer. Il a fallu se réfugier au centre pastoral d'Aneu avant de pouvoir repartir. Les gens étaient inquiets et confiants à la fois ». Là, il mesure tout le sens de l'expression moderne « gestion du stress ».
Deux ans plus tard, il obtient son brevet d'accompagnateur. Il assure aujourd'hui le secrétariat de l'association départementale professionnelle riche de 103 membres. « Je n'ai pas droit à l'erreur pour ce qui relève de la cartographie, de la sécurité et de l'orientation. Je dois pouvoir répondre un peu sur tout. On partage le territoire et on n'utilise pas de matériel spécifique ».
Une conscience occitane
Il aurait pu se qualifier dans la pratique du VTT ou du canyoning. Il a élu l'âne de bât qu'il loue auprès de l'association Petits pas ou de l'éleveur Yves Pose, à Etsaut, un fervent défenseur de l'âne des Pyrénées. Le Haut-Béarn l'accapare mais son diplôme de reconnaissance européenne n'interdit pas au travailleur indépendant d'exercer son activité au Pays basque, en Aragon ou en Bigorre. L'occitan constitue un plus dans son offre de services. « C'est ma conscience. J'ai rencontré des locuteurs qui m'ont fait comprendre que cette langue faisait partie de moi. A 20 ans, je me suis mis à l'apprendre et j'aime ça ».
Converti au conte grâce à l'Occitaniste Serge Mauhourat du CAP'OC, affilié au centre départemental de documentation pédagogique, David Bordes ne tarit pas d'éloges sur un art d'osmose qu'il pratique depuis 2005. En 2007, un élan neuf est né du partenariat avec le collectif « ÇA-I » de musiciens, chanteurs, plasticiens et créateurs bilingues de Poey-de-Lescar.
Au contact de Coline Hateau et d'autres artistes, il dit avoir connu « une vraie évolution » vers la professionnalisation et des émois esthétiques inédits. « Ça m'a appris à poser la voix, les rythmes et les silences. Je m'amuse beaucoup. Les gens réagissent bien » se réjouit-il. Son monde sensoriel accorde une place privilégiée à la raquette à neige, reine de la journée de dimanche agrémentée d'ateliers et d'animations au Somport et au Pourtalet, en collaboration avec le Club alpin français, la Fédération française de montagne et d'escalade, les offices de tourisme et la mairie de Laruns.
===> Ligne de vie
Né le 15 mai 1974 à Pau, pacsé et père de deux enfants.
Etudes: baccalauréat littéraire, brevet d'accompagnateur en montagne (2004).
Vie professionnelle: intérimaire dans le secteur industriel et commercial ; emploi jeunes à la Confédération paysanne (2001-2003) ; production de kiwis à Léren. Accompagnateur ânier, il est aussi conteur.
Animations: fête de la raquette à neige dimanche 9 janvier au Somport (06 83 88 58 41) et au Pourtalet (06 28 04 35 79). Samedi 29 janvier à 18 h 30, spectacle à Bosdarros. (06 28 04 35 79).