Un tour du monde au domaine du Rayol, le jardin des Méditerranées,
par Maryvonne Lirondière de la Société des Horticulteurs Amateurs Nantes et Région
Le domaine du Rayol, espace naturel protégé de vingt hectares, situé entre le Lavandou et Saint- Tropez, face aux îles d’Hyères, où Gilles Clément a conçu le jardin des Méditerranées, est une invitation au voyage à travers les paysages différents de dix pays. Maryvonne Lirondière, telle une exploratrice botaniste, nous convie à découvrir cet espace unique de sept hectares, entretenu de façon totalement écologique c'est-à-dire sans aucun produit phytosanitaire.
En 1909, Alfred Courmes achète le domaine et fait construire tout d’abord une ferme comme demeure personnelle et le bastidon comme maison du jardinier. Une source alimente le puits et approvisionne la ferme, un potager et un verger s’étageant à flancs de coteaux. Le jardin d’agrément est organisé autour de la pergola, et fait la part belle aux plantes exotiques, comme dans les propriétés de la côte de l’époque.
En 1912, construction d’une maison plus grande, puis en 1925 édification d’un plus petit bâtiment « le Rayolet », inscrit depuis 1994 au titre des « Monuments historiques ». C’est un véritable écrin qui servira d’ailleurs de décor au tournage du film « Renoir » en 2011.
Le grand bâtiment sera revendu et deviendra alors un casino baptisé « Hôtel de la Mer ». En 1940, le domaine est à nouveau vendu, cette fois à M. Henri Potez, avionneur qui s’installe au Rayolet et rachète l’ « Hôtel de la Mer ».
A l’époque quatre cents espèces exotiques sont recensées et douze jardiniers s’occupent des jardins.
En 1949, la maison de la plage est construite sur le garage à bateaux des Courmes.
Fin 1960, le domaine est laissé à l’abandon, de nombreux projets immobiliers de luxe voient le jour tout au long de la côte, mais en 1981, une association de défense, « les Amis du Rayol » est créée et en 1989, le Conservatoire du littoral acquiert la totalité du domaine, grâce à l’appui de Gilles Clément. La réhabilitation des jardins lui est alors confiée, tâche très lourde car laissé à l’abandon pendant quinze ans, le site est devenu un véritable maquis.
Découverte des différents jardins :
• « Le jardin des Canaries » avec des dragonniers, arbres symboliques qui ne fleurissent qu’au bout de 40 ans et des aéoniums de différentes couleurs.
• « Le jardin de Californie » composé d’acanthes, de pavots vivaces imposants et yuccas ou arbres de Joshua.
• Au « jardin d’Australie », le feu joue un rôle primordial dans le fonctionnement de l’écosystème local, c’est dans une brousse persistante que poussent eucalyptus, mimosas, blacks boys, et un arbre étonnant, le brachychiton discolor, dont le tronc vert produit de la chlorophylle.
• En « Amérique aride » : paysage du désert dominé par les yuccas, cactus cierges et agaves (l’agave col de cygne est la seule sans épines et fleurit au bout de vingt ans).
• « Le jardin méditerranéen » : l’ancien verger est un théâtre pour le jardin en mouvement (cher à Gilles Clément) lieu de fauches sélectives pour favoriser la biodiversité et abriter les alliés du jardinier. Les cistes en grand nombre sont répertoriés en une collection nationale magnifique ; un jardin de simples et de lavandes s’étale au pied de la villa du Rayolet, témoignage de l’époque des années trente.
• « Le jardin du Chili » merveilleux paysage de par sa lande à puyas, aux fleurs de couleurs sublimes, les cactus quisco et un quillaja saponaria.
• Au « jardin de Nouvelle Zélande » : les forêts subtropicales riches en fougères arborescentes et en palmiers luxuriants ainsi que les phormiums… un tea tree s’y trouve bien seul !!!....
• « Le jardin d’Amérique subtropicale » est composé d’essences remarquables du Mexique et d’Argentine (dont l’érythrine est l’emblème floral), une nolinaie, un vanillier de Cayenne….
• « En Asie subtropicale » : des cycas et une bambouseraie rafraichissante, plantée par les époux Courmes, près du vallon du figuier derrière un puits qui, à l’origine, alimentait la ferme.
• « Le jardin d’Afrique du Sud » : véritable enchantement par ses paysages évoquant la Méditerranée avec les bruyères arborescentes, les restionacées, plantes ressemblant à des joncs, les bulbes sud africains, strelitzias aux fleurs blanches et orange, acacia Karroo aux épines défensives, et surtout la grande famille des splendides protées, aux formes et couleurs différentes, dont la « King Protea » qui est l’emblème de ce pays.
Dans ces jardins gérés de façon écologique, où la nature a tous ses droits, la flore locale côtoie les plantes exotiques, les végétaux emblématiques se mêlant aux herbes sauvages.
Ce domaine préservé, au riche patrimoine bâti, surplombe la mer Méditerranée et invite au voyage dans un dépaysement enchanteur total.
Pour continuer la découverte du domaine: http://www.domainedurayol.org