Mystérieuses fougères

Philippe FERARD

Les fougères constituent un grand groupe très diversifié. Elles sont apparues sur terre au Dévonien, il y a 470 millions d’années, après les mousses et bien avant les plantes à fleurs.

Les trois grands groupes de fougères actuelles.

1. Les Lycophytes : leurs tiges ont des écailles tapissantes.

Dans ce groupe on distingue :

Les groupes fossiles apparus il y a 300 à 250 millions d’années. Pouvant atteindre 30 à 40 m avec des troncs de 2 m de diamètre, elles formaient des forêts.

Les groupes actuels apparus au Crétacée (il y a 145 à 65 millions d’années). Ils comprennent :

Les Isoètes qui sont des plantes rares et discrètes, ressemblant à une touffe de scille. Des planches botaniques datant de 1870 témoignent de leur présence au Lac de Grand Lieu (Saint Aignan). Elles ont depuis disparu.

Les lycopodes dont les tiges couvertes d’écailles se prolongent par deux épis qui contiennent les spores. On peut en trouver dans notre région, dans les tourbières.

Les selaginelles aux feuilles en écailles sur deux rangées terminées par de petits épis portant les spores enfermées dans des sacs.

Il y a des sacs avec des spores microscopique et d’autres avec des spores macroscopiques.

Les espèces tropicales ont quelques centimètres de hauteur.

Il existe deux espèces rustiques poussant en zones sèches, courantes en culture à Nantes. La Sélaginelle reviviscente (Selaginella lepidophylla) a la particularité de s’ouvrir lorsqu’il pleut

2. Les Prèles.

Les premières sont apparues au Carbonifère (il y a 350 à 300 millions d’années). Elles formaient de grands arbres. Disparues on ne les connaît qu’à l’état de fossiles.

Les espèces actuelles se sont formées au Jurassique (il y a 200 à 150 millions d’années). Leur aire de répartition est étendue dans tout l’hémisphère nord, dans les zones humides.

Elles possèdent deux types de rameaux : ceux qui sont verdâtres sont stériles et ceux qui sont marrons, non chlorophylliens, servent à la reproduction. L’épi libère des spores possédant deux peaux, une fixe l’autre mobile qui se déplace grâce à l’eau.Ce sont des plantes très graphiques comme la prêle des bois (Equisetum sylvaticum), difficile à cultiver, qu’on trouve en Normandie. Ses rameaux sont prolongés par des épis sporangifères.

Il en existe de toutes les tailles :

Equisetum myriochaetum, est une prêle tropicale géante qui pousse dans les forêts humides au Mexique.

Elle peut atteindre 8 m de hauteur avec un diamètre de 2 à 3 m.

Equisetum scirpoides, est minuscule avec ses quelques centimètres de hauteur.

On la trouve dans les Pays Scandinaves.

3. Les Fougères vraies

Constituent un groupe très diversifié. Leurs feuilles sont appelées frondes, leur division sont des folioles ou « pennes » et les sous-divisions sont les folioles secondaires ou « pinnules ». Le pétiole est nommé stipe, à leur naissance les jeunes frondes sont enroulées, elles sont alors appelées « crosses ».

Les frondes présentent une grande diversité de formes : lancéolées, en forme de cœur, avec 3 folioles ou sont très divisées.

Sous les frondes se trouvent les organes reproducteurs dont la disposition est très variable.

Reproduction des fougères

Les petits amas de formes et de couleurs variables observés sous les frondes sont les sores. Ils sont constitués de sacs appelés sporanges contenant les spores. A maturité le sporange s’ouvre mécaniquement pour libérer les spores qui en germant produisent le prothalle de 5 à 6 mm de diamètre. Celui-ci porte des organes reproducteurs mâles et femelles. En présence d’eau les organes males se déplacent pour atteindre les organes femelles : la fécondation donne naissance à une plantule.

Diverses fougères

Les plus anciennes sont apparues avant les plantes à fleurs au Jurassique et au Crétacé (il y a 250 à 60 millions d’années)

Marattiacées dont les spores sont renfermées dans de petits « porte-monnaie ». Espèces tropicale (Australie) non représentées en Europe

Ophioglossacées

Omondacées exemple Osmundastrum cinnamomea, feuilles vertes et feuilles marrons aux bords épais renfermant les spores.

Gleichéniacées certaines peuvent être envahissantes

Les récentes, apparues en même temps que les plantes à fleurs (il y a 130 millions d’années). Sur les 10 500 espèces connues dans le monde, 116 vivent en France dont 44 en Loire-Atlantique. Un voyage depuis la montagne, Mercantour, jusqu’à la mer, falaises de l’Île de Groix, nous a fait découvrir une multitude d’espèces.

Voici quelques-unes d’entre-elles :

Polystichum lonchitis chaque feuille ayant une petite dent à la base

Phégoptéris vulgaire (Phegopteris connectilis) appelée fougère à moustache, à cause de ses deux pennes basales se dirigeant vers la base comme des moustaches de chat, aime dans les bois sombres.

Fougère aigle espèce rhizomateuse qui se reproduit essentiellement de façon végétative à partir de celui-ci. La forme sexuée existe cependant. Asplenium scolopendrium forme largement répandue en France.

La fougère mâle très commune, les amas sombres sont les sores recouverts d’un voile protecteur.

Chez la fougère femelle la disposition des sores est très différente

Polystic à soies pousse partout et résiste au soleil.

Chaque pinnule à une dent à la base. Les sores sont cachés par un voile.

Blechnum en épi (Blechnum spicant) au port raide, acidophile. Possède deux types de frondes. Au milieu les frondes plus grêles portent les sores.

Capillaire de Montpellier (Adiantum capillus-veneris) on la trouve dans le massif armoricain dans les endroits sombres et calcaires. Le bord des feuilles est incurvé pour protéger les sores.

Fougère des marais (Thelypteris palustris) qu’on trouve au bord de l’Erdre et dans les tourbières

Osmonde royale (Osmunda regalis) aime les endroits humides. Cétérach officinal (Asplenium ceterach) vit sur le bord des murs. C’est une espèce reviviscente capable de supporter la sécheresse.

Pour se protéger le limbe de la feuille s’enroule, la plante reprend son aspect avec la pluie.

Mystérieuses fougères

Arborescentes : se rencontrent dans les régions tropicales.

Certaines peuvent atteindre 8 m de hauteur.

Grimpantes : comme le lierre elles montent jusqu’à la cime des arbres Epiphytes des forêts tropicales humides Rampantes : elles ont 5 à 7 cm de hauteur, ressemblent à du gazon, leurs jeunes pousses ont la forme de crosses. Discrètes et fragiles comme l’Hyménophylle de Tunbridge rencontrée au Huelgoat

Annuelles disparaissant totalement en été lorsqu’il fait très sec et réapparaissant avec la pluie, repartant à partir des spores.

Bulbeuses comme l’Isoètes épineux (Isoetes hystrix), ressemblant à une herbe. On peut le trouver sur le littoral breton sur les falaises suintant en hiver.

Aquatiques (Marsilea quadrifolia) ressemblant au trèfle à quatre feuilles.

Halophiles, comme Acrostichum aureum, qui forment de grosses touffes dorées.

Hospitalières lorsque leur gros rhizome creux héberge des insectes, souvent des fourmis. Prolifères quand elles se reproduisent par formation de bourgeonnement sur les feuilles. Comestibles seulement lorsqu’elles sont très jeunes, on peut consommer les crosses encore non déroulées de La Fougère Plume d’Autruche et de la Fougère Aigle.

« Mystérieuses Fougères » était l’intitulé de cette conférence, nous avons pu mesurer à quel point ce monde est complexe et peu ou mal connu… et pourtant proche de nous. Merci de nous en avoir ouvert les portes pour mieux apprécier ces « Frondeuses ».