Utilisation des plantes médicinales

Gilbert Robin, est responsable de la section botanique de l’association « Terre des Plantes, créée en 1994 afin de faire découvrir les plantes médicinales et leur utilisation.

Histoire de la relation entre les hommes et les plantes

Les végétaux se conservant mal au cours des millénaires, globalement il reste peu de trace archéologique à travers le monde.

La médecine s’organise petit à petit au cours des grandes civilisations.

D’une manière générale, les plantes et les pratiques médicales circulent entre tous les peuples de la Méditerranée et du Moyen Orient (en Egypte, chez les Hébreux). En Mésopotamie 250 plantes sont décrites. Le roi Hammourabi (environ 1700 av. J.-C.), précurseur, aurait encouragé la culture des plantes médicinales.

En Chine, vers 2000 av. J.-C., le premier livre de matière médicale fait apparaître 365 médicaments.

En Inde, la médecine indienne est à rattacher à « l’Ayurveda », nom sanscrit pouvant être traduit par « science de la vie ».

La Grèce fut le pays où il y a eu le plus grand développement de la médecine par les plantes avec notamment :

- Hippocrate « père de la médecine » qui utilise 230 plantes et qui considère la maladie comme un phénomène naturel et non magique.

- Aristote qui dresse une liste de 500 plantes.

- Platon et Galien, père de la pharmacie, ses écrits ont influencé la médecine occidentale jusqu’au XVIIIème siècle.

- Dioscoride auteur de « Materia Medica », traité dont l’influence s’est fait sentir jusqu’en 1930.

Au Moyen Age il y a peu d’avancées significatives dans l’utilisation de nouvelles plantes sans véritable transmission écrite sauf en Italie avec l’école de Salerne dont le rayonnement s’est fait sentir du XIème au XIVème siècle dans toute l’Europe.

Au temps de Louis XIV, on commence à expérimenter de nouvelles drogues : quinquina, ipécacanhua (pour la dysenterie).

Aux XIXème et XXème siècles, les plantes sont analysées chimiquement et ne sont plus considérées comme des « simples » (du latin simplex qui désigne l’ensemble des plantes médicinales sous leur forme naturelle en infusion). Les simples s’opposaient jusqu’alors aux « thériaques » composé de très nombreuses substances dures pulvérisées, mêlées à des substances pour leur donner une consistance molle.

Les chimistes extraient désormais les molécules chimiques (principes actifs) capables d’agir sur les maladies à l’inverse des thériaques qui utilisaient beaucoup de plantes différentes qui pouvaient s’opposer.

Après le premier tiers du XXème siècle, apparaissent les molécules de synthèse, plus économiques que les molécules naturelles. Les progrès de la chimie d’extraction puis de la chimie de synthèse permettent d’obtenir des principes actifs à l’état pur. Les plantes médicinales deviennent alors surtout des modèles mais on continue d’extraire les principes actifs des végétaux quand leur concentration est suffisante et que leur prix de revient reste convenable.

Depuis une vingtaine d’années, certains thérapeutes prescrivent à nouveau des plantes entières et les modes de prescriptions ont changé. On utilise plus volontiers des nébulisats, des teintures mères, des suspensions intégrales de plantes fraîches, des huiles essentielles…

Phytothérapie moderne. Généralités sur l’utilisation des plantes à des fins médicinales

Plantes fraîches ou plantes sèches ?

Dans la plupart des cas, il vaut mieux utiliser les plantes sèches (l’eau ayant été éliminée, la quantité de principes actifs par rapport au poids sec est plus importante et les plantes se conservent mieux : pas de risque de moisissure), exemple la Mélisse.

Pour les plantes dont on extrait des huiles essentielles un fanage ou pré séchage est souhaitable

Plante entière ou partie de plante ?

- Dans le cas de la Consoude, les feuilles fraîches peuvent être utilisées en cuisine (au printemps) et les racines à l’Automne (attention les racines sont un peu toxiques et ne sont utilisées qu’en usage externe).

-L’artichaut notamment est utilisé en entier

- Pour la Monarde, on utilisera uniquement les pétales, les étamines et le pistil.

Les doses ?

La dose est toujours donnée pour un adulte d’environ 60 kg en bonne santé (pour un adulte très affaibli ou un enfant il faut réduire les doses).

C’est la dose qui fait le poison :

- Une noix muscade par exemple, qui serait ingérée entière au cours d’une seule journée par une seule personne serait mortelle.

- Pour les pommes de terre verdies la dose serait de 2 kg par personne et par jour !!!

La durée des traitements ?

En principe 3 semaines, mais pour certaines plantes, quelques jours seulement (exemple : le Fumeterre).

Il en est de même pour la plupart des huiles essentielles.

Eviter si possible l’automédication : une dose fixée avec un thérapeute à un moment donné de votre vie ne vous conviendra pas forcément quelques mois plus tard.

Les préparations ?

Différents types de solvants peuvent être utilisés :

- Eau (froide pour les macérations et chaude pour les infusions et décoctions). Dans la plupart des cas, il vaut mieux jeter la plante sèche dans l’eau froide avant de porter à ébullition (ceci évite les chocs thermiques et l’évaporation des principes actifs)

- Alcool, vin, vinaigre

- Corps gras : huile, graisse…

- Glycérine

Il existe d’autres modes d’extraction de type industriel : la cryogénie, le nébulisât.

La distillation pour obtenir des huiles essentielles peut-être réalisée de manière domestique.

Comment bien faire une tisane de tilleul ?

Il faut d’abord s’assurer qu’il a été cueilli au bon moment, c’est à dire en fin d’après-midi pour qu’il contienne un maximum de principes actifs.

Pour faire l’infusion : plonger le tilleul dans l’eau froide, porter à ébullition et faire infuser quelques minutes, laisser refroidir pour le boire tiède.

Le tilleul trop chaud empêche de dormir car il est dans ce cas plutôt sudorifique (il fait suer), en le laissant refroidir, il devient seulement sédatif et vous pourrez vous endormir plus facilement.

Sources littéraires:

« Les vertus des plantes » de Jean-Marie Pelt – Editions du Chêne

« la pharmacopée des chimpanzés »: article paru dans « Pour la Science » (nov. 2004) de Sabrina Krief

La Garance Voyageuse n° 92

« La médecine par les plantes à travers les âges » de Loïc Girre – Editions Ouest-France

« Les plantes sauvages – Connaître, cueillir et utiliser » de Thierry Thévenin – Editions Lucien SOUNY

« Guide des plantes médicinales » de Michel Botineau – Editions Belin – Collection Fous de Nature

« Encyclopédie des plantes médicinales » de chez Larousse (couverture à fond blanc)

« Les plantes qui nous soignent – traditions et thérapeutique » de Jacques Fleurentin Editions Ouest-France (2 volumes)