Place des plantes introduites dans l’art des jardins

Yves-Marie ALLAIN

La question de la place des plantes exotiques, de celles venues d’autres continents n’est pas récente et dès le XIXe siècle, un certain nombre de paysagistes, dont Edouard André, se la posait. A cette époque, l’approche en était uniquement d’ordre esthétique et les problèmes d’ordre biologique liés à la protection des flores et des habitats ne faisaient pas partie des préoccupations. Il n’en est plus de même suite à la Convention sur la diversité biologique (Rio 1992), et les amateurs de jardins peuvent légitimement se poser la question sur la pertinence de poursuivre l’introduction de plantes exotiques.

Les raisons qui ont poussé à introduire des plantes étrangères sont multiples et ne sont pas toujours les mêmes depuis le XVIe siècle. Les raison scientifiques ont néanmoins toujours prévalues, celles de la connaissance. On trouve également des raisons économiques et commerciales (arbres forestiers pour l’industrie, plantes alimentaires, etc.), des raisons médicinales et pharmaceutiques, des raisons esthétiques surtout à partir du XIXe siècle lors du développement des jardins anglais et paysagers.

En effet au cours du XIXe siècle, est abandonné le style à la française et le jardin paysager domine. Le jardin à la française qui domine aux XVIIe et XVIIIe siècles, privilégie le côté formel et architecturé ; les végétaux utilisés sont ceux qui se trouvent habituellement dans les bois et forêts environnantes ; la fleur n’est pas utile car la couleur est donnée par les habits de la cour et de la noblesse. Au contraire, dans le jardin paysager, les diverses scènes doivent être découvertes au cours de la promenade, grâce au dessin et aux végétaux qui sortent du commun, très souvent exotiques, plantés dans les lieux stratégiques du parc ou du jardin. liste de végétaux autorisés

A partir du XIXe siècle, les progrès techniques (serres, tondeuses, sécateur, etc.) et technologiques (nouvelles variétés, engrais, pesticides, etc.) vont progressivement modifier les méthodes de travail des jardiniers et leur permettre des réalisations, en particulier florales, impensables aux siècles précédents.

Si la protection de la biodiversité spontanée est indispensable, il ne faut pas en permanence vouloir opposer les flores indigènes et exotiques et surtout renier, voire nier, le patrimoine culturel de l’art des jardins et le patrimoine cultural du jardinage. Néanmoins, le jardiner doit retrouver certain des gestes anciens afin de modifier quelques-unes de ses méthodes de culture, d’entretien, de gestion des espaces dont il a la charge et appliquer des méthodes agronomiques plus respectueuses de l’avenir.