Plantes magiques

Présentation conférence

Roland Le Moigne, docteur en Celtique, Diplômé d'Etudes Supérieures en Botanique, administrateur de l'Institut Culturel de Bretagne, publie sous le nom de Roland MOGN.

La culture bretonne, comme celle de pratiquement tous les pays du monde, possède un arsenal de plantes magiques aux propriétés extraordinaires : par exemple celle qui fait perdre son chemin quand on marche dessus ou qui, jetée dans un ruisseau, remonte le courant. La cueillette de l'herbe d'or rappelle en partie la cueillette de la mandragore.

Il y a toujours à la base de cette magie l'observation d'un fait inhabituel, mais explicable, chez les plantes. Ensuite viennent se greffer des propriétés fantastiques qui viennent renforcer leur magie : le pic-vert y aiguise son bec, elle pousse un cri lorsqu'on l'arrache. On trouve encore de nos jours dans notre mémoire collective bretonne l'inventaire à peu près complet de toutes ces plantes.

Roland Mogn s'attachera à démêler la partie scientifique de l'aspect sociétal de ces plantes magiques, entre celles que vous verrez en photo et celles, pourtant bien réelles, qu'il est impossible de photographier...

Résumé

Les botanistes, herboristes, étudiants en recherche, pharmaciens, sorciers, magiciens etc… ont toujours utilisé les plantes magiques. Elles sont toujours liées à d’anciennes croyances ou légendes.

Il existe plusieurs plantes différentes portant le même nom vernaculaire…

La Mandragore, (solanacée)

Elle possède une racine très tourmentée, « émettant un cri quand on l’arrache »… c’est une plante maghrébine, qui pousse dans peu de terre et beaucoup de cailloux. Elle est très difficile à cultiver dans nos régions. C’est une mauvaise herbe au Maghreb et un narcotique puissant. Sa cueillette doit être réalisée dans des conditions très particulières.

"L’Herbe d’Oubli" : Lycopodium clavatum. Elle ressemble à une mousse verte entortillée.

Si on marche dessus, elle fait perdre son chemin et la mémoire!!!

"L’herbe de la détourne " : Spiranthes, à cause de sa forme spiralée fait perdre son chemin si on marche dessus

"L’herbe remonte-le-courant" : Chrysosplenium oppositifolium, attachée au fond elle donne l’illusion de remonter le courant. Elle est censée briser le fer et ouvrir les serrures comme la primevère. D'ailleurs celle dernière porte un nom vernaculaire a un rapport avec le clé, la serrure, dans de nombreuses langues."L’herbe d’or" : Lycopodium du genre Huperzia.

Le lycopode se couvre de rosée avant les autres plantes, ses feuilles brillent sous la lune.

C’est une plante qu’il ne faut jamais enjamber (elle est abortive !).

La cueillette de l’herbe d’or rappelle en partie la cueillette de la mandragore

Fougère-aigle (Pteridium aquilinum), la graine de fougère verte doit être récupérée la nuit de la Saint-Jean vers minuit, heure solaire

et Drosera aux feuilles rondes et grasses qui portent des gouttelettes même au soleil.Le drosera se couvre de gouttes d'eau en permanence, si on le coupe il pleut d'après la légende.

Trèfle à quatre feuilles : on peut en trouver n’importe où. Le mythe veut que ce soit là où une jument a pouliné. ce sont les lutteurs bretons qui ont transmis la légende du "porte-bonheur". C’est une plante du "monde d’en dessous" (c'est-à-dire « le diable »)

Le Gui forme des touffes, et pousse la tête en bas. En breton, on dit de lui qu’il est un excès d’arbre. Selon les druides qui le récoltaient avec une serpe d’or, il a des propriétés médicinales!!!... Dans l’ouest européen il possède des fruits blancs (Viscum album)

Pline l’Ancien parle d’un gui du chêne. C’est un gui jaune (Loranthus europaeus) qu’on ne trouve pas en France mais en Italie et jusque dans les Balkans.

Sa présence sur les chênes est exceptionnelle, d’où l’importance que les druides accordaient au Gui récolté sur les chênes. Il est fort possible que la Bretagne n’ait qu’un chêne à gui, si elle en a... Le calcul pour les forêts de chênes françaises donnait, il y a quelques années, entre 12 et 15 chênes à gui. On le voit, les néo-druides ne sont pas sortis de "l’auberge" qui, en Haute Bretagne, était signalée, on le sait, par un bouquet de gui, dès qu’on mettait un nouveau tonneau de cidre en perce.

Pour le cueillir il faut être seul, le voler, ne jamais le couper avec un outil en fer, il ne doit pas toucher le sol et ne pas toucher une autre personne.

Une dernière photo nous dévoile un chêne immense, avec un fouillis de gui, il se situe sur l’aire de Puceul auprès de Blain. Il s’agit d’un chêne américain et non d’un chêne indigène.

Une base de données des noms vernaculaires des plantes peut être consultée sur le site http://plantkelt.net