Stèle des Mariniers

Stèle « A la mémoire des mariniers disparus en Loire »

Paul Fougerat - Février 1964

Jusqu’à la fin du siècle dernier, la Loire a été la grande artère de transit commercial du Centre et de l’Ouest de la France et, par les canaux, certaines marchandises arrivaient même jusqu’à Paris.

Les marchandises les plus diverses y étaient embarquées : charbon, vin, bois, terres à faïence et à porcelaine, ardoises, tuiles, briques, ocres, pierres à bâtir, vinaigre, poteries,… et même des voyageurs la sillonnaient.

Ceux qui animaient, par leurs embarcations, le fleuve et tout le trafic qui en découlait, étaient une corporation de gens rudes, intelligents, intrépides et simples : les mariniers de la Loire.

Ces mariniers, après près de vingt siècles de présence sur le fleuve, depuis les « Nautae Ligerici » de l’époque romaine en passant par les « Marchants fréquentant la rivière de Loyre et d’autres fleuves descendant en icelle », ont disparu brutalement à tout jamais, laissant ça et là quelques souvenirs, quelques traditions ou écrits que nous recueillons avec piété.

N’est ce pas juste, n’est ce pas légitime et humain de vouloir perpétuer leur mémoire en inscrivant symboliquement dans la pierre d’une modeste stèle érigée par souscription publique, le souvenir des acteurs d’un métier perdu. Nous avions choisi de localiser symboliquement ce monument à Neuvy-sur-Loire, dont le cinquième de la population vivait du trafic du fleuve et qui se situe à peu près à mi parcours de notre Loire, aux confins des départements de la Nièvre, du Loiret et du Cher.

Neuvy possède un quai rectiligne de 585 mètres de long, construit sous Louis XVI, et c’est là, vers 1897, d’après Monsieur Roger Dion, professeur au collège de France et auteur d’une magistrale thèse sur le val de Loire, qu’urent lieu les derniers soubresauts de la marine de Loire, avec le chargement de bateaux de poterie venant de la Puisaye.

Le comité de souscription est placé sous la présidence d’honneur de Monsieur Maurice Genevoix, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, qui se réfère souvent, dans ses ouvrages, des mariniers de la Loire. Ce comité est sous la présidence effective de Monsieur Jacques Levron, directeur départemental des archives de Seine et Oise et spécialiste de la Loire.

La stèle sera due au ciseau d’un authentique descendant de mariniers de Loire, Mr Hervé Mehun, qui tient actuellement son atelier sur une péniche de la Seine, au pont de la Concorde. L’architecte est Mr Emile Berthelot.