Marguerite Gendras - Dufour

Madame Marguerite Gendras - Dufour

Née le 19 Mars 1922

En 1938 je suis arrivée à la ferme du Patis à Neuvy, appartenant à la famille Jean Guillot, agriculteurs. Je gardais les enfants Nella et Armand.

A la déclaration de la guerre de 1939, mon fiancé Robert Dufour, est parti comme soldat, il est fait prisonnier et envoyé en Prusse Orientale pour travailler dans une ferme. Il est revenu fin Juin 1945, presque dans les tous derniers.

Monsieur Jean Guillot étant prisonnier lui aussi. Je me trouvais seule avec Madame Eugénie Guillot pour soigner les bêtes, il fallait traire les vaches, faire les travaux des champs, arracher les betteraves… A ce moment là, il pleuvait tous les jours à un tel point que le cheval qui tirait le tombereau de betteraves que nous avions arrachées à la main, s’est lui-même enlisé dans la boue. Il fallut décharger le tombereau et sortir le tout…

Tous les matins nous nous levions à 5 heures pour traire les vaches, ensuite nous amenions le lait chez Madame Dabet l’épicerie à Neuvy et à une autre épicière les Eco tenue par Madame Jack (Mère de Denise Gauvin) avec une petite charrette tirée par un cheval. Un jour au Coudray à Neuvy, le cheval s’emballe, j’ai seulement pu l’arrêter vers la Croix de Pâques, j’étais assise dans la charrette, je tirais sur les guides de toutes mes forces, j’étais morte de peur.

Il nous est arrivé, un certain hiver, d’être obligées de casser la glace à la mare, (au Marcher, nom local de la mare) pour faire boire les vaches et faire cuire les pommes de terre (les Truches) dans le fourneau à cochons.

11 juin 2008

Mon Mari était prisonnier au Stalag 1 B en Prusse Orientale.

Les prisonniers habitaient à la ferme et les allemands venaient contrôler leur présence.

Tout d’abord, il a travaillé dans une scierie et ensuite dans une ferme. Comme ils n’avaient pas tellement à manger, ils ont volé des poules de la ferme et les faisaient cuire la nuit. Ils volaient aussi des œufs, enfin ce qu’ils pouvaient.

La bonne de la ferme s’est aperçue de leurs vols, elle voulait les dénoncer. Ils lui ont fait une trappe dans le grenier pour la piéger et la faire tomber, ce qui a réussi. Alors elle n’a rien dit, de crainte d’une suite désagréable possible.

Le stalag a été libéré par les russes. Mon Mari avec son copain Marcel Balland de Bué se sont échappés de la main des russes. Ils ont traversés le « Couloir de Dantzig », comme on disait alors, tout à fait en haut de Dantzig, il y faisait déjà si froid qu’ils devaient marcher sur la glace.

Mon mari en est revenu très fatigué avec une bronchite qu’il avait attrapée à cause du froid à Dantzig.

20 Juin 2008