01 - Introduction au livre ETE 44

Pourquoi ce livre, relatant pour le devoir de mémoire, les tragiques bombardements de Neuvy dans l’été 1944, a-t-il mis 60 ans à se réaliser ? Parce que le temps n’était pas venu, parce qu’il faut un certain temps pour que les choses se décantent et mûrissent, peut-être ? Il y a eu 1994, la réalisation de cette intéressante cassette vidéo qui a commencé à réveiller les mémoires, aidant les personnes qui avaient vécu ces événements, à se ressouvenir d’une manière ordonnée.

Certes, aussi tous les ans, la cérémonie commémorative qui invitait à se replonger et avoir une pensée pour toutes les victimes de cette tragédie. Mais un livre, c’est différent. Un livre, ça se lit, ça se prête, ça se range, ça se reprend et ça se relit. Et puis ça passe à la postérité en pouvant informer les générations futures qui veulent savoir.

Et n’est-ce pas par cet ouvrage, accomplir le souhait de ces sept personnes, qui lors du 10eme anniversaire en 1954, demandaient dans le Régional de Cosne que l’on n’oublie pas ! Cette demande venait de Prosper Bault, Raoul Jacq, Jean Carle, Alfred Maigne, Monsieur Dabet, Paul Piat et René Fougerat.

Le devoir de mémoire ! C’était un terme peu usité à l’époque. De même qu’on ne parlait pas de cellules psychologiques lors des catastrophes, pour venir en aide, soigner les traumatismes de l’esprit et de l’âme. Que cela aurait été utile pour tous ces êtres humains – survivants - abrutis par le bruit infernal, coincés, prisonniers sous les maisons écroulées, plongés dans la nuit artificielle, palpable tant la poussière était dense et horrible à respirer. Cauchemar ! Apprenant par la suite qu’un ou plusieurs membres chers de leur famille sont décédés ou handicapés à vie.

On sait aujourd’hui que pour expurger ces souvenirs, cauchemars récurrents, il faut en parler. Non pas pour se vautrer par masochisme, avec plaisir; mais bien vrai, pour s’exprimer, se confier à des oreilles attentives et compréhensives.

Avec le recul du temps, on se dit, dommage que les civils et soldats victimes de ces guerres, encore présentes dans nos mémoires 1914-18 – 1939-45 – et celle d’Algérie, n’aient pu bénéficier de ces aides.

Comment est venue l’idée de ce livre ? Je crois important de le préciser, n’étant pas de Neuvy et n’ayant pas vécu ce désastre. Je viens d’un pays, de Sedan, dans les Ardennes où ma famille, sur quatre générations, a vécu les trois guerres 1870-71, 1914-18 et 1939-45. Elle en a souffert dans ses membres et dans ses biens. En 1956, j’ai été rappelé par la guerre d’Algérie. Donc, les guerres m’ont marqué et je me suis toujours intéressé aux gens qui ont eu à souffrir de cette énorme catastrophe, cette stupidité puisqu’elle ne dépend que des hommes.

L’exode de 1940 nous a évacués dans les Deux-Sèvres. Là-bas, vers Niort, gamin de 8 à 13 ans, à l’abri des activités des combats, j’entendais et j’étais habitué au passage des bombardiers, avec leur ronronnement lourd bien typique. Les grandes personnes disaient qu’ils allaient détruire des ports, des gares, des voies de communication vers La Rochelle, Rochefort et Bordeaux, Angoulême et même Niort à 20 Km Il y avait souvent des morts civils, disait-on…

En décembre 1945, je suis venu habiter dans la Nièvre, à Dampierre sous Bouhy. Dans mon esprit d’adolescent, je croyais que la Nièvre avait été un havre de paix dans la tourmente. Plus tard, j’apprendrai la tragédie du pont de Cosne le 16 juin 1940 ; les batailles des maquis en juillet 1944 à Donzy, Crux la Ville… Les massacres et exactions à Dun les Places, Montsauche et autres. Les bombardements de Nevers et Neuvy sur Loire.

Dans les années 1947-48, je fais la connaissance de la famille Pérot, du Coudray de Neuvy. Joseph et Yvonne son épouse, avec leurs enfants Jean et Lucette, de mon âge. Ils viennent visiter leur beau-frère, sœur et belle-sœur, nos voisins. Je croise donc les Pérot épisodiquement lors des fêtes ou pour le battage. Je travaille avec Joseph sur le « plongeon » meule de paille. A 15 ans, curieux, j’aime questionner et écouter cet homme. En 1924, à 20 ans, il est parti faire son service militaire au Maroc et s’est trouvé mêlé à la répression de la révolte d’Abd-el-Krim (1924-26). En l’entendant, je ne pensais pas que trente ans après lui, j’irai dans ce même Maroc et pour la même raison : « La Pacification ». Mais je ne me souviens pas l’avoir entendu parler des bombardements de Neuvy…

Puis en 1960, je me suis marié avec une jeune fille d’Annay, Louisette, et peu après nous nous sommes installés sur la ferme de Plamerat, près des beaux-parents Paul et Angèle Fièvre. Là, j’ai entendu parler de ces bombardements de façon plus précise. Mes beaux-parents et aussi ma femme, qui n’avait pourtant que 7 ans, se souviennent notamment du premier, celui du 17 juillet. Ce jour-là, dans un beau ciel bleu, la vague d’avions était impressionnante, du fait qu’elle passait plus bas que d’habitude. Ce qui semblait bizarre aux grandes personnes, c’est qu’au lieu de l’axe nord-sud habituel pour des avions venant d’Angleterre, ces bombardiers venaient de l’est et allaient vers l’ouest… L’explication arriva dans la minute ! Neuvy étant à 5 Km à vol d’oiseau, les explosions étaient intenses. Neuvy bombardé, c’était incroyable ! Pourquoi ?

Le beau-père partit aux nouvelles, à vélo. Il revint et repartit aux secours afin d’aider aux déblaiements avec son cheval et un tombereau. La belle-mère prépara pour héberger, notamment de la famille, comme Claude Fièvre, âgé de 5 ans. Il était en vacances chez ses grands-parents, boulevard de la Mairie à Neuvy.

Au deuxième bombardement, deux autres couples vinrent loger à la ferme. Les Salin et les Cardot. Leurs maisons, rue des vignerons, avaient souffert et étaient plus ou moins détruites.

J’appris ainsi qu’il y avait eu trois bombardements avec le résultat « concret » de 129 morts et plus de 300 blessés, 80 maisons détruites… Ce n’était donc pas un largage de quelques bombes, pour rendre un pont inutilisable. Quand j’allais au bourg de Neuvy, je voyais bien toutes ces maisons neuves, mais je ne pouvais imaginer, ne pouvais comprendre le traumatisme qu’avait subi la population de Neuvy. Si on n’a pas vécu ou vu une catastrophe, un séisme de cette ampleur, avec pareils dégâts, on ne peut imaginer !

Dans les années qui suivirent mon installation à Annay, je fis la connaissance de bien d’autres personnes de Neuvy, en dehors des Pérot, tels les Pasquette de Marvy, de Claude Fièvre, Simone Gourdet et Claude Ribault son mari, Michel Guillot et son frère Jean, Robert Guillot, Jean Coutre et sa femme Colette Jacq, Les Chollet Jean et Andrée… Et puis la « petite » vous savez celle qui a été prisonnière des décombres de sa maison pendant plus de 24 heures et qui a été blessée, surtout au visage, et ses frères et sœur tués… Marie Noëlle.

Curieusement, lors de ces rencontres dans la vie courante avec ces amis, les bombardements avec leurs conséquences, ne venaient jamais dans la conversation. Et il ne me venait pas à l’idée de questionner.

Les années passent et en 1998 il m’arrive un problème sérieux aux yeux. Cela m’oblige à revoir mes occupations de retraité. Pourquoi pas écrire mes souvenirs de Soldat en Algérie, d’autant que j’ai ramené une centaine de photos intéressantes. Le hasard des rencontres, parlant de ce que j’écris avec des camarades, je réalise que beaucoup ont quelque chose à dire, une tranche de vie avec des faits marquants qu’ils ont envie de raconter. J’en ai écouté ainsi une douzaine et me suis fait cette réflexion : « Voilà des hommes et femmes que l’on croise, que l’on côtoie, qui semblent anodins, citoyens lambdas, que rien ne semble signaler dans la vie, en dehors d’avoir assumé consciencieusement un métier, et qui pourtant, à un moment de leur existence, ont vécu des événements marquants et parfois exemplaires. Rien ne fait qu’ils se remarquent. »

Je découvre ainsi des épisodes de vie d’une grande richesse et d’une grande variété qui valent bien mieux que ceux étalés sans pudeur par des personnages profitant de leur vedettariat pour faire de l’argent.

En 2000, je mets en chantier un livre sur 1939-1945 dont le titre est : « La sale gueule de la guerre ». Je veux y relater notre exode de 1940 et celui des parents, ainsi que des voisins que j’ai retrouvés, pour certains, 60 ans après. Je rencontre également dans notre région nivernaise, des témoins qui ont eu à souffrir de cette période de conflits : Un Alsacien « Malgré nous », trois anciens de Dunkerque, un déporté, une famille Lorraine déportée politique, deux prisonniers évadés, un marin qui a vécu un naufrage, deux familles normandes prises entre les deux fronts en 1944… Egalement un ami qui fut pris dans les bombardements de Nevers, quelques heures avant celui de Neuvy. Cela me fit penser qu’il y avait peut être à Neuvy, quelques personnes qui voudraient témoigner. Avec Louisette nous pensons à Marie Noëlle Fougerat. Oui, mais accepterait-elle d’évoquer ces souvenirs douloureux ? Or le destin veille. Un soir, c’est Marie Noëlle qui nous appelle pour un renseignement. Si bien que nous osons lui poser la question, et nous avons la réponse : » Oui, je veux bien essayer de parler de tout cela. Pour la réalisation de la cassette vidéo, pour le cinquantième anniversaire, j’ai commencé… Et puis j’ai des choses à expliquer avec des documents. Ce serait bien que ça se sache ! »

Elle est donc venue, a apporté des photos, des documents et m’a cité d’autres personnes qui avaient vécu ces moments là. Tels Raymond Thomas, la famille Pérot, Serge Héliard, Maurice Billebault, Simone Gourdet et encore beaucoup d’autres. Des témoins crédibles.

Parmi les documents, il y a les lettres de sa mère, écrites quelques heures après la cataclysme, extrêmement émouvantes si l’on fait l’effort de se replacer dans le contexte du moment.

Il y a surtout les preuves qui réfutent, détruisent la « RUMEUR IMBECILE ». Elle a fait tant de mal, moralement, cette rumeur lancée par un type (identifié) qui voulait justifier le bombardement dont la population ne voulait admettre, ni ne comprenait les dégâts humains.

Pourquoi ? Si aujourd’hui, on a des précisions, des explications, il est cependant des points qui resteront à jamais obscurs. En effet, s’il semblait important d’empêcher ce train chargé de blindés et de munitions, arrêté en gare de Neuvy, de monter vers le front de Normandie, pourquoi ne pas avoir d’abord envoyé les chasseurs «Typhoons » ? Vers midi et demi, ils ont réussi un bon résultat atteignant leur objectif sans faire de mal à la population !

Pourquoi le 17 juillet à 11heures, pour détruire le pont de chemin de fer, les 36 « Libérator » ont-ils pris en enfilade le boulevard de la Mairie et la rue du Port ? Le commandement allié ne pouvait ignorer que cette façon d’agir allait causer un massacre de civils ? Pourquoi au lieu de cela, ne pas avoir choisi de détruire ce pont et la voie ferrée ainsi que la Nationale 7 qui se côtoient dans la ligne droite entre Bonny et Neuvy ? Sur les trois ou quatre kilomètres de ligne droite, sans habitations, les avions pouvaient larguer leurs tonnes de bombes et faire des dégâts utiles, plus importants que les dommages causés au pont de chemin de fer !

Alors on pourrait croire à une opération mal conçue, à de l’improvisation totale, ce qui serait une réponse à toutes ces questions que se posent les survivants et même les autres.

Le pilote, Monsieur Champion - Captain Philipp- qui était avec ces bombardiers, donne sa thèse : Les 36 « Libérator » (bombardiers lourds à long rayon d’action- environ 3300 kilomètres) faisaient partie d’une formation, une forte escadre de plusieurs centaines d’appareils se dirigeant en mission sur l’Autriche. Après leur envol d’Ecosse et arrivés sur l’objectif, ces 36 avions (4 escadrilles de 9 avions) reçurent l’ordre (entre la base et les avions au loin, la communication se faisait en Graphic V H F -Very Higth Fréquency- et d’un avion à l’autre en phonie.) de ne pas lâcher leur chargement, car ils allaient devoir faire un détour par la France pour un objectif à détruire d’urgence… De ce fait, direction vers l’Ouest, survolant la Suisse (Pays neutre) à 7 ou même 8000 mètres, là où la chasse allemande ne viendrait pas les attaquer. Quoiqu’ il faut dire que cette dernière avait beaucoup à s’occuper sur le front de Normandie, sur le front de l’Est et au-dessus de l’Allemagne… Ces 36 sont donc arrivés naturellement par l’est et le soleil dans le dos. La fusée blanche que plusieurs témoins ont vue, c’était certainement le signal du commandant de la formation- le leader- qui donnait l’ordre de larguer, et bien avant le pont pour ne pas le manquer !

Quant aux dégâts collatéraux… mais c’est la guerre !

Puis cette thèse… La Résistance, paraît-il aurait dû « s’occuper » de ce pont… Elle n’aurait pas pu, pour des raisons inconnues. Peut-être parce que ce n’était pas facile, qu’il n’y avait pas les hommes en capacité de le faire ? Il faut dire aussi que les Allemands devant chercher à protéger les voies, patrouillaient certainement jour et nuit. Deux témoins se souviennent dans les récits qui suivent, que même des civils étaient réquisitionnés pour garder la ligne. On revient à la question déjà posée : Pourquoi les chasseurs qui ont si bien réglé le cas des trains, sont-ils venus après les bombardiers ? Là, on peut penser qu’il y a eu une mauvaise coordination entre les commandements de la chasse et des bombardiers ! Saura-t-on jamais si le train avait été signalé par la Résistance ou découvert par les bombardiers qui auraient prévenu la chasse ?

Bien sûr aujourd’hui, ces questions des survivants et des profanes, peuvent paraître dérisoires mais c’est normal qu’elles soient posées.

Nous ne savons pas tous, que les aviateurs alliés ont payé un lourd tribut dans leurs missions de destructions nécessaires pour vaincre le nazisme. La Flak (DCA allemande) était terriblement efficace. Les chasseurs Messerschmidt 109 étaient redoutables et c’était un jeu pour eux d’attaquer les vagues de bombardiers. Ils virevoltaient comme des guêpes et étaient ainsi difficiles à atteindre par les mitrailleuses 12,7 des bombardiers. Les M 109 étaient équipés de canons de 20mm qui faisaient des ravages. Notamment quand les bombardiers allaient loin en Allemagne, dans l’est et le sud et jusqu’en Autriche (environ 1000 kilomètres). Or les chasseurs alliés, ayant une autonomie de vol limité à 7 ou 800 kilomètres, devaient abandonner l’escorte pour rentrer en Angleterre. Là, les aviateurs savaient qu’en général, dix pour cent d’entre eux, ne reviendraient pas ! Dans ces appareils, il y avait de 7 à 11 hommes. (Ces bombardiers lourds se dénommaient : Libérator B24 – Forteresses B 17 – Avro Lancaster – Halifax…).

Rappelons aussi pour le devoir de mémoire, des chiffres qui laissent pensifs : De 1941 à 1945, l’aviation alliée exécuta sur l’Allemagne, des milliers de raids composés de centaines d’avions. Parfois, 1300 sur Dresde en février 1945 avec 135.000 morts ! Cela parait incroyable…

Les aviateurs des avions touchés, en perdition, parvenaient parfois à sauter en parachute, ce qui était déjà une loterie, surtout la nuit, mais neuf fois sur dix, ils étaient faits prisonniers, sinon… Essayons d’imaginer l’effort énorme (le gâchis d’une guerre) de construction d’avions pour remplacer la casse et bien entendu, la formation rapide d’aviateurs-soldats pour reformer des équipages ! Des sources sérieuses annoncent qu’entre 1941 et 1945, 40.000 appareils alliés ont été abattus et 160.000 hommes mis hors de combat ! Et en dessous, sur terre, les civils innocents… Même chez les Allemands, car tous n’étaient pas des Nazis… Pour ce qui concerne la France, des raids ont été terriblement meurtriers : Paris -usine Renault le 3 mars 1942 : 623 morts. Nantes – les 16 et 23 septembre 1943 : 612 et 800 morts. Lyon – Avril 1944 : 600 morts. Saint Etienne : 870 morts. Nevers le 16 juillet 1944 : 160 morts… Au total sur la France, il y eut 67.000 tués et 75.000 blessés…

Dernière explication : Je me suis souvenu récemment d’un monsieur de la région qui fut un pilote et commandant de bord d’un bombardier B 26- bimoteur. Il était un de ces jeunes Français qui s’engagèrent aussitôt que ce fut possible. Habitant des Antilles, il partit aux Etats-Unis et choisit l’aviation. En 1943 et 44, il se retrouva à Alger et c’est de là qu’il fit plusieurs missions sur l’Italie. Je l’ai rencontré et il m’a dit : « Vous savez que dans la guerre, il y a peu de place pour les sentiments. Les avions en l’air sont plus vulnérables que les gens ne le pensent. Surtout les bombardiers, assez lents et pas toujours escortés de chasseurs. Il y avait des pertes importantes en appareils et en hommes. On ne forme pas des aviateurs, surtout des pilotes, comme des chauffeurs de jeeps. Aussi, le Haut-Commandement allié avait décidé des choix : Les bombardiers devaient garder une altitude d’environ 3.500-4.000 mètres, sauf cas de danger, ils devaient être disposés en vagues adaptés à l’objectif pour larguer en « nappe ». Il fallait toucher l’objectif bien sûr, mais aussi l’environnement immédiat de façon à compliquer et retarder la remise en activité de la gare, du pont… Par exemple, pour le pont de chemin de fer à Neuvy, c’est certainement sciemment que le boulevard de la Mairie, avec ses maisons de chaque côté, devait être détruit pour rendre plus difficile la remise en route de la voie. Quant aux civils dessous, ils n’entraient pas en ligne de compte… C’était la guerre, disait-on… » Puis l’ancien aviateur ajouta : « Quand aujourd’hui je vois à la télévision, les bombardements et le drame de civils, ça me fait mal… Je pense à ce que nous étions dans l’obligation de faire en ces années-là ! Mais nous étions conditionnés, avec des œillères… Toujours le même argument : C’était la guerre… »

Ces explications peuvent aider à faire comprendre ce que fut la stratégie du Commandement de l’aviation alliée, notamment dans le cas du 17 juillet avec la destruction du boulevard de la Mairie et de la rue du Port. Mais le 2 Août, ce fut n’importe quoi et plus terrible encore. La dispersion des bombes, depuis la Loire, sur le Bourg, la Couarde, Gardefort et jusqu’au carrefour sur la route de Faverelles, puis rue des Vignerons, le Coudray et Marvy. Le pont était toujours à la même place … C’est inexplicable… Quant au 7 Août, alors là… Pourquoi ?

Avant de conclure, il faut signaler cette ironie du destin : Les familles de réfugiés du Nord, du Pas de Calais, de la région parisienne, évacuées de chez elles parce que leurs villes subissaient trop de bombardements alliés ! Plusieurs membres ont été tués dans ce petit bourg où ils se croyaient à l’abri de la guerre…

Ce livre n’a pas été écrit pour faire de la littérature, de belles phrases bien léchées, émouvantes… Il a été réalisé pour permettre à ceux qui restent, qui ont vu ou vécu ces moments affreux, de s’exprimer sincèrement. D’ailleurs, certains récits sont tels que les témoins les ont racontés ou écrits avec les imperfections, les possibles erreurs d’appréciation que soixante années passées infligent à la mémoire.

Mieux vaut tard que jamais !

Claude Herbiet Mai 2004