Sylviane Héliard - Dherbier

Souvenirs de Sylviane Héliard - Dherbier.

Mes grands-parents tenaient le café et l’épicerie rue du Port vers 1900. Une nuit entendant un bruit inhabituel, ils se levèrent vers 4 h du matin et quelle ne fut pas leur surprise de voir le café et l’épicerie inondés. La veille la Loire était assez haute mais encore loin du quai ; elle était monté très, très vite. Ma grand-mère me disait que cette fois là, la Loire était montée à une vitesse extraordinaire.

Mes arrières grands-parents étaient vignerons depuis trois générations. Ils vivaient assez confortablement jusqu’à l’époque du Phylloxéra (puceron introduit en France avec des plants importés des Etats-Unis). Cette maladie a duré 7 ans. Les vignes ont été arrachées et remplacées ensuite avec des plants américains qui avaient été traités contre cette maladie. Heureusement mes arrières grands-parents avaient quelques économies et qu’ils jardinaient de façon à récolter tous leurs légumes et fruits.

Mon arrière grand-père aidait à charger les grés sur les gabares qui partaient livrer leurs marchandises jusqu’à Nantes. Ma Grand-mère qui avait à cette époque 11 ans, allait aider son père après l’école. Ce travail était saisonnier et dépendait de la hauteur de la Loire.

Les maisons situées sur le Port appartenaient en partie aux propriétaires des bateaux. C’était de très belles et grandes maisons qui malheureusement ont été en partie détruites lors des bombardements de 1944. Mon grand-père a fait construire la maison située au 24 quai de Loire. Avant c’était un emplacement de stockage de poteries.

Fêtes et Bals : Quand un bal était organisé, les jeunes gens de Neuvy choisissaient leurs cavalières. Ils allaient les chercher à leur domicile ; après l’acceptation des parents ils partaient ensemble en cortège en faisant le tour de pays pour finir à la salle de bal. En principe chaque jeune homme dansait toute la nuit avec la cavalière qu’il avait choisie. Les mères assistaient à la fête et quand elles décidaient de rentrer elles ramenaient leur fille.

1870 : Lorsque les prussiens sont passés à Neuvy pendant la guerre de 1870, ma grand-mère avait un an. Sa maman comme tous les habitants, était morte de peur. Elle a mis son bébé dans son devantier (tablier auquel on tenait les deux bouts pour faire une poche) pour la cacher. Aussitôt un des Hulans l’a rassurée en lui disant « pas peur, pas peur, pas kaput… » Par contre, mon arrière grand-mère venait de cueillir toutes les pêches de son pêcher, car à cette époque les pêches étaient cueillis à peine mures et étaient enveloppées une par une dans du papier journal et rangées sur la dernière planche de l’armoire de la cuisine ; ainsi elles murissaient tout doucement et pas toutes en même temps. C’était, parait-il la façon de ne pas en perdre. Les Hulans s’étaient aperçus de cette façon de faire et ils les ont toutes dégustées avant de partir. C’était le moindre mal qu’ils pouvaient faire.