Henri Cottenceau 14/18

Henri Cottenceau

Campagnes et Captivité

Brancardier 221ème Régiment d’Infanterie

1914-1915-1916-1917-1918

Alsace 1914 Lorraine Septembre 1914 à Juin 1916

Verdun Juillet 1916 Verdun Lignes Boches

Captivité du 11 Juillet 1916 au 29 Octobre 1917

Vahn Giessen Stebdal Merseburg Rositz Witenberg

Année 1916 Du 1er janvier 1916 à fin Mai 1916

Alternative de tranchées au bois des Haies et de repos à Ste Pôle, Vacqueville, les carrières, Mervillers. On fait beaucoup de travaux de défense au bois des Haies et en 2ème ligne, on renforce l’artillerie et les bombardements deviennent de plus en plus violents, principalement notre poste de secours et le passage du ravitaillement à la Patte d’Oie. Heureusement peu de victimes. Nous faisons une démonstration en avant de ma compagnie, après un violent bombardement, nous entrons dans les lignes ennemies évacuées et nous en revenons avec de bons renseignements, sans avoir un seul blessé, au retour 2 obus de 105 tombent à 20 mètres en avant de nous, aucun mal, l’artillerie ennemie a peu répondu à la notre. Nos 75 ont fait du bon travail en anéantissant 2cie de boches qui venaient en renfort et ont été vues par un observateur. La nuit suivante est calme, mais les jours suivants les boches se vengent par des bombardements. A côté de nous à la Chapelotte, forts combats et bombardements. Les cantonnements à l’arrière sont fort bombardés, à Nacqueville plusieurs tués dont deux artilleurs et la ferme Trèfle, un obus tue 25 chevaux.

Combats d’avions : Un Aviatic est abattu entre St. Maurice et Pexonne. Violents bombardements sur Pexonne, Badonvillers etc. Attaque à la Chapelotte.

Un soir par un violent vent d’orage 3 de nos saucisses rompent leurs câbles et partent dans la direction des boches, un observateur descend en parachute sans mal. A Verdun ce coup d’orage en a fait partir 17, il en est de même pour des Gretchen boches. Deux aviateurs surpris en observation capotent, l’un d’eux, celui qui avait abattu un Aviatic quelques jours avant, meurt des suites de sa chute (il était de Langres). Je vois quelques fois Pradet, Desportes, Mattray, Depière, Fouilland, Aulas, Besson etc.

Plusieurs fois au poste de secours nous sommes surpris par des rafales des boches. Un après-midi, nous étions 8 ensemble à ramasser du bois, 18 obus de 77 nous tombent au pied, nous nous couchons aussitôt que l’on entend le départ et aucun n’a du mal, seulement recouvert de terre.

Un cuisinier blessé à trois mètres de moi par un 77 meurt dans mes bras dans la tranchée; au moment où il fut touché il chargeait un de ses camarades qui partait en permission le lendemain pour aller voir sa femme et ses enfants et leur dire qu’il était en bonne santé. Le même jour Clément et Rabuteau sont blessés au poste de commandement.

Le commandant du 6ème bataillon a un pied coupé par un obus près du poste de secours.

Un obus de 130 tombe sur la cuisine du poste de secours. Un territorial a un bras et un œil arrachés, il était là par punition.

Du 30 Janvier au 12 Février : Permission avec Pradet.

Je mange souvent et passe mon temps chez Mr. Colin route des carrières à Vacqueville et couche quelquefois avec Prevost chez Mr. Pife. Un obus de 150 tombe à 3 mètres de la maison dans le jardin.

En Juin nous quittons la Lorraine et nous allons au repos, toute la division vers Dombail

Pendant 12 jours nous faisons des manœuvres au camp de Saffay. Chaque soir concert. Nous buvons de bons coups de bière avec les copains, Pradet etc.

Les avions boches viennent bombarder Dombail. La division de Jean Auroux est au repos près de nous. Corvées sanitaires dans le pays.

Un soir nous embarquons toute la division en chemin de fer sans savoir où nous allions. Nous passons à Bar le Duc et l’on nous arrête à Revigny, tout le long des routes et des champs, il y a des milliers de camions automobiles et matériaux de toutes sortes.

Nous débarquons à Révigny, pays où a été abattu un Zeppelin à la veille de l’attaque de Verdun, plusieurs grosses bombes.

Nous y passons la nuit, toute la compagnie, les uns sur les autres dans une grange. Le soir je vois Pierrefeu de Gandris qui partait en permission. Nous voyons des cortèges incessants de petites autos transportant des blessés.

Le lendemain nous partons pour Verdun en camion, on nous arrête jusqu’à la nuit dans un bois, tout le terrain est couvert de matériaux et hangars d’avions, il y en a 130, rien que de ce côté, il y en a toujours une dizaine au-dessus de nous.

A la nuit nous rentrons dans Verdun, le bombardement est fort, mais nous ne sommes pas embêtés dans Verdun. On nous loge dans une rue où il y a de bonnes caves. Le jour les avions survolent, on se dissimule et de la journée on ne reçoit aucun obus. Verdun a beaucoup de mal, mais beaucoup de maisons sont encore debout, la Cathédrale a été touchée mais elle tient bon. Je fais plusieurs voyages pour aller dans les ambulances dans la forteresse. Le soir nous quittons Verdun en suivant la Meuse. On était à peine parti que les boches bombardent Verdun. En route on entend un bombardement terrible devant nous. Nous nous arrêtons à Haudiville. Nous y restons jusqu’au 4 Juillet (5 jours) Le pays n’est pas trop abîmé, nous ne sommes pas bombardés. Les boches tirent sur les ponts de la Meuse et les péniches qui sont enfermées entre Verdun et St. Mihiel. Nous passons du bon temps le long de la Meuse avec Pradet, Desportes et Bériot. On entend des bombardements terribles. Le 4 nous montons en ligne. Depuis quelques jours je remplaçais Maréchal, le caporal brancardier qui rentre juste pour monter en ligne (je vois Brémont du 172)

Je pars avec le médecin-chef Larazet et 3 où 4 hommes pour reconnaître les emplacements avant la nuit. Nous traversons Belruf, le fort de Tavannes et passons devant plusieurs lignes d’artillerie, des obus éclatent près de nous, nous passons dans le ravin de la mort où tout est saccagé, enfin après des précautions nous entrons dans le tunnel de Tavannes, juste au moment où plusieurs marmites tombent à l’entrée.

Le tunnel de Tavannes a dans les 15 où 18oo mètres, dedans était installée la brigade et un bataillon en réserve, avec de grandes réserves de vivres et de munitions, on y avait installé l’électricité ; tout ce qui allait en ligne passait par là, les blessés étaient évacués d’abord dans le tunnel. Les boches savaient bien tout cela, car l’entrée et la sortie du tunnel étaient bombardées sans interruption et beaucoup de soldats où blessés y ont été tués. A l’ouverture du tunnel du côté boche on a entassé des sacs de sable car il y a eu des tués par des éclats à 50 mètres à l’intérieur. Un gendarme se tient auprès et indique le moment où l’on peut sortir et les précautions à prendre.

Au sortir du trou nous courrons 20 mètres jusqu’à un petit boyau, il était temps, 3 ou 4 obus arrivent en même temps à l’intérieur du tunnel, nous nous sommes baissés dans le boyau où il y a de la boue jusqu’à la ceinture. Enfin nous arrivons à la Fontaine de Tavannes où s’abritent le Colonel et le Médecin-chef. J’assiste à de forts combats d’avions et reste là jusqu’à la nuit.

La relève s’effectue assez bien, sauf ma compagnie qui ne peut trouver son emplacement ; après avoir rampé toute la nuit sur le plateau éclairé par les fusées et les éclatements d’obus, on abrite la compagnie dans un boyau à contre- pente pour y passer la journée. Malgré le bombardement il n’y a pas trop de dégâts, mais pendant la journée on fut aperçu par des avions Boches et à la tombée de la nuit, au moment où on allait prendre les emplacements ils nous fichent un terrible tir de barrage pendant ¾ d’heure. Couché dans le boyau je croyais que toute la compagnie allait y passer, heureusement il y a moins de mal, Frank est tué, Poncet, Félix sont blessés. Tissot a la jambe coupée etc. Enfin ça se calme un peu et nous montons, mais je suis obligé de lâcher la compagnie pour ramasser un blessé dans le boyau. Nous emmenons ce blessé et remontons, mais après avoir rampé jusqu’au jour à travers les trous d’obus avec des marmites qui rappliquaient à chaque instant et n’ayant pu retrouver la compagnie, nous revenons au poste du médecin chef, car de jour on ne peut circuler. Pendant le tir de barrage un obus tombe sur un abri où étaient logées des réserves et où il y avait des munitions, 13 hommes sont brûlés. Des gros obus tombent à chaque instant. Le soir, je remonte avec les brancardiers musiciens, mais sur le plateau, à 200 mètres des Boches, nous sommes de nouveau pris sous un tir de barrage et obligés de rester une demi-heure dans les trous d’obus. Heureusement aucun mal, au moment où ça se calme, un 210 tombe devant moi, je le crus sur moi mais il me fit sauter de 4 à 5 mètres plus loin avec la terre, je me relève et me sauve comme un fou, ne voyant plus personne, j’avais le médium gauche blessé légèrement ; je reviens au poste du Médecin-chef et me repose un peu. Pendant la journée, je conduis des blessés au tunnel sans accident, et enfin le soir je rejoins le poste de secours du bataillon dans un ancien abri de combat, près de la batterie Damloup, où il ne reste plus que quelques pans de mur

Des mitrailleuses ont été écrasées là-dedans 3 où 4 jours avant (16 hommes et un sergent). On ne peut se montrer, les boches sont à 80 mètres et nous mitraillent du fort de Vaux. Les compagnies sont près de nous dans les trous d’obus, sans pouvoir remuer, étant facilement vues des boches qui sont à 30 mètres sur l’autre pente. La nuit, les fusées ne cessent d’éclairer les terrains où l’on ne voit que des trous d’obus. Des bois qui existaient là il ne restait pas une racine, tout était réduit en miettes.

La relève des blessés est très difficile et ne se fait que la nuit, à chaque instant on risque de tomber dans des trous occupés par des boches, on ne peut se tenir debout avec les fusées, avec cela les mitrailleuses et les obus ne se gênent guère. Les terrains et les trous sont assez dangereux. Brérot, pendant que nous transportions un blessé, a le pied traversé par une baïonnette qui était plantée là ; dans les trous on tombe sur des cadavres.

Julien Plasse et 3 autres brancardiers, en allant chercher des blessés, s’approchent à 3 où 4 mètres des boches qui croyant à une attaque déclenchent un tir de barrage. Dans le bataillon, il y a beaucoup de morts et blessés, surtout dans la 19ème et la 17ème. La 19ème Compagnie est relevée. Les brancardiers musiciens (appelés ainsi parce que ceux qui sont musiciens dans le civil sont utilisés par l’armée comme brancardiers) évacuent les blessés du Poste de Secours à l’arrière.

Le 9 au soir les boches commencent un violent bombardement sur nous qui ne cesse que le 11. Notre poste est principalement visé, il tombe des obus de tous calibres sans arrêt ; le 10 à 4 heures du soir nous n’avions encore aucun blessé au Poste de Secours, mais à 5 heures un 210 tombe où étaient couchée une trentaine de blessés, tous sont tués sauf Varnay et Fayolle, un pan de mur près duquel j’étais assis, m’a garanti. Maréchal a la tête emportée par l’obus.L’explosion met le feu à des réserves de grenades et de fusées qui étaient là avec les brancards et nos musettes, on ne peut s’approcher, les grenades éclatent et cela dure toute la nuit, donnant un beau point de repère aux boches qui continuent de bombarder ; des mitrailleurs sont blessés, on est à moitié asphyxiés. Et d’autres blessés rappliquent.

Le 10 juillet 1916, je reçois un avis de citation du Colonel.

Les musiciens (les brancardiers) arrivent vers minuit, au moment où ils entrent, plusieurs obus arrivent, 6 sont tués et plusieurs blessés.

Sont tués : Dassonville, Carillon, Lecertois, etc. L’aide major Fontaine est blessé au bras. Nous devions être relevés cette nuit, mais par ce bombardement la relève a été retardée. D’une section de mitrailleuse venue pour la relève il en arrive 3 avec la mitrailleuse abîmée.

Le Major ne veut plus que l’on amène des blessés ici, et les brancards sont brûlés, aussi je préfère sortir que d’être écrasé là-dedans. Je réussis à sortir et de courir dans un trou sans être touché, là avec Chevalier nous trouvons des blessés que l’on essaye de reconduire au poste de secours du régiment. A ce moment là, à la pointe du jour, le bombardement redouble, aussi nous n’en faisons plus cas, nous marchons sans précautions, les obus éclatent tout autour de nous, par chance nous ne sommes tués ni l’un ni l’autre, mais un de nos blessés est de nouveau blessé au bras. Sans savoir où nous allions nous tombons sur la Batterie de Tavannes et nous entrons au poste de secours du 217.

Le 11 Juillet 1916 Captivité.

Il y avait 20 minutes que nous étions là, quand des hommes rappliquent à l’abri du Colonel en criant ; « V’la les boches », aussitôt les hommes qui avaient leurs fusils se préparent mais 5 minutes plus tard les boches arrivent et nous balancent des grenades par les soupiraux ; il fallu nous rendre, en 5 minutes nous aurions tous été massacrés sans pouvoir se défendre.

Le Colonel du 217 était blessé, il ne put être emmené par les boches et le soir une contre-attaque des nôtres le délivrait.

Les boches nous font sortir de l’abri et nous font prendre la direction du fort de Vaux occupé par eux

Ce sont tous des jeunes, ils sentent l’éther à plein nez et sont ivres, ils avancent sous leur bombardement ; au moment où je sors de l’abri l’un d’eux veut prendre mon bidon, je le lui donne ; à ce moment une de leur marmite arrive et tue 5 boches devant nous.

Ils avaient d’abord attaqué face au 217ème qui a résisté, mais ils ont profité d’un espace faible pour passer et nous contourner. Pendant qu’ils attaquaient de face mon bataillon sous le bombardement avec des jets de liquide inflammable, la compagnie cernée est obligée de se rendre, surtout qu’ils ne restent plus nombreux après ces bombardements.

Nous allons dans la direction du fort de Vaux, mais nous craignons fort les tirs de barrage de notre artillerie. Le terrain est tout défoncé par les obus, les mitrailleuses boches nous tirent dessus. On trouve beaucoup de cadavres. Je transporte un blessé boche. Enfin nous arrivons dans leurs deuxièmes lignes. Nous ne sommes nullement maltraités, au contraire les boches nous donnent à boire dans leurs bidons, du café d’orge.

Tous nous disent : « Guerre finie ».

Au soir nous arrivons dans un pays où il y a des civils français envahis. On nous donne une soupe d’orge avec du riz et un peu de pain.

Il y a un camp de prisonniers Russes qui vont travailler près des lignes.

Laureau, Chevallier, Jacquatin etc. sont aussi prisonniers ainsi que le Major du 318.Le lendemain on nous conduit dans un établissement de désinfection. On est affamé et l’on trouve à acheter des petites boites de sardines à 1 Fr.80, et du sucre. Le soir, comme nourriture on nous donne un quart de bouillon et un peu de pain. Nous sommes logés dans une église à Landres, où je trouve Brun et Desmures

Le lendemain, on nous donne du pain et l’on nous embarque soi-disant pour l’Allemagne. Mais arrivé à Longuyon on nous débarque et de là nous allons à pied, encadrés par des Uhlans. On s’aperçoit bientôt que nous revenons dans la direction de Verdun. Nous étions environ 400 prisonniers.

Dans un pays, 50 sont détachés et restent là pendant que nous partons plus loin. En chemin nous ramassons des boites de conserve, car nous n’avons aucun récipient pour manger

A Vitaville on nous laisse 50, dont je suis du nombre, les autres continuent et sont divisés dans plusieurs pays, Jametz, Damvillers, Penviller, Marville, Gibercy etc. A Vitaville nous sommes logés dans une grange sur des grillages de fil de fer ; pendant un mois nous travaillons au nettoyage du pays, à la culture et nous faisons les foins, on n’était pas trop mal, mais comme nourriture nous n’avons qu’un peu de soupe d’orge où d’avoine à midi et le soir avec quelques fois une cuillère de confiture et 200 grammes de pain par jour, 2 où 3 fois un hareng cru, pas de tabac, je trouve une vielle pipe et comme les copains je fume des mégots de cigare

Le 15 Juillet nous écrivons une carte pour annoncer que nous sommes prisonniers et en bonne santé. La mienne est arrivée chez moi le 31 Août, d’autres ne sont pas arrivées. Je ne reçois aucune nouvelle.

Les premiers jours du mois d’Août nous partons vers Damvillers, les gardiens disent que c’est pour nous concentrer pour partir en Allemagne, mais on nous arrête dans un pays démoli près du front en 2ème ligne : Crépion.

Nous nous installons dans une grange, nous étions 40, déjà plusieurs étaient partis malades

Ici nous sommes beaucoup mieux les premiers jours. Les soldats en cachette nous donnent des cigarettes, nous achètent du tabac et nous donnent un peu à manger, mais ça ne dure pas, ils sont trop surveillés et se vendent mutuellement.

Le 2ème jour de notre arrivée, nous sommes bombardés par les français, plusieurs obus n’éclatent pas, ce sont des 100 de marine. Les boches se sauvent tous dans les bois, nous restons seuls avec quelques gardiens, il y a 2 boches de tués et 4 blessés, mais on a de la peine à savoir. Un obus tombe à 5 mètres de notre baraque, aucun mal

On enferme notre baraque avec des fils de fer.

Les journées nous travaillons au nettoyage du pays à traîner de la terre au sable, au cimetière, nous faisons un fossé pour détourner un ruisseau ; travaux pas très pénibles, mais on ne le fait que par force, ayant top peu de nourriture, Foulon un grand Gaillard tombe malade et meurt ensuite d’épuisement, de même pour Camet et d’autres malades.

Je vais un jour chercher du sable à Damvillers où je trouve des copains de ma compagnie. Les civils français de Damvillers sont très gentils et nous donnent en cachette un peu de leur pain américain.

Un dimanche, un avion français atterri près de Damvillers pour cause de panne. Presque chaque jour nous assistons à de forts combats d’avions au-dessus de nous. Les nuits on peut à peine dormir avec le bombardement.

Du matin au soir on mendie du pain aux soldats et l’on réussi quelques fois d’en avoir un peu.

Vers le 10 Septembre, nous partons à 10 pour Réville à 6 Kms en arrière. Nous sommes 4 caporaux, 4 infirmiers et Brun, Desmures

A Réville nous sommes logés dans une baraque où sont déjà plus de 200 prisonniers. Entourés de plusieurs rangs de barbelé, nous couchons par trois étages de lits grillagés, c’est rempli de poux, on ne peut s’en débarrasser. Les prisonniers travaillent par plusieurs groupes dans une scierie, au bois au four à chaux, des maçons, réparer les routes, etc.

Comme infirmiers nous refusons de travailler, mais les premiers jours on nous oblige à suivre les équipes pour travailler.

Le 13 Septembre on nous permet d’écrire une lettre et de donner notre adresse.

Pendant quelques jours je suis malade et ensuite je reste à la baraque.

La nourriture est pire que jamais, on nous donne le matin ¼ de café d’orge, à midi ½ litre d’eau chaude avec des rutabagas où de l’orge, le soir ¼ de café et quelquefois une cuiller de marmelade, ou de la graisse avec 200 gr. de pain par jour.

N’ayant plus d’argent et pensant trouver du pain ou du tabac, je demande à travailler à la scierie ; je réussi deux fois à acheter du pain, la 1ère on me le prend dans ma musette. N’ayant plus de forces, au bout de 10 jours, je suis obligé d’arrêter. Pendant quelques jours je conduis les malades à la visite et je réussi à trouver un peu de pain en courant après tous les soldats boches.

Je vends ma montre pour acheter du tabac. Les travailleurs gagnent 6 sous par jour. Quand ils rentrent du travail quelques uns réussissent à rapporter des petits choux, ou des débris ramassés dans les tas d’ordures, avec des épluchures de patates, on fait cuire tout cela sans sel ni graisse.

Quelques uns rapportent des grains de blé ou autres qu’ils font cuire sans les écraser ni les décortiquer, ils mangent cela moitié cuit, ce qui leur donne des coliques. On nous vaccine en en piquant 10 avec la même aiguille

Pour me faire un peu d’argent, j’arrange des chaussettes faites avec des vielles chaussettes trouvées dans les ordures, de même pour les chemises et les caleçons.

Au mois de Septembre je reçois enfin une carte de Jeanne. J’en reçois une autre fin Novembre, les copains en reçoivent aussi quelques unes. 2 où 3 reçoivent des colis.

Enfin le 4 Décembre, on nous embarque à Damvillers sur des wagons plats par un froid vif, nous sommes épuisés par les privations.

Nous arrêtons à Malmédy où a lieu la concentration, nous voyons passer de pauvres loques humaines qui font pitié, dire que nous sommes de même, on nous donne un ½ litre de bouillie avec de la farine, un peu de pain, et le soir nous prenons le train dans des wagons de bestiaux pour arriver à Giessen le lendemain, tous transis de froid et de faim.

Nous arrivons au camp où nous restons devant les baraques jusqu‘au soir

Enfin le soir on trouve la soupe bonne, mais trop peu, et nous couchons sur de trop maigres paillasses

Le lendemain nous touchons 28 biscuits français, on y trouve bon mais il fait bon se retenir, plusieurs en sont malades, l’un de nous. Qui a mangé ses 28 biscuits meurt de congestion.

Du 4 au 8 Décembre, nous restons à Giessen où nous sommes complètement désinfectés, 4 fois nos effets passent dans les chaudières pendant 4 heures que nous passons à grelotter tout nu dans une baraque.

Nous voyons des anglais recevoir des colis de vivres qui nous font envie.

Je vois Cholet qui m’apprend la mort de Beroud.

Toujours pas de lettres

Les lettres que l’on nous a laissé faire au front ont été jetées au panier.

18 Décembre 1916. Camp de Standal

Nous partons pour le camp de Standal dans la Saxe à 50 kms. de Berlin.

Nous arrivons le 19. Le camp n’a pas l’air d’être bien installé ; mais nous sommes très bien reçu par les français ; qui y sont assez tranquilles, recevant bien leurs colis. En arrivant beaucoup nous font manger avec eux, ensuite on peut manger de la cuisine boche autant que l’on veut car les français qui ont des colis, la laisse de côté, la cuisine est faîte par des Russes et n’est pas propre, les légumes ne sont jamais épluchés, souvent ce sont des soupes de farine avec des moules ou de la morue, mais on mange de tout quand même. Quelque temps comme cela avec le repos nous fait du bien. Le comité de la Croix Rouge nous fait plusieurs distributions de vivres, du riz, chocolat, singe, sardines, lard, etc. Avec 1 mark. Nous touchons aussi 3 kilos de biscuits par semaine

Les adjudants Ledoux et Trumeau qui s’occupent de cela sont très dévoués, et les boches n’étant pas trop terribles en ce moment on y est assez tranquille. Pour la cuisine on se procure du bois par les russes qui vont en corvée et le vendent contre des biscuits, les russes ne sont que des loques humaines qui rôdent partout pour ramasser des croûtes où du rabe, ne recevant jamais rien de chez eux.

Nous assistons à plusieurs concerts.

Dans les baraques chacun a sa spécialité, beaucoup font de la tapisserie où de la broderie, des filets, des tableaux, des cadres etc.

Enfin le 5 Janvier 1917, je reçois une lettre et 2 autres les jours suivants. Je reçois un colis postal qui est le bienvenu. Je comptais toucher mes colis en retard vers la fin du mois, mais je t’en fous. Le 27 on nous embarque pour Merseburg après nous avoir fait sortir et poireauter 3 matins de suite dehors pendant 3 heures par un froid terrible

Le 27 Janvier au soir, nous arrivons à Merseburg, où nous ne sommes pas aussi bien reçus, pendant 4 jours que nous y restons, les français ne s’occupent de nous que pour nous faire faire des corvées en place des anciens. Nous avions une lettre de recommandation pour toucher de la ? rouge, mais nous ne touchons rien.

Le 1er.Février 1917, on nous embarque pour aller au travail. Nous sommes 70 français et 30 russes. Le soir nous arrivons à Rositz, (à 90 Kms du camp) pays de mines. On nous conduit dans un grand chantier et nous entrons dans une baraque neuve où sont installés des lits avec de bonnes paillasses de paille et éclairée à l’électricité avec trois gros phares dans la baraque et des grandes tables. On nous sert une bonne soupe d’orge avec des patates, tout va bien mais il faudrait que cela dure.

Le lendemain on nous conduit au chantier que l’on nous dit être la construction d’une fabrique de houille, mais plus tard on voit bien que c’est pour des munitions. On nous emploie à la bricole, au terrassement, où décharger des wagons, etc.

Pendant 5 mois et demi nous faisons ce travail de manœuvre et terrassier, payé 0,80 par jour, la soupe de plus en plus claire et traités à coups de crosse par les gardiens où le chef de poste, à coups de trique par les chefs d’équipe civils, toutes les réclamations sont inutiles.

Pendant les froids nous sommes à peine couverts n’ayant commencé à recevoir nos colis que fin Mars et encore dans un état déplorable, il en manque la moitié et ce qui reste est en bouillie. Enfin sur la fin, les colis arrivent en meilleur état ; nous faisons notre cuisine dehors et l’on fait envie aux boches qui sont rationnés et touchent à ce moment ……. Pour des travaux durs

Pour une semaine : 3 livres de pain, 3 livres de pommes de terre, 45 grammes de beurre où de graisse, un peu de sucre, des betteraves, de l’orge et de la marmelade ; le tout avec une carte sans laquelle on ne peut rien avoir. Les champs de pommes de terre sont pillés. On voit des femmes courir avec des petites voitures dans les fermes à la recherche d’épluchures de pommes de terre

Un boche, homme de 63 ans avec lequel je travaille me dit qu’il avait une propriété de 80.000 frs, le gouvernement l’a obligé à vendre cette propriété pour les besoins militaires et cet argent a été versé de force à l’emprunt ; avec la mobilisation civile le vieux est obligé de travailler. Chaque matin il apporte son manger pour la journée qui consiste en 250 gr. de pain avec de la marmelade où une espèce de graisse pour 2 repas. Il a perdu deux fils au combat. En 4 mois je suis sur qu’il a maigri de 15 à 18 Kg.

Les ouvriers se plaignent fort, mais en cachette, on les voit maigrir, je ne puis croire qu’ils tiennent le coup encore longtemps.

Des civils belges qui travaillent au chantier sont malheureux, eux aussi. Avec de l’argent, ils ne trouvent rien à acheter, ils ne s’accordent pas entre Wallons et Flamands, les Flamands sont bien avec les boches, car ils se comprennent.

Au reçu des colis, toutes nos boites de conserves sont enlevées par le chef de poste qui ne nous les remet qu’ouvertes, souvent il en manque, car il a le soin de faire entrer les colis dans sa chambre, où il les garde toujours un où deux jours et choisit ce qui lui plaît.

Nous avons repos de temps en temps le dimanche après-midi, mais souvent, le soir il faut travailler longtemps pour décharger des wagons. Le dernier dimanche, où nous restons au chantier, on nous fait décharger 8 wagons de sacs de ciment et 10 wagons de briques

Ils n’ont guère de bénéfices sur nous car nous faisons du sabotage en règle, moitié des briques sont cassées et souvent on enterre des outils, ils n’y voient que du bleu. Les femmes et les filles qui travaillent au chantier font pitié, l’hiver avec de grosses bottes, travaillant comme nous à tous les temps, jusqu’à moins 28 et 30 degrés de froid. A partir du mois de Mars toujours pieds nus ; et toujours à nous chiner des biscuits où du chocolat. Quelques unes font du mortier, tout le sale travail et se plaignent de la faim

Les russes font pitié, nous leur donnons quelques biscuits, ils pillent les betteraves, et au travail sont plus maltraités que les français.

Les 2 derniers mois les lettres et les colis viennent bien mieux, mais il m’en manque encore beaucoup. Souvent il nous en est pris dans les gares de même que des sacs de biscuits. Fin Juin nous quittons ce trou pour retourner à Merseburg, seuls restent Jacquottin et Varney. Des ouvriers de métier viennent nous remplacer

25 Juin 1917 Camp de Merseburg.

1ère Compagnie, Baraque 15 B No 607. Les 1ers jours je vais travailler au jardin du camp.

Au bout de 15 jours, je suis désigné avec Roux, Michard et Planquet (3 infirmiers) pour aller travailler dans une ferme, mais étant à travailler au jardin, d’autres partent à notre place.

Faisant partie avec Brun et Desmures des joueurs de boules, je me mets bien avec des interprètes, Mr. Bouteille etc.

Par lui nous réussissons, les 3 infirmiers, à entrer à l’infirmerie du camp.

Pendant 3 semaines nous gardons les fous, et au départ des infirmiers échangés le 22 Juillet, nous sommes désignés pour faire les pansements aux blessés.

Sur 100 blessés, il y a 90 maquillages, ce sont des hommes qui essayent de quitter les mines où ils sont trop mal.

Tous les travaux de cette région, sont des mines où fabriques de munition où les prisonniers sont très malmenés et pas de nourriture.

Jusqu’au 20 Septembre, je continue ce travail pas trop pénible. Réveil à 7 heures, pansements de 8 à 10h 30 et quelques fois l’après-midi, à part cela libres de circuler dans le camp avec notre carte.

Dans le camp il y a 7 à 8 compagnies qui sont séparées par des fils de fer barbelés. Il y a une cuisine dans chaque compagnie où un homme fait cuire les vivres reçus dans les colis, (mais pas souvent du charbon) on brûle les caisses de biscuits.

Le camp de Merseburg comprend de 32 à 35.000 prisonniers, tous sont au travail, sauf 2500 à 3000 y compris les blessés, les malades et les embusqués.

Autrefois on avait la liberté des amusements, soit théâtre où concert, maintenant tout est supprimé à part le football le dimanche.

Les baraques sont éclairées à l’électricité, il y a 2 gros phares, mais il est défendu d’y faire du feu.

Pour l’hiver 1918 nous étions prévenus que nous n’aurions ni lumière ni charbon. Comme couchage ce sont des lits de bois, individuels, avec une paillasse de poussière et 2 vieilles couvertures.

Appel matin et soir.

Pendant mon séjour nous avons un Colonel de camp, Kolb, qui ne peut voir les Français, à chaque instant il arrête des hommes et les bouscule en disant Chiens Franzouse : "cochons de Français". C’est la vraie brute, souvent il disait : les Anglais sont nos ennemis, mais les Français sont mes ennemis personnels. Pendant quelques jours, chaque soir, il arrête des hommes qui rentrent du travail, il leur demande leur porte-monnaie et prend les ¾ de ce qu’il trouve. Soi-disant pour payer les dégâts que l’on fait dans le camp (il ramasse 3000 DM.). Enfin il nous mène la vie dure dans le camp, car les gardiens boches tremblent devant lui. Chaque jour nous sommes harcelés par les gardiens qui nous demandent des biscuits (ils la sautent).

Les Russes font du commerce avec les biscuits que nous sommes obligés de leur vendre 5 sous, car ils les revendent aux boches, de même qu’un morceau de savon vaut 20 mark. Ils font des échanges, pour 5 biscuits ils nous apportent une livre où deux de patates qu’ils barbotent quand ils vont en corvée. Ils sont dégoûtants et sales, les pauvres, ils crèvent de faim. Sur un 100 du début, il n’en reste guère que 20 de valides, le reste est soit tuberculeux où mort. Ce ne sont pas des gens intéressants, ils sont encore plus hypocrites que les boches et nous.

Quelques prisonniers qui ont la chance de travailler dans de petites fermes, où comme boulangers, ne se plaignent pas.

Les colis et lettres arrivent mieux, mais les premiers envoyés n’arrivent toujours pas, sauf un postal du 27 Septembre 1916 qui arrive le 25 Juillet 1917.

Le 10 Août, on nous annonce une représaille de colis

Depuis le mois de Mars, il y en avait déjà 80000 entassés dans un hangar (où il y avait des vols chaque nuit).

Tous ces colis ,de même que ceux qui arrivent sont soit disant versés à la cuisine, nous en profitons pour une soupe de pâtes avec un peu de viande de conserve, une de riz avec de la marmelade et 2 fois du cacao le matin ; le reste disparaît. Enfin après 15 jours, les colis reprennent leurs cours.

Les colis sont visités dans une salle par une cinquantaine de blessés boches, aucun français n’y assiste. Chaque matin le Colon va y déjeuner et emporte savon et chocolat, de même que ceux qui les fouillent. Souvent on enlève papiers et sacs, les boites sont ouvertes.

Enfin il est rare de recevoir un colis complet.

Le 10 Septembre je suis prévenu que je suis sur la liste pour être échangé au prochain départ. Je suis étonné d’être le seul présent au camp, mes camarades ayant été fait prisonnier à la même date que moi. Sur 18 départs du camp, les 17 autres sont au travail et sont rappelés.

Le 20 septembre, nous partons pour Wittenberg, chargé de commissions et d’argent remis par les copains.

Wittenberg est un camp à 80 Kms de Merseburg où a lieu la concentration des camps de la rive du Rhin. J’y trouve Leaureau que j’avais quitté à Standal.

Nous comptions n’y rester que 3 où 4 jours, mais nous y restons jusqu’au 27 Octobre.

Nous sommes ensemble dans 2 baraques, environ 150, il en arrive presque chaque jour, quelques uns venus par erreur retournent à leur camp.

J’avais fait un billet à Brun pour qu’il puise toucher mes colis, aussi je n’en reçois pas.

Avec des biscuits nous pouvons avoir quelques pommes de terre.

Le biscuit se vend 40 Pfennig et la portion de pain 14 sous. L’hiver précédent la portion de pain s’est vendue jusqu’à trois marks à des civils Belges. Les boches chinent à manger de plus en plus.

Nous organisons quelques petits concerts avec « ça se tasse ».

Le 27 Octobre nous partons à 6 heures du soir, après avoir été isolés 2 jours, couchés au froid sur le plancher.

Avant de partir le Colon nous passe une revue et enlève une douzaine de bottes Russes que les prisonniers avaient comme chaussures, en leur donnant des galoches de bois.

Nous réclamons notre argent qu’on nous avait fait verser, on répond qu’on nous le rendra à Constance.

Arrivés à Constance, à 6h30 nous en repartons à 9 heures. Nous réclamons à nouveau notre argent, ils nous disent l’avoir remis aux officiers Suisses. A 9 heures nous montons dans des wagons Suisses, convoyés par des sous-officiers Suisses et à 9 heures 05 nous passons la frontière avec émotion, tout le long du trajet nous sommes acclamés par les civils qui crient « vive la France ».

Dans plusieurs gares on nous arrête pour nous donner à manger du bon pain blanc, du chocolat et du tabac, des pommes, etc.

Après un voyage superbe,, par un temps magnifique nous arrivons la nuit à Genève, les jeunes filles de la Croix Rouge nous font une belle réception, mais nous nous arrêtons que 5 minutes. Le train repart et ne s’arrête qu’à Bellegarde où nous avons une belle réception Française, musique et Champagne avec gâteaux, nous descendons du train, c’est poignant.Nous repartons et le train file à toute vitesse vers Lyon.

Mais arrivés à Lyon, désillusion, personne en gare, on nous défend de descendre du train, on nous apporte à manger de la soupe, viande, sardines et ¼ de vin. On trouve le tout bon, malgré que nous soyons inquiets car l’on parle de nous ré-embarquer pour Constance.

Les boches qui devaient être échangés contre nous, ne pouvaient partir, la frontière étant fermée une ½ heure après le passage de notre train, aussi il fallut des pourparlers.

L’ordre avait été donné de nous garder à Genève ; mais grâce «soit rendue» aux officiers Suisses qui nous avaient fait passer quand même.

Enfin après 2 heures d’attente on nous fait descendre et dans la gare un général nous fait un speech. De là on nous emmène dans une piscine très bien aménagée pour nous coucher.

Nous passons deux jours à Lyon. Nous réclamons l’argent aux officiers Suisses, mais les boches nous avaient menti une fois de plus.

Sur les 200 que nous étions, qui avaient été obligé de verser notre argent, ils nous volaient de plus de 50000 francs.

Le 1er Novembre nous arrivons à Chaumont, où l’on nous garde 10 jours à ne rien faire, seulement pour nous faire subir un interrogatoire.

On ne peut seulement avoir un paquet de tabac, après si longtemps que l’on n’en avait touché ; on demande de changer de vieux effets où souliers, impossible.

Enfin le 10 Novembre j’arrive à Thyzy avec une permission exceptionnelle de 1 mois.

Pendant ma permission, je reçois mon changement d’affectation pour la 24ème section d’infirmiers militaires à Versailles.

Où je rejoins le 10 Décembre après avoir passé 3 jours à Paris.

J’y reste 10 jours à me promener avec une permission de 24 heures pour Paris le Dimanche.

Le 19 Décembre 1917,j’arrive à l’hôpital auxiliaire 514, 27 rue Maurepas Thiais Seine où je suis employé comme secrétaire, infirmier de visite.