1870

Une page d’histoire locale 1870

Source : régional de cosne, 24 septembre 1976

Souvenir de l’invasion allemande à Neuvy, en 1870

Si en décembre 1851, Neuvy s’était soulevé contre le coup d’état de Napoléon Bonaparte, la fin de l’Empire lui donnera l’occasion de montrer son patriotisme.

Le 3 novembre 1870 le Conseil Municipal nomme une commission chargé d’étudier les lieux propices à la défense du territoire communal contre l’avance prussienne et le 27 du même mois la Municipalité offre au gouvernement une des deux cloches de l’Eglise pour la réfection de l’Artillerie.

Mais le 11 décembre, l’ennemi approche. On a vu des Uhlans à Gien, à Briare et à Bonny. Le Maire M. Benoit ayant quitté Neuvy sans prévenir, le 18 décembre, M. le Préfet le remplace par M . Aton, M. Deblemme devenant adjoint.

Le 27 décembre, l’ennemi fort d’un demi-escadron de cavalerie et de deux compagnies de fantassins, sous les ordre d’un lieutenant-colonel, arrive à Neuvy à 10 heures du matin ; on installe le quartier général à la Mairie et on frappe immédiatement la commune d’une contribution de guerre et 3 000 francs, sous menace de pillage et bombardement ; le Maire fait quêter chez les principaux habitants, mais ne réussit à réunie la somme de 1 600 francs que l’ennemi d’empresse d’empocher.

Pendant ce temps, les fantassins pillent les maisons, volant et gaspillant et les cavaliers font des patrouilles vers Cosne et vers Annay, sans dépasser le pont de Loire.

Près de la Mairie un officier Uhlan donne un ordre à M. Château, instituteur, que celui-ci ne comprend pas. Furieux le prussien tire son sabre et le lève menaçant. Le jeune Château, âgé de 14 ans, voyant son père en danger, ramasse une pierre et la jette à la tête de l’officier. Aussitôt c’est( l’alerte donnée par deux factionnaires présents. L’enfant s’enfuit dans le champ voisin mais les soldats tirent dans sa direction sans l’atteindre, plus de trente coups de fusil, jusqu’à ce qu’il se jette à plat ventre. On va le relever et comme il est indemne on le fait prisonnier.

Vers midi, les Allemands repartent vers Cosne. Peu avant le Vrille ils sont accueillis par une vive fusillade. Rebroussant chemin, ils traversent à nouveau Neuvy et se replient sur Bonny, emmenant comme otage M.Château et son fils, M. Georges Girad, propriétaire du Château de Neuvy et le Curé Roy, qui seront d’ailleurs relaxés quelques jours après.

Le lendemain, 28 décembre, le lieutenant-colonel Du Temple, avec un fort contingent de troupe vint s’installer à Neuvy. On chasse un avant-poste prussien installé dans la maisonnette de la Croix-du-Veau ; deux soldats français dont le volontaire Martignon d’Arquian furent tués.

Le 29, les troupes de Du Temple sont en ligne de bataille dans les Grand-Champs, mais les prussiens n’acceptent pas le combat. Ils se contentent de tirs d’artilleris. On retrouveras des éclats d’aobus aux Grillons, à la Couarde, à Gardefort, das le pré de la Guise et même à Marvy, aucune dans le bourg et il n’y aura pas de victimes.

Le 31, les Français chassent l’ennemi de Bonny et le repoussent vers le Nord jusqu’à Briare, avant de rentrer à Neuvy où ils séjourneront jusqu’à l’Armistice.

Pendant cette même période et consécutive à cette invasion, une épidémie de variole fit plus de vingt victimes parmi la population civile et plus de cinquante chez les militaires.

La population de Neuvy, pour commémorer ces combats et rappeler le peu de durée de l’occupation ennemie, fit élever le monument qui se trouve à l’entré du cimetière et la statue de Notre-Dame de la Délivrance (la Sainte) qui se trouve à l’entré de la rue du Port.

L’historien de guerre, M. Blanchard, qui faisait des recherches sur les soldats morts en 1870 à découvert le récit suivant, signé de M. Château fils, devenu ingénieur.

« relation d’un épisode de la guerre franco-allemande à Neuvy sur Loire le 27 décembre 1870. »

Relevé par les soldats, j’étais ensuite ramené à coup de crosse à la mairie. Tels sont les faits que le commandant Prussien expliquait d’abord autrement, mais le médecin allemand reconnaissait que la plaie à la gorge provenait de la blessure par le sabre. Vers midi, un sous-officier venait, ordre du commandant, nous prendre mon père et moi, pour marcher en avant de la troupe qui se dirigeait vers le village des Pelus.

Les soldats restaient assez longtemps dans la cour de la gare, attendant des ordres. Le poste télégraphique était détruit et des rails étaient arrachés sur plusieurs longueurs. On entendait, à une heure du soir, une forte explosion à la gare aux marchandises. Un cavalier s’était grièvement blessé en faisant sauter un tonneau de poudre. Les soldats nous ramenaient ensuite à la mairie où se trouvaient réunis plusieurs otages sous la garde du poste établi dans l’intervalle.

Vers six heures, le Uhlans revenaient en toute hâte de Myennes où ils avaient été repoussés par les troupes française. L’un d’eux était blessé à la jambe. Les Hessois se retiraient aussitôt à Bonny-sur-loire et le chef du détachement exigeait que mon père et moi suivent la colonne qui entrait à Bonny-sur-Loire à huit heures du soir. Les soldats conduits par deux sous-officiers nous frappèrent de la crosse de leur fusil, jusqu’au poste de « la brasserie » où nous avons passé la nuit. Plusieurs personnes du pays, prise comme otages dans la journée du 27 décembre, se trouvaient là.

Le 28 décembre à l’aube, toute la colonne se mettait en marche sur Briare. En arrière, un groupe de quinze à vingt dragons. Mon père avait été autorisé à suivre dans la voiture d’ambulance. Sur les hauteurs, à deux kilomètres, un officier de l’Etat Major donnait l’ordre d’attendre les Uhlans venant de Bléneau et de Saint-Fargeau. Il faisait à ce moment un froid intense.

La colonne mettait plus de trois heures pour faire le trajet de Bonny à Briare. J’étais à l’arrivé conduit aux usines Bapteros, à la commandantur, disaient-ils. Le général faisait répondre que la solution serait donnée le lendemain en ce qui nous concernait, et je restais avec la garde du chemin de fer.

Quelques heures plus tard, Monsieur Girard, propriétaire des usines de Neuvy-sur-Loire, et Monsieur Roy, curé, arrivaient aux usines de Briare, après avoir, au péril de leur vie, traversé les lignes prussiennes, et faisaient auprès du général prussien une démarche en notre faveur. Il était décidé le jour même que mon père resterait provisoirement à Briare, et que je suivrais pendant quelques jours les colonnes dans leurs marches.

En mon nom et au nom de mon père, que ces messieurs reçoivent l’hommage de notre reconnaissance pour leur dévouement en ces jours d’angoisse.

Le lendemain dans la soirée, deux bataillons et un escadron revenaient à Bonny-sur-Loire. A la sortie de Briare se trouvaient trois pièces de canon. Je suivais à l’avant-garde, en dehors, prés d’un officier.

Vers Bonny, la troupe se dirigeait sur les hauteurs. L’avant-garde continuait par la voie ferrée et, à la nuit tombante, traversait la gare, se dirigeant sur Neuvy. Peu de temps après, on entendait distinctement les coups de fusils. C’est dans ce brusque retour en avant que furent tués le sergent Camparot, … et un garde national d’Arquian, tués tous les deux au poste du passage à niveau, lieu-dit « la maisonnette ».

Les Allemands rentraient à Bonny avant midi. Dans une voiture se trouvaient deux soldats blessés, qui avaient été blessé sur la voie ferrée, près de la « maisonnette ». La garde remplaçait le poste qui avait été établi au domicile du maire de Bonny. Tout y était bouleversé, et monsieur Guillot avait été fort maltraité à cause de son attitude très ferme en ces circonstances.

Pendant la nuit, des troupes venant de Briare se concentraient dans la grande rue et à huit heures du matin, environs trois mille hommes avec quelques pièces d’artillerie étaient réunis à la sortie du pays.

Presque toute la colonne prenait le chemin conduisant au plateau et entamait la canonnade entre neuf et dix heures. Je restais avec la garde de la voie ferré.

Dans la cour de la gare de Bonny, des officiers s’entretenaient (en français) du bombardement de Paris, et l’un d’eux expliquait que leurs mouvements vers la Nièvre, dans les vallées de la Loire et de l’Yonne, n’étaient qu’une simple démonstration pour masquer le passage des troupes allant vers l’Est, par Sens et Joigny.

Avant midi, toute la colonne battait en retraite, j’étais alors informé que des ordres avaient été donnés pour me rendre ma liberté. C’est pendant le retour sur Briare que j’étais en dernier lieu placé à l’arrière garde qui me laissait à trois kilomètres de Bonny. Mon retour se faisait sans autre difficulté, m’étant fait connaître aux ….. de mobilisée.

Deux jours après, les hessois quittaient Briare et mon père était ramené à Neuvy-sur-Loire où, après quelques jours de repos, il pouvait reprendre ses fonctions. »