05 - Courriers et Souvenirs

Courriers et Souvenirs

Parmi les documents que Marie Noëlle m'a apportés pour étayer ses dires, il y a des lettres familiales échangées lors des événements de Neuvy. Elle désire qu'une partie soit lue par tous ceux qui veulent comprendre les souffrances morales et physiques des victimes de bombardements; et la force de caractère qu'ont eu certaines personnes pour ne pas sombrer dans le désespoir et continuer à vivre puisqu'il restait des vivants ! C'est d'abord la lettre de Madeleine Fougerat, sa mère, née Malbranque, à ses parents habitant à Asnières, pour les avertir de la catastrophe, notamment de la mort de quatre de leurs enfants. Elle écrit cette lettre en fin d'après-midi. A ce moment-là Bernard et Marie Noëlle ne sont pas encore retrouvés dans les décombres.

Famille René et Madeleine Fougerat, juillet 1944

Lundi 17 juillet 1944

"Nous avions 6 petits enfants, le bon Dieu nous en a repris 4 ce matin.

Ne pleurez pas, ils sont au Ciel mais c'est dur tout de même. Il reste Michel et Aillie. Sauf Solange, ils sont morts sur le coup sans souffrir, j'espère. Une escadrille a bombardé ma rue voulant viser la gare, avec des bombes de 1 000 kg* et il est tombé 8 bombes chez nous. La maison et le jardin n'existent plus. Bernard Boudet est tué aussi et Marie Louise Girard. Aillie a protégé Solange tant qu'elle a pu mais elle avait le crâne enfoncé; on l'a trépanée et elle est morte pendant l'opération. Aillie n'a rien. Michel est criblé d'éclats et il est à la clinique de Cosne mais j'espère que ce ne sera rien. C'est superficiel je crois.

Il y a une trentaine de tués. Du monument au pont il ne reste rien.

René est admirable de courage. Il dirige les travaux mais hélas ils sont tous en bouillie. On sauve du matériel ! Comme si ça avait de l'importance. On a retrouvé presque tout Dominique mais pas Bernard et Marie Noëlle.

Mes petits enfants ! On tâche de les offrir de bon coeur - enfin ils sont au Ciel. Je plains les incroyants - je deviendrais folle…

On les enterre jeudi à 10 h3O. Je ne sais pas ce que je dois vous dire, de venir ou pas. Nous avons une grande peine, toute la famille de René est très bonne et nous sommes bien entourés - leur chagrin fait peine à voir- moi ce soir je ne peux plus pleurer. J'avais été samedi et dimanche au pèlerinage de N.D. de Boulogne à St Amand et je suis rentrée ce matin sans ça j'étais tuée aussi. Je préviens Chaville par Pierre Prévot. Priez pour nous. "

Madeleine

"Bernard Boudet a une jambe et un bras arrachés. M. Girard a 3 enfants tués et 2 blessés. Nous couchons à la Couarde."

* Texte intégral sans retouche tel que l'a écrit Madeleine Fougerat quelques heures après le bombardement ; ce qui explique l'erreur sur le poids des bombes.

Cette lettre n'a été ouverte que 40 ans après, lorsque René Fougerat l'a retrouvée dans les papiers de ses beaux-parents.

M. Prévot avait prévenu de vive voix; c'est pourquoi cette lettre n'avait pas été lue.

Une deuxième lettre aux parents de Bernard Boudet à Chaville.

Lundi 17 juillet 1944

"Mon cher Parrain ma chère Tante

Il vous faut beaucoup de courage comme à nous. La maison n'existe plus et on vient de retrouver Bernard et 4 de mes enfants, les 4 plus petits. Ils sont morts sur le coup ce matin à 11 h au cours d'un bombardement formidable (il y a 8 bombes sur la maison et le jardin). Le premier coup a été pour nous. Ils sont tous morts sur le coup sauf Solange qu'on a trépanée et qui est morte tantôt. Michel est criblé d'éclats, il est à la clinique de Cosne - Aillie n'a presque rien.

Je ne vous dis rien. Je comprends votre peine, la mienne est égale et quadruple Il faut bénir Dieu et ne pas comprendre.

L'enterrement a lieu jeudi à 10h3 0 (il y a au moins 30 tués) toute ma rue y est passée. Venez si vous pouvez. Les autres morts sont mis au marché couvert mais les nôtres sont tous au château dans le salon avec Bernard. Il fait partie de la famille et nous faisons pour lui comme pour nous. Si vous voulez venir essayer par le train ou des camions.

Il est mort sur le coup et n'a pas souffert. A la première bombe il a été projeté contre Aillie et à la seconde bombe, projeté en l'air. Il a du être assommé mais nous avons tous quand même la certitude de les revoir au Ciel et cela nous aide.

Nous prions pour vous et pour lui. Priez pour nous.

Paul avait pris le train ce matin et doit être près de vous."

Madeleine

"Je ne peux que vous demander d'avoir autant de courage que ma chère femme et moi.

Je pense que vous serez prévenus par une auto de passage."

René

Puis une troisième lettre datée du 23 juillet, à ses parents. Hélène, la soeur de Madeleine et son père étaient arrivés à pied de Paris le 20 juillet. Seule Hélène est restée pour s'occuper d'Aillie, Michel et Marie Noëlle et aider si possible ... Elle couchait chez Mme Jarriot derrière l'Eglise.

Dimanche 23 juillet 1944

"Mon cher Papa Ma chère Maman.

Je rajoute un mot à la lettre d'Hélène. Les enfants vont aussi bien que possible, nous nous abrutissons sur le travail, c'est le seul moyen de ne pas penser et heureusement le travail ne manque pas. On range, on déménage tout ce qu'on retrouve et pendant ce temps-là René est sur le chantier à la recherche de tout ce qu'il peut trouver. Nous avons l'intention de dresser la liste de ce que nous avions et de ce qui nous reste.

Hier grande joie : nous avons retrouvé le vélo de Bernard pas trop abîmé et très reconnaissable. Mais presque tout ce qu'on retrouve est aux trois petits. Heureusement que nous avons perdu tout en même temps que les enfants car je ne nous vois pas rentrer chez nous et essayer de continuer la vie de tous les jours. Nous campons à droite et à gauche pour jusqu'à la fin de la guerre.

Hélène est d'un grand service en s'occupant des blessés. Elle me permet d'être à Neuvy et de sauver tout ce qui nous est souvenirs. L'état dans lequel on retrouve tout ! J'ai retrouvé hier le livre de messe de Bernard Boudet, je vais l'arranger avant de le renvoyer par Hélène pour qu'il ne soit pas perdu, mais il est dans un triste état ... Hélène va rester sûrement encore toute la semaine, ensuite si nous allons au Moulin Perret, si Marie Noëlle est transportable, on verra...

Mes belles soeurs sont très gentilles et veulent à toute force nous faire des cadeaux. Les Dédé nous ont offert leur service de table et un poste de TSF et les Paul nous ont dit de choisir parmi leurs buffets celui que nous préférons-, Cela nous touche beaucoup mais nous disons qu'on verra plus tard. Cécile, de qui j'ai retrouvé l'argenterie qui était chez moi, s'est bien gardée de me proposer quoi que ce soit. Mme Girard est installée dans une petite maison sur la route de la Petite Montagne. Son mari va revenir ces jours-ci de l'hôpital. Sa fille va bien. Mais en perdre 4 c'est dur... Le maître d'école de Bernard (M. Bault) a perdu sa femme qui était enceinte et ses deux enfants. Il y a eu 42 tués en tout.

On dit que le train va remarcher bientôt. C'est une panique - personne ne veut rester à Neuvy et tout le monde file dans les fermes. N'essayez pas de venir en ce moment, les transports sont difficiles et il n'y a presque plus de camions. Je sais que vous pensez bien à nous et que vous priez pour nous. C'est ce dont nous avons le plus besoin. Bons baisers à tous."

Madeleine

"Mardi Dominique aurait 3 ans !"

Puis des lettres d'Hélène Malbranque à ses parents dans lesquelles elle donne des précisions importantes. Toutes ces lettres sont écrites du domaine du Fouillois - ferme avec une grande maison appartenant à la famille Digeon, laquelle va héberger la famille Fougerat, du moins ce qu'il en reste et bien d'autres familles. Ces lettres sont très explicatives, écrites clairement. On peut lire que c'est Hélène qui garde et fait l'infirmière pour Michel et Marie Noëlle qui ne resteront pas longtemps à Cosne où les places sont chères. Pendant ce temps, René et Madeleine Fougerat continuent à déblayer, s'abrutissant de travail et cherchant, espérant trouver des objets, des souvenirs et des effets car ils n'ont plus rien. Retrouver des papiers, des documents, des jouets ayant appartenu aux enfants...

Hélène Malbranque écrit :

"Les blessés vont le mieux possible... Le docteur Tellier est venu à cheval de Cosne, il a resserré la plaie du dos de Michel, vérifié celle du pied et de la cuisse et aujourd'hui je dois refaire les trois autres pansements. Il dit qu’il pourra se lever dès que son pied le lui permettra. Il mange très bien, n'a plus de fièvre, il lit et joue aux dames et dessine. Marie Noëlle n'a plus de fièvre non plus et mange bien. Sous son tulle qui la protège des mouches, je lui laisse la figure à l'air une grande partie de la journée : son nez est très désenflé et se cicatrise bien et la lèvre aussi. Sa jambe est toujours en bonne position mais elle glisse beaucoup au fond du lit ; elle remue mieux la tête et le bras et nous avons glissé du tulle gras sous les plaies du dos. Aillie va bien. Tout suit son cours ...

Tout le monde à très peur des avions, voici deux nuits qu'il en est passé sans arrêt pendant une heure et les gens ne dorment guère pendant ce temps-là. Je ne pense pas avoir de vos nouvelles très vite car la poste est bien longue encore... M. Henri Digeon est venu hier entre deux camions (on ne dit plus entre deux trains, car ceux-ci qui venaient avant jusqu'à Briare, sont à nouveau arrêtés par un déraillement je ne sais où).

Je monte le matin au Fouillois (3 Km) et Madeleine descend à Neuvy, je passe la journée et dîne et redescends lorsque Madeleine et René arrivent pour la nuit.... Michel a fait une crise d'urticaire due à la réaction du sérum antitétanique fait à Cosne, il fallait le poudrer et l'éventer tout le temps..."

Dans la lettre du 2 août, Hélène écrit que des vagues d'avions alliés passent assez souvent au-dessus de Neuvy et qu'à chaque fois ce ronronnement crée l'angoisse chez les habitants.

"Ma première lettre a été emportée par M. Digeon, la deuxième a été remise à un camionneur à l'hôtel de la Paix et celle-ci est la troisième ... Les journées continuent ici un peu semblables les unes aux autres : je monte le matin et ils descendent et le soir c'est dans l'autre sens ... Les avions passent de temps en temps et tout le monde à très peur et je comprends ça, mais je ne crois pas qu'ils reviendront ici, si ce n'est pour mitrailler des convois s'il en passe. Madeleine a retrouvé quelques vêtements à elle mais René, pas un seul. Mme Dethou sa cousine, a apporté hier un costume de son pauvre mari. Tout le monde aide tout le monde... "

"Or ce 2 août, vers 16 h 45, à nouveau ce bruit terrifiant pour ceux qui ont déjà subi un bombardement. Les avions viennent par le nord. C'est une vague de 36 B24 Libérator. De beaux engins, mais pourquoi reviennent-ils sur Neuvy ? Aux premières explosions, très peu d'habitants ont le temps de courir aux caves. Et les bombes tombent sur de nouveaux endroits de Neuvy qui n'ont pas été touchés le 17 ! Les maisons face à la rue des Vignerons sur la RN 7 (place actuelle de la mairie), le haut de la rue des Vignerons, le château et l'usine y passent...

L'usine Fougerat ! Ah ! Mais c'est bien sûr ce qui attire les Alliés... C'est une usine qui fabrique quelque chose pour les Allemands... Quoi? Un imbécile sait, lui... C'est un joint spécial en caoutchouc pour les VI et les V2 ! Ca y est, la rumeur est partie..."

Le deuxième bombardement, Madeleine va le décrire dans une lettre écrite au crayon, le lendemain à ses parents à Asnières, pour les rassurer.

"Nous avons encore une fois échappé à la mort. Hier nous étions André et moi au pied de la Grande Montagne en train de ranger chez la cousine Vassart quand nous avons entendu les avions. Nous sommes sortis et avons eu le temps de faire 50 m. le long de la route d'Annay. Nous avons entendu les bombes siffler et on s'est jetés au pied du talus. René qui venait en vélo s'est jeté près de nous ... Trois rafales c'est long. J'ai reçu une motte de terre sur la cuisse et c'est tout.

En nous relevant nous avons d'abord rien vu à cause de la poussière puis, nous avons vu le château aux 3/4 écroulé (il reste l'aile à partir de la cuisine). La Grand-mère et Paul étaient à la cave avec d'autres personnes. Il est tombé une bombe à 2 m de la cave, bouchant l'entrée ; Ils sont sortis par le soupirail avec les ouvriers . Paul a dégagé Mme Prévot sa belle-mère, qui était complètement ensevelie; derrière se trouvaient M. Prévot et la femme de ménage mais comme il y a un entonnoir à la place alors... Le jardin n'est qu'une suite d'entonnoirs les uns dans les autres...

Hier au soir on comptait 40 tués retrouvés et ça s'est passé à 5 h, et il manque encore beaucoup de monde. Au port les maisons Juret, Braud, Chailloux, Ovide Dethou sont détruites ainsi que le boulevard de la Mairie (comme il n'y avait plus rien) les bombes sont tombées dans les décombres ; route d'Annay, Petite Montagne et l'usine ; rue des Vignerons jusqu'au cimetière (sauf les premières maisons du bas de la rue). Dans la grande rue jusqu'à la gare c'est par groupe ; il en est tombé à Gardefort et à la Couarde ; la voie est inutilisable et l'usine aussi ... Il en est tombé aux Eves, sur la route d'Annay et jusqu'au Gué de Chariot (un homme a été tué sur cette route)…

On se demande pourquoi on vit toujours ! Sur le coup, on aide, mais après... René est formidable, il travaille sans arrêt et hier il s'est acharné à chercher la femme de M. Maigne qui est sous les décombres (lui est blessé). René est rentré à minuit et est reparti ce matin de bonne heure. Il n’est plus reconnaissable, noir, maigre et les jambes enflées; il a promis à Maigne de chercher sa femme (35 ans) et il la cherche avec autant d'ardeur que quelqu'un de sa famille. Il y a encore deux ouvriers que l'on n'a pas retrouvés : Lebigue (60 ans) et Perigrosse, le chauffeur de l'usine est tué.

On vient de retrouver M. Girard, on suppose que Mme Girard et sa fille sont sous les décombres du château, on les cherche. Il est midi et il y a 43 tués.

Les gens qui ne sont pas sinistrés (ils sont rares) fichent le camp. Neuvy va devenir un désert.

On vient de retrouver la femme de ménage des Prévot mais toujours pas M. Prévot. Avec tous les disparus encore à l'heure actuelle on compte plus de 60 tués et j'en ai fait monter hier dans le camion de l'usine, de bien mal en point.

Pauvre Girard ! Tous les 7 en quinze jours. Marie Tulard a perdu son fiancé il y a 15 jours et son père cette fois ci.

Vendredi 4 août- On approche de 75 tués Avec le bombardement de l'autre jour ça fait 10% de la population. Yvonne Dethou est morte à l'hôpital ce matin, elle était venue chercher sa mère puisque le père était mort au premier coup, M. Brulé est resté enseveli 3 h mais il n'a que des courbatures. On vient de retrouver M. Prévot…

Tout le monde part, la poste va à Annay, le Docteur aussi. On ne fait pas d'enterrements mais l'Absoute à la porte du cimetière..."

Presque toutes les familles sont touchées mais une a complètement disparu au cours des deux bombardements : La famille Girard, 7 personnes : tous étaient dans des endroits différents. Des réfugiés étaient venus de Boulogne sur mer, Calais et région parisienne pour échapper à la guerre là-haut. Environ 18 sont tués à Neuvy. Ironie du sort...

Ce 2 août dans la cour du Fouillois, les enfants jouaient. Michel qui remarchait un peu, était sur un transat au soleil près de la maison et on avait agencé une planche sur un landau pour permettre à Marie Noëlle de profiter du soleil. Lorsque les enfants entendent et voient les avions, c'est la course pour rentrer en oubliant Marie Noëlle sur sa planche-poussette. C'est Monsieur Georges Ducroux qui l'aperçoit et se précipite pour la rentrer aussi. Cela s'est passé très vite. C'est le seul souvenir qu'elle garde de ce jour-là.

« Lorsque nous sommes sortis de Cosne pour aller aux Fouillois, tout le monde était gentil avec nous. Papa et Maman avaient l'air triste, ils étaient toujours partis et ne nous parlaient pas beaucoup. Lorsqu'on demandait Bernard, Dominique et Solange ou Marie Louise, tous sortaient vite de la chambre et nous avons compris comme cela qu'il ne fallait pas en parler. » Marie Noëlle raconte encore : « Un jour en me débarbouillant, Tante Hélène est partie en criant dans la pièce d'à côté et après ils sont tous venus me voir avec une drôle de tête. Mon bout de nez était tombé avec la gangrène ».

Le 7 août vers 14h les bombardiers reviennent, visant à nouveau le pont ferroviaire et la RN7. C'est sur des ruines que tombent les bombes. Elles vont tuer encore cinq ouvriers qui travaillaient au déblaiement. Cet acharnement sur Neuvy se comprend de moins en moins. Les habitants étaient dans les villages et hameaux des environs.

La famille Fougerat part habiter dans un logement moins confortable que la ferme mais ils seront tous ensemble avec les grands-parents et oncles et tantes. Ils partent au Moulin Perret prés des Cocus.

Là, chaque famille à une pièce : les René, la plus grande car ils sont encore cinq, les Paul, l'autre pièce, ils sont quatre. Les André, dans un genre de 'têt' à poules et les grands-parents vont se partager les granges que l'on divise par des draps tendus d'un mur à l'autre. Ils vivaient tous là. Le matin les hommes partaient à pied pour nettoyer et remettre en ordre ce qui restait.

« Un jour, une voiture avec cinq hommes est arrivée au Moulin, poursuit Marie Noëlle. C'était un dimanche et toute la famille était là. Ces gens ont demandé à Grand-père de l'essence et des pneus. Ils avaient des fusils à l'épaule. Grand-père leur a donné des pneus mais pas d'essence car il n'en avait pas. Ils ne l'ont pas cru et hurlaient des injures. Ils ont fait mettre Maman et moi (j'étais dans ses bras) ainsi que Michel et Aillie contre le mur de la maison. Maman leur a crié : « Allez-y, tuez-nous, j'en ai perdu déjà trois alors, tuez-nous si vous voulez ». Un des hommes a tiré et j'ai reçu la balle dans la jambe blessée.

A ce moment-là, une autre voiture est arrivée et les cinq voyous sont partis en courant, sous les injures des nouveaux arrivants. Un homme est venu me soigner et me retirer la balle…

Nous sommes restés au Moulin jusqu'aux premiers froids, puis nous sommes venus à Neuvy dans la maison derrière chez Madame Lanoue, rue des Vignerons. En bas de cette maison il y avait deux pièces et une cuisine et en haut deux chambres. Dans la journée on devait rester soit en haut, soit dans la cuisine, car une pièce du bas était la Mairie de Neuvy et l'autre le bureau pour l'Usine. Nous sommes restés dans cette maison jusqu'en fin 1946.

Après je suis partie à Paris pour me faire refaire un nez. »

Maison de René Fougerat, le Jardin avant le bombardement

et après