16 - Simone Coutre

J'ai rencontré Simone Coutre au moyen séjour de l'hôpital de Cosne où elle se reposait après une opération. Elle va sur ses 91 ans et a toujours la mémoire vive. Les souvenirs des deux premiers bombardements - 17 juillet et 2 août - sont bien marqués. Seul un petit problème dans la chronologie, comme cela arrive couramment aux personnes de cet âge. Elle confond un peu les événements de ces deux jours de catastrophe.

Le lundi 17 juillet, la boutique de boucherie, située au coin de la RN 7 et de la rue de l'Eglise, était fermée. D'ailleurs, à cause des restrictions, elle n'ouvrait que trois jours par semaine. Simone Coutre se souvient avoir entendu son frère Raymond Thomas et l'autre ouvrier boucher, Edmond Grave, crier: « Attention, couchez-vous, ils lâchent des bombes!» Ayant entendu le ronronnement typique des bombardiers chargés, les deux hommes observaient le ciel par curiosité, si l'on ose dire...

Madame Coutre ne se souvient pas si Jean, son mari, aujourd'hui décédé, était là, et s’ils ont eu le temps de descendre à la cave. Leur fils Jeannot, 10 ans, où était-il ?... D'ailleurs, au sujet de cave, elle se souvient que Jean, son mari disait : « Descendre dans une cave, lors de bombardements, c'est sujet à discussion, car on peut y être enterré vivant ! Si on peut courir vers un champ proche, c'est le mieux... »

De toute façon, les 'forteresses volantes' larguant leurs bombes, n'en eurent pas pour longtemps. Il fallait plus de temps après pour que le nuage de poussière disparaisse. En sortant sur le pas de la porte de la boucherie, lorsque le calme fut revenu, le spectacle du bout de la route après 'chez Gâteau' n'était pas joli.

Après il fallut courir pour aider. Nettoyer la camionnette pour conduire les blessés à Cosne afin de peut-être en sauver quelques-uns... C'est Raymond Thomas qui se chargea de nombreux voyages durant les jours suivants.

Récit de Simone Coutre bouchère à Neuvy

Angle de la rue des Vignerons et RN7