Robert Martinet

Martinet Robert

Evacuation de Neuvy Sur Loire

On avait entendu dire qu’il valait mieux ne pas rester là, cela pouvait être dangereux. Nous avions des cousins à Paris qui possédaient une traction Citroën, ils arrivent à Neuvy en nous disant «Il vaut mieux partir». Alors nous sommes tous partis ensemble avec leur voiture, bourrée de bagages, les deux cousins, mes parents et moi.

Nous avons traversé la Loire à Cosne sur Loire, quelques jours avant sa destruction (pont de Cosne bombardé et détruit le 16 juin 1940) en direction de Bordeaux pour aller chez d’autres cousins de mes parents qui habitaient un petit village du nom de Rignac de Blaye. Ils avaient une petite ferme avec des animaux….

Nous avons mis plusieurs jours pour arriver, les routes étant encombrées par d’autres réfugiés. La nuit nous dormions tous ensemble dans la voiture. Nous sommes restés à Rignac trois semaines environ. J’y ai retrouvé mon cousin Robert, nous avions le même prénom et le même âge. Nous avons eu de bonnes séances de rigolade tous les deux. Un jour nous sommes montés à cheval, à cru, le cheval est parti tout droit et nous sommes passé à travers le fil à linge en arrachant tout ce qui était dessus. La joie de la cousine…

La cuisine se faisait dans l’âtre, elle n’était pas merveilleuse. En effet la cousine disait toujours «C’est quand j’entends sonner midi au clocher que je pense à aller faire la cuisine» Ils avaient un travail fou avec la vigne, les bêtes et les champs. Ils cultivaient des légumes entre les rangs de vigne.

Un jour notre voisine de Neuvy, Madame Poulain, nous a fait savoir qu’il vaudrait mieux rentrer pour remettre notre maison en état.

Les hordes de réfugiés, des soldats allemands, avaient tout pillé. Les Allemands avaient même dit à Madame Poulain : «Pas belle façade mais bons placards», en effet tout était plein de conserves. Nous n’avons rien retrouvé.

Pendant la durée de l’occupation, des soldats allemands avaient déplacé différentes affaires où objets qui leur convenaient. A la fin de la guerre, le Maire, Mr André Ursin a demandé aux habitants du village de ramener à la mairie les affaires qui ne leur appartenaient pas, afin de rendre ce qui était possible. Pour nous par exemple nous avons pu récupérer certains objets.

En revenant d’évacuation, ma mère a retrouvé à la maison un de ses livres (Premier prix d’histoire) qu’elle avait eu à l’école. Ce beau livre avait été signé par tous les Allemands qui avaient occupé la maison, boulevard de la Mairie sur lequel ils ont écrit en français :

«La vie de la grande Nation, le Führer Adolf Hitler ...» et le nom des cinq soldats signataires

En Juillet 1989, j’ai eu la chance extraordinaire de retrouver à Neuvy, chez Gâteau restaurateur à Neuvy, un des signataires du livre de ma Mère : Karl Goetze Lind.