Marcel Suppliciau

Marcel SUPPLICIAU

Marcel Suppliciau faisait partie du maquis des Thébondons.

Marcel Suppliciau a été tué par les soldats allemands au bois du Châtelet, sur la route d’Annay le 17-8-1944.

Il se trouvait les armes à la main, allongé sur l’aile avant droite d’une Citroën 9 ch. Numéro de la plaque d’immatriculation 2985 R.M.4, voiture réquisitionnée par les F.F.I. et appartenant à Mr. Calmels Roger Paris xv ième.

Les maquisards du maquis recevaient des messages de Radio Londres pour signaler les parachutages d’armes.

Un des messages était : « Le singe emboîte le pas à la girafe. » Le message envoyé une fois signifiait 1 avion, 2 fois 2 avions.

Inauguration d’un monument

À la Mémoire du Sergent Marcel Suppliciau.

Ce 17 Août 1945, jour anniversaire de la mort au combat du Sergent Marcel Suppliciau, du maquis Dubois, a eu lieu une émouvante cérémonie.

Après un service religieux donné en sa mémoire en l’Eglise de Neuvy sur Loire, en présence du Lt. Colonel Vessereau et du Capitaine Dubois il fut procédé à l’inauguration d’un monument commémoratif au lieu même où tomba le héros, sur la route La Celle et Annay. Le Capitaine Dubois prononça le discours ci-dessous.

« Il ya quelques treize mois, notre riante petite cité de Neuvy payait un tribu disproportionné de deuils et de ravages à la plus dévastatrice des guerres ; cette stupéfiante dévastation nous afflige d’autant plus qu’elle nous en paraît inutile. Mais avec les Bombardements, Neuvy ne devait pas clore la série de ses deuils cruels. Alors que les tombes de ses nombreuses et innocentes victimes se fermaient à peine, le 17 Août 1944, le plus magnifique de ses fils, le Sergent Marcel Suppliciau, tombait ici en combattant, sous les balles allemandes.

Je suis heureux de l’honneur qui m’échoit, moi son chef dans le maquis de vous dire ce qu’a été Marcel dans la clandestinité à l’inauguration de ce modeste monument érigé par les maquisards de la zone de Cosne, marque de l’indéfectible et affectueux souvenir pour un camarade aimé de tous, un héros martyr de la lutte clandestine, un français digne de ce nom.

Peu de gens savaient à Neuvy que de nombreux mois avant la Libération, Marcel Suppliciau était le chef local du groupe O.N.M (Organisation Nord Nivernais). C’est par sa discrétion qu’il montra ses premières qualités de Résistant. L’ordre était alors de ne pas se dévoiler et tout en restant sur place et en liaison avec ses chefs de récupérer armes et munitions, de préparer le recrutement des futurs francs-tireurs de la Libération.

Combien de fois avez-vous pu le rencontrer portant négligemment un sac où une quelconque musette avec l’air tranquille de l’innocence paisible. Ce petit travail de transport était cependant suffisant pour le faire fusiller par l’ennemi au cas où un feldgendarme en patrouille se serait avisé de fouiller ses colis ; car ce n’était que grenades rouillées, cartouches où armes qu’il avait retirées des Canches où de la Vrille. Mais cette pêche singulière, pas toujours fructueuse lui réserve d’autres déceptions : la plus grande partie de ce matériel hâtivement caché 3 ans auparavant est en grande partie inutilisable.

Cependant le débarquement allié survient enfin ; rongeant son frein depuis si longtemps, Marcel va pouvoir déployer toute son énergie, tout son enthousiasme à son devoir de Patriote. A partir de ce moment, il ne travaillera plus que pour combattre le boche, rien que pour cela, il se donne tout entier par devoir, de toute sa vigoureuse jeunesse de tout son cœur généreux. Il fait tout il veut être de toutes les actions fastidieuses et pénibles et toujours dangereuses.

A vélo, il accomplit souvent plusieurs fois par semaine la liaison entre Annay et Prémery. Il doit franchir pour cela plusieurs barrages allemands. Mais le simple transport des plis n’est pas à la hauteur de son dévouement, il profite de ces voyages pour nous ramener du Morvan, les explosifs qui nous manquent, et cela par charge de 15 kgs, toujours sur son vélo, dans des conditions périlleuses et pénibles.

Rentré de ces longues étapes, va-t-il prendre quelques d’un repos bien gagné ? Un parachutage, un sabotage vont-ils alors se faire sans lui ? C’est impossible ; A peine rentré de ces courses folles le voila encore à pied d’œuvre, infatigable, le pic en mains pour la nuit ou manutentionnant pendant 24 H. de suite le matériel parachuté. Ce diable d’homme communique son entrain et sa bonne humeur aux équipes. Il veut être de tous les coups durs, il se fait homme indispensable.

Les maquis s’organisent enfin avec des armes au fonctionnement sûr. Suppliciau a maintenant une voiture et 4 hommes. Il assure alors les deux tâches les plus périlleuses du maquis : le ravitaillement et les liaisons express. La lutte clandestine est finie et il peut alors goûter une des plus grandes joies du maquisard : servir en uniforme ; c’est la tenue du combat la plus digne et dans les bois le vêtement de repos le plus confortable.

Son courage et son dévouement font l’admiration de tous, sa droiture et son bon cœur lui attirent l’affection de ses chefs et de ses camarades. Hélas, Marcel que tout le monde connaît au maquis sous le nom de Leblond est destiné à nous montrer jusqu’au bout l’exemple du sacrifice suprême.

Le 16 Août il escorte le Colonel Vessereau jusqu’à Entrains où doit avoir lieu un parachutage. Le lendemain 17 vers- heures du soir comme il venait me rendre compte de sa mission, sa voiture venant d’Annay, il se trouve nez à nez avec un camion allemand venant en sens inverse ; une seule solution foncer ; les boches surpris ne tirent pas et le camion est croisé. Le premier en cache un second, il est franchi aussi. Mais derrière 3, 4, 5,10, tous remplis de tireurs en position. Le troisième se met en travers de la route, la voiture l’évite en braquant sur la droite et s’arrête dans le terrain vague. Marcel qui se trouvait sur l’aile, mitraillette en mains est projeté à terre. Ses hommes quittent la voiture pour s’abriter dans le bois ; malgré la grêle de balles, il se ressaisit et se replie en vidant son chargeur sur les boches qui baissent la tête ; ses hommes en ont profité pour se mettre à couvert. Son devoir crânement accompli, il va pouvoir décrocher aussi. Trop tard, une balle explosive l’atteint en plein cœur et fige sur sa face le sourire de contentement qu’il avait ébauché. La veille, j’avais décidé qu’il serait nommé sergent, le premier au maquis, je devais lui apprendre à son retour d’Entrains.

Comme si il avait désiré devancer de quelques instants cette première distinction, il a voulu être le premier et le plus glorieux de nos morts. Si près du but, il a voulu mourir comme il a combattu en héros, en français, en souriant de finir là pour une si belle cause. Marcel Suppliciau, ce bel athlète au regard calme et franc vint d’abord reposer au camp des Percherons près de ses camarades éplorés. Ce fut une perte pour la résistance et un grand deuil pour tous ceux qui l’ont connu. Il a été un exemple de patriote comme il en fallait tant pour effacer la souillure dont les traîtres et collaborateurs avaient entaché notre pays.

Puisse cette pierre immortaliser le nom de Marcel Suppliciau, honneur de sa famille, de sa commune ; quelle prouve l’affection de ses camarades. Que nos enfants y puisent un exemple de patriotisme et d’abnégation ; qu’elle illustre parmi tant d’autre un des sacrifices de la Résistance, de cette lutte pour un idéal de liberté et surtout qu’elle rappelle à tous que cette lute doit continuer sans arrêt pour que ces sacrifices n’aient été faits en vain. Au nom de mes camarades je confie ce monument à la population, à ses soins, à ses pensées aussi. Et quand vous passerez près de là ne manquez pas d’y mettre quelques fleurs ; même un seule, même une modeste fleur des champs, ce sont celles des maquis.

L’amicale des prisonniers de guerre de Neuvy s’associe à cette manifestation du souvenir et déposa une gerbe sur la tombe du martyr.

Félicitons l’organisateur de cette cérémonie Jean Guillot ex chef du secteur Neuvy Annay et le réalisateur Arsène Eustache de l’équipe locale de résistance.