Période Révolutionnaire

Histoire de Neuvy par Mr Jules-Marcel FRAPAT

Dans son livre intitulé : Histoire de Neuvy-sur-Loire publié en 1917, Mr J-M Frapat nous donne beaucoup d’informations sur les origines connues concernant notre commune.

Période Révolutionnaire

Préliminaires et Remarques.

On fait généralement commencer cette période en 1789, bien que plusieurs évènements aient eu leur point de départ l’année précédente, notamment le désir de voir assembler les Etats Généraux, qui causa une grande agitation dans le pays: prélude du renversement des anciennes coutumes et l’avènement de la nouvelle Société. Une des premières conséquences de cet état d’esprit fut l’organisation, dès 1788, d’une municipalité par paroisse.

Mais à côté des municipalités il y eut, de 1792 à 1795 environ, à Neuvy comme ailleurs, une « Société Populaire » n’ayant aucun rôle officiel, mais usant de son influence pour faire pression sur le Maire, les Officiers municipaux et les Comités de surveillance et de Sûreté générale, en stimulant leur zèle révolutionnaire. Les corps élus, dont il vient d’être parlé, ne s’adressaient à elle qu’avec déférence, si l’on en juge par plusieurs documents, entre autre une lettre du Maire et des Officiers municipaux invitant cette Société à assister au brûlement des titres nobiliaires, ainsi qu’une délibération de la Municipalité sollicitant l’agrément de ladite Société pour l’installation des corps élus dans le presbytère.

Cette Société s’assemblait vraisemblablement dans l’église appelée « Temple de la raison » ou bien, pendant la belle saison, au « Temple Décadaire » où était élevé l’Autel de la Patrie, situé dans le bois de Réaux, à environs cent mètre au Sud-Ouest de l’emplacement actuel du château. C’est là qu’avaient lieu la plupart des Fêtes Révolutionnaires, très nombreuse sous le Directoire. (Fêtes de la Souveraineté du Peuple, des Époux, de la Reconnaissance, Funèbre, de l’Agriculture, du 14 Juillet, du 10 Août, du 18 Fructidor, du 1er Vendémiaire, etc.)

La Société populaire avait pour président Thébert et pour secrétaire Morel et Paquignon ; les sociétaires se recrutaient parmi les plus exaltés. Le citoyen Baume, tisserand à Gardefort, qui en faisait partie, dénonça un jour Claude-Gabriel Lefebvre, maire, pour avoir traité les sociétaires de « Pécoras, sacrés cochon, ne connaissant rien à l’agriculture ! » Le comité de Surveillance, après délibération, adressa la plainte à la Société populaire « pour, dans sa sagesse, prendre telle mesure qu’elle jugera convenables ». Il n’y eu pas de suite fâcheuse.

Mais une autre dénonciation faillit avoir un dénouement tragique. C’est celle concernant le curé Bardot, qui avait fait partie de l’Administration Communale comme Officier Public, Procureur de la commune et Agent national. Ayant ergoté lors de sa prestation de serment, il était suspecté d’incivisme par ceux qu’il qualifiait « d’esprits inquiets ». Une pétition d’un grand nombre d’habitants lui fit recouvrer la liberté après environ un mois de détention.

Y eut-il d’autres dénonciations ? Y eut-il des exécutions ? C’est peu probable, car dans son procès-verbal du 20 mai 1793, la Municipalité déclare qu’elle ne connaît aucun suspect.

Jusqu’en 1790, Neuvy continua de faire partie de l’ Orléanais. Les imprimés portaient les en-têtes de : Province de l’ Orléanais – Département de Montargis et Gien – Election de Gien – Communauté de Neuvy-sur-Loire. Comme paroisse, Neuvy continua à dépendre de l’évêché d’Auxerre.

On ne peut se défendre d’un sentiment d’admiration en constatant l’intérêt immense, la réglementation extrêmement prudente et la vigilance constante, mais parfois excessive apportées par l’Administration. A tous les degrés de la hiérarchie, en ce qui concerne la question des subsistances sous toutes ses formes (emblavement, accaparement, déplacement, etc..), ce qui n’était pas sans causer des ennuis aux habitants, lorsqu’ils avaient à transporter leurs céréales d’un point à un autre, mais surtout de leur faire quitter la commune ; ainsi ce fut le cas du fermier de Launay, allant habiter à La Celle, et celui de Gabriel Lefèvre, propriétaire à Sermaize, mais demeurant au bourg de Neuvy.

On remarque que, malgré les proclamations de la Convention des Représentants du Peuple, un certain nombre de conscrits étaient insoumis ou déserteurs, se réfugiant dans les bois, qui étaient également et depuis toujours le refuge des brigands.

Un exposé chronologique tiré des documents officiel donnera une impression plus exacte des faits.

1788, 20 juillet : la première municipalité vient d’être élue. Elle se réunit afin de désigner le lieu où désormais auront lieu les réunions et où seront reçues les instructions de MM. composant le bureau intermédiaire du département de Montargis et de Gien. Il est décidé qu’en attendant que la communauté possède un hôtel de ville, les réunions de la Municipalité se tiendraient dans l’étude du notaire, Mr Vérain Gourdet, greffier de la municipalité. Quant aux votes, ils ont lieu à la porte de l’église, soit à l’issue de la Messe, soit à l’issue des Vêpres, et, en cas de mauvais temps, sous la Halle.

C’est la Révolution Française qui commence !

1788, 31 août : La Commission intermédiaire de l’ Orléanais fixe, pour la communauté de Neuvy une somme de 575 livres pour sa contribution à la dépense des travaux à exécuter pour l’entretien et la confection des routes pendant le cours de l’année.

1789, 1er mars : En vue de la réunion des États-Généraux, les habitants sont convoqués dans la grande salle du château, pour y apporter leurs cahiers de plaintes, doléances et remontrances et pour nommer un député par cent feux.

La communauté de Neuvy, se composant de 205 feux, avait trois députés à élire. Ont obtenu la pluralité des suffrages : V.E.-J Gourdet, syndic ; Jacques Lusigny, maître marinier et Verain Gourdet, notaire.

    • Nota : Le « feux » : c’est un terme du vocabulaire fiscal de l’Ancien Régime… Le feu comprend l’ensemble des personnes qui vivent dans un même foyer. Les historiens utilisent cette notion pour effectuer des « comptages » approximatifs de population, compte tenu de l’absence de données disponibles avant l’institution des premiers recensements…

1789, 6 décembre : le patriotisme commence à prendre son essor. Aussi à la suite d’une Assemblée Générale tenue dans la grande salle du château, le procès-verbal dit : « … l’unité de sentiments et de cœur qui règne au milieu d’un peuple qui vient de créer la Liberté, doit nous engager tous à nous réunir tous, dans une seule liste, sous le titre d’ État militaire de la Garde Nationale de France, monument impérissable de notre gloire, etc. ».

1790 : Neuvy parait avoir été institué chef-lieu de canton en 1788. Le Maire et ses cinq Officiers municipaux étaient à la fois administrateurs de la commune et du canton ; ils jugeaient les contraventions aux règlements du roulage et de l’hygiène ; réquisitionnaient dans les autres communes du canton ; s’occupaient de la vérification des poids et mesures, etc. Ce qui le démontre, c’est un acte du 25 février 1790 : « Sur quoy, nous, Maire, juge de police, assisté de Mrs les Officiers municipaux, etc.. »

En outre, plusieurs arrêtés de la Municipalité commencent par ces mots : « Le tribunal ». En un mot, le Conseil général de la commune chef-lieu de canton avait des attributions plus étendues que celles des autres communes. Ce n’est qu’en 1791 qu’un juge de paix fut nommé à Neuvy (Chapeau). Ses assesseurs composaient l’administration municipale du canton, tandis que ceux du Maire ou Officiers municipaux constituaient le Conseil général de la commune.

1790, 31 janvier : Les Officiers municipaux de Cosne avisent leurs collègues de Neuvy que le département du Nivernais à pour chef lieu Nevers et est divisé en neuf districts.

Par la suite, Neuvy et les quatre communes de son canton (Annay, Arquian, Argenou et La Celle) ainsi qu’une partie du canton de St Amand, passe de l’ Orléanais à la Nièvre. Peu après, le 3 Octobre, Argenou cherche à se séparer de Neuvy pour se réunir au canton de St Amand, qui a déjà sept paroisses, d’où la protestation de la municipalité de Neuvy.

1790, 1er février : dans la grande salle du château, soixante-douze citoyens sont réunis en assemblée pour procéder à la nomination de la nouvelle municipalité. Les élus décident qu’en attendant que la commune soit pourvue d’une maison de ville, elle continuera à se réunir dans le cabinet du notaire-maire.

1790, 11 mars : Les privilèges ayant été abolis en 1789 (en partie puisqu’en 1790, les champarts étaient encore dus sur la récolte de l’année), les privilégiés durent subir un supplément d’impositions :

« Province de l’ Orléanais – Communauté de Neuvy sur Loire

Rôle de supplément sur les cy-devant privilégiés, pour les six derniers mois de 1789 :

MM Thomas Barbot, curé, paiera………………….….. 4 livres 19 sols 0 deniers

Mme Vve Laurent Pasteau, Maitre de poste………..13 livres 10 sols 6 deniers

Mr le Vicomte d’ Hautefort…………………………….22 livres 11 sols 4 deniers

Edme Simon, Montargis……………………………….… 4 livres 18 sols 4 deniers

A.-J. Terrier de la Chaise……………………………… 4 livres 18 sols 4 deniers

J.-A Terrier de la Jollève….. …………………… …… 4 livres 18 sols 4 deniers

Dom J.-G Bourdier, prieur à Bonny……...…………. 4 livres 18 sols 4 deniers

Les enfants Poterat, de Thou……………………………2 livres 9 sols 2 deniers

Le Commandeur de Villemoison……………………....2 livres 9 sols 2 deniers

    • Nota : Sous l'Ancien Régime, le champart est un impôt seigneurial, prélevé en nature, proportionnel à la récolte, oscillant entre 1/10 à 1/16. Il est prélevé après la dîme due au clergé. C'est un prélèvement en nature effectué par le seigneur sur les terres roturières lorsqu'elles sont en culture, le plus souvent sur les céréales (plus faciles à conserver), en moyenne une gerbe sur huit. Le bénéficiaire devait venir le « quérir » (chercher). On ne pouvait réclamer les arriérés non perçus.

1790, 15 juin : Décret établissant la création du département de la Nièvre, daté à Nevers et recevant l’exécution le 1er juillet suivant.

1791, 21 Janvier : Réquisitoire du Procureur de la commune contre le Sieur Allée, secrétaire de la Mairie, qui est en même temps : barbier, marchand, préposé à la distribution des lettres arrivées et à la confection des lettres au départ ainsi que maître d’école concurrent de celle de la municipalité.

1791, 31 Janvier : M. Barbot curé, écrit à la municipalité pour les informer que : « pour calmer les esprits inquiets, je vous annonce que je me présenterai à l’église, le 2 février, pour réitérer, en présence du corps municipal, le serment civique de fonctionnaire ».

1792 : Sur le réquisitoire de M. le Procureur de la commune, la somme de mille livres accordée au canton de Neuvy est ainsi répartie entre les cinq paroisses qui dépendent de ce canton : Neuvy : 300 livres ; Annay : 200 ; Arquian : 200 ; Argenou : 150 et la Celle : 150.

1792, 6 mars : Election des officiers, sous-officiers et caporaux en présence du Maire, des Officiers municipaux et du Procureur de la commune.

Ont été élus :

    • Joseph Souplet et Louis Vée, comme capitaines.

    • Laurent Pasteau et François Mouton, comme lieutenants.

    • Simon Boucher, Adrien Renard, Nicolas Guillemeau et Augustin Supliciau, comme sous-lieutenants.

1792 17 juin : Arrêté du Maire fixant le prix mensuel à percevoir par le maître d’école pour l’instruction des enfants :

      • ­­Enfants dans la croix de Jésus : 8 sols

      • Dans le petit psautier : 10 sols

      • Dans le latin et le français : 15 sols

      • Qui commence à écrire : 20 sols

      • Qui écrivent en commun, lisent en contrat et entrent dans l’arithmétique : 25 sols

Signé : Le maire M. Vallet et François Pasteau, procureur de la commune.

1792, 6 septembre : Taxe du pain : Pain jonnet (molé), poids ordinaire:3 sols,3 deniers

Pain bis : 3 sols moins un liard.

1792, 7 septembre : Un procès-verbal de ce jour-là, dit :

« L’an Ier de la République… » Ce qui démontre que les rédactions n’étaient pas effectuées au jour le jour, la République n’ayant été proclamée que quinze jours plus tard.

1792, 30 septembre : « Les fonctionnaires ci-après : Barbot curé ; Chapeau, juge de paix et Lherbé, greffier ; sont invités par le Maire à prêter le nouveau serment : « d’être fidèle à la Nation et de maintenir de tout leur pouvoir la Liberté et l’Egalité et de mourir en les défendant ».

1793, 12 février : Arrêté du Maire : Taxe du pain : Pain bis : 2 sols 9 deniers la livre, le tout (molé, jonnet et bis), poids de 16 onces cuit ».

1793, 3 mars : Un arrêté du département ordonne à tous les curés élus à des fonctions municipales de se démettre. Le Conseil Général de la commune de Neuvy délibère que : « le citoyen curé, Thomas Barbot, continuera provisoirement les fonctions de Procureur et d’Officier public, attendu qu’il y a dans ce district, et même dans la ville de Cosne, des curés qui occupent des places de Maires et qu’ils n’ont pas reçu une pareille signification, il cessera lorsque ledit arrêté sera généralement exécuté dans tout le département ».

1793, 14 avril : Par ordre de la Convention, il est procédé à l’élection de douze citoyens pour composer un Comité de Surveillance, dit : « des Douze », qui sera pris tant dans le corps municipal du canton que dans le Conseil général de la commune, composé de cinq membres.

    • Sont élus : François Pasteau, François Chapeau, V.-E.-J. Gourdet, Claude Criès, René Supliciau, Jacques Lusigny, François Ravet, Pierre Doudeau et Damien Bijon.

« Ils seront tenus de surveiller et dénoncer les personnes suspectes au Comité de Sûreté général qui va être cy-après élu : Lefebvre, maire, élu de droit, V. Gourdet, notaire, L.-L. Marchin, Jean Vée, Pierre Supliciau. »

    • Nota : Le Comité des Douze était en quelque sorte un comité au premier degré et celui des Cinq le Comité supérieur (Commissaires). Ces derniers provenaient : deux de l’Administration cantonale (Marchin et Gourdet) ; et les trois autres, de l’Administration communale.

1793, 28 avril : Formule de serment solennel à prêter par les citoyens :

« Jurer de maintenir l’unité et l’indivisibilité de la République. Jurer la mort des tirans et l’exécution des despotes quelconques sous quelque dénomination que ce puisse être, de Protecteur, de Régent, de Dictateur, de Triumvir. Jurer d’exterminer quiconque proposerait directement ou indirectement de rétablir la Royauté en France et de dénoncer dans leurs sections respectives ou communes, ceux qui parleraient en faveur de la Monarchie et voudraient avilir ou anéantir la représentation nationale ».

Un registre a été ouvert à l’effet d’y inscrire les noms des citoyens se présentant pour prêter ce serment.

1793, 16 mai : Procès-verbal : Le 16 Mai est comparu le citoyen Denis-Victor Moreau, marchand de fer, demeurant à Paris, rue Saint-Antoine, section des Fédérés, propriétaire actuel de tous les biens et héritages qui cy-devant appartenoient au citoyen Abraham-Frédéric d’ Hautefort. Il a remis aux autorités cinq actes de foy et hommages rendus par le cy-devant seigneurs de Neuvy au cy-devant duché de Nevers et baronnie de Saint-Verain, y compris une foy et aumage rendu par le cy-devant seigneur de la Boulaivrie, à l’un des cy-devant seigneurs de Neuvy, plus un grand placard de parchemin portant l’énonciation des armes et armoiries de Claude de Rochechouard, veuve de Jean Duchesnay, cy-devant seigneur de Neuvy ; un dossier de trois quittances de droit de confirmation ou droit de pêche dans la rivière de Loire et enfin une grosse en parchemin du cy-devant Conseil d’ État qui permettait à un cy-devant seigneur de Neuvy de rétablir un pont sur la rivière de Vrille et de lever un péage, en date du 4 may 1661.

1793, 31 mai : Gelée qui a fortement endommagé les blés et les vignes.

1793, 20 juillet : Le citoyen Victor Moreau, qui s’était rendu acquéreur des biens nationaux provenant de l’ancienne seigneurerie de Neuvy (l’acte de vente est du 3 mai 1793), déclare que son intention est de fixer sa demeure à Neuvy, avec sa femme, sa fille et un domestique. La Municipalité l’accueille avec satisfaction. Il convient de dire que le citoyen Moreau, par d’intelligentes et gracieuses libéralités, avait su s’attirer la sympathie de tous les habitants. C’est d’abord, lors d’une quête, il offre 3 000 livres à titre de prêt gratuit ; plus tard, il accepte de la commune, pour 1 000 livres, une horloge provenant de la cy-devant abbaye des Roches, et s’engage à l’installer dans la grande tour du château, de telle manière qu’elle puisse être utile au public ; ensuite, il fait don à la commune de 2 000 livres restant du prêt ; puis il consent à faire construite un mur se raccordant aux parapets du grand pont et fait un don à la commune de quatre boisselées de terre situées au lieu appelé « La Perrière » et « Côtes du Coteau », formant une carrière ; enfin il fait quatre dotations de chacune 1 000 livres à deux jeunes filles pauvres de Neuvy et à deux de la Celle, et fait des distributions de grains et de bois aux indigents.

1793, 22 septembre (1er Vendémiaire, an II) : Le curé Barbot, qui avait été maintenu Officier public pour l’inscription des actes de l’état-civil, cesse ses fonctions. Il faisait suivre sa signature des titres : Off. p. c. (Officier public, curé).

1793, 26 septembre : On célébrait encore la messe paroissiale ; les annonces étaient faites au prône par le citoyen curé.

1793, 22 octobre : Le curé Barbot, Procureur de la commune, dit qu’il a fait mettre à exécution l’arrêté du département concernant l’enlèvement de tous les signes particuliers désignatifs d’un culte particulier.

1793, 3 novembre (13 Brumaire, an II) : Le Conseil général de la commune étant réuni, lecture lui est faite d’un réquisitoire du district « ….. De mettre bas tous les signes qui peuvent tenir au fanatisme et à la féodalité. De porter au district tout l’or, l’argent monnoyé et toute espèce d’argenterie, sous peine d’être déclaré suspect, conformément à la proclamation du citoyen Fouché » (qui devint plus tard, duc d’Otrante.)

Après délibération, le Conseil : « a requis le citoyen Pierre Paquignon, couvreur, de se mettre à même à abattre le cloché de cette église et l’a autorisé à se faire aider par telle ouvrier qu’il jugera à propos. Et en ce qui concerne les tours et collombiers qui se trouvent en cette commune, a arrêté qu’il va prendre les mesures convenables pour que l’arrêté du citoyen Fouché fut exécuté dans tout son contenu ».

1793, 28 novembre (8 Frimaire, an II) : Le Président de la Société populaire est invité, ainsi que ses sociétaires, « à assister au brûlement de tous les titres et renseignements qui établissaient les cy-devant droits sensuel et féodaux que l’objet de la tirannie avoit établis dans des termes dont le joug vient d’être heureusement secoué… »

Auparavant, ces titres lui avaient été communiqués pour être examinés et pour s’assurer de leur présence intégrale.

    • Nota : Ils ont été brûlés le samedi 10 Frimaire an II (30 novembre).

1793, 6 décembre (16 Frimaire, an II) : extrait du procès-verbal des Commissaires du Comité de Surveillance, comme suite à l’arrêté du citoyen Fouché, Représentant du Peuple, concernant la taxe révolutionnaire à imposer sur les riches, en proportion de leur incivisme et de leur moralité, pour subvenir aux besoins des indigents :

      • L’assemblée a reçu du citoyen Gourdet, notaire et notable, qu’elle reconnaît pour un vrai républicain : 50 Livres.

      • Bardot, curé, soupçonné de n’être pas à la hauteur de la Révolution : 200 L.

      • V.-E.-J. Gourdet, aisé, pas d’enfant : 200 L.

      • Louis Mallet, connu pour être aisé : 200 L.

      • Elienne Pinon, connu pour être aisé. Pas d’enfants : 50 L.

      • François Jacques, aisé, n’ayant que deux enfant : 50 L.

      • Jacques Lusigny, aisé, n’ayant qu’un enfant : 50 L.

      • Louis Victor Moreau, propriétaire, connu pour riche, non taxé, son domicile et son commerce étant à Paris.

1793, 13 décembre (23 Frimaire, an II) : La commune d’ Argenou a été dissoute et répartie entre les communes voisines (Arquian, Saint-Amand et Bitry), par ordre du citoyen Fouché. Par la suite, le canton de Neuvy ne se comporte plus que de quatre communes (Neuvy, Annay, Arquian et La Celle).

1794, 26 janvier (7 Pluviôse, an II) : Délibération au sujet du dessèchement de l’étang : le Conseil général de la commune est d’avis de le laisser en nature d’eau.

1794, janvier : La Municipalité décide de prendre provisoirement possession de la ci-devant cure, parce que les citoyens de cette commune ont toujours coopéré à l’entretien de ce bâtiment en sols additionnels sur leurs impôts, pour servir de maison d’arrêt, de grenier d’abondance et y loger les deux corps constituée (Justice de paix et Mairie). A cette occasion, il avait été décidé de planter dans la cour l’arbre de Fraternité et que le Comité de Surveillance, ainsi que la Société populaire seraient invités à y assister.

1796, 23 avril (3 Floréal, an IV) : Il semble que les districts ont momentanément disparu, ou tout au moins celui de Cosne. En effet, les Administrateurs du département écrivent à l’administration municipale de Neuvy : « Les Administrations municipales connaîtront dans leur ressort des objets précédemment attribués aux districts et aux municipalités, par conséquent,vous êtes chargés de surveiller la confection des rôles ».

Autre note du département : « … la municipalité de Cosne, qui doit avoir dans ses archives copie dudit arrêté, comme ayant remplacé l’Administration du district (29 juin). D’autre part, on trouve nombre de notes émanant du Jury d’instruction, pour la correctionnelle des districts de La Charité et de Cosne, dont le siège est à La Charité.

1796, 27 mai (6 Prairial, an IV) : réponse aux habitants d’ Argenou qui ont pétitionné afin que leur village soit rétabli en commune et fasse partie du canton de Neuvy.

1797 : Emprunt forcé de l’an IV. Montant des cotes :

    • Claude-Gabriel Lefebvre : 800 livres.

    • François Jacq père, marinier : 700 livres.

    • François Pasteau, propriétaire : 400 livres.

    • Jacques Manacque, marinier : 200 livres.

    • Claude Supliciau père, propriétaire : 200 livres.

    • Claude Hyzambert, meunier : 100 livres.

    • Louis Zamard, patachier : 50 livres.

    • Claude Supliciau fils, marinier : 50 livres.

1797, 27 mars (1er Germinal, an VI) : Les assemblées populaires du canton de Neuvy ont lieu dans l’église. Les citoyens des communes de Neuvy, Annay, Arquian, Argenou et La Celle, composant le canton de Neuvy, y sont réunis pour procéder à des élections.

1797, 16 octobre (25 Vendémiaire, an VI) : répartition des impôts à Neuvy :

        • En principal : 7223 livres 2 sols 8 deniers

        • Sols additionnels : 1083 livres 9 sols 3 deniers

        • Totaux : 8306 livres 11 sols 11 deniers

1799 : Valet, révoqué des fonctions de Commissaire, est remplacé par Chapeau qui démissionne ; ce dernier est remplacé par Vialay qui est à son tour révoqué et remplacé par Vallet, lequel prête serment en ces termes : « Je jure haine à la Royauté, à l’anarchie ; attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l’an III. »

1799, 1er décembre (10 Frimaire, an VIII) : A la suite du 18 Brumaire, les fonctionnaires prêtent de nouveau serment : « Je jure d’être fidèle à la République, une et indivisible, fondée sur l’ Égalité, la Liberté et le système représentatif. »

1800, 31 janvier (11 Pluviôse, an VIII) : Arrêté du département interdisant absolument l’usage des cloches, même pour l’annonce des décades, fêtes décadaires et républicaines.

1800, 10 février (21 Pluviôse, an VIII) : Mise en adjudication de la levée des impôts fonciers et mobiliers (il n’y avait plus de Procureur fiscaux et pas encore de Percepteurs).

    • Pour Neuvy : 8 001 f 80

    • Pour Arquian : 6 325 f 50

    • Pour Annay : 4 674 f 55

    • Pour Argenou : 4 077 f 50

    • Pour La Celle : 3 674 f 40

      • Soit 26 753 f 80 pour le Canton

C’est la première fois qu’il est question de francs et de centimes.

1800, 21 mai (1er Prairial, an VIII) : c’est la date du dernier arrêté de l’Administration municipale du canton de Neuvy, qui parait avoir disparu le 27 Mai (7 Prairial), en même temps que l’Administration du district, remplacée par un Sous-préfet, le citoyen Courroux-Després. C’est la fin et la dislocation du canton de Neuvy, qui a été réparti entre les deux cantons de Cosne et de Saint-Amand, eux même remaniés. Le 27 août, le Préfet écrivait au maire de Neuvy : « … votre ci-devant canton… ». Enfin, le 5 septembre, le Sous-Préfet envoie au Maire la liste des citoyens devant composer le Conseil municipal de la commune de Neuvy.

1803, 9 février (20 Pluviôse, an XI) : Rétablissement officiel du culte catholique à Neuvy. Le Préfet écrit au Maire : « J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen, que le citoyen Bardot, nommé à la Succursale de Neuvy, après avoir prêté, par devant le Sous-Préfet de Cosne, le serment prescrit par la Loi et avoir reçu son Institution canonique, se rend dans votre commune pour y prendre possession. Vous voudrez bien mettre l’ Église à sa disposition et lui assurer toute la protection que le Gouvernement veut qui soit accordée aux ministres du culte catholique avoués par lui ».

1805, 25 janvier (5 pluviôse an XIII) : L’ Empire vient d’être proclamé. Néanmoins on voit partout : « République Française. Napoléon, Empereur ».

Le curé Barbot écrit : « Par ordre des vicaires généraux du diocèse d’ Autun, invite les autorités à assister en corps au « Te deum » d’action de grâces qui sera chanté le dimanche 21 janvier 1805, immédiatement après les Vespres ».

    • Nota : A partir de 1801 et jusqu’à l’établissement d’un évêché à Nevers en 1824, la Nièvre faisait partie de l’ Archidiocèse d’ Autun.

1812 : M. Victor Moreau, acquéreur des biens seigneuriaux de Neuvy et La Celle, est désigné comme maire du 9ème arrondissement de Paris.

1813 : Une enquête est faite sur les biens communaux, dont plusieurs ont été accaparé par des voisins. Dans les dépositions, il est à plusieurs reprises parlé de MM. de Gardefort. Il n’existait pas de famille portant ce nom ; mais c’est ainsi que l’on désignait les propriétaires du domaine de Gardefort.

1815 : On trouve dans les archives de la mairie de Neuvy de nombreuses réquisitions pour la nourriture des troupes alliées. Elles sont signées : Louis Vée, maire ou Bouchard instituteur.

1815, 3 avril : Un membre du Conseil municipal fait remarqué que depuis dix-huit mois cette commune est privée de prêtre (Le Curé Barbot mort en 1813 n’avait pas encore été remplace). Le Maire répond qu’il a fait plusieurs démarches pour obtenir un curé ; que M. Lemaignen, ex-curé du diocèse de Poitiers, a été autorisé provisoirement par l’évêché à exercer son ministère. Mais ce prêtre exige un supplément de traitement de 500 francs et la réparation du presbytère. Accordé à l’unanimité.

1816 : Nous voici sous la terreur blanche. Le Procureur du Roi demande au Maire des renseignements sur Adrien Renard, qui lui a été signalé comme un homme dangereux sous tous les rapports (ancien officier municipal sous la Convention). D’autre part, M. d’Alphonse est interné à Neuvy. Il doit chaque jour se présenter à la Mairie, à l’heure qui lui est indiquée.

Il y eut à Neuvy, comme dans toute la France, de vives discussions entre Bonapartistes et Royalistes. Celle qui éclata entre M. Adrien Pétry, capitaine retraité et chevalier de la Légion d’honneur, et Jacques Desfossés, pontonnier, causa un grand émoi dans le pays.

1820 : Transaction entre la commune de Neuvy et M. de Couëssin, devenu propriétaire de la Terre de Neuvy et ses dépendances. En échange de la rectification de plusieurs chemins avoisinant le Champ-Naudat, il fait construire sur une petite rivière (le bief), entre le moulin de la terre de Neuvy et la route de Paris, un lavoir de douze mètres, couvert en tuiles.

1821, 17 juillet : Les limites de la commune de Neuvy, à l’Ouest, sont fixées au milieu du nouveau lit de la Loire.

1830 : Le Conseil municipal vote une subvention de 3000 fr pour l’établissement d’une nouvelle route départementale de Neuvy à Clamecy.

1839-1840 : L’école communale comprenait 36 garçons, donc 5 gratuits, et 13 filles, dont 3 gratuites.

1842 : Installation de la Mairie et de l’école dans la maison située entre le bief du moulin et l’entrée de la cour de l’ Écu, faisant place à la rue allant au Coudray.

1846, 19-20 octobre : La Loire déborde et monte à 5m43 au-dessus de l’étiage. Il y avait deux mètres d’eau sur le quai. Cette crue était supérieure de un mètre à celle de 1790 et de deux centimètres à celle de 1707. Rien que pour Neuvy, les pertes ont été évaluées à 74.837 fr. le prix du blé s’est élevé à 28 et 29 fr l’hectolitre. Longtemps après, les anciens parlaient de la famine de 1846 occasionnée par l’abondance des pluies.

1848, Le 20 mars : M. Charles Languinier, instituteur, démissionne ; il n’est remplacé que le 26 avril de l’année suivante par M. François Château, maître d’études au collège de Cosne. Ce dernier a fait le reste de sa carrière à Neuvy, où il était estimé de tous les habitants et vénéré de tous ses élèves. Il a pris sa retraite en 1880 et s’est retiré à Courson, son pays natal.

1850 : Installation des Sœurs de la Charité de Nevers comme institutrices communales, par 8 voix contre 4. Le curé Vilain avait installé ces religieuses, en 1847, dans une maison que la commune acheta, en 1854, pour la somme de 8 000 fr.

Source principale : Histoire de Neuvy-sur-Loire publié en 1917, Mr J-M Frapat