1959 - par Paul Fougerat

Histoire de NEUVY sur LOIRE

Par Paul Fougerat.

Le XIXe siècle a été un siècle de production. Jusqu’aux premières années de ce siècle, il ne parait pas y avoir eu d’activités autres que celle des artisans locaux dans un pays rural ; ce n’est que dans la seconde moitié que ce pays connaitra un développement semi-industriel.

Ces artisans et spécialités étaient :

    • Les tonneliers et fabricants de merrains qui écoulaient leurs produits par voie fluviale jusqu’aux pays de vignoble.

    • La poterie qui, de bleu ciel qu’elle était au XVIe, passe au gris bleu, gris clair, marron clair pour arriver au marron foncé tels que les ustensiles de cette couleur ayant appartenu à nos grand-mères.

    • Le tisserand, dont un métier a dû être démoli scié et brulé il y a quelques années seulement.

    • La marqueterie : certains petits guéridons que l’on trouve dans les ventes de vieilles maisons de Neuvy ont été faits par Mr Desenne.

    • Les carreaux de faïence Dumoutier paraissent avoir été fabriqués vers 1850, pendant peu de temps d’ailleurs, sur la route de Saint-Verain (ancienne maison Lemonier). Ils sont de coloris bien choisis, doux et agréables, et de dessins variés. Ils ornaient les cuisines des habitations un peu aisées du pays. Jusqu’en 1925, il n’était pas rare d’en trouver en place, voisinant souvent avec ceux de la faïencerie de Gien. Il en existe encore qui trainent dans certaines cours.

Comme industries :

    • Il y eut une fabrique de produits chimiques par distillation du bois en vase clos et des produits dérivés : charbon de bois épuré, acide pyroligneux, acide acétique, acétate de chaux.

Cet établissement, fondé en 1856, a obtenu à Londres en 1862, une mention très honorable et deux médailles d’argent aux expositions de Nantes en 1861 et Nevers en 1862. Il participa à l’Exposition Universelle de Paris en 1867. La raison sociale était : « Société Lutton, Lolliot et Cie » devenue « Fabriques de produits chimiques et d’ocres de Bourgogne et de Neuvy » exploitée par Madame Veuve Girard…

    • La seconde activité de Neuvy était la marine.

Jusqu’à l’apparition du chemin de fer, vers 1860, la marine de Loire était le moyen de transport essentiellement utilisé pour l’écoulement des marchandises fabriquées sur place et l’approvisionnement en matériaux de toutes sortes des grandes villes tels que Paris. A Neuvy, la principale marchandise embarquée était la poterie, fine ou grossière, vendue tout le long du fleuve, jusqu’à Nantes. Cette poterie venait surtout de la Puisaye, c'est-à-dire le long de la vallée de la Vrille. 33 usines déversaient leurs productions à Neuvy. C’était un trafic considérable ; 1/6 de la population, soit 300 personnes y étaient employées. C’est au moment de l’apogée de la marine, que la population de la commune fut la plus dense (1670 habitants en 1856, 1900 en 1861 puis 1610 en 1886).

    • La troisième activité de Neuvy fut la poterie.

Si la poterie embarquée était surtout fabriquée ailleurs, il y eut cependant dans votre pays, deux fabriques marquantes. L’une, de poterie courante, résulta d’une brouille entre un potier de Saint Amand et un marinier négociant et grossiste ; ce fut celle de Mr J.L.Vée d’Ange, devant dater de 1820. Elle dura peu de temps car le four qui subsiste au Port est dans un état voisin du neuf. De jolies pièces furent fabriquées, dont un vinaigrier, daté et signé qui subsiste.

Une autre poterie exista probablement avant celle que fonda, vers 1860, Mr Vivien Auditot, au confluent de la Loire et de la Vrille ; cet atelier fabriqua de la poterie fine appelée « majolique ». On retrouve, dans tous les vieux foyers de Neuvy, des pots à tabac, cache pots, vases, petits sabots, cornes d’abondance, plats à asperges…

Cette poterie de pacotille se vendait très bien, à telle enseigne qu’on en retrouve encore de nombreux exemplaires le long du fleuve, dans les musées ou chez des antiquaires ou brocanteurs.

Après la fin de la marine, à l’emplacement de cette poterie, reprise par la famille Corneau, on fit des ustensiles communs en grès, analogues à ceux de Myennes. Cette usine devint plus tard une usine de caoutchouc.

A savoir :

Avant la guerre de 1914, il y eut à Neuvy, trois usines de caoutchouc, employant environ 150 ouvriers au total. Après cette première guerre, seule l’usine Fougerat subsistât jusqu’en 1980…