Les Crues de la Loire

La Loire est un fleuve capricieux et a toujours connu des crues et ses riverains ont toujours voulu s’en défendre.

Dès le moyen-age, l’homme à voulu trouver des solutions de protections contre le débordement du fleuve.

Au 15ème siècle, Louis XI mise sur l’entretien des Turcies (digues) et l’endiguement avec l’élévation des levées systématiquement sur le long du lit mineur.

La construction de la levée Saint-Antoine à Nevers en 1606 se fait afin de limiter les inondations des terres agricoles.

En 1767, le gouvernement royal engage une reconstruction des ponts afin de laisser passer les crue de niveau supérieur a 5.5 mètres. Ainsi que le rehaussement des levées et allongement des ports jusqu’en Anjoux. Sur un total de 700 km de travaux.

Trudaine, intendant des finances en 1744 est charger de faire dresser des cartes des routes royales de France en faisant figurer les levées, ponts, moulins, fermes, granges, hameaux, etc.

Entre 1745 et 1780 il fera établir ces plans qui constitueront « l’atlas de Trudaine » Beaucoup plus précis que la carte de Cassini, il présente la caractéristique de contenir non seulement les routes existantes, mais tous les projets routiers de l'époque.

Pendant longtemps les gens se sont accommodés de crues qui, bien que parfois impressionnantes, n'ont finalement jamais causé de catastrophes générales. Les maisons étaient juchées sur des buttes, et les inconvénients des crues étaient largement compensés par la fertilité sans effort que le limon déposé confère aux terres inondées périodiquement.

Cependant, dès le Moyen-Âge des turcies (digues) discontinues sont construites pour protéger les lieux les plus exposés à l'aide de pieux, de fascines, de clayonnages, de remblais et de plantations d'arbres. On en voit dès le XII e siècle, étendues par Louis XI à l’Orléanais et à la Touraine.

C'est au XV e siècle que l'on voit les premiers efforts pour établir un ensemble cohérent de digues insubmersibles. Les citadins, qui à cette époque ont pris du poids politiquement et se font mieux entendre ; et les commerçants, des gens de bourg et de ville également, qui sont eux soucieux de développer leur commerce ; tous demandent l'aménagement du fleuve et de ses affluents principaux – les uns pour des raisons de sécurité, les autres pour la rentabilité. Les agents du roi mettent donc en place des digues de terre, de glaise ou même de sable. Mais le remède est pire que le mal : canalisée dans son lit mineur, la Loire y accumule l'eau des crues et fait d'autant plus de dégâts quand les digues se rompent sous la pression accrue.

En 1690 une inondation ravage les bas quartiers de Nantes ; usant de bon sens, les pêcheries sont supprimées qui, établies sous le pont de Pirmil, obstruaient l'écoulement des eaux. Mais cette réflexion de circonstance n'est plus dominante, et tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles les dévastations dues aux crues amplifient à mesure que l'administration rajoute des digues ou renforce celles existantes. Des déversoirs sont établis, qui prennent en charge le surplus d'eau lors des crues ; c'est d'ailleurs le rôle de la large vallée de la Loire elle-même à l'état naturel. Cependant ces déversoirs lèsent et mécontentent les paysans riverains ; ils sont donc négligés.

Fin XVIII e siècle les Ponts et Chaussées réussissent à établir un équilibre précaire dans les intérêts conflictuels mis en jeu. Cet équilibre va être rompu lorsque l'on approfondit un chenal de navigation. Surviennent alors les dramatiques inondations de 1846, 1856 et 1866. Leur bilan est suffisamment lourd pour que prévale enfin la stratégie plus souple des Ponts et Chaussées. Sous l'impulsion de l'ingénieur Comoy, les réservoirs sont rétablis, les digues existantes sont consolidées sans être rehaussées, une carte de la Loire est dressée au 20 000e, et une surveillance stricte des niveaux des eaux et de la vitesse de propagation des crues est mise en place.

Le droit de boëtte levé par la « Communauté des marchands fréquentants la rivière de Loire et fleuves descendant en ycelle », sert en premier lieu au nettoyage et au balisage printanier (en début de saison de navigation) du lit mineur de la Loire, et à l'entretien de tous les éléments servant à la navigation. Ce qui comprend aussi les hausserées (chemins de halage) et inclut les affluents navigables.

Le balisage se fait avec des perches ou gaules de saules que l'on plante de chaque côté du jard ; à droite en baissant (côté galerne, en direction de l'aval), les perches gardent une touffe de feuilles ; aux perches plantées à gauche, les baliseurs cassent l'extrémité supérieure en laissant pendre le bout cassé à angle aigu.

En plus des tâches courantes de nettoyage sur toutes rivières (fauchages d'herbes aquatiques, dégagements de troncs d'arbres et autres), il s'agit aussi de retirer tous les bâtons de marine perdus par les mariniers, les pieux perdus des filets de pêcheurs, et généralement tout ce qui entrave la circulation des bateaux – ce qui ne va pas toujours sans opposition de la part des riverains et surtout des seigneurs locaux.