1920 : Agenda de Ludovic Bedu

1920 : Agenda de Ludovic Bedu

1 Janvier : Mme Félicie Billiard ma sœur et son fils Léonce sont venus me souhaiter la bonne année suivant l’usage. Pierre Boucher et Marguerite sa femme sont venus également en fin de journée.

2 Janvier : Reçu ce matin les vœux de Roger mon fils, la famille Vivien de Digoin, Louis Boucher et sa famille de Rouen, de Louis à Angers et Emilie à Lyon. J’ai répondu par une petite carte à chacun.

3 Janvier : Roger m’envoi de Lyon des renseignements sur son travail au buffet de la gare de la Perrache à Lyon : Il est payé 250 fr par mois, nourri (très bien) logé avec indemnité pour la vie chère.

4 Janvier : Roger Poisson envoyé un petit colis contenant cet agenda pour moi, plus un manteau imperméable pour sa mère Rosalie.

5 Janvier : J’ai vendu à Mme Henri Lechien ma chambre à coucher en palissandre ciré comprenant 1lit, son sommier, matelas, chiffonnier, table de nuit, commode avec dessus en marbre gris bleu, 2 fauteuils et 4 chaises ; le tout pour 1500 fr qu’elle m’a remis ce jour.

9 Janvier : Remboursements: Mme Pierre Boucher : je lui ai fait porter par Rosalie les 20 fr que je lui devais depuis le 29 mai 1917. A. M. Eugène Corneau je lui ai payé les 30 fr qu’il m’avait avancés le 24 juillet 1916. A. M. Canot j’ai remboursé les 20 fr qu’il m’avait prêtés le 2 juillet 1916. M. Guerbois je lui ai envoyé les 20 fr qu’il m’avait prêtés le 5 janvier 1914. Cela fait du bien de pouvoir se mettre en ordre !

15 Janvier : Louis me donne des nouvelles des siens : Le petit Dovic se porte bien et il devient très mignon.

18 Janvier : Paul Deschanel a été élu par le congrès Président de la République ? Que nous subissons depuis 1871 !

19 Janvier : Millerand est chargé de constituer un ministère !

20 Janvier : Le docteur Louis Boucher est venu avec son frère Pierre et m’ont apporté une boite de dragées du baptême du jeune François Guillard-Fougerat dont ma nièce Marguerite Boucher-Fougerat est la marraine et la tante de l’enfant.

21 Janvier : Roger me donne des nouvelles de son travail et sur le déménagement de sa sœur.

22 Janvier : J’ai écrit à M. E. Boursin pour Pierre Rondeau (affaire du bac). Rondeau consent à assurer le service, à condition de ne payer ni redevance, ni patente, ce qui lui avait été accordé par M ; le Conducteur Girardot en 1918. Ce M ; Girardot est mort depuis juillet 1919.

24 janvier : Roger m’écrit qu’il s’est fait soigner par un médecin électrothérapeute ; Traitement par le Stannoxyl (oxyde d’étain et étain). Il espère un bon résultat sur les staphylocoques de la mentagre.

25 Janvier : M. Beauvois et sa femme sont venus me faire des remerciements pour avoir contribué à leur faire obtenir l’allocation militaire à la quelle ils avaient droit absolu. Les pauvres gens m’ont fait présent d’un litre d’eau de vie de marc.

26 Janvier : J’ai règle à M. Victor Bouvet (chef de gare) le solde de 65 fr que je lui devais depuis 3 ans. J’ai réglé aussi à M. Merlot la dernière poche de charbon livrée le 2 septembre 1919.

27 Janvier : Louis Cornu est venu me scier de la moulée pendant plus d’une heure.

28 Janvier : Louis Dumont m’a apporté des renseignements sur son jeune frère Émile, disparu depuis le 27 juillet 1914. J’ai écrit à son régiment et à Mézilles pour avoir son acte de naissance

29 Janvier : Pour le bac pour Rondeau j’ai écrit 2 lettres : une au Préfet et l’autre au receveur de l’enregistrement.

1 Février : Cotisation pour un monument à élever à nos braves petits soldats morts à l’ennemi en 1914-1918: 5 fr.

2 Février : M. Louis Cornu me demande d’écrire à M. Goujat maire de Cosne pour faire activer les formalités de son divorce. J’ai vendu une vieille glace abimée par l’humidité à Mme Jeanne Guillard : 70 fr.

3 Février : J’ai écrit au docteur Louis Boucher pour le prier de penser à moi en inventoriant sa garde-robe.

4 Février : Le garde m’a apporté 3 paquets de tabac, ma part dans la distribution ; je lui ai payé : 3 fr.

5 Février : Rosalie à payé mon arriéré de pain depuis 1915 à Rolland-Reby : 18 fr 50.

8 Février : Réunion pour fonder une coopérative à Neuvy : Il y a parait il 350 adhérents ; les actions sont émises à 50 fr. Tout cela est encore à l’état de projet ???

9 Février : Louis Cornu est venu fendre quelques gros morceaux de moulée qu’hélas je ne puis plus soulever.

10 Février : J’ai acheté ce matin de la gomme américaine 1 fr. Cela ressemble à du cachou.

11 Février :Remboursements: J’ai payé à Auguste Jacques 40 fr sur le prix du bois qu’il m’a fourni avant guerre. J’ai payé à Émile Roy le cordonnier pour solde un ressemelage du 22 janvier 1914, une paire de galoches montantes du 11 mars 1917 soit au total 19 fr. Henri Sadier marchand de bois, je lui devais 206 fr de fourniture durant la guerre.

14 Février : Le Docteur Louis Boucher m’écrit qu’il pense venir habiter définitivement à Neuvy ; on ne peut, dit-il, se faire servir à Rouen.

15 Février : Louis me dit que ses blessures sont toujours douloureuses, surtout lorsqu’il y a des changements atmosphériques. Il n’y a rien à faire contre le temps.

18 Février : Quelques musiques au village ; probablement pour fêter l’installation de Paul Deschanel à l’Elysée. Joseph Rolland, classe 1870, est venu me voir. Le bon et brave garçon est atteint d’un asthme qui le fait souffrir depuis longtemps. Hélas je n’y puis rien.

19 Février : Rosalie est retournée ce matin, travailler à l’usine Fougerat. La grippe et les névralgies dentaires lui avaient fait cesser son travail depuis le 21 janvier.

23 Février : M. Digeon fils a eu un accident de voiture qui fort heureusement s’est réduit à de fortes contusions.

26 Février : J’écris à Bonnejoy pour lui demander si du 26 janvier au 26 février, ca fait une semaine assez longue !

28 Février : M. Corneau m’a dit qu’il me ferait établir une obligation ménagère de 50 fr par la coopérative de Neuvy.

29 Février : De par la grève des cheminots, les transports des lettres et colis ont à peu près cessé et l’on ne reçoit rien. Belle corporation ! Superbe C.G.T. Si le gouvernement n’a pas de poigne nous arriverons au régime des soviets et des bolcheviks.

1 Mars : Il parait que la grève des cheminots n’a pas pris l’extension qu’attendait la C.G .T. et que le conflit sera terminé sous peu.

2 Mars : La grève des cheminots est terminée.

4 Mars : Coopérative de Neuvy : J’ai souscrit pour une action de 50 fr (sans intérêt) me donnant droit d’acheter tout ce dont la société sera marchande.

8 Mars : Mariage de Mlle Georgette Corneau avec M. René Pinon. Beaucoup de monde parait il, je n’y suis pas allé.

9 Mars : Léonce Billiard mon neveu a fait danser les invités de la noce jusqu’à 5 h du matin au son d’un piano.

10 Mars : Pas de signe de vie de mes enfants : Roger depuis le 4 février ; Louis depuis le 24 et Emilie n’a pas le temps depuis un an !

14 Mars : M. Bouvet chef de gare, m’a apporté ce soir le colis postal envoyé de Rouen par le Docteur Boucher le 12 février !!! Merci les grèves…

18 Mars : Louis m’écrit qu’ils vont bien. Mais malgré les belles promesses de Bedier son patron, son salaire mensuel n’est pas augmenté et son 5% sur les bénéfices se réduit à peu de chose ???

19 Mars : Roger m’écrit enfin après 40 jours de silence. Il va bien mais se plaint du surmenage des temps derniers dans son travail.

20 Mars : Edmond Desenne est mort d’une pneumonie. Son fils Hubert m’avait écrit qu’il était grippé.

21 Mars : Bac : Adjugé en 1912 pour 5 ans à Auguste Rondeau, devait être adjugé de nouveau en 1919. Pierre Rondeau a payé 1913, 1914 et le 1er train 1915. Puis a été exonéré à charge d’assurer le service.

26 Mars : Roger m’écrit en m’annonçant la mort de mon ami Hubert de Larmandie. J’ai écrit à Louis pour lui envoyer ses papiers de l’Administration Militaire le prévenant qu’il est versé au 185eme Régiment d’Infanterie !

27 Mars : J’ai écrit à Bonnejoy en lui rappelant sa promesse de janvier ; il ne m’a pas envoyé un sou depuis le 5 septembre 1919.

3 Avril : Rosalie a touché sa semaine complète de 58 h de travail plus 3 fr pour la vie chère soit 48 fr 75.

11 Avril : Théâtre du Docteur Charpentier (répétition générale) . René Rondeau est venu me prier de me laisser emmener pour assister au théâtre. Je n’ai pas voulu pour plusieurs raisons : Je suis infirme et trop souffrant par ces temps atroces,et je n’ai pas de vêtements convenables pour me présenter en public…

12 Avril : Roger m’écrit qu’il va bien et qu’on lui fait espérer de l’avancement et de l’augmentation de salaire.

13 Avril : Roger Poisson, fils de Rosalie écrit qu’il est resté à Paris à l’Union Théâtrale des Grands Hôtels : Il place des billets pour les principaux théâtres (nourri plus 150 fr de fixe) plus tant par billet placé suivant le prix de la place.

16 Avril : J’ai reçu une quantité de paperasses pour l’emprunt que mes garons ont fait et que j’ai sottement garanti par hypothèque sur ma maison. Le créancier menace de saisie.

17 Avril : Louis me dit qu’il a gardé son appartement du 1er (5 pièces) et loue le bas 600 fr à des réfugiés de Reims.

20 Avril : J’ai reçu des papiers d’affaires que j’ai envoyés à M. Simon notaire à Treigny qui s’occupe de la maudite succession Vivien pour le compte de mes enfants.

27 Avril : Roger m’écrit une longue lettre et me donne quelques détails sur sa maladie, les divers traitements qu’il a suivis et les résultats plutôt nuls. Pauvre médecine ! Empirisme à perpétuité ! O Docteurs, que vaut votre science ?

1 Mai : Réunion de quelques syndiqués pénétrés de leur importance !!! Bal dans la journée salle du café Français !!! Pauvre espèce humaine !!!

7 Mai : J’ai donné 11 fr pour acheter du sucre avec tickets à 3 fr 20 le kg à la coopérative. J’ai pris 3 kg 500 pour 2 mois pour Rosalie et moi.

9 Mai : J’ai réglé à Madeleine Réglé femme de Louis Rondeau la façon d’un corsage et d’une jupe : 8 fr pour Rosalie que nous devions depuis début 1914.

10 Mai : Le jeune Lucien Pautrat est venu me voir, il termine son temps de soldat et m’a apporté un paquet de 100 gr de tabac cantine.

11 Mai : J’écris au Préfet pour envoyer l’avis de l’Enregistrement pour le Bac ; Pierre Rondeau se refuse à payer ou cesse le service de passeur.

19 Mai : Ms Bouvet et Bredy sont venus me voir mais le tabac manque également à Bonny et ils ne m’en ont pas apporté.

22 Mai : Rosalie touche à l’usine Fougerat, 0 fr 75 de l’heure, plus 4 fr 50 par semaine pour indemnité de vie chère. Elle travaille 9 h par jour et ses heures supplémentaires lui sont payées en plus à raison de 0, fr75.

22 Mai : Les enfants de mon feu ami Desenne sont venus de Paris pour emporter les quelques meubles et outils que mon pauvre et vieil ami m’avait donné en garde.

25 Mai : Les fils Desenne ont terminé d’emballer ce qu’ils désiraient emporter ; ils sont venus me dire adieu vers 2 h pour prendre l’express à Cosne pour arriver chez eux vers 9 h si les trains vont bien.

29 Mai : Louis a eu le grippe et la toux qui le fait souffrir doublement par ses blessures des cotes et du ventre. Cela se termine maintenant. Roger m’écrit qu’après 3 séances électriques dans la semaine, il a été pris de fièvre et est resté 6 jours à la chambre. Tout cela c’est le résultat de la guerre !

1 Juin : J’ai envoyé par l’intermédiaire de M. Bouvet, quelques rimes pour l’anniversaire de mon ami Jules Lafille. (1 Juin 1856).

2 Juin : M. Perret m’a gracieusement apporté 2 superbes artichauts. Et le garde m’a remis ma part de tabac dans la distribution soit 3 paquets que je lui ai payés.

3 Juin : Ms Guerbois et Papinaud son beau-frère sont venus me voir ; j’ai trouvé Papinaud bien vieilli et j’ai du lui faire le même effet.

4 Juin : Bac : Il y a eu tentative d’adjudication sur la mise à prix de 100 fr. Aucun client ne s’étant présenté, les autorités compétentes (M. Dalbret Conducteur des Ponts de St Satur) ont prié Pierre Rondeau de continuer à assurer le passage jusqu’en 1921 en le dégrèvant de toutes charges fiscales envers l’administration et en lui faisant remise des 2 trimestres de 1920. Soit 90 fr qui lui étaient réclamés par l’enregistrement.

7 Juin : Cette nuit il a gelé dans le val, beaucoup de petits pois sont grillés.

8 Juin : Couvée : Nous avons 9 petits poulets sur les 12 œufs mis sous la poule noire le 15 mai.

9 Juin : Eugène Gaudron a pris vers 4 h, après l’orage, 5 lamproies ; il n’en offert une gracieusement.

10 Juin : Le garde m’apporte 4 petits paquets de tabac (ma part) que j’ai payé4 fr.

24 Juin : Roger me dit qu’il va beaucoup mieux ; il a vu un des Inspecteurs des Wagons-lits qui lui fait espérer une fonction moins fatigante et plus rétribuée…

28 Juin : Léonce qui est en congé pour quelques jours, m’a apporté une douzaine d’écrevisses que la Tante Lili (ma sœur Félicie) avait accompagnée d’une sauce douce.

30 Juin : J’ai reçu hier une lettre faire-part de la mort de Mlle Hamot (20 ans), mariée à son cousin l’an dernier ; la jeune femme n’avait pas de santé et les parents ont été peu sages de les marier.

1 Juillet : Au marché ce matin il n’est venu que 5 berrichonnes avec peu de denrées : (beurre 6 fr 50 la livre) et j’ai payé 3 médiocres fromages à 3 fr.

6 Juillet : La Loire croit et l’eau de la Vrille est jaune. Il pleut tous les jours c’est normal !

7 Juillet : Mr et Mme Joseph-Simon Fougerat sont partis ce matin pour essayer de trouver une villa à St Honoré les Bains ; s’ils trouvent, leurs enfants iront les y rejoindre avec leurs bébés et la bonne pour la saison.

8 Juillet : J’ai envoyé deux cartes postales à Suzanne Vivien à Digoin pour avoir des nouvelles de sa famille.

10 Juillet : Ms Louis et Pierre Boucher accompagnés de leurs femmes sont allés hier soir porter un bouquet de fleurs à leur Tante Félicie à l’occasion de sa fête.

12 Juillet : Le Docteur Louis Boucher est venu me voir et m’a parlé des fêtes de Jeanne d’Arc à Rouen.

14 Juillet : La fête n’a pas été brillante, malgré la foule qui s’y est précipitée.

20 Juillet : Coopérative : J’ai reçu une convocation pour l’assemblée Générale des actionnaires ; je prierai M. Lucien Guillard, le gendre Fougerat, de me représenter.

21 Juillet : La famille Boucher m’a envoyé un panier de haricots verts. J’ai essayé les haricots, après une longue mastication, ils forment une étoupe qui pourrait servir à remplir des bourrelets !

23 Juillet : Roger m’écrit qu’il a cessé l’électrothérapie qui coutait très cher et ne donnait pas de résultats satisfaisants. Il est traité aujourd’hui par injections de sérum anti-staphylococcique.Il s’en trouve bien jusqu’ici.

30 Juillet : M. Bouvet est venu me donner des nouvelles de Pierre Ricard qui va un peu mieux.

1 Aout : Rosalie est reparti pour glaner ; ce soir elle rapporte 4 kg 500 d’épis de froment et un peu d’avoine.

3 Aout : La famille Fougerat est revenue de St Honoré les Bains avec ma petite nièce Marie-Louise Boucher (fille de Marguerite) dont la santé ne s’est pas améliorée.

8 Aout : J’ai écrit à cet escroc ( Bonnejoy) pour lui rappeler qu’il n’a pas envoyé un sous depuis le 5 septembre 1919 ni a mes fils ni a moi.

9 Aout : J’ai été voir ma sœur Félicie Billiard, elle m’a prié de secouer les pruniers de son jardin et j’en ai rapporté un joli panier (de reine-claude et monsieur). J’ai eu aussi de belles tomates.

15 Aout : Fête de St Laurent à Neuvy ; il y avait dit-on beaucoup de monde : vacances et beau temps.

16 Aout : La fête continue : Il n’y a pas (suivant le proverbe) de belle fête sans lendemain. Belle journée.

17 Aout : Marie-Louise la femme de Louis m’envoie de superbes photos de mon petit Dovic. Ils sont chez le cousin de Fos à Varennes sur Loire au château de la Motte pour un mois.

20 Aout : M. Canipel mécanicien, est venu pour la bicyclette de Roger Poisson (le fils de Rosalie). Il a remis une cuvette de pédalier, ainsi le propriétaire en fera ce bon lui semble. Payé pour la réparation : 11 fr.

21 Aout : M. L. Lefèvre est venu me voir pour l’accident très grave, arrivé à son fils Lucien de 18 ans, chez Pouvesle fermier aux Veaux à Annay.

22 Aout : Maurice de Fos me donne des nouvelles de mon ami Larmandie qui est toujours sous la surveillance d’un infirmier, son état mental ne s’améliore pas : Pauvre espèce humaine crée par Dieu ? à son image dit la bible !!!

24 Aout : Marie Louise Boucher (11 ans) depuis très longtemps souffrante, s’est éteinte ce soir.

26 Aout : Mes fils m’ont envoyé des cartes pour me souhaiter bonne fête : Hélas ! Que peut-il y avoir de bon pour moi, aujourd’hui, que la subite cessation de ma misérable existence.

27 Aout : Mme Clara Vivien est venu pour la cérémonie funèbre de ma petite nièce Marie-Louise Boucher. Il y avait énormément de monde, je n’y suis pas allé, car je ne puis marcher si loin.

29 Aout : Mon voisin M. T. Margot est mort à 2 h d’une embolie au cœur ; il avait 70 ans.

30 Aout : Rosalie s’est fait avancer 20 fr par le comptable de l’usine Fougerat.

31 Aout : Usine Burnet (Usine d’accessoires Médico-Pharmaceutique Support biberon Simo) Les proprios sont venus et il parait que l’usine de caoutchouc est fermée. Aux appareils orthopédiques, quelques femmes et 5 hommes indispensables continueront à travailler.

1 Septembre : Du fait de la cessation du travail à l’usine Burnet-Bachelet, 48 ouvriers et ouvrières sont en chômage.

4 Septembre : Louis m’écrit que cette crapule de Bonnejoy est en prison à Marseille. Je crains que nos 20 000 francs ne soient définitivement perdus.

5 Septembre : Les affiches du théâtre Charpentier et de la fête du Port sont placardées sur les murs : ce sera pour les 12 et 13 septembre.

6 Septembre : M. Ovide Dethou, le voisin de ma sœur Félicie Billiard m’a offert une bouteille de vin blanc et nous avons parlé du temps passé, de la marine qui faisait autrefois un commerce considérable et donnait de l’animation au quai de Loire, bien calme aujourd’hui.

7 Septembre : Roger le fils de Rosalie est venu chercher son paquet d’effets qu’il a emporté à Briare sur sa bécane et reparti à Paris où il travaille toujours.

8 Septembre : G. Lefèvre dit Béjot : j’ai écrit à l’hospice de Nevers pour qu’on lui accorde un peu de temps.

9 Septembre : M ; Th. Pinon est mort le 7 a été inhumé ce matin à 10 h Il souffrait depuis longtemps d’hépatite, il avait 57 ans.

10 Septembre : Picault de Bonny a commencé à monter son bal en face de ma maison ; c’est l’ancien parquet de Tissier, dit Magot et comme il est plus grand que celui d’Henri, les voitures ne peuvent plus passer devant chez moi.

11 Septembre : Eugène Gaudron et son cousin F. Leclerc sont revenus ce soir de la pèche à la ligne avec 4 kg 500 de beaux poissons dont un gros brochet de 2 kg 250. Le tout pris à la cuillère ; il parait que l’engin est préférable au poisson de plomb.

12 Septembre : Fête du Port : Il y a foule à la fête ; le feu d’artifice à des pièces trop faibles. Le bal bondé de jeunesse se termine (enfin !) à 2 h 30 du matin.

13 Septembre : Les travaux d’aménagement étant terminés, l’usine Fougerat a rappelé ses ouvriers. Ce matin, Rosalie est partie reprendre son travail à 7 h 30. La fête du Port continue dans la journée : Beaucoup de femmes et de filles à l’entrée du bal avec toilettes, malgré le prix des étoffes.

15 Septembre : Accident : Eugène Desfougères le maçon, est tombé d’un échafaudage ; on l’a relevé rendant le sang par la bouche et le nez. Il a été rapidement conduit à Cosne et est mort avant d’arriver à l’hôpital.

3 Octobre : La Loire croit toujours un peu, on dit que ce sont des crues d’Allier.

4 Octobre : La Loire a cru fortement cette nuit ; elle charrie de l’écume.

10 Octobre : Les vendanges se sont généralement bien passées et nos vignerons avouent avoir récolté un tiers de plus qu’ils ne comptaient.

24 Octobre : Louis m’écrit qu’ils ont baptisé Dovic et qu’il a été bien sage ! Roger était le parrain et il a passé quelques jours à la Motte puis reparti pour Lyon.

27 Octobre : Payé au garde Millet ma part de tabac du mois : 3 fr 50.

2 Novembre : Roger m’écrit enfin ! 66 jours. Il ne me donne aucune explication sur sa vie.

3 Novembre : Le pauvre Lucien Lefèvre est estropié par l’explosion d’un détonateur, est venu me voir pour que je lui libelle l’historique de son accident du 14 aout. J’ai pris quelques renseignements et donnerai la feuille à sa mère .

5 Novembre : M. Boursin a sa pension liquidée à 2 fr 10 par jour après 42 ans de garde pêche et 4 ans de service militaire. C’est honteux !

6 Novembre : Flavie Boileau femme Nicolas est morte ce soir à 5 h à l’âge de 69 ans d’une néphrite albumineuse.

8 Novembre : Rosalie a apporté du bourg environ 50 kg de pommes de terre envoyées par Georges Lefèvre pour me remercier de m’être occupé de son fils Lucien après l’accident grave dont ce pauvre garçon de 18 ans a été victime le 14 aout chez Pouvesle à Annay.

9 Novembre : Jules Gourdet est venu me voir et m’a donné de bonnes nouvelles des fils de feu mon ami Desenne, qu’il a vus à Paris où il est allé pour l’exposition d’horticulture. Les jeunes vont bien et Auguste a une fillette d’un mois, dont il est enchanté.

10 Novembre : Vente de vieilles plumes (poulet et canard) mélangées et vendues 6 livres à la femme Lebain : 24 fr.

11 Novembre : Vendu à Mme Dethou une paire de poulets de 4 kg 250 pour 42 fr 50.

12 Novembre : Mme Arsène Lechien décédée à Paris le 10 novembre à l’âge de 57 ans ; elle a été ramenée ici et enterrée à 10 h dans le cimetière de Neuvy.

13 Novembre : M. L. Margot est venu me voir pour que j’écrive au Général Commandant le Département de Nevers pour avoir une pension militaire pour atrophie des muscles de la cuisse et de la hanche, suite de la guerre.

6 Décembre : Rosalie est retournée à l’Usine Fougerat maintenant qu’elle est guérie.

10 Décembre : Moins 8° cette nuit. La Loire charrie des glaçons.

16 Décembre : Neige aujourd’hui : Pierre Rondeau a été pris de congestion cérébrale en venant de passer les femmes du marché en Berry ; en revenant pour se réchauffer il s’est approché du poêle trop chaud.

17 Décembre : Neige très forte. J’ai 72 ans à midi ; A ce jour j’ai eu 30 à 35 ans de passable, le reste mauvais !

18 Décembre : Le Loire charrie de gros glaçons couronnés.

20 Décembre : Beauvois m’a apporté un avis du 1er Bataillon de Chasseurs à Pieds : Son pauvre fils disparu a été décoré de la médaille militaire. J’ai répondu pour Beauvois au Commandant à Wissembourg (B.R.).

26 Décembre : Mon lumbago me fait souffrir ; j’ai pris en capsules de l’essence de térébenthine, cela m’a fait du bien

28 Décembre : Louis m’écrit que la maison Bedier où il travaille, ne fait presque plus d’affaires ; Charton et lui vont essayer de trouver quelque chose et quitter Bedier. C’est difficile aujourd’hui à Angers.

Ludovic Bedu et Félicie Billiard 10 aout 1924