Jean Coutre

Jean Coutre

Né le 18 Février 1934

Mes premiers souvenirs en 1940 :

Des soldats Français sont stationnés à Neuvy sur Loire, probablement des aviateurs. Ils logeaient Place de l’Ecu, dans l’usine de corsets.

Des réfugiés Espagnols s’y sont réfugiés aussi.

Réquisition

Réquisition des chevaux. Georges Drap devait présenter son cheval à la réquisition, à Cosne sur Loire. Il s’arrête, avec son cheval, chez Raoul Jacq (café du Commerce). Il y rencontre Joseph Tahicon, un bohémien qui a passé toute la guerre avec sa roulotte au Gué de Chariot.

Place de l’Ecu, Joseph a déferré le cheval, glissé une allumette dans le sabot du cheval, l’a re-ferré ce qui a fait boiter le cheval. Le cheval a été refusé à la réquisition.

Après avoir préparé le cheval, le bohémien a dit : «Toute peine mérite son laire », ce qui voulait dire : « Paye-moi une chopine »

Les Bouchers à Neuvy.

Pendant la guerre il y avait deux boucheries à Neuvy : Mr Moindrot et Mr.Coutre.

Les boucheries n’étaient ouvertes qu’une fois par semaine, le samedi. Ma mère ramassait tous les tickets en fin de mois et les collait sur une feuille.

Nous achetions toutes nos bêtes à la campagne, d’autre part nous étions fournis par Mr. Armand Guillaume marchand de vaches à Alligny Cosne.

Mon père faisait ses tournées de livraison avec une voiture tirée par un cheval, lorsqu’il n’avait pas assez d’essence.

Sa tournée était : La Celle, Myennes et Cours et Mr. Moindrot à Annay. Cela leur permettait de ramasser un maximum de tickets, donc de pouvoir acquérir une plus grande quantité de viande En réalité il était abattu le double où le triple de ce qui était autorisé, selon les arrivages.

Le Cimetière

Un jour, prévenu d’un contrôle, nous avons mis la viande non autorisée dans la camionnette et nous l’avons cachée dans le cimetière

En prenant un verre au bistrot, mon père rencontre son collège Mr. Moindrot qui lui dit : « Dis donc Armand nous a gâté cette semaine il m’a amené 4 gros bœufs » mon père lui a répondu : « Moi aussi j’en ai eu autant »

Tout simplement parce que Guillaume devait livrer à la réquisition 8 Bœufs gras et leur a livré à la place 8 haridelles (ce qui veut dire des bêtes maigres). Cette semaine les clients ont eu tout ce qu’ils désiraient.

Nous ne vendions toute cette viande qu’aux prix imposé.

Un jour après la guerre, mon père rencontre un parisien qui le remercie de ne pas l’avoir laissé crever de faim et il ajoute : « Quoique tu ne nous en faisais pas cadeau » Mon père surpris lui dit : « Mais je t’ai toujours vendu la viande au prix fixé » Sa cousine qui la lui expédiait se sucrait tout simplement au passage.

L’essence

Notre maison a un mur mitoyen avec l’actuelle Médiathèque qui était en 1940 une Halle. Dans cette halle les allemands y avaient leur dépôt de carburant. Un trou a été percé dans le mur et l’allemand responsable nous proposait de l’essence par ce trou et en échange nous lui donnions soit du saucisson soit d’autres morceaux ….

L’emplacement du trou existe toujours. Un ancien maire de Neuvy Mr. Martel a tenu à le conserver derrière les panneaux d’isolation.

Notre voiture était une : KZ Renault 1923. Moteur Ford, 4 cylindres, 20 chevaux, 75 km/h .

Long : 3,80 Large : 1,64 Poids 1 tonne 400 kg.

La Fête

Après la guerre de grandes fêtes ont eu lieu sur la place du marché, Place Alexandre Semence.

En avant première avec Monsieur Cardot qui nous enseignait la musique nous jouions du violon avec Jacqueline Normand, Claude Ribault, Nicole Jacquin, Jean Coutre. Il y avait aussi « l’Ami Tasse » (mandoline gutturale, histoires drôles Marcel Tasse) cousin de Michel Davin. Ensuite apparaissait de grandes vedettes, c’était la fête. Il y avait aussi Marylise Martin vedette Morvandelle.

La dernière grande fête a eu lieu dans les locaux de la cartonnerie du Port.

Nota Bene

Dans son livre : « Ils ont rangé leurs charentaises» Vic Calvat écrit :

Le fermier comprit vite que son visiteur avait plus besoin de secours que de travail : Il le réconforta chaleureusement en apprenant son aventure. Il avait de quoi le mettre en sécurité pour la nuit. Et il lui dit : « Puisque vous habitez près de Neuvy, vous devez connaître le boucher Coutre, il m’a acheté des broutards. Ben voyons c’est aussi un de mes clients » répondit le visiteur

Aussitôt alerté, le providentiel commerçant vint dès le lendemain, en grand secret se charger de l’évadé. Il le ramena au Patis, après l’avoir couvert de paille, bien enfermé dans la bétaillère, tirée par sa voiture.