Les anti-Franquistes d'Oran, espagnols d'Algérie !

75ème anniversaire de l’exode des « Républicains espagnols » à Oran: Billet retour pour le « Stanbrook »

Par B. Nourine

Oran, ville refuge par excellence depuis la nuit des temps, eut aussi à accueillir, par une froide nuit de mars 1939, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant le fascisme et le massacre. La guerre civile espagnole prenait fin.

Une guerre entamé en 1936 et qui a eu son apogée avec la défaite républicaine d’avril 1939. Après la guerre et la conquête de la Catalogne par les troupes franquistes, le 15 janvier, après la chute deTarragone, un nouvel exil massif a commencé, sous forme d’une marche impressionnante, sur les routes catalanes, vers les cotes françaises et aussi vers Oran.

Arrivés en masse, en barques et en bateaux dont l’emblématique « Stanbrook », les familles des « républicains » espagnols seront accueillis de la pire des manières par les autorités coloniales de l’époque qui étaient sous la coupe du régime de Vichy. « Parqués » dans des camps de concentrations ou la famine, la misère, les humiliations et les brimades étaient la règle.

Pour la seule ville d’Oran, deux camps ont été « inauguré ». Celui du Ravin Blanc (au port de la ville) et celui de la « Pinède » de Aïn Turck sur l’actuel emplacement du Creps. A la fermeture de ces camps de la « honte », en 1942 par les américains, beaucoup d’entre eux s’établirent à Oran en nouant des liens très étroit avec la population locale.

75 années plus tard, Oran accueillera, cette fois-ci, des dizaines de descendants des « républicains » et quelques rescapés de cette triste et mémorable odyssée. Ils seront une centaine à venir rendre hommage à leurs ainés et aussi à la ville qui les a accueilli. Ils viendront du Panama, du Mexique, d’Espagne, deBelgique, de France et d’ailleurs. Ils seront tous la pour Oran « La Mamma« , comme dirait Aznavour, manière de rendre hommage à la cité protectrice. A cet effet, une commission « Stanbrook » a vu le jour en Espagne constituée de représentants de la société civile et présidé par Mr Pasqualle Moreno, professeur à l’université polytechnique de Valence. Une commission pour préparer l’évènement du 75ème anniversaire de l’exode républicain à Oran et ce 

en collaboration avec des représentants de la société civile oranaise.Rencontré la semaine passée, Pasqualle Morennoaffirmera que le choix d’Oran est multiple. « C’est la ville qui a accueilli le plus grand nombre d’entre nous. C’est la ville ou la solidarité s’était constitué autour des réfugiés républicains. C’est aussi une manière à nous de rendre à César ce qui lui appartient pour qu’Oran se réapproprie un pan de son histoire récente assez méconnue malgré son importance« . Et d’ajouter que, de cela, le souhait de voir « enclencher des travaux de recherches sur cet épisode de l’histoire de la ville et de l’Algérie » est vivement espéré.Ayant reçu l’aval des autorités algériennes, Pasqualle Moreno s’est déplacé à Oran pour organiser l’évènement. Primo : prendre contact avec les autorités locales pour peaufiner les derniers réglages. Secundo: constituer avec des acteurs de la société civile un comité d’accueil. De ce fait, quelques associations, à l’instar de Bel Horizon et SDH, ainsi que des universitaires en collaboration avec l’Institut Cervantès ont institué un comité d’organisation, qui a tenu sa première réunion mercredi dernier, afin d’entériner le programme des activités.

Ainsi donc, le 29mai prochain sortira du port d´Alicante un groupe d´une centaine des personnes à bord d’un ferry, baptisé pour l’occasion « Stanbrook », à destination d’Oran. L’arrivée est attendue le 30 au matin. Une conférence de presse sera donné le même jour à 10h 30 au « Royal hôtel » par les animateurs de la commission « Stanbrook » pour expliquer les détails de l’opération. Il est prévu, durant les deux jours que durera l’évènement, un “Concert populaire de la Mémoire” avec des musiciens des deux bords de laMéditerranée. L’autre partie du programme sera consacré à la visite au cimetière chrétien de Mostaganem pour se recueillir sur les tombes des républicains espagnols enterrés sur les lieux ainsi qu’une visite d’un ancien camp d´internement des espagnols réfugiés à Relizane. A la fin du séjour, un monument aux victimes sera érigé Oran pour honorer la « mémoire républicaine » et la solidarité du peuple algérien pendant ces années. Une stèle pour les victimes républicaines. Un symbole pour la ville refuge qu’est « Oran la Mamma ».