Interpol sur les traces Farid Noureddine Bedjaoui

Par : 

Faisant l'objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par la justice italienne, l'Algérien Farid Noueddine Bedjaoui est désormais recherché pour "associations de malfaiteur finalisée à la corruption". L'interprétation de cette dernière qualification (désignation officielle sur le site-Web de la police internationale), indique clairement qu'il s'agit d'une filière de plusieurs criminels s'adonnant à la corruption.

La fiche de recherche diffusée fin avril 2014, réveille l'affaire liant la compagnie pétrolière italienne Saipem, filiale du groupe Eni, et le groupe public algérien Sonatrach. En fuite, pour échapper aux poursuites et à deux mandats d’arrêts émis à son encontre en Algérie, depuis mars 2011 et en Italie dès février. L'intéressé est considéré comme le pivot dans ce sandale, dont les capitaux soutirés lors de contrats dans un domaine où des milliards de dollars servent quotidiennement dans les transactions les plus coûteuses des matières naturelles.

Les enquêtes ont avancé coté italien depuis que l'affaire a éclaté, côté algérien l'opacité reste de mise. Sur pas moins de six contrats déccrochés en Algérie par Saipem, entre 2007 et 2009, pour un montant total de plus de 8 milliards d’euros, les juges italiens évaluent les commissions servies aux protagonistes informels à 197 millions d'€. Farid Bedjaoui est soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire pour la conclusion de ces transactions et a bénéficié de cette somme. Cependant, les experts qui suivent ce dossier soutiennent que le pactole peut facilement atteindre le milliard de dollars. 

La société "Pearl Partners LTD" domiciliée à Hong Kong est inscrite au nom de cet autre Golden-Boy, issu du sérail algérien notamment des cercles diplomatiques algériens où Bouteflika lui-même tient les premiers rôles. Les deux magistrats italiens, Fabio de Pasquale Giordano Baggio et Sergio Spadaro, chargé de l'enquête détiennent de fortes présomptions que des pots-de-vin ont été distribués à des responsables algériens ainsi qu’à des dirigeants de Saipem, afin que de finaliser ces contrats. En effet, ils ont une déposition de Paolo Scaroni, l'ex-administrateur délégué du géant Eni, qui révèle qu'à plusieurs rencontres qu'il a eu en France et en Italie avec Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, ex-ministre algérien de l’Énergie et des dirigeants de Saipem, qui ont été à l'origine de l'officialisation des contrats.

Côté algérien, dès août 2013 quand l'affaire a éclaté en Italie, le procureur général près la Cour d’Alger avait annoncé des poursuites officielles de la justice alégrienne. Plusieurs mandats d’arrêts internationaux ont été lancés, à l'encontre de Farid Bedjaoui, Chakib Khelil, l'épouse de ce dernier ainsi que leurs deux enfants. D'autres personnes telles qu'Omar Habour et Mohamed Réda Hemche, ancien chef de cabinet du PDG de Sonatrach sont aussi visés. Mais au sud de la méditerranée, on suit l'évolution qui se fait au nord, comme si la procédure est poussée par l'étranger.

De même, la justice française à travers le parquet de Nanterre a, de son côté en 2013, ouvert une enquête pour blanchiment de capitaux. Les biens en France de Farid Bedjaoui, dont les comptes bancaires ont été bloqués, et d'un certain nombre de hauts responsables algériens, dont les détails restent à élucider, portent sur cette affaire, puisqu'ils ont été acquis dès 2008. Deux immeubles et un appartement que ce businessman possède dans le 16e arrondissement de Paris ont été perquisitionnés par des policiers français et italiens avant d’être mis sous scellés.

Farid Bedjaou, dont la défense devant toutes les justices qui le poursuivent est basée en Suisse, nie en bloc ces accusations. 

CAPTURE ECRAN : fiche de recherche.