Mohamed Boudia, militant et dramaturge

Titre original : Hommage à Mohamed Boudia au Forum d’El Moudjahid : Le combattant et l’intellectuel

Par Nora Chergui, d'El Moudjahid

Le forum de la Mémoire, initié en coordination avec l’association Machaâl Echahid, a revisité hier, 27 juin 2013, le parcours de ce héros mythique.

Le 28 juin 1973 à 10h45, Mohamed Boudia, moudjahid, homme de culture et militant de la cause palestinienne, est assassiné à Paris. Un crime signé. Une bombe avait été placée dans sa Renault 16 par le Mossad. Le forum de la Mémoire, initié en coordination avec l’association Machaâl Echahid, a revisité hier le parcours de ce héros mythique. A l’occasion du 40e anniversaire de la disparition de l’enfant de Soustara, assassiné en France pour son engagement pour la cause palestinienne, le chercheur et historien Mohamed Abbès et son ami et compagnon Hocine Zehouane sont revenus sur l’itinéraire de ce grand nationaliste et militant engagé dans toutes les causes justes.

L’intervention de Mohamed Abbès a ému plus d’un, surtout lorsqu’il éclata en sanglots en précisant que la mère de Boudia, bouleversée par le chagrin, avait rejoint son Créateur huit jours après l’assassinat de son fils. Mohamed Boudia est un nom intimement lié à des faits importants de la lutte de Libération. Son combat, il l’a mené sur le territoire ennemi et il a été derrière les opérations exécutées par des commandos de la Fédération de France du FLN. Après l’opération Mourepiane, il sera arrêté et incarcéré. Pendant son incarcération, il a écrit Naissances et L'olivier et traduit en arabe dialectal quelques textes dramatiques français. Il adapta notamment Molière en milieu carcéral. Selon l’historien, Mohamed Boudia a réussi, grâce à l’aide du réseau Jeanson, à s’enfuir de la prison. Et à Tunis, il avait rejoint la troupe artistique du FLN. A l’indépendance, il a été celui qui a créé la première revue culturelle algérienne Novembre, relancé le théâtre algérien et il a participé à la création du premier quotidien algérois Alger ce soir. En tant que directeur du TNA, il contribua avec Mustapha Kateb, en 1963, à la nationalisation du théâtre et à redonner au quatrième art une certaine consistance. Pour Hocine Zehouane, 1965 est une année marquée par deux faits importants ; le premier est inhérent au « redressement du 19 juin ». Mohamed Boudia comptait parmi les opposants, et de ce fait, il choisit l’exil en France. Le second événement est le fait que 1965 coïncide avec la naissance du mouvement national palestinien Fatah et le début de la résistance palestinienne. Le militant du FLN épouse alors la cause palestinienne et devient l'un des grands stratèges du Fatah.

Cela ne le détourne pas pour autant de ses activités culturelles et occupa le poste d'administrateur du Théâtre de l'Ouest parisien. Il sera derrière des opérations militaires, comme celle de Munich lors des jeux Olympiques de 1972. Il sera repéré et filé. Le Mossad, de connivence avec les autorités françaises, arrive à placer une bombe dans la voiture de Mohamed Boudia. Il sera tué sur le coup. Depuis, il repose au cimetière d’El Kettar. Hocine Zehouane dira que le plus grand souhait de Mohamed Boudia était de mourir comme Che Guevara. Par ailleurs, il a déploré qu’aucune rue ne porte son nom. Aussi, il a appelé à ce que l’école d’arts dramatiques de Bordj El Kiffan soit baptisée en son nom. C’est le plus grand hommage que l’on puisse rendre à cet intellectuel et homme de théâtre qui a marqué son époque.