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CNLC : COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE SUR LE GAZ DU SCHISTE
Collectif National pour les Libertés Citoyennes -CNLC-
COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE SUR LE GAZ DU SCHISTE
Conférence animé le 03 novembre 2012 par :
Kacem moussa
Yacine teguia
Kader fares affak
GAZ DU SCHISTE : Enjeux géostratégique
La question de l’exploitation du gaz de schiste est un révélateur des contradictions et des mensonges du pouvoir. La précipitation et l’opacité qui ont prévalu dans la prise de décision sont en rapport avec le caractère despotique du pouvoir. C’est donc autant au plan politique qu’au plan économique et écologique que cette décision doit être critiquée. Et, aborder la question de l’exploitation du gaz de schiste d’un point de vue politique c’est s’interroger sur l’évolution de la stratégie de Sonatrach, sur la politique énergétique du pays et son rapport au développement et enfin aborder l’évolution de l’Algérie au plan géostratégique.
Sous Chakib Khelil, la stratégie de Sonatrach était basée sur deux concepts : internationalisation et modernisation, en particulier du management. L’internationalisation a permis aux tenants d’une conception néolibérale de l’action de Sonatrach de découpler l’entreprise du développement du pays. En effet Sonatrach n’est plus conçue comme un levier du développement, « semer du pétrole pour récolter du développement » disait Boumédiène, mais comme une entreprise qui peut envisager sa croissance par l’exploration dans d’autres pays que l’Algérie (Pérou…) et par des prises de participation dans les réseaux de distribution en Europe (Espagne…). C’est cette stratégie qui est remise en cause par le choix de développer l’exploration et l’exploitation des ressources présentes en Algérie et en abandonnant une part des participations dans le gazoduc Medgaz. Il n’est pas sûr, pour autant, que l’on ait enfin compris que l’idée d’atteindre 30% du chiffre d’affaire de Sonatrach à l’international en 2015 était totalement irréaliste et sans rapport avec les besoins du pays.
Aujourd’hui, pour les dirigeants de Sonatrach, les deux notions principales sont : diversification et attractivité. C’est dans cette nouvelle conception que s’inscrit l’exploitation du gaz de schiste. En effet la diversification est un concept clef de la nouvelle stratégie énergétique du pays. En plus des hydrocarbures, on envisage l’exploitation de ressources renouvelables comme l’éolien (la première ferme éolienne vient d’être inaugurée), le solaire (malgré les hésitations sur le projet Désertec en faisant prévaloir qu’il n’y a pas de transfert de technologies, alors que concernant l’exploitation du gaz de schiste il existe un monopole anglo-saxon en matière de savoir-faire). D’ici à quelques années les énergies renouvelables doivent permettre de fournir 30% de notre électricité. En matière d’hydrocarbures l’exploitation du gaz de schiste représenterait donc une forme de diversification malgré les risques écologiques. Cela pourrait être un objectif légitime mais il reste contestable.
La diversification doit permettre de faire face à la demande croissante, aux fluctuations des cours et d’éviter la surexploitation. En effet l’Algérie risque de devenir importatrice de pétrole d’ici 15 ans. Mais, alors que l’exploitation du gaz de schiste nécessite 60 milliards de dollars d’investissements pour rapporter 80 milliards on peut se demander quel est l’intérêt de cette solution. On pourrait peut-être optimiser l’usage de nos dollars et de notre eau (il faut un million de mètres cube d’eau pour extraire un milliard de mètres cube de gaz de schiste !) en réfléchissant à deux autres pistes. La première est l’augmentation des rendements des gisements en diminuant les pertes au niveau des puits. La deuxième est l’amélioration de la consommation qui est une source d’économie de nos ressources énergétiques. Par exemple il est dommage, quand on lance un plan de construction de 2 millions de logements, qu’aucune mesure d’efficacité énergétique ne soit prise. Le choix du pouvoir n’est pas vraiment celui du développement durable.
Afin d’attirer les compagnies étrangères qui n’ont pas répondu aux derniers appels d’offre, la fiscalité vient d’être revue. Il faut rendre le pays attractif pour développer l’exploration (y compris dans le off shore) ainsi que l’exploitation et acquérir de nouvelles technologies. Il s’agit aussi de développer l’aval pétrolier pour valoriser les ressources (entre autre par le raffinage). Pourtant le partage 49/ 51% a été maintenu et on propose d’exploiter une ressource en plein milieu du désert au moment où Sonatrach se voit accorder le monopole pour le transport par canalisation. Ce qui n’est pas forcément fait pour rassurer les investisseurs étrangers. D’une certaine manière ces dernières décisions peuvent s’inscrire dans la politique de patriotisme économique prôné par le pouvoir. En effet le patriotisme économique c’est contrôler le marché et algérianiser le marché. On pourrait s’en féliciter. Mais le patriotisme économique c’est aussi protéger le marché. En effet derrière les accents patriotiques de certaines décisions le choix de l’exploitation du gaz de schiste c’est le choix du marché. C’est la logique marchande qui prévaut puisqu’on préfère prendre des risques avec l’environnement plutôt que de développer des énergies renouvelables moins rentables.
Ce choix s’inscrit par ailleurs dans le processus de financiarisation de l’économie nationale (même Sonatrach a été autorisée à faire des placements financiers à l’étranger plutôt que d’investir en Algérie !). En exploitant le gaz de schiste le pouvoir fait le choix de développer les gisements d’hydrocarbures pour maximaliser la rente. Cette rente est transformée en capital placé sur les marchés financiers internationaux (en bons du Trésor américain, entre autre). Il ne s’agit plus de développer une industrie industrialisante et de bouleverser les rapports qui prévalent à la campagne par une révolution agraire mais de faire grossir les revenus financiers de l’Algérie. Cette année les placements à l’étranger ont déjà rapporté 4,7 milliards de dollars. Pour les générations futures, le choix n’est ni de laisser une ressource, ni un pays capable de produire ce qu’il consomme, mais de leur assurer un matelas financier. C’est un curieux choix de société !
Enfin, au plan géostratégique l’exploitation du gaz de schiste peut s’inscrire dans la lutte âpre pour l’accès au marché européen que disputent le russe Gazprom et le Qatar. Il s’agit de présenter une capacité à assurer les approvisionnements sur le long terme dans un contexte d’instabilité des pays producteurs et d’épuisement des réserves. C’est aussi le choix d’entrer dans la concurrence internationale au lieu de développer le marché intérieur. D’un autre côté cette précipitation à exploiter le gaz de schiste est peut-être le contrecoup du retard pris dans l’exploitation du gaz conventionnel. Le pouvoir paraît craindre de voir, une nouvelle fois, le gaz algérien captif des intérêts de la France qui décide, peut-être, un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste afin de décourager notre pays d’emprunter cette voie et conserver ainsi une sorte de réserve stratégique. Et, une nouvelle fois, comme à l’époque du plan Valhyd, les américains sont les principaux bénéficiaires de la décision d’exploiter le gaz, non conventionnel cette fois. Peut-être pour acheter auprès de Washington une relative bienveillance au plan politique. Cela signifierait qu’au final la décision d’exploiter le gaz de schiste repose essentiellement sur des considérations politiques et parfois même idéologiques plutôt que sur des arguments économiques et environnementaux.
Résumé Intervention de Kacem moussa
Le gaz de schiste en Algérie;
de la définition aux enjeux géostratégiques
Mon intervention se basant sur des généralités et caractéristiques connues par rapport à l’exploitation du gaz de schiste, consiste à développer deux aspects intéressants notre pays ;
Analyser les éventuelles répercussions de l’exploitation du gaz de schiste sur notre paysage saharien
Répondre aux assertions des officiels quant à l’assurance de sécurité totale quant aux effets des forges de gaz de schiste, et ce en développant une méthode basée sur l’argumentaire contre leur argumentaire.
Cette intervention s’articulant sur les points suivants ;
Définition et historique de l’exploitation du gaz de schiste
Modalités de son extraction
Effets et impacts sur l’environnement et les paysages sahariens
L’Algérie a-t-elle besoin de recourir à ce type d’énergie
Enjeux géostratégiques (Maghreb, Sahel, etc.) de la question
Donc le gaz de schiste est un gaz qui était formé et piégé dans la roche – mère (schiste) qui se trouve en grandes profondeurs (9000 à 10000 m), finement déposée et structurée en feuillets à petits pores (trous) dans les quels se trouvent cet hydrocarbure.
Le début de l’exploitation de schiste ayant été fait dans les fins des années quarante au Canada, et ce à la même époque de l’exploitation du gaz dit conventionnel.
Du fait de sa situation délicate, le gaz de schiste, pour son extraction, cela demande la mise en application d’une méthode peu courante et peu recommandée, elle est dite non conventionnelle et se dénomme la fracturation hydraulique (en anglais fracking). Elle consiste à injecter un mélange (eau à 95%, sable à 4,5% et additifs à 0,5%) à haute pression, tout d’abord à travers un forage vertical puis horizontal afin de provoquer les multiples micro-fractures à travers la roche-mère (schiste) afin de permettre l’évacuation.
Contrairement aux dires certains officiels, notre pays ne possède guère l’expérience en fracture hydraulique, sauf pour les forages verticaux, et là il s’agit de grande différence entre les deux types d’exploitation.
Les effets, on citera les plus connus et dangereux aux écosystèmes sahariens et à la santé des populations, il s’agit en l’occurrence des émanations et fuites de gaz et effluents récupérés à la fin de l’exploitation de gaz de schiste, qui dans le cas de contamination des ressources hydriques ou nappes phréatiques, cela deviendrait impossible de les dépolluer ou vraiment difficile de faire et ce uniquement pour certains produits.
Les émanations de gaz, comme tout chacun le sait, contribuent à l’accentuation du réchauffement climatique, et ce pour la simple raison qu’il s’agit de gaz à effet de serre, où déjà notre sahara est connu pour sa température élevée, donc elle connaitrait une canicule encore beaucoup plus inquiétante et insupportable.
La remontée des radionucléides et des bactéries enfouilles depuis des centaines de millions d’années est également très dangereux puisqu’il s’agit d’organismes (immortels) et de produits radioactifs très nuisibles à la santé humaine.
Les séismes, provoqués par la fracturation hydraulique, sont assez réguliers et de magnitude moyenne, de l’ordre de 4,5 à 5° sur l’échelle Richter, ce qui induirait de l’instabilité permanente du sous-sol saharien.
Au sujet de l’opportunité ou non de l’exploitation du gaz de schiste en Algérie, notre pays n’est guère en crise par rapport à cette matière énergétique où notre sahara, ce vaste territoire n’est à peine exploré (20 à 30% seulement), ajoutant à cela, les autres atouts énergétiques du littoral et de l’offshore où de grandes potentialités existent en ce moment au large de nos espaces maritimes.
Ajoutant à cela les autres énergies alternatives, dont le solaire, l’éolien, le géothermique etc. qui constituent de grandes capacités énergétiques en possession de notre pays, alors pourquoi donc cette précipitation envers le gaz de schiste, toute la question est là justement ?
Les points sus-cités et développés en haut démontrent oh combien sont déterminants les enjeux géostratégiques qui commandent cette opération où les américains, et cela n’est un secret pour personne, cherchent à développer autre chose que cette histoire de gaz schiste.
Les chinois, qui détiennent les 95% des terres rares dans le monde, ne sont guères tolérés à s’accaparer de ceux du Sahel et autres recoins du Sud (Algérie, Tunisie, Maroc et Mali).
L’uranium et autres gisements tels que le cobalt, le cuivre, le zinc, le cuivre, l’or etc. constituent également les objectifs de ces puissances.
Les grandes richesses du Sahel attisaient depuis longtemps les convoitises des multinationales et ces guerres incessantes dans la région ne peuvent être expliquées que selon cet angle là.
A la fin plusieurs questions se posent ;
Quelle est l’actuelle stratégie énergétique du pays ?
Quel est le bilan énergétique ?
Et pourquoi le Conseil national d’énergie n’est pas fonctionnel ?
Dr MOUSSA Kacem
Maître de Conférences à
L’université d’Oran
Expert en Mines et Carrières
Expert en Environnement