Renforcer la CNCD : un devoir citoyen !

Par Baghdadi Si Mohamed 

La CNCD née après les émeutes du 5.01.2011 est actuellement en butte à un pilonnage en règle de la part de tous le affidés du pouvoir qu’il s’agisse de partis, de mouvements de jeunes ou d’organes de presse. Un véritable mouvement d’ensemble orchestré par les marionnettistes de l’ombre.

La CNCD a commis la suprême injure vis-à-vis du pouvoir d’organiser une marche avec pour mot d’ordre le changement démocratique et social. Depuis l’indépendance le pouvoir et la démocratie n’ont jamais fait bon ménage. C’est dire, en ces temps de tous les dangers, après les chutes de Benali et de Moubarak, combien, appeler à une marche pacifique, est devenu attentatoire à l’autorité de l’Etat. Surtout lorsque l’on se souvient comment un SMS envoyé par Ahmed Badaoui à une quarantaine de personnes est devenue « une tentative de renversement de l’Etat et du système ».

Les promoteurs de l’initiative, partie de la LADDH, ont vite fait après avoir lancé l’idée de contacter partis politiques, syndicats autonomes et mouvement associatif pour ne pas commettre le même impair que le RCD qui, le 22 janvier voulut marcher sans associer d’autres partenaires à son projet. Ils voulaient ainsi donner à la CNCD densité et large représentativité. Elle prit une décision que d’aucuns ont vite fait de qualifier d’historique : une marche pacifique pour le 12 février. Les résultats de cette action citoyenne qui n’était que le début d’un long processus devant mener au changement démocratique et social, furent diversement appréciés.

Le Ministre des Affaires Etrangères toujours aussi « intelligent » qu’au cours de la fameuse affaire Khalifa – signalons que le représentant de l’       association des personnes spoliées par Khalifa, est l’un des membres les plus virulents de la CNCD – a considéré que le mouvement était « minoritaire ». Peut être comme l’explosion du 5 janvier 2011 ou celle du 5 Octobre 1988. Face à cela certains membres de la CNCD se sont laissé aller à un triomphalisme de mauvais aloi. Mais ce sur quoi il faut insister c’est que cette action, même si elle n’a réussi à réunir que 2.000 citoyens, a tout de même, mobilisé un invraisemblable arsenal répressif : 30.000 hommes, 4.200 policiers en civil (plus que le nombre de manifestants), engins de toute nature, grenades lacrymogènes, etc. Pourquoi donc avoir mobilisé tout cet arsenal si le mouvement était considéré « minoritaire » ? Mais comme le ridicule ne tue plus…

Les attaques contre la CNCD se déchainèrent : dénigrements, stigmatisations, manipulations en tous genres se conjuguèrent, sous diverses formes et moyens, pour affaiblir et diviser la CNCD. Un espace qui n’avait même pas un mois d’âge.

Le pouvoir et ses sbires choisirent pour cible expiatoire, le RCD, accusé de vouloir tirer les marrons du feu. Puis ce furent les autres partis politiques, considérés comme une « pseudo opposition », manipulable et corvéable à merci. Puis ce fut le tour du Snapap, victime de son redresseur maison depuis belle lurette qui déclara qu’il n’était pas partie prenante de la marche, alors que toutes les réunions de la Coordination avaient lieu au siège du Snapap. Le ridicule ne tue pas !

Ensuite, l’on fit jouer le clivage jeune et ancien, au point qu’une jeune fille commît une lettre, demandant à tous les politiques, Sadi et Belhadj, en tête, de rester chez eux. Dans notre pays jeunes et vieux ont toujours su trouver une route commune, conjuguer leurs efforts au lieu de se disperser.

C’est pour cela, même si l’agora des anciens s’est déplacée du village ancestral au village planétaire qu’est devenu le cyber espace, avec Facebook et Twitter, qu’il nous parait important de renforcer la CNCD, cible de toutes les vilénies.

Et face aux vilénies de ce monde il est des chants qui montent de nos montagnes qui ont la voix de Taos Amrouche et celle d’une fille des Aurès, Aichi, dont le nom rappelle la vie, et le prénom, fais signe à la liberté, Houriya Aichi

Et au hasard des rencontres sur le net, Samir et Abed, avec leurs poèmes et leurs chants, viennent de m’offrir ce beau poème catalan dont je ne vous restitue que deux strophes, celles qui parlent de nous

Cela ne peut durer longtemps

C’est sûr qu’il tombera, tombera, tombera

Bien vermoulu, il doit être déjà 

Si Mohamed Baghdadi

15 février 2011