Slimane Benaïssa renoue avec la scène algérienne, il fait escale à B'gayeth (Béjaïa)

El Moudja Welat, la vague qui a coulé le bateau «Babor Gherek», est de retour à partir d’aujourd’hui (mercredi 4 mai) au TR Béjaïa...

Attention au tsunami!

Par : Boualem CHOUALI

Titre original : Slimane Benaïssa regagne les planches algériennes

Distingué Docteur honoris causa par la Sorbonne, une distinction qu’il a bien méritée pour tout le travail qu’il a accompli en matière de création dramaturgique, l’une des plus grandes figures du théâtre algérien est de retour sur scène à partir d’aujourd’hui et pour un bain théâtral de trois jours, les 4, 5 et 6 du mois en cours au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa.

Le choix de la ville la plus culturelle, de Yemma Gouraya, pour marquer son retour est loin d’être fortuit. Il a certainement trouvé une ambiance théâtrale et un climat propice avec son ami, un autre passionné et figure emblématique du théâtre algérien, Omar Fetmouche en l’occurrence, d’une part et tout un environnement gagné depuis longtemps à la noble mission du 4e art, d’autre part.

En effet, le grand dramaturge et écrivain Slimane Benaïssa nous revient avec un monologue qui se veut un double bilan sur ses oeuvres et la situation politique de notre pays, intitulé, El Moudja Welat «le retour de la vague»...«Toute vague qui emporte revient d’où le titre du monologue», nous explique le dramaturge.

Une synthèse de son propre théâtre et un bilan retraçant notre politique. «Il s’avère que sur le plan théâtral, le public algérien n’a pas besoin d’une pièce mais plutôt d’une parole, vieille tradition des contes de chez nous, qui lui raconte sa propre histoire. D’où le choix du monologue» nous déclare le dramaturge rencontré en marge de ses répétitions avant de nous donner un petit aperçu de son nouveau-né: «C’est un regard sur l’Algérie, région par région, période par période jusqu’au jour d’aujourd’hui...aujourd’hui on n’a plus le droit de trahir, c’est le moment ou jamais où l’Algérie, en tant qu’Etat, nation, peuple, citoyen, doit regarder en face sa propre histoire, de ne plus fuir la réalité, d’avoir le courage, la volonté et l’énergie de construire un avenir à partir de cette réalité... car si on essaye une fois de plus de faire de la politique sur la politique en place, on n’en sortira pas.»

Avec un parcours artistique et professionnel riche, Slimane Benaïssa doit sa notoriété aux pièces qu’il a montées et qu’il a jouées et fait jouer des centaines de fois. Ses succès, rappelons-le, sont Bouâlem zid el goudem, Babor ghrak ou encore Rak khouya ouana chkoun, entre autres.

Poussé à l’exil forcé, c’est le besoin et l’obligation à la fois de suivre loin de chez lui et des siens, les événements qui ont secoué sa terre natale qui ont encouragé Slimane Benaïssa à renouer avec l’écriture, à retrouver la force nécessaire et surtout le courage de réinvestir de nouveau les planches.

«J’ai toujours ressenti des choses même très loin en ce qui concerne l’Algérie. Donc, je n’ai pas tout à fait raté le mouvement. Je repasse l’histoire avec une vision claire, je n’insulte personne et je ne responsabilise personne», nous confie encore le dramaturge: «J’apporte un regard profond pour une solution juste et durable...Détruire ce qui est à détruire et aller de l’avant...Je fais confiance au public, pas de confiance au pouvoir...Le peuple est toujours plus fort que le pouvoir. Car il garde l’espoir malgré tout», conclut-il.