L'ambiance de forcing pour une farce électorale

Par N.E. Tatem

D'emblée, on peut citer le climat politique du profond pays, pendant la campagne électorale de la présidentielle -17 avril 2014-, comme pour ne pas égarer le témoin indicateur de la gestion maléfique de la paix sociale, à l’heure d’un choix décisif. Il y a eu des troubles et sont précurseurs de l’après-présidentielle. Si la fin de règne en fauteuil-roulant et sans paroles, en dit long, les escarmouches en Kabylie le jour du vote augure une résistance qui prend la voie de vouloir durer…

Ghardaïa, Batna, la grande et petite Kabylie sont des régions de la version identitaire de la "Fitna". La critique envers l'ignoble traitement de la question "Amazygh" fait depuis l'indépendance perdure. On ne donne pas de réponse de la particularité berbère, alors que son parcours revendicatif transite inéluctablement vers l'autonomie...

Dans l'atmosphère de cette élection, l'activisme du mouvement "Barakat" au cœur d'Alger met un "Holà !" aux détenteurs du pouvoir qui n'offrent pas un projet où l'alternance fait preuve de démocratie. Les tenants du rejet du régime, du système et du pouvoir, ne peuvent faire mieux, et une jonction des valeurs n'unit leur même combat. 

Au passage de ce vote poussant les Algériens aux urnes avec un forcing, le jeune Akram Haddouche, 24 ans, est mort poignardé  par un supporter d'Abdelaziz Bouteflika qui rentrait, en bus, d’un meeting dans la banlieue ouest d’Alger. Anonyme mais victime de l'anxiété que traverse une société tirant son sort, à la lueur de l'absence de responsabilité judiciaire pour ce crime.

Le tort de ce jeune Algérien, est d’avoir protesté auprès des partisans du raïs, dont des témoignages rapportent qu’ils étaient armés, d'un affichage irrégulier fait sur la façade de son domicile par les concernés. Ni les officiels, que sont les représentant de l’Etat qui semble être en panne pour la circonstance,et ni les soutiens du candidat, donné à l’avance gagnant, n’ont réagi à cet assassinat !  

La démocratie en Algérie s'exerce comme on n'en fait nulle part ailleurs. Un candidat à l'autorité suprême qui, malgré l'aphasie physique et vocale, dispose d'une armada de notables qui lui font allégeance et s'expriment au nom d'un absent qui fait l'effort d'exister en faisant se devoir. Une première dans le Monde et dans l'Histoire de l'humanité, une campagne à distance, alors que cette farce électorale aspire à la "stabilité" en maintenant Bouteflika. 

Par quelle audace s'est-il armé le candidat sortant en allant voter à l'école El-Ibrahimi d'El-Biar le 17 avril, et en se faisant accompagner publiquement, comme il le fait à chaque vote,  de son trublion frangin ? De quel droit cette famille présidentielle s’affiche officiellement sans la femme ? Et surtout, il n’est pas fiable qu’un chef de l’Etat malade puisse rassurer, et ce quelque soi sa motivation.

A Ghardaïa, il y a eu 9 morts et plusieurs de blessés depuis le début de l’année, alors la situation est complètement détraquée entre groupes ethniques rivaux, dans cette région d’Algérie. Dans carrément l'ensemble des patelins du plus vaste pays d'Afrique, le délabrement des institutions étatiques est à l’image, sinon la preuve, de la ruine du pays. Les répressions, officielles ou bien de parties "Batalguias" (comme à Ghardaïa), qui s'abattent sur les contestations insurgées de l'invisibilité de leur sécurité et l'essor de leur patrie, n'ont guère d'autres alternatives pour éviter la chaos.

Les commerces ont baissé rideaux et des palmeraies ont été incendiés, à Ghardaïa. Quand cela arrive pendant la campagne électorale et sans rapport avec elle, telle est l'explosion que le maintien de Boutef a déjà provoqué et sans volonté d'y répondre. Les « Khawaridj », les « mozabites », les « Ibadites » et les « berbères » que sont les persécutés par une ségrégation barbare, sont une résultante de la gouvernance de Bouteflika. Celle qui a abîmé la sécurité des minorités, et permet de se demander vers quelle folie se dirige d'autres région d’Algérie avec le recul de la perspective d'une république fiable ?