Œuvre inachevée en Algérie : la #RDN.

Qu'est le "hirak" de 2019 dans le parcours historique ?

Par N.E. Tatem

   La RDN (Révolution Démocratique Nationale) est le programme philosophique de la grande aventure que vit le peuple algérien, depuis qu'il existe en tant que tel. Sa démarche commune ne peut que suivre une continuelle avancée, chaque jour renouvelée, donc inachevée...  

   Depuis l'orée de son existence, comme entité étatique et perspective de nation qu'entreprennent à la fonder ses sujets, l'Algérie vit avec la recrudescence des crises. Elles ont toutes trait à l'identité, questionnant la collectivité qui abrite et regroupe sa communauté humaine.

   Forcément la construction d'un Etat n'est pas facilitée, ou juste une excursion de plaisance. Quand des enseignes internes et externes se livrent à des actions, pour dominer autrui d'une manière volontaire afin de l'asservir, les difficultés ne manqueront pas de rendre le travail de tous une tâche gigantesque et ardue.

   En effet, c'est la seule voie, du dur labeur, pour atteindre l'objectif original et ayant les espérances des âmes qui s'adonnent à le réaliser.

   Population, territoire et intention légitime de force publique qui, cette dernière, maintienne le respect du sol et des êtres, a devoir, seule, de sauvegardes les points accomplis. Le triptyque ne peut arpenter un destin sérieux qui aboutisse sur un pays harmonieux, qu'avec la démocratie où le peuple s'auto-gouverne.

  - Au commencement : en 1901, la liberté d'association provoqua le lancement du mouvement national, sous l'ombre coloniale.

   Le contexte où a été promulguée la loi de liberté d'association, était celle d'un nouveau siècle, qui avant de prendre fin, a permis à l'Algérie de se libérer du joug colonial en 1962. Elle a été plongée depuis 1830 sous une domination socio-économique et une occupation politique et militaire.

   Profitant de ce texte, les français, y compris les sous-citoyens, s'organisaient, mettant la main dans la main pour combler les retards de l'action publique et ouvrir des projets. Le 20ème siècle avait une nouvelle résonance pour toute l'humanité. La révolution d'octobre, conduite par la philosophie la plus moderne de cette époque, basée sur une sociologie des classes identifiées selon les intérêts économiques, ouvra de nouvelles espérances.

Les cris de subversions atteignaient les esprits, en dépit des blocages et de la répression. L'Emir Khaled en Algérie, petit-fils d'Abdelkader, était un officier militaire bloqué pendant 15 ans dans son grade primaire, de lieutenant, donné automatiquement à tous sortants de se Saint-Cyr, a préféré quitter l'armée française, au lendemain de sa promotion en capitaine. Il avait compris la discrimination, pour s'engager en politique...   Le traité de capitulation signé par le bey d’Alger, le 5 juillet 1830, la France s’engage solennellement à ne pas porter atteinte à la liberté des habitants et à leur religion, mais c'est au statut d'infériorité qu'ils sont destinés. En 1881, les infractions spéciales constituent progressivement un véritable Code de l’indigénat, qui est resté en vigueur jusqu'à la dernière seconde de l'indépendance.

   Voici la liste exhaustive des interdits infligés aux indigents : réunion sans autorisation, départ du territoire de la commune sans permis de voyage, acte irrespectueux, propos offensant vis-à-vis d’un agent de l’autorité même en dehors de ses fonctions, plainte ou réclamation sciemment inexacte ou renouvelée auprès de la même autorité après solution régulière...

   En 1892, Jules Ferry s’était vu présenter des jeunes musulmans instruits et politisés qui « l’entretinrent des problèmes de la naturalisation ou de la représentation des musulmans », il a peu réactif. Puis, en 1908 et 1909, il est question d’ouvrir le service militaire aux musulmans d’Algérie alors que le mouvement « Jeune-Algérien » inspiré par le mouvement Jeune-Turc, 

composé de quelques centaines d’anciens élèves des écoles françaises, instituteurs, commerçants ou industriels, y est favorable. Pouvoir obtenir en échange l’égalité progressive des libertés publiques et des droits du citoyen.

   Le descendant de l’émir Abd El Kader, l’émir Khaled a fondé, en mars 1919, l’Ikdam (résolution, audace) et se porta candidat à la mairie d'Alger. Il a été évincé. En métropole, où l’immigration s’est développée et l'algérienne apparaît en métropole à la fin du siècle. L’Étoile nord-africaine (ENA), fondée en 1926 par Messali Hadj, prône l’indépendance de l’Algérie. Ferhat Abbas et le docteur Ben Djelloul constituent en 1927 en Algérie la Fédération des élus indigènes et reprennent les revendications d’égalité des droits des « jeunes musulmans ». Parallèlement se développe un mouvement des oulémas, théologiens réformistes, qui défendent l’identité « culturelle de l’Algérie » selon la formule : « L’arabe est ma langue, l’Algérie est mon pays, l’islam est ma religion. » Ces organisations prennent forme avec la loi de 1901, dans l'hostilité des colons et des militaires, souvent soutenus par l'église et des fois musulmans corrompus.

   En 1936, le PCA est lancé et quelques mois plus tard le PPA en 1937, après l'interdiction de l'ENA pour sa revendication d'indépendance. Le gouvernement Blum, reprenant un projet de l’ancien gouverneur Maurice Viollette, propose qu’un petit groupe de musulmans – 24 000 – puisse obtenir le droit de vote aux côtés des 200 000 électeurs français. Ce qui a été soutenu par le mouvement des oulémas et les élus derrière Ferhat Abbas, mais sans le PCA et le PPA.

  

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