Est-ce du nationalisme arabe ou bien des révolutions progressistes ?

Titre original : La situation dans le monde arabo-musulman pays par pays

Le point sur la situation dans les pays du Moyen-Orient et du monde arabe.

Voici la situation au Moyen-Orient et dans le monde arabe, pays par pays, mardi 22 février, alors que l'onde de choc née en Tunisie, puis en Egypte, ne cesse d'avoir des répercussions.

En Algérie: Le conseil des ministres a annoncé mardi que l'état d'urgence instauré en Algérie en février 1992 pour lutter la guérilla islamiste serait levé par une ordonnance dont l'entrée en vigueur est "imminente". Une dizaine de personnes ont été blessées samedi lors d'une tentative de marche, réprimée par d'importantes forces de l'ordre, contre le régime dans le centre d'Alger. Mais un député présenté par l'opposition comme "grièvement blessé" a pu quitter l'hôpital dans la soirée.

A Bahreïn: Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi réclamant la chute du gouvernement à Manama. L'opposition a répété son exigence d'une monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite. Le prince héritier, Salman Ben Hamad Al-Khalifa, a proposé un dialogue à l'opposition mais celle-ci continue d'exiger la démission du gouvernement présidé depuis 1971 par cheikh Khalifa Ben Salman Al-Khalifa, oncle de cheikh Issa.

L'opposant chiite en exil Hassan Machaimaa, actuellement jugé par contumace pour terrorisme, a annoncé à l'AFP depuis Londres qu'il rentrerait mardi à Bahreïn. L'union générale des syndicats de Bahreïn a levé son mot d'ordre de grève générale, estimant que ses demandes d'un retrait de l'armée et du droit de manifester ont été satisfaites. Pour autant, le royaume de Bahreïn a renoncé lundi à organiser le 13 mars le Grand Prix de Sahkir, qui devait ouvrir la saison de Formule 1. Et l'agence de notation Standard and Poor's a elle abaissé d'un cran lundi la note de Bahreïn, passée de A à A-, tout en prévenant qu'elle pourrait l'abaisser de nouveau au vu du "risque politique élevé" auquel est confronté cet Etat du Golfe.

En Egypte: Onze ministères ont changé de mains dans le cadre d'un remaniement ministériel, dont ceux du Pétrole, de la Culture, de la Santé et du Commerce. Un vice-Premier ministre est nommé, Yahia Elgamal, au côté du Premier ministre reconduit Ahmad Chafic. Restent à leur poste le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit, celui de l'Intérieur Mahmoud Wagdi et celui des Finances Samir Radwane.

Le maréchal Hussein Tantaoui reste ministre de la Défense. Il dirige par ailleurs le conseil suprême des forces armées, à qui le président Hosni Moubarak a remis ses pouvoirs. 

L'armée égyptienne a renforcé mardi ses effectifs à la frontière avec la Libye et ouvert le point de passage de Saloum 24 heures sur 24 afin de permettre l'accueil en Egypte de personnes malades ou blessées. 

Environ 365 personnes ont été tuées et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers l'Egypte. Quant à l'ancien président, il "ne va pas bien, a baissé les bras et veut mourir à Charm-el-Cheikh", selon un responsable saoudien qui a pu s'entretenir avec lui.

En Irak: Un adolescent a été tué et 48 manifestants blessés dimanche soir dans des affrontements avec les forces de l'ordre à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, théâtre d'incidents meurtriers depuis cinq jours.

En Iran: Plusieurs pays européens ont demandé que l'UE impose des sanctions contre l'Iran en raison des violations des droits de l'homme dans le pays.La justice iranienne a averti mardi qu'elle considèrerait désormais comme des "contre-révolutionnaires" tous les partisans des deux chefs de l'opposition réformatrice, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, détenus au secret à leur domicile. L'accusation de "contre-révolutionnaire" (en référence à la Révolution islamique de 1979) peut entraîner des condamnations sévères. Ce raidissement du pouvoir à l'égard de l'opposition intervient après deux séries de manifestations antigouvernementales les 14 et 20 février à Téhéran et dans plusieurs autres villes d'Iran pour la première fois depuis un an.

En Jordanie: Le roi Abdallah II a appelé dimanche le gouvernement, le Parlement et la justice à prendre des mesures rapides pour engager des "réformes politiques réelles", entamer un "dialogue général" et lutter contre la corruption. 8 personnes ont été blessées dimanche à Amman lorsque des partisans du gouvernement ont attaqué une manifestation de plusieurs centaines de jeunes appelant à des réformes politiques.

En Libye: cliquez ici.

Au Maroc: Le Maroc entend passer à la "vitesse supérieure" dans les réformes, a déclaré lundi le ministre de la communication Khalid Naciri au lendemain d'une journée de manifestations réclamant des réformes politiques dans le pays. 5 personnes ont trouvé la mort et 128 ont été blessées -dont 115 membres des forces de l'ordre- lors de troubles ayant suivi ces manifestations. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca et à Rabat pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. "Liberté, dignité, justice", scandaient des manifestants à Casablanca. Des incidents se sont produits à l'issue de rassemblements à Marrakech (sud) et à Larache (nord), où des personnes étrangères à la manifestation ont pillé des magasins et attaqué des édifices publics, selon des sources concordantes.

Au Soudan: Le président Omar el-Béchir a indiqué lundi qu'il ne briguerait pas un autre mandat lors de la prochaine élection présidentielle, selon un responsable du Parti national du Congrès (au pouvoir).

En Syrie: Le président syrien Bachar al-Assad a estimé mardi que les dirigeants du monde arabe devaient être plus à l'écoute de leur peuple, lors d'une rencontre avec une délégation de sénateurs américains en visite à Damas.

En Tunisie:  Les ressortissants tunisiens, nombreux en Libye, continuent de fuir le pays en proie aux violences. Plus de 3.600 l(ont déjà fait depuis dimanche. Le gouvernement de transition a nommé lundi Mouldi Kefi au poste de ministre des Affaires étrangères, tandis que Christine Lagarde et Laurent Wauquiez sont arrivés à Tunis ce mardi pour tenter de rétablir la confiance avec la France. Les autorités tunisiennes ont demandé dimanche à Ryad l'extradition du président déchu Ben Ali, accusé d'être impliqué "dans plusieurs crimes graves", et a réclamé des informations sur son état de santé ou "son décès éventuel". Des milliers de Tunisiens ont manifesté le même jour dans Tunis pour réclamer la démission du gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, après une nouvelle semaine d'instabilité marquée par le meurtre d'un prêtre polonais à la mémoire duquel une messe a été célébrée.

Au Yémen: Quelques accorchages ont eu lieu à Sanaa mardi, alors que 4.000 manifestants campaient devant l'université de la capitale. Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il ne partirait "que par les urnes", alors que la contestation populaire contre lui s'amplifie. Depuis le début le 16 février d'émeutes quotidiennes à Sanaa, douze personnes ont trouvé la mort. L'opposition parlementaire a annoncé dimanche qu'elle se joignait au mouvement de protestation mené notamment par des étudiants contre le régime, affirmant qu'elle ne reprendrait pas le dialogue avec le gouvernement sous la menace des armes.

(c) AFP

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