Le vrai visage du mouvement Adl Wa Al Ihssane (Justice et Bienfaisance) au Maroc

Le mouvement d’Adl Wa Al Ihssane a été crée en 1973 à l’initiative de son leader actuel Cheikh Yassine, un ancien membre de la Zaouiya Al Boutchichia dont il fut écarté de la succession de chef de cette confrérie.

Par Farid Mnebhi.

Adl Wa Al Hissane défend l’idée que l’instauration d’une république islamique au Maroc ne peut se faire qu’en profitant  de manifestations à caractère sociale afin de récupérer cet évènement et amener les  marocains à rejoindre la contestation et à semer le chaos.

Il ne faut surtout pas occulter le fait que son mode opératoire pour atteindre son objectif ultime, est de se doter de moyens  tant humain que financier pour encadrer, armer ses militants et identifier ses opposants.

C’est pourquoi, depuis plusieurs années, ses adeptes s’y préparent : encadrement militairement, à la manière des sections d’assaut du nazisme et des pasdarans iraniens, entrainements intensifs aux sports de combats dans les salles de sport et dans les forets, endoctrinement des enfants défavorisés par l’organisation de colonies et occupation massif du terrain social.

Cette action, que l’on peut qualifier, sans erreur, de préparatoire, s’inscrit, pour ce groupuscule islamiste radical, dans le temps et nécessite un travail de terrain de longue haleine, où ils sont très présents  grâce aux deniers provenant de ligues, associations et banques islamistes mais également de pays comme, l’Iran, les Etats du Golfe Arabique et des mécènes islamistes intégristes.

S’agissant  du modèle de gouvernance qu’il se propose d’instaurer au Maroc, celui-ci est d’un archaïsme flagrant.

En effet,  ce mouvement appelle au retour d’un Islam pur et à l’instauration du Califat (Etat islamique) basé sur l’application stricte de la charia (loi islamique), à imposer le port de la barbe, de la burka  et du hijjab, à interdire la mixité et la création artistique, à refuser l’évolution du monde et suspecter  l’étude des sciences humaines d’hérétique.

En outre, pour asseoir son idéologie, Adl Wa Al Ihssane développe le principe qui veut que pour le retour au Califat ne peut être concrétisé que si les juifs et les chrétiens sont combattus. Par conséquent, un conflit islamo-judéo-chrétien est inéluctable et nécessaire pour fixer définitivement la suprématie de l’Islam. La victoire, selon, ce mouvement, ne sera réalisée qu’avec l’extermination de tous les juifs, qu’il rend responsables de tous les maux de la terre et accuse d’assassins des Prophètes. Les juifs sont également perçus comme une force occulte omnipotente appelant à la conquête du monde.

Cette position idéologique antisémite explique l’avalanche d’images  dégradantes pour les juifs, décrits comme des démons, des gens odieux et abominables à redouter et à rejeter. Ils sont aussi taxés d’être les auteurs d’un ténébreux et permanent complot visant à infiltrer et à détruire la société musulmane.

D’ailleurs, ses adeptes et dirigeants prêchent la doctrine de la « voie droite (sirat al moustakim) dont des partisans ont perpétré les attentats de Casablanca en 2003, assassiné de nombreux citoyens marocains et des étrangers et tentent encore de planifier des opérations terroristes à l’intérieur du pays mais aussi à l’extérieur. Le dernier en date est celui contre le Pape avec l’arrestation de six membres de cette organisation à Brescia (Italie) début mars 2011.

De plus, Adl Wa Al Ihssane ne peut se targuer d’être constitué comme un parti politique du fait qu’il ne dispose pas de statut, de règlement intérieur, d’instances nationale et régionales. De plus les réunions de ses membres sont secrètes et tenues à huis clos. 

En conclusion, le mouvement Adl Wa Al Ihssane ne cherche que la prise du pouvoir politique par la violence et l’instauration d’une dictature religieuse jihadiste et salafite, où tous les droits élémentaires de l’homme seraient rejetés, les conditions de la femme avilies, la démocratie banie, et l’intolérance, religieuse, ethnique, raciale et régionale, érigée en doctrine suprême.

Au Maroc, juifs, musulmans et chrétiens ont toujours coexistés et ce, depuis l’émergence de l’Islam au VIIème siècle, et les membres de la communauté juif sont reconnus comme étant marocains à part entière par la Constitution et les lois en vigueurs.

Aujourd’hui, et comme tous les mouvements radicaux, Adl Wa Al Ihssane  profite des manifestations organisées par des mouvements sociaux pour diffuser leurs messages sectaires et provoquer, par tous les moyens, le chaos et imposer leur modèle de gouvernance intolérant, racial et antisémite.

 Pour le Maroc, la finalité ultime de groupuscule est d’installer un système politique à l’iranienne inspiré du velayat faqih, c'est-à-dire une Etat où l’autorité suprême serait exercée par une autorité religieuse en instrumentalisant les demandes sociales et politiques du peuple marocain.

A noter qu’ Adl Wa Al Ihssane ne cesse de faire l’apologie de la révolution iranienne, du jihad en Afghanistan et du mouvement islamique chiite du Hizbollah du Sud Liban, qu’il qualifie d’exemples à suivre.

Cette méthode a été utilisée par les ayatollahs lors des constations sociales de 1979 en Iran et bien avant eux par les naziz, les dictateurs d’Amérique Latine, le franquisme et le salazarisme.

Or au Maroc, une telle conception du pouvoir ne peut trouver adhérents. La sacralité du souverain constitue un frein à toute tentative de ce type. L’article 19 de la Constitution constitue la garantie suprême que jamais le Maroc ne tombera dans l’intolérance et qu’un islam politique puisse y voir le jour. De plus, l’Islam jihadiste et/ou salafiste est inconnu dans la tradition et la culture du peuple marocain, car importé. Seul un islam non politique et modéré  a pignon sur au Maroc.

Le Maroc est pluriel et le peuple marocain est né, a vécu, vit et vivra et défendra par tous les moyens cette pluralité de religion, de race, d’origine, d’idée de tradition et de culture qui fait sa force et son exception dans le monde arabo-musulman.

Farid Mnebhi.