Stratégie
Stratégie de la Mer Noire
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Stratégie de la Mer Noire
La Stratégie de la Mer Noire
Publié sur 18centres le mercredi 1er décembre 2004, par Frédéric Grut, Stephen Agar
Cet article a pour thème une question cruciale pour la Russie et la Turquie : « Dois-je me positionner en Mer Noire (Noi) dès le printemps 1901 » ? Nous étudierons également l’importance stratégique de la Mer Noire au cours du jeu.
Dans des circonstances normales, aucune trahison efficace entre la Russie et la Turquie ne peut avoir lieu sans le contrôle de Noi. La Mer Noire tire donc toute sa signification de son rôle central dans le processus de la trahison. La Turquie et la Russie commencent toutes les deux avec une flotte sur les rives de Noi. Dès que l’un des deux pays s’en empare, le second ne peut donc l’en déloger qu’en construisant une deuxième flotte. Mais la construction d’une deuxième flotte à un stade précoce du jeu peut se révéler très handicapant pour le développement des deux pays. C’est pourquoi si chaque camp ne peut faire confiance à l’autre pour qu’il ne prenne pas Noi, le rebond est très courant, même si l’intention des deux nations est de s’allier.
Pour que la Turquie se sente en sécurité vis-à-vis de la Russie, l’idéal est le démantèlement de la flotte russe de Ode. Si la flotte ne fait que revenir à Ode, la Turquie ne pourra pas se sentir en sécurité sur le long terme. De plus, la flotte serait ainsi complètement inutile au joueur russe qui ne compte pas trahir la Turquie. Néanmoins, le démantèlement suite à une retraite de F à Sev peut être plus difficile à mettre en place que lorsque la flotte russe se trouve à Con, Noi ou Rou. Dans les deux premiers exemples (flotte russe à Con ou Noi), la Turquie ne peut cesser de craindre que la Russie ne refuse le démantèlement à la dernière minute, tandis que dans le troisième (flotte russe à Noi) la Russie doit envisager la possibilité que la Turquie veuille garder la Roumanie. Certains joueurs préfèrent négocier le passage de F(Ode) vers la Méditerranée.
Si la Turquie veut atteindre les 18 centres sans s’emparer des arsenaux russes, Roumanie incluse, elle va devoir avancer aussi loin que Paris ou Berlin. Mais si les centres russes sont prenables, le Turc n’aura pas à dépasser l’Italie pour obtenir 18 centres. Si l’on considère les difficultés que la Turquie est à même de rencontrer en Méditerranée Occidentale, avec les lignes de blocage qu’offre la mer Tyrrhénienne, le fait de prendre les centres russes lorsque l’occasion s’en présente offre des arguments indéniables.
D’un autre côté, si vous choisissez de vous allier à la Russie au début de la partie, pouvez-vous vous permettre de laisser la Russie occuper Noi ? Selon Richard Sharp, la réponse est « oui ». Richard pense que la Turquie ne doit occuper Noi que si elle est sûre que le mouvement va réussir, mais que si le Turc sait que la Russie compte prendre Noi, il n’a en règle générale rien à craindre. Selon son analyse de la situation, la flotte russe en Noi sera certainement utilisée pour assurer la prise de Rou en Automne, plutôt que pour une tentative à 50/50 sur l’un des centres turcs. Ceci dit, cette lecture de la situation ne fait pas l’unanimité. Richard Hucknall, par exemple, soutient un point de vue selon lequel ni la Turquie ni la Russie ne peuvent laisser l’autre occuper Noi au Printemps 1901, et que la meilleure option est certainement le rebond.
L’attaque à outrance traditionnelle sur la Russie commence par F(Ank) - Noi, A(Smy) - Cau, A(Con) - Bul. Cette ouverture a le mérite de ne pas créer d’ambiguïté ! En supposant que la Russie vous ait laissé prendre la Mer Noire, vous pouvez lancer une attaque avec soutien sur Sébastopol ou la Roumanie tout en utilisant votre troisième unité pour couper un soutien éventuel. Si la Russie a une armée à Varsovie (après un rebond en Galicie) et si l’Autriche n’intervient pas contre la Turquie, vous êtes sûr de conquérir soit la Roumanie, soit Sébastopol. L’attaque russe présente de multiples avantages à condition que vous soyez certain de prendre la Mer Noire et que la Russie et l’Autriche s’attaquent tous les deux à la Galicie. D’un autre côté, si la Russie vous empêche de prendre la Mer Noire, même si vous ne prenez pas Rou ou Sev, vous êtes théoriquement capable de la priver de construction dans ses centres méridionaux. Cette perspective peut s’avérer assez attrayante en soi, pour peu que vous soyez certain d’une alliance solide avec l’Autriche et que vous n’ayez pas à craindre la furie d’une Lépante. Ceci dit, une attaque Russe a également pour effet de laisser la Grèce à l’Autriche, voire à long terme d’offrir à l’Autriche la mainmise sur les Balkans, à moins de pouvoir compter sur l’Italie pour lui tenir tête.
La situation idéale pour la Turquie serait d’obtenir une promesse de la Russie de ne pas faire F(Ode) - Noi, assortie d’une alliance avec l’Allemagne (pour empêcher la Russie de prendre la Suède), une ouverture vers le nord de la part de l’Angleterre et une alliance tactique avec l’Autriche tout en espérant que l’Italie attaquera l’Autriche dès le départ et en sachant que l’Autriche et la Russie se sont accordées sur un rebond en Galicie. Si tous ces facteurs sont réunis, n’hésitez plus !
Les perspectives à long terme d’une attaque russe dépendent avant tout du destin de la Russie dans le nord. Si elle doit faire face à une agression de l’Angleterre en Scandinavie, ou même à une attaque de l’Allemagne, alors la Russie peut être éliminée très rapidement. Mais la mort prématurée de la Russie n’est pas forcément une bonne chose pour la Turquie, qui pourrait bien n’en retirer rien de plus que la conquête de Rou et de Ode. En effet, les armées allemandes peuvent traverser les steppes russes à une vitesse étonnante. Le but doit donc être la prise de Moscou, qui est la clef de Var et de Stp, ainsi que la bordure orientale de la plupart des lignes de blocage. Si la Turquie crée des armées assez tôt dans la partie pour envahir la Russie, il existe un danger réel qu’elle devra abandonner le contrôle de la Méditerranée à l’Italie, avec la possibilité d’une attaque sur les arsenaux turcs. C’est pourquoi il est important de trouver un équilibre pour garder de l’influence en Méditerranée.
Dans les premières saisons, une alliance russo-turc présente beaucoup d’avantages. Le cas des Balkans peut se trouver très vite réglé avec une attaque massive sur l’Autriche. Dans ces premières étapes, les gains de la Russie sont la plupart du temps très solides et permettent de libérer des constructions pour le nord. A long terme, la Russie retire plus d’avantage que la Turquie dans un Rouleau Compresseur, tout spécialement lorsque le poignard s’enfonce entre les épaules du Turc. Si l’alliance avec la Turquie est maintenue jusqu’à la fin du jeu, la Russie devra certainement atteindre l’Angleterre et la région Belgique - Pays-Bas pour arriver à 18 centres. Mais si la Turquie est prise, Venise et Berlin devraient suffire. Dans le cas où la Russie lance une attaque massive dans le nord et s’empare de la Mer du Nord, il est alors possible de gagner sans avoir à envahir la Turquie, bien que ce résultat soit hautement improbable.
S’il est une chose sur laquelle tous les stratèges s’accordent, c’est que la Russie ne devrait jamais laisser la Turquie s’emparer de la Mer Noire au Printemps 1901. Cela tend à suggérer que si la Russie a des doutes sur les intentions turques, elle doit couvrir Noi. Gardez bien à l’esprit que 70% des joueurs turcs ouvrent F(Ank) - Noi au Printemps 1901, contre 53% des joueurs russes.
L’attaque massive de la Turquie est F(Ode) - Noi, A(Mos) - Ode, A(Var) - Ukr. Si la manoeuvre vers la Mer Noire réussit, la Turquie peut se faire beaucoup de souci. D’un autre côté, si elle échoue, la Russie peut très bien se retrouver sans construction au sud si l’Autriche et la Turquie s’allie à l’Automne 1901. Ce qui explique les paroles de Richard Sharp : « . réservez cette manouvre pour les occasions où vous êtes sûr à au moins 90% que le Turc est un imbécile, et que vous savez avec quasi-certitude que l’Autriche est à vos côtés ».