Stratégie

Les Négociations : Communication

Communication...

Publié sur 18 centres le mercredi 18 janvier 2006, Écrit par Christophe Hoareau

L’article suivant est en fait les quatre messages sélectionnés d’un fil de discussion du site Diplomatie-Online.

1er message : Drunken Octopus

De mon point de vue, une partie de Diplo donne lieu à deux types de combats : celui, concret, du plateau et de ses petits pions qui bougent, et celui, plus flou, de la communication.

J’aimerai lancer ce fil pour discuter du second point : la guerre de la communication et de l’information lors d’une partie avec négociations.

De prime abord, les missives ont pour but de « négocier », justement. Sans finesse et au premier degré, il s’agit de marchander telle position ou telle action. Seulement voilà, on ne peut pas s’en tenir à cette seule fonction pour les missives, car un plateau de Diplo n’est pas un marché forain : tous les joueurs ont des ressources limitées et équitables et, surtout, tous cherchent à prendre l’ascendant sur les autres... D’où des échanges un peu « biaisés ».

C’est pour cette raison que tout joueur devrait considérer, à mon avis, les missives comme un outil de conquête plutôt que comme un simple outil d’échange. Comme tout outil (arme ?), elles nécessitent toutefois une certaine maîtrise car elles sont à double tranchant et une mauvaise communication peut vous plomber sur une partie...

Donc, comment bien communiquer ? Je ne suis pas un cador de diplo (loin de là, mais j’ai tout de même mes petites règles que je juge plus ou moins efficaces lors des parties). J’attends bien entendu l’avis et les trucs de quelques grands experts qui hantent ce site [2] !

1/ D’abord, juste pour cadrer les choses, la communication sur une partie a un but essentiel : faire que la partie aille dans le sens qui m’arrange. Pour cela, il me faut influer sur plusieurs éléments : la rumeur et la réputation. La rumeur, c’est influer sur les actions à venir en laissant penser que untel va faire ça ou s’allier avec untel. La réputation, c’est l’idée que chacun se fait de chacun (fiable, volage, indécis, bon joueur, etc.) ; autant que possible, il faut essayer de se créer une bonne réputation auprès d’au moins un ou deux autres joueurs (« bon joueur » n’étant pas forcément une bonne réputation...) et il faut essayer de pourrir celles de la plupart des autres joueurs.

2/ Comme quand on veut deviner ce qu’un autre joueur va faire, si on veut être sûr que la missive qu’on lui envoie va être comprise dans le sens voulu, il faut la relire en se mettant à la place de l’autre et en se demandant : qu’est-ce qu’il va croire en lisant ceci ? Ce raisonnement m’a souvent permis de remarquer que mes intentions n’étaient pas claires ou que je les découvrais trop au contraire.

3/ L’important n’est donc pas ce que je dis, mais ce que l’autre va penser de ce que je dis. Il m’est arrivé d’affirmer quelquechose en voulant que l’autre pense que je mens : il faut alors tourner ses phrases de façon à laisser croire à un mensonge. Beaucoup de choses dépendent de la forme employée. En général, une missive longue et argumentée est un bon moyen de convaincre quelqu’un : ça montre qu’on ne propose pas n’importe quoi et qu’on a bien réfléchi à la situation, ça met en confiance. Proposer un plan à l’emporte-pièce ou qui contient une erreur grossière peut laisser penser à l’autre qu’on cherche à l’arnaquer et qu’on s’est en fait allié à quelqu’un d’autre (utile si on veut le faire rester sur la défensive).

4/ Ecrire à tout le monde régulièrement. Une carte de Diplomacy en classique est petite, et ne communiquer qu’avec ses voisins directs est bien souvent préjudiciable pour la suite. De plus, les pays éloignés sont souvent un vecteur d’information/désinformation intéressants : je peux les utiliser pour propager des rumeurs ou égratigner des réputations. Le voisin de mon voisin est mon voisin, en quelque sorte

5/ Pratiquer le mensonge à petite dose et sur peu d’adversaires. Surtout en début de partie : étant un menteur maladif, je me suis un peu calmé car cela créé rapidement une réputation de non-fiabilité et n’aide pas à se faire des alliés (ou au moins un).

6/ Se créer une réputation avantageuse. Comme dit précédemment, arriver en imposant un statut de « bon joueur » n’est pas forcément le bon truc car ça fait peur. Etrangement, des comportements du type « je suis un mouton » ou « mec raisonnable » ont souvent porté leurs fruits. De manière générale, et comme c’est la course à la gagne, il faut paraître moins malin ou moins ambitieux qu’on ne l’est vraiment.

7/ Pour suggérer qqchose à un adversaire, nulle obligation de communiquer directement avec lui : on peut aussi utiliser la rumeur. Si je donne une info à 5 autres joueurs, il est probable qu’elle finira par arriver aux oreilles du 6ème. Attention toutefois au phénomène de téléphone arabe : on sait ce qu’on dit, mais on ne sait pas forcément ce qui parvient aux oreilles de l’autre.

8/ ??? Je laisse la suite ouverte... Si j’ai d’autres suggestions, je reprendrai...

2e message : asteroide

(Bonjour) Une question : comment faut-il interpréter le ton qu’utilisent certains joueurs alliant : fioritures pseudo diplomatiques, références historiques, cordialité presque excessive, politesse très "début de siècle", est-ce juste pour s’amuser ou cela traduit-il d’autres buts ?

3e message : Drunken Octopus

Certains joueurs apprécient de « jouer le rôle » à fond. Par rôle, j’entends celui d’un dirigeant Européen du début du 20ème siècle.

Chez certains joueurs cela n’a pas vocation à influencer, c’est juste pour le « roleplay ». Mais il est notable que cela permet aussi de masquer un peu ses intentions (comme le joueur de poker) en endossant un masque. D’autre part, cela peut participer à créer de la sympathie et donc à se protéger un peu. Sur le Tournoi classique [3] de l’année dernière, j’avais endossé à fond un rôle de général Allemand très « enthousiaste » et ça a porté ses fruits : outre le plaisir de raconter des conneries, ça t’attire la sympathie de certains joueurs qui omettent alors de remarquer que tu piques des centres pendant que tu racontes des conneries.

4e message : Drunken Octopus

8/ Le ton à utiliser ? Je dirai qu’il dépend de chacun. Un ton sympathique ou un ton sérieux portent en général leurs fruits. Par contre, les menaces ou les plaintes ne sont pas vraiment productives : les menaces incitent les alliances contre soi, tandis que les plaintes perpétuelles affaiblissent diplomatiquement. D’une manière générale, je cherche à toujours rester « open », comme dirait Vandamme. Si je suis trahi, j’envoie une missive de détresse puis je renoue le dialogue pour essayer de retourner la situation. Si je trahis, j’envoie une missive pour expliquer que je n’ai pas vraiment eu le choix (c’est la faute des autres ), mais que je sais comment réparer ma faute le tour suivant et bla et bla... Je crois que faire intervenir les sentiments (énervement, adoration, etc.) peut avoir un effet sur un tour, mais que cela ne constitue pas une « stratégie de communication » en soi