Stratégie

Région Particuliére : Munich

Munich

Publié sur 18centres le mercredi 3 mai 2006, par Eugene Hung, Silvère Massuet 

Cet article a été écrit en anglais par Eugene Hung pour le webzine The Diplomatic Pouch et peut être lu dans sa forme originale sur la page suivante : Munich By Eugene Hung. Il a été traduit pour la Gazette par Silvère Massuet.

Introduction

Bien des choses ont déjà été écrites au sujet de Munich, que ce soit au sujet de sa position cruciale pour réussir un solo [1] ou de son importance sur la carte, supérieure à celle de la grande majorité des provinces [2]. Malgré cela, je n’ai toujours pas vu un article discutant de ce qui me semble être le plus gros point fort de Munich ; la flexibilité. Dans cet article, je vais introduire un instrument de mesure permettant de quantifier l’immense influence de Munich et expliquerai ensuite comment cette influence donne à son possesseur cette flexibilité et, avec elle, des avantages tactiques et diplomatiques.

Influence

Une armée stationnée à Munich a sept possibilités de mouvements : Kiel [3], Berlin [4], Silésie, Bohème, Tyrol, Bourgogne et la Rhénanie. Seules la Bourgogne, la Galicie et la Serbie [5], provinces notoirement critiques, laissent autant de choix. En poussant cette analyse à l’échelon suivant, nous pouvons aussi évaluer combien de provinces sont à portée en deux mouvements, convois exclus. Cette mesure n’est pas qu’une vue théorique. Elle a un sens très pratique puisque chaque unité peut seulement faire deux mouvements par année avant qu’une nouvelle phase d’ajustements ait lieu et que la composition de la carte s’en trouve modifiée. J’appelle ce nombre l’influence quand il s’applique à une province et la flexibilité lorsqu’il s’applique à une unité. Voici une comparaison de l’influence des principales provinces terrestres :

Province / Influence / Influence en centres

Serbie - 13 provinces - 9 centres

Silésie - 16 provinces - 8 centres

Bohème - 17 provinces - 9 centres

Bourgogne - 17 provinces - 9 centres

Galicie - 18 provinces - 8 centres

Munich - 21 provinces - 11 centres

Il est frappant de voir que l’influence de Munich est significativement supérieure à celle des ses plus proches rivales. Cette influence a bien sur son revers ; une grande influence allant de pair avec une grande vulnérabilité. Munich est le seul centre de la carte à être atteignable en un an depuis les centres nationaux de cinq pays. Aussi il est fréquent que la possession de Munich change de main. Il est également difficile de la conserver car prendre Munich implique toujours de se créer de nouveaux voisins qui, pour la plupart, verront d’un mauvais œil cette étape dans votre croissance. A moins de jouer l’Italie, je ne recommande donc pas de se glisser à Munich lors du début de partie dans l’optique d’un gain rapide car il est bien difficile de s’y maintenir avec une seule unité alors que tant de provinces l’entourent.

Si nous étendons l’analyse de l’influence aux provinces maritimes, nous trouvons qu’il existe des provinces comme la Mer du Nord ayant plus d’influence que Munich. Toutefois il est important de pondérer l’influence purement quantitative par son emplacement. Gagner une partie de diplomatie requiert 18 centres, nécessitant la prise d’un centre au-delà de la principale ligne de stalemate allant de St-Petersbourg à la péninsule ibérique en passant par Munich. La capacité d’une unité à peser sur des centres de part et d’autre de cette ligne est bien plus importante si elle est présente à Munich, toutes les autres provinces pesant soit d’un seul côté de cette ligne (Mer du Nord, Mer Ionienne) ou étant beaucoup moins influentes (Méditerranée, St.Petersbourg).

Munich et les sept puissances

Dans cette partie, je décrirai la place occupée par Munich dans les plans des différentes puissances en s’attardant tout particulièrement sur la phase d’ouverture.

Allemagne :

L’Allemagne commence la partie en possession de Munich et se trouve confrontée de suite à sa grande vulnérabilité - bien souvent une armée étrangère se trouvera dans une province limitrophe.

Le Kaiser doit donc compenser cette faiblesse en utilisant la grande flexibilité donnée par l’armée qui y est présente pour orienter les événements en sa faveur. Etant donné que beaucoup d’articles stratégiques classent définitivement l’Allemagne dans le triangle de l’Ouest avec la France et l’Angleterre, les ouvertures les plus communes de l’Allemagne sont :

 MUN-RHE

 BER-KIE

 KIE-DAN ou KIE-HOL

Ce sont des ouvertures raisonnables puisque la voie d’expansion naturelle de l’Allemagne inclus les Pays-Bas et la Belgique, et positionne ainsi l’Allemagne en conflit avec la France et/ou l’Angleterre. Mais grâce à l’armée en Munich, l’Allemagne a la flexibilité nécessaire pour explorer d’autres chemins d’expansion si la situation le permet (par exemple si une alliance France/Angleterre semble improbable). Si cette situation arrive, des actions comme bouncer avec l’autrichien ou l’italien en ALP au Printemps 1901 peuvent aider grandement aux chances de survie de l’Autriche. L’article de Richard Sharp : « Anschluss » [6] explique le bienfait d’une telle stratégie pour l’Allemagne. Ceci dit, que la stratégie globale soit l’Anschluss ou pas, se mettre d’accord pour un bounce en ALP avec l’armée allemande au printemps 1901 peut être une excellente chose, en particulier si la menace d’un bounce en Suède est utilisée comme levier pour négocier les mouvements russes au Nord et faire ainsi en sorte que l’attention anglaise soit attirée par un endroit autre que les centres flamands à l’automne. Tactiquement, rester à Munich décourage une potentielle attaque de ce centre à l’automne puisque cette armée n’aura rien de mieux à faire que de défendre le centre à ce moment. En effet, malgré sa proximité avec d’autres centres nationaux, Munich ne peut pas être entourée par deux armées d’une même puissance en 1901. Il peut certes se retrouver avec des armées de diverses puissances mais la plupart des alliances conclues en 1901 n’ont pas une assise de confiance suffisante pour tenter une attaque de ce centre protégé, sans compter l’aptitude diplomatique du joueur allemand. La plupart seront donc enclins à prendre des centres neutres au lieu de se lancer dans une aventure incertaine.

Laisser l’armée à Munich ne sert pas seulement un but défensif mais également diplomatique. Conserver cette armée permet en effet à l’Allemagne d’avoir des possibilités diplomatiques avec l’ensemble des pays. Il reste un acteur de la lutte pour ALP, au lieu d’être à la merci de ce que décideront Autriche et Italie, et peut proposer à l’Angleterre une alliance contre la France (via MUN-BOU), à l’Autriche une alliance contre la Russie (via MUN-SIL) et même à la Russie une alliance contre l’Autriche (via MUN-BOH) - bien que cette option vienne en général plus tard dans la partie. La flexibilité diplomatique qui résulte de l’influence immense de l’armée en Munich accroît grandement les chances du Kaiser d’être du bon côté de l’alliance dans laquelle il choisira de s’engager et surtout lui permet de manipuler la structure des forces en présence de manière à ce que la carte lui soit favorable. Aussi je suggère qu’on ne devrait pas automatiquement faire MUN-RHE au printemps 1901, mouvement qui engage toute l’influence allemande vers l’ouest. Et à la place, considérer les avantages existants à garder cette armée à Munich où son influence est maximale. L’influence diplomatique et tactique accrue doit surpasser l’influence supplémentaire gagnée sur les centres flamands par un positionnement en RHE. En outre, avec une bonne diplomatie, l’Allemagne peut gagner la Belgique en 1902 puisque son manque d’influence sur celle-ci en 1901 peut envenimer les relations franco-britanniques et les faire surenchérir dans leurs offres. J’ai ainsi participé à une partie en négociation publiques où français et anglais ayant débutés la partie en se montrant hostiles l’un envers l’autre et ayant bouncés en Belgique en 1901, l’Allemagne fut invitée par les deux à prendre la Belgique en 1902 et eu ainsi le choix de son allié.

La partie s’avançant, il est inévitable que des forces d’allégeances douteuses arrivent à proximité de Munich. Bien des Kaisers rentrent dans leur carapace à ce stade et laissent en permanence une armée à Munich ou la couvrent. Mon conseil ici est de laisser Munich ouvert à moins que l’unité en question ne soit clairement hostile. Perdre Munich temporairement n’est pas si grave car l’Allemagne est la puissance qui peut le plus facilement la reprendre, étant la seule à pouvoir construire directement à son contact (BER et KIE) et la plupart des joueurs sont réticents à stabber pour un seul centre national si celui-ci peut être repris. L’Allemagne n’est pas une puissance passive et défensive ; comme l’Autriche, c’est une puissance qui doit être agressive. La meilleure défense pour l’Allemagne est une bonne attaque et laisser fréquemment Munich non défendue doit permettre des attaques tranchantes permettant de fortifier le sol national grâce aux constructions gagnées par celles-ci.

Italie :

Il peut sembler bizarre de parler ensuite de l’Italie et non de la France, de l’Angleterre ou de la Russie. Après tout, l’Italie ne peut atteindre Munich que depuis ALP et cette province est plus souvent utilisée pour attaquer l’Autriche que l’Allemagne. Toutefois, l’Italie est la puissance étrangère qui contrôle le plus souvent Munich fin 1901 [7]. La raison en est que l’Italie a peu de possibilités d’expansion étant donnée sa position géographique renfermée et le peu de centres neutres à sa disposition. Prendre Munich ouvre grandement le jeu pour l’Italie en lui fournissant des possibilités d’influencer des provinces autrement difficiles à atteindre pour elle. Je pense ainsi qu’une forte stratégie italienne commence par VEN-ALP au printemps 1901, suivi d’un mouvement à Munich à l’Automne (que ce soit en accord avec l’Allemagne, par traîtrise ou via des soutiens français ou russes). Cela donne à l’Italie sa cinquième construction si nécessaire pour lancer une offensive significative contre la France, l’Autriche, l’Allemagne (avec une aide Angleterre/France) ou la Russie (avec l’aide de deux puissances parmi Angleterre, Autriche et Turquie) et fait passer la force d’attaque de ce pays de poids léger à puissance respectable.

Bien qu’une telle ouverture ne soit pas très habituelle, il est clair au vu des performances italiennes que ce pays a peu à perdre de se détourner de la voie classique. Si l’Italie arrive à prendre Munich rapidement, je recommande de ne pas essayer de s’y accrocher à moins de faire partie d’une solide alliance ou de contrôler les centres autrichiens car l’étroit couloir tyrolien limite drastiquement les capacités italiennes à défendre Munich. La meilleure tactique consécutive à la prise de Munich implique probablement de bouger en Bourgogne et au Piémont afin d’attaquer la France (dont la capacité à construire des flottes en Méditerranée menace l’Italie autant que les flottes turques). Mais un rusé diplomate italien pourrait aussi proposer de se tourner vers la Bohème pour attaquer l’Autriche, la Silésie pour attaquer la Russie (surtout en cas de Juggernaut) ou même de poursuivre sur l’Allemagne suivant la situation diplomatique. Encore une fois, la grande influence de Munich permet la plus grande flexibilité ce qui n’est jamais une tare à Diplomatie. Comment assurer la prise de Munich ? Par la diplomatie. Il est assez facile de vendre à la France de supporter cette attaque car ce pays est plus préoccupé par l’Allemagne que par l’Italie. La Russie peut être intéressée par supporter l’Italie si (certains pourront dire quand) la Russie et l’Allemagne en viendront aux explications. L’italien peut même obtenir de l’allemand son accord d’emprunter Munich pendant un an dans le cadre d’une alliance italo-allemande ! Bien que cet accord soit improbable (la plupart des joueurs étant réticent à prêter un centre national), un bon joueur allemand reconnaîtra les avantages d’une forte Italie pour son pays. Cela affaiblit la France et l’Autriche, deux voisins auquel l’Allemagne est assez vulnérable, et un tel accord peut même prendre par surprise la France ou l’Autriche l’année suivante alors qu’ils croient fermement à un conflit entre les deux pays - en fait, le stab peut même venir d’une retraite après que l’Allemagne boute l’Italie hors de Munich.

Alors que Munich est une bonne opportunité d’ouverture pour l’Italie, elle ne la conserve généralement pas longtemps car ses forces doivent être concentrées sur des fronts qui nécessitent tout son potentiel (France, Autriche ou Turquie). Mais en fin de partie, Munich redevient une priorité pour l’Italie, n’étant éloignée que de deux mouvements. Or si la réserve possible de centres pour une victoire italienne est très importante (seule la Russie en possédant une plus vaste), Munich est bien plus facile à atteindre que Moscou ou Londres et je pense que le plupart des victoires italiennes contiennent Munich dans leur collection, habituellement comme 18ème centre.

France :

La plupart des dirigeants français entrent en Bourgogne au printemps 1901 pour prévenir d’une intrusion allemande depuis Munich. Si la plupart du temps l’armée en Bourgogne sera occupée avec la Belgique ou Marseille (si l’Italie a ouvert en Piémont), il arrive parfois que la France essaie un gain rapide en Munich. Comme expliqué auparavant, je n’approuve généralement pas ce genre de tactique, qui garantit un ennemi sûr dès le début alors qu’il sera difficile de s’y maintenir à moins qu’une seconde armée ne soit envoyée en Bourgogne à l’automne (refusant ainsi la prise d’un des centres ibériques). Une ouverture si fracassante ne peut être considérée qu’en cas de forte alliance avec l’Angleterre ou la Russie. La France ayant déjà une flexibilité énorme venant des centres ibériques incontestables et de sa position en coin enjambant la principale ligne de stalemate, prendre Munich en 1901 n’est vraiment pas une nécessité pour son expansion. En fait, le plus grand bénéficiaire d’un tel fait est l’Angleterre qui a alors le choix de son allié à l’ouest.

Cependant, en milieu de partie Munich devient une cible stratégique pour la France, sauf dans le cas d’une alliance avec l’Allemagne. A cause de la Suisse et du nombre réduit de territoires non côtiers à l’ouest, les armées françaises peuvent difficilement manoeuvrer tant que Munich n’est pas prise. La capture de Munich permet donc aux armées françaises de se répandre au-delà de la barrière des centres flamands et donne ainsi au joueur français bien plus d’options tactiques et diplomatiques. En particulier, la capture de Munich permet à la France de flanquer l’Italie de deux côtés. Aussi l’Italie doit être consciente qu’une Munich française n’est pas dans ses intérêts avant que l’Autriche et/ou la Turquie soient éliminés (afin d’éviter une guerre sur deux fronts).

Russie :

La Russie a rarement pour objectif Munich en 1901 à cause de l’influence allemande sur la Suède et aussi à cause de son besoin de prendre et défendre sa part de la zone balkanique contre l’Autriche et la Turquie. De plus, la flexibilité procurée par Munich n’est pas aussi importante pour la Russie qu’elle l’est pour l’Italie ou la France car elle peut déjà construire des deux côtés de la principale ligne de stalemate et n’a en outre pas besoin des opportunités d’expansion que Munich permet généralement. Cela ne veut pas dire que Munich n’est pas important pour la Russie ; puisque Munich (et Berlin) sont proches de Varsovie, neutraliser Munich et Berlin (que ce soit par la conquête ou en encourageant d’autres puissances à les prendre) est un bon objectif de milieu de partie pour la Russie comme cela permet aux armées russes de se concentrer sur un seul front dans leur Sud. Et puis même si la Russie a plus d’options que n’importe quel autre pays pour atteindre ses 18 centres, Munich est fréquemment incluse dans sa collection car ses armées ont peu d’autres endroits où aller une fois l’Autriche et la Turquie conquises.

Autriche :

L’Autriche est la dernière puissance qui soit à même d’atteindre Munich en 1901. Toutefois elle n’attaque quasiment jamais l’Allemagne à cette date, bien trop occupée par ses autres voisins pour ne pas s’aliéner le seul qui soit certainement amical. En milieu de partie, une fois que l’Autriche a suffisamment grossie (10-12 centres), elle devrait commencer à lorgner sur Munich. La raison en est que si l’Autriche ne prend pas Munich à ce stade, elle aura une position difficile pour franchir la ligne de stalemate principale et atteindre le solo : St-Petersburg est à au moins 2 ans de ses armées et serait difficilement tenue, alors que de l’autre côté, la péninsule ibérique ne peut être prise sans forces navales suffisantes (flottes qui sont la principale faiblesse autrichienne). Il est ainsi difficile de gagner avec l’Autriche sans Munich et il est donc nécessaire de garder en permanence à l’esprit les possibilités de prise de Munich qui se présentent, de préférence avec des mouvements simultanés en BOH, TYR et SIL.

Angleterre :

L’Angleterre est l’une des deux puissances incapables d’atteindre Munich en un an. De fait, elle n’est donc habituellement pas concernée par la prise de Munich jusqu’en fin de partie. Malgré la propension anglaise pour les flottes et la nature très terrestre de Munich, ce centre fait en général partie de la liste des solos anglais car plus proche que les centres italiens ou qu’Odessa. Cependant, si la première conquête anglaise est l’Allemagne et qu’il gagne le contrôle de Munich en milieu de partie (la France étant aux prises avec l’Italie), il est en excellente position pour réussir le solo puisque les armées utilisées pour défendre Munich peuvent être aussi utilisées pour lancer une campagne victorieuse contre Varsovie/Moscou (accompagnées d’armées depuis St-Petersburg), donnant ainsi à l’Angleterre l’accès aux centres dont elle a besoin pour gagner de l’autre côté de la principale ligne de stalemate.

Turquie :

La Turquie est l’autre puissance qui tend à ne s’intéresser à Munich qu’en fin de partie. Au départ, la Turquie est la candidate la moins probable pour atteindre Munich ; l’Angleterre n’a besoin de se débarrasser que de l’Allemagne pour y parvenir tandis que la Turquie doit ferrailler avec l’Autriche et la Russie pour ce faire. Une fois que la Turquie a réduit ses voisins nordiques en poussière, Munich est probablement le 18ème centre le plus facile à prendre si l’on compare avec les centres hispaniques (qui ont peu de voies d’accès depuis l’est et peuvent facilement être défendus), St-Petersburg (qui peut être forcé par l’ouest) ou Berlin (qui est facilement défendu par une flotte en Baltique et des unités en Kiel et Berlin). Et puisqu’une victoire turque contient presque toujours les 15 centres du sud-est (de Tunis à Venise à Vienne à Odessa), de là, Munich n’est qu’à un seul coup de canon.

Munich en fin de partie

Munich est un élément critique de la principale ligne de stalemate car, comme Berlin et Tunis, il ne penche d’aucun côté de celle-ci ; quelque soit le premier à atteindre ce centre, il pourra le tenir indéfiniment contre d’autres puissances si les forces de défense sont suffisantes. Cela est à mettre en contraste avec St-Petersburg qui penche vers l’ouest puisqu’il ne peut être tenu par l’est contre une attaque conséquente des forces de l’ouest. De plus, Munich est au maximum à deux années de mouvement de toutes les puissances (au contraire de Tunis ou Berlin), ce qui implique qu’il est potentiellement imaginable pour tous de l’inclure dans leurs plans. Ainsi dans toutes les parties où un risque de solo existe, il est important de contrôler Munich avant que le centre ne soit verrouillé par une autre puissance.

Pour la France et l’Angleterre, la prise de Munich peut être la clé pour prendre Berlin. Une position de fin de partie analysée par Dreier et Minshall [8] montre l’importance de prendre Munich pour une puissance de l’ouest qui contrôlerait aussi Tunis (ou d’autres centres sur la ligne de stalemate qui ne penchent pas d’un côté). L’étonnante conclusion est qu’en contrôlant juste Munich et les unités nécessaires pour sa défense, il est possible de s’emparer de Berlin même contre une défense intelligente [9]. Ensuite, avec Berlin, Munich et disons Tunis verrouillés, il est facile de forcer la victoire en défendant au mieux ces centres et en utilisant les forces restantes pour prendre St-Petersburg et les centres scandinaves.

Conclusion

Si la lutte du centre de l’échiquier est la clé de la domination stratégique aux échecs, le contrôle de Munich en est son pendant à Diplomatie. Pendant l’ouverture, le contrôleur de Munich possède une énorme influence sur un grand nombre de centres de chaque côté de la ligne de stalemate principale et est en excellente position pour manipuler la carte et les relations diplomatiques à son avantage. En milieu de partie, la capture de Munich peut amener à une position dominante pour la fin de partie, que ce soit par la force tactique acquise ou en se servant de ce centre comme passage vers l’autre côté de la carte. En fin de partie, il est extrêmement difficile pour une puissance de gagner sans ce centre. Il ne paraît ainsi pas exagérer de dire que le contrôle de Munich doit être au cœur de toute stratégie gagnante.