Stratégie

Anschluss

Anschluss

Publié sur 18centres le mercredi 10 mai 2006, par Christophe Müller de Schongor, Richard Sharp 

Cet article a été écrit en anglais par Richard Sharp pour le fanzine Dolchstoß en 1977 et Il a été traduit pour la Gazette de 18centres, par Christophe Müller de Schongor.

La présente théorie est que dans les premières campagnes, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie doivent jouer comme une seule Puissance, autant que possible.

Plus que n’importe quel autre pays, l’Allemagne apprécie la quasi-certitude que personne ne va l’attaquer en 1901. Cela arrive - combinaisons tordues de la France et de l’Italie ; assaut frontal sans pitié de la Russie - mais très rarement.

De son côté, l’Autriche-Hongrie apprécie cette quasi-certitude que quelqu’un va l’attaquer en 1901 - la Russie ou l’Italie ou les deux, souvent aidée et poussée par la Turquie. S’ensuit inévitablement l’effondrement rapide de l’Autriche-Hongrie (sauf si elle joue le Hérisson, bien sûr), ce qui est très dommageable à l’Allemagne. J’ai fait une analyse où il ressortait que les résultats de l’Allemagne était nettement pires que d’habitude dans les parties où l’Autriche-Hongrie était éliminée tôt. J’ai perdu les chiffres, donc vous devrez me croire sur parole. Et puisque l’Allemagne est dans la position enviable de faire virtuellement deux constructions sans l’aide d’A[MUNich], le bon sens veut de la mettre à disposition de l’Autriche-Hongrie.

Le plan le plus évident est de la placer en ALPes. Cependant, cela ouvre la porte à de possibles incompréhensions, comme quand Roy joue l’Autriche-Hongrie. A moins d’obtenir un suffisamment bon arrangement avec l’Autriche-Hongrie à propos de cette occupation, une bonne alternative est de laisser l’armée où elle est. Cela peut être obtenue de bien des façons - le bounce en BOUrgogne a ma préférence ; mais la France y est parfois réticente, arguant à raison que cela peut conduire à un plateau où l’Angleterre est seule à portée de la Belgique en Automne 1901. Des déploiements plus exotiques incluent les bounces en SILésie, en BOHème, sans oublier le simple MUNxxx.

Mais encore plus important que le mouvement : la menace du mouvement. Je commence toujours mes parties en tant qu’Allemagne par m’adresser à l’Italie et l’Autriche-Hongrie ensemble. Je leur dis à tous deux que je ne veux pas qu’ils s’affrontent, et que si l’un passe en ALPes, l’autre donnera les ordres de mon Armée. Généralement, l’Autriche-Hongrie saute de joie ; s’il y a de la réticence, elle viendra de l’Italie.

Personnellement, si je joue l’Italie et que l’on me pose cet ultimatum, il y a de fortes chances que je l’accueille très favorablement. La vérité est que cette armée supplémentaire fait la différence dans les possibilités offensives de l’Italie. Et l’Allemagne à une autre carte à jouer.

L’Allemagne informe la Russie qu’elle enverra F[KIEl] au DANemark (là encore, je fais toujours cela ; l’envoyer aux PAYs-Bas est mauvais à plus d’un titre). Plus tard, l’Allemagne dit qu’elle n’interviendra pas en SUEde, sauf si la Russie bouge en GALicie (ou essaie). Encore une terrible menace : la Russie a désespérément besoin de la Suède quand la Turquie l’attaque si souvent de nos jours. Si je joue l’Italie, que je suis convaincu à la fois que l’Allemagne restera à MUNich et que la Russie ne passera pas en GALicie, alors je n’attaquerai pas l’Autriche-Hongrie. Aussi simple que ça.

Ils essaient malgré tout. Au BDC-41I, Nicky Palmer (Italie) m’envoya paître et attaqua l’Autriche-Hongrie. Il abandonna après un combat court et une riposte précise. (Pour l’anecdote, l’Autriche-Hongrie envoya à un moment ses mercenaires bavarois en Bourgogne, ce qui ennuya profondément la France. Mais revenons à nos moutons) A la finale Face-à-Face du MidCon de cette année (1976), Pete Cousins (Italie) attaqua également, alors qu’il avait promis de ne pas le faire. La contre-attaque fut tellement efficace qu’elle échappa à tout contrôle et que Mike Ingham (Autriche-Hongrie) faillit gagner de très peu.

Le résultat habituel de ce plan est un triangle d’alliance : Autriche-Hongrie & Allemagne contre Russie ; Autriche-Hongrie & Italie contre Turquie ; Allemagne & Italie contre France. Et l’Allemagne prend la responsabilité de monter l’Angleterre, la France et la Russie les uns contre les autres. Des choses remarquables arrivent : au BD3 (Bellicus), une bipartite Allemagne-Italie finit à égalité après que l’Autriche-Hongrie plonge. L’Allemagne avait des unités en MANche, PICardie et BOUrgogne avec la permission de la France. Au BDC 55, l’Autriche-Hongrie gagna en 1905, l’Allemagne (moi-même) ayant été ruinée par l’abjecte performance de la Russie, qui laissa l’Autriche-Hongrie la piétiner avant que je ne soit prêt.

La clef du succès de l’ouverture, à Diplomatie : si vous n’êtes pas assez bon pour occuper l’Angleterre avec la France et la Russie, avec une détermination dévouée, oubliez - l’Angleterre sera trop performante les mains libres. Mais si vous êtes un joueur invétéré de l’Allemagne, comme je le suis, appréciant la sensation de rester au milieu à tromper le reste de l’Europe tandis qu’elle s’entredéchire, alors cette Anschluss devrait être la clef de voûte de votre stratégie.

Tiré de Dolchstoß, N°49 (janvier 1977).