Galaxie Diplomatique

Communauté : Diplomacy Française 1983/1988

Diplomatie française, une longue tradition (1983-1988)

Chronologie des premières années du hobby français par Lei Saarlainen 

La chance du face à face français fut que depuis les origines Diplomacy ne fut pas considéré comme un jeu de plateau comme les autres. Casus belli, premier magazine de jeu de rôle en France, créé par Didier Guiserix, porta ainsi la qualification de magazine de jeu de rôle de wargame et de Diplomacy, même si cette dernière intention resta lettre morte. Elle aida sans aucun doute notre jeu à devenir une icône.

Fanzines

Vers 1983, le paysage diplomatique français était caractérisé essentiellement par cinq fanzines de Diplomacy par correspondance. L’ancêtre Vortigern, créé par Roland Prevot et animé essentiellement par Bruno de Scoraille, Christophe Barot et Thierry Blavoet, avait une diffusion nationale de plus d’une centaine d’abonnés et des dizaines de parties s’y déroulaient simultanément. Triumvirat bénéficiait d’une forte implantation essentiellement en Champagne-Ardenne et dans l’est. Vopaliec était plutôt localisé dans l’ouest. Mach die Spühl ! pour la Belgique et Plié en deux pour la Romandie complétait le paysage.

AJT

C’est dans ce paysage diplomatiquement actif que, dans un club de jeu de rôle, l’AJT, se créa ce que l’on peut considérer comme la première ligue de Diplomacy parisienne. Les parties se déroulaient un ou deux soirs par semaine et réunissaient une ou deux tables. C’est là, coincé entre l’ouverture du club à 20h30 et les derniers métros que se forgèrent deux caractéristiques essentielles du hobby français : des parties courtes, à l’AJT le terme était en 1905, voire 1904 ; et un classement basé sur la place, le formule 1 avec 9,6,4,3,2,1,0 points + le nombre de centres final. Les trois éditions furent organisées et remportées par Lei Saarlainen.

Ligue Paris AJT 1983

Ligue Paris AJT 1984

Ligue Paris AJT 1985

L’organisation régulière de tournois à partir de 1985 entraina le déclin puis la disparition de cette ligue.

CLD

Parallèlement, mais de manière beaucoup plus épisodique et sans que les résultats furent conservés, une autre ligue fut créée par Bruno-André Giraudon et le club Loisir Dauphine. Elle forma deux champions du monde, Bruno-André Giraudon et Pascal Montagna, ainsi que de nombreux excellents joueurs comme Pascal Acciari, Henry Flottes de Pouzols ou Antonio Ribeiro Da Silva.

1983-1984

Les deux premiers tournois furent très modestes et organisés dans le cadre d’événements plus larges. Le tournoi Vortigern a été organisé par Thierry Blavoet dans le cadre de la convention Vortigern. Il ne réunit que deux tables en partie longue et en draw. Le triathlon, organisé par la ligue Interclub des jeux de simulation, était un tournoi multijeux comprenant jeux de rôle, wargame et Diplomacy.

Vortigern 83


Triathlon 84

1985

C’est en 1985, à l’initiative de Denis Hanotin que fut organisé en grande pompe le premier Championnat de France de Diplomatie, dans le cadre du salon du jeu au CNIT. En prélude, le premier tournoi de taille substantielle fut organisé par l’Antimythe et Laurent Rousseau sur 3 vendredis soirs.

Antimythe 85

Ce premier Championnat de France de Diplomatie fut indiscutablement un succès. Alors que le nombre de joueurs total est inconnu, on peut affirmer qu’il dépassait certainement les quatre-vingt joueurs. La formule retenue fut quatre parties courtes jouées en 1905 et un système de pointage dérivé de celui utilisé par l’AJT : 7,5,4,3,2,1 points + le nombre de centres à la fin de la partie. A cela s’ajoutait deux autres éléments. A l’initiative de Denis Hanotin, 7,5,4,3,2,1 points étaient ajoutés au score des meilleurs pays de chaque ronde. A mon initiative, l’introduction du système d’appariement suisse dérivé des échecs, qui consiste à faire jouer ensemble les joueurs en fonction de leur classement. Un bonus de table était attribué. Si l’idée de Denis mérite d’être reconsidérée pour une utilisation future, la mienne fût un désastre. Certains joueurs de la table 1 ne jouaient pas pour gagner la partie, mais plutôt pour constituer la table idéale en vue de la ronde finale en éjectant les joueurs qu’ils craignaient le plus ou en conservant ceux avec qui ils s’entendaient le mieux. A ce jeu, c’est Bruno de Scoraille qui l’emporta en instrumentalisant un des grands favoris, Laurent Taillandier. Il le fit gonfler comme une baudruche avant d’en faire un bouc émissaire pour mieux le déchiqueter à pleine dents dans les derniers mouvements.

Championnat de France 85

A la suite du Championnat de France de Diplomatie, furent organisés quatre autres tournois, tous avec le même système de pointage : le formule 1.

Open Diplomacy Dauphine

L’Open Diplomacy Dauphine, ou ODD, qui fut considéré par la suite comme le premier championnat d’Ile de France, a réuni environ quarante joueurs sur quatre rondes organisées durant deux samedis par Bruno-André Giraudon. Encore une fois, l’appariement était fait grâce au système suisse.

Astrolabe 1985

Le tournoi de l’Astrolabe fut organisé par Lei Saarlainen à l’université de Jussieu. Deux rondes sans finale ont regroupé trente joueurs et un total de huit tables.

Tournoi de L'AJT 85

Le tournoi de l’AJT fut organisé par Lei Saarlainen au club de l’AJT. Ce tournoi en deux rondes avec une finale a compté dix-huit joueurs et quatre tables.

Triathlon 85

Masters 1985

Enfin, en fonction des résultats de l’année, fut organisé les premiers Masters de Diplomacy. Chacune des deux rondes était composée de deux tables. La finale vit gagner Laurent Taillandier.


1986

Championnat de France 1986

L’année 1986 se construit essentiellement autour des mêmes tournois ; seul l’Antimythe disparait. Le Championnat de France de Diplomatie, lié au salon du jeu, inaugure l’année. Denis Hanotin reste au commande avec le soutien de la ligue Interclub des jeux de simulation (jeux de rôles, wargames, Diplomacy) et un arbitrage assuré par le père de Diplomacy en France, Roland Prevot, rédacteur en chef et géniteur de Vortigern. Le système suisse est heureusement abandonné, mais des tables de niveaux sont instaurées à la dernière ronde. Le classement se fait à l’aide du formule 1. Avec un total de soixante-dix-huit joueurs, l’affluence reste stable : moins de personnalités extérieures au monde de Diplomacy et une participation accrue du hobby par correspondance Pas moins de trois rédacteurs en chef honorent le Championnat de France de leur présence : Roland Prevot (Vortigern), Georges-André Brugger (Plié en deux) et Guy Humbert (Objectif). Parmi les quatre meilleurs joueurs de l’année dernière, trois finirent aux quatre premières places. Seul FrancisHenri Prevost, absent, disparait. C’est le franco-canadien Terry Moore qui le remplacera dans ce top quatre. Bruno de Scoraille et Laurent Taillandier renouvelle leur affrontement de titan, et c’est Laurent qui, cette fois-ci, aura le dernier mot. C’est avec son élection comme meilleur diplomate et après sa victoire aux Masters en 1985, la consécration du meilleur joueur de la genèse de Diplomacy en France. Par équipe, Sébastien Crozier, le président des Incorruptibles, revendique huit joueurs dans les vingt premiers. Cependant la réalité est plus contrastée. En effet, mettant en avant le fait que les joueurs d’une même équipe ne puissent se rencontrer avant la finale, Sébastien recrutera Bruno-André Giraudon, Laurent Taillandier et Terry Moore entre autres. Ils gagnent donc le fléau d’acier et le plus infâme traitre est leur président, ce qui n’étonnera personne ! Maryline Autret est la première fille à intégrer le top dix. Sébastien et Laurent.

Astrolabe 86

Les autres tournois marquent un léger déclin. L’Astrolabe, en avril, voit Sébastien Crozier remplacer Lei Saarlainen à l’organisation et c’est un autre membre du fléau d’acier, Louis-Alexandre Tabusse, qui l’emporte. Par rapport à 1985, chaque ronde passe de quatre à trois tables.

Open Diplomacy Dauphine 1986

Sébastien Crozier reprend l’organisation de l’Open Diplomacy Dauphine, en remplacement de Bruno-André Giraudon. Encore une fois, un membre du fléau d’acier, Philippe Hoang Mong, dauphin l’année précédente, s’impose. Comparé à 1985, Chaque ronde passe de cinq à trois tables.

Tournoi de l'AJT 1986

Pour la deuxième année, le tournoi de l’AJT, organisé par Lei Saarlainen, se déroule sans les remuants Incorruptibles. C’est la valeur montante de l’AJT, Venios Angelopoulos qui l’emporte.

Classement National

Dans le Trahison ! du 30 juin 1986, Lei Saarlainen publie un classement national.

Triathlon 1986

Le traditionnel tournoi du Triathlon est organisé par l’omniprésent Sébastien Crozier. Et à nouveau un autre membre des Incorruptibles gagne. C’est la première victoire d’une autre figure marquante du hobby, Xavier Blanchot.

Gascon 1986

La bonne surprise est l’organisation de deux tournois hors de Paris. La Gascon a lieu à Gradignan, près de Bordeaux, sous la houlette de François Rivasseau, diplomate de profession et futur porte parole du quai d’Orsay.


Championnat de Suisse

Le Championnat de suisse est organisé par Georges-André Brugger, le rédacteur en chef de Plié en Deux.

Masters 1986 

Comme en 1985, ce sont les Masters, organisés par Lei Saarlainen, qui ponctuent l’année diplomatique. Laurent Taillandier et Bruno de Scoraille devront se contenter des seconds rôles. Le duel opposera le raffiné mathématicien grec, Venios Angelopoulos, avec son légendaire fumecigarette, à la diplomatie intimidante du chauffeur de taxi parisien, Patrick Hamel.

Trahison L’année 1986 vit aussi la création du fanzine francilien Trahison ! par l’équipe des Incorruptibles. Il réussit à effectuer un pont entre le monde de Diplomacy par correspondance et celui du face à face.

Declin des ligues parisiennes

Un autre élément qui marquera cette année est la diminution drastique des parties organisées à l’AJT et au Club Loisir Dauphine. Entre tournois et ligues, le public parisien a fait son choix ; à moins que ce ne soit la motivation des organisateurs.

1987

Declin Accentué

L’année 1987 marque un recul accentué. Les conflits de personnes distillent de très important dégâts. L’AJT et le CLD, agacés par l’omniprésence de Sébastien Crozier, n’organisent plus rien. Les Masters disparaissent faute de classement national car Sébastien cessa de fournir les résultats des tournois à Lei Saarlainen. L’astrolabe n’est recontacté ni par Lei, inactif, ni par Sébastien, pris par ces propres organisations.

1° Congres des traitres

Fin février, le fanzine Trahison ! organise son premier congrès, sous la houlette de l’omnirédacteur Sébastien Crozier. C’est un succès indéniable avec trente et un joueurs sur les deux jours.


Championnat de France 1987

Le Championnat de France de Diplomatie 1987 est toujours inséré au sein du salon du jeu. Il marque lui aussi un sensible déclin de soixante-dix-huit à soixante-douze joueurs. Il était dirigé, une fois encore, par Denis Hanotin entouré par Sébastien Crozier et de Xavier Blanchot. Le trio a chié un nouveau système de pointage, le blanc crottin, ou plutôt blancrotin pour ne pas le citer. Du côté sportif, on constate de nombreuses absences : Laurent Taillandier, le champion en titre, Bruno-André Giraudon et avec lui tous les joueurs du CLD, la plupart de ceux qui avait fait l’effort de franchir le Rubicon du domaine de l’écrit au domaine de la parole (C. Barot, G. Humbert, G.A. Brugger par exemple). En l’absence de Laurent Taillandier et de Bruno-André Giraudon, Bruno de Scoraille est l’indiscutable favori. Il prend bien soin d’expliquer à tous qu’il n’est là que pour s’amuser – sans leur dire que ce serait à leur dépend – et qu’ayant déjà gagné la couronne, il s’assurerait juste que le titre ne tombe pas entre de mauvaises mains – les siennes étaient les meilleures à ses yeux mais il garda la bouche close à ce sujet. Le rôle de l’opposition sera tenu par Xavier Blanchot et Patrick Hamel, mais leurs talents conjugués ne parviendront pas à faire dérailler le métajeu du maitre Bruno de Scoraille. Et comme tout maitre a besoin de serviteurs, le larbin d’or 1987 fut attribué a l’unanimité à Luc Chevallier qui su remercier Bruno de sa confiance. Il était entre en final largement grâce à son aide et ils jouèrent ensemble trois fois en incluant la finale. Dans la première partie, ils terminèrent premier ex aequo grâce à une alliance de fer. Lors de la seconde partie, Bruno de Scoraille laissera la victoire à Luc Chevallier afin que ce dernier, en manque de point, puissent accéder à la finale. L’avenir prouvera que cette décision était bien inspirée. Les polémiques qui suivront cette finale convaincront Sébastien Crozier et surtout Xavier Blanchot de s’opposer pour longtemps au système de la table finale. David Guggenheim s’empare du titre de plus infâme traitre, alors que les Incorruptibles réalisent la passe de trois par équipe.

Défi Richard Lenoir 1987

C’est l’éditeur de jeu, Ludodélire, qui apporte une bouffée d’oxygène à une diplomatie française qui en avait bien besoin, en organisant le défi Richard Lenoir qui réunira vingt-trois joueurs.

Triathlon 1987

Le triathlon 1987, organisé une nouvelle fois par Sébastien Crozier au nom de la ligue, est remporté par Eric Moyroud devant Bruno-André Giraudon et Xavier Blanchot et dix-neuf autres diplomates.

Championnat de suisse

Le second Championnat de Suisse est organisé par Plié en Deux et Georges-André Brugger à la Chaux-de-Fonds. Jigé Pont y remportera le premier de ses trois titres.

1. Jean Gerard Pont

2. Patrice Epars

3. Nicolas Aioutz

1988

L’année 1988 marque le crépuscule de la première ère de Diplomacy en France. Les deux tournois millésimés de cette année ont eu lieu l’un à l’hiver 1987 et l’autre au printemps 1989. Le salon du jeu se ferme au grand public et Diplomacy y perd sa place. Cela finira d’épuiser le seul organisateur de Diplomacy restant, Sébastien Crozier.

Second Congres des Traitres

Le second Congrès des Traitres, organisé en novembre 1987, voit la victoire d’un grognard de l’AJT, Jean-Raymond Vieux.

1. Jean-Raymond Vieux

2. Bruno Andre Giraudon

3. Eric Moyroud

4. Herve Sicart

5. Pascal Maguy

Championnat de Suisse 1988

Loin de là, au milieu des montagnes, un dernier village résiste encore. Le troisième Championnat de Suisse est le seul tournoi organisé en francophonie durant l’année 1988. Georges-André Brugger, mécontent du fonctionnement du système de pointage qu’il a concocté, en devise un autre puis fait la moyenne des deux. Cela a ainsi permis au seul Français participant de partager le titre avec le valaisan Jigé Pont. Ce dernier pourrait être considéré comme le seul vainqueur, car la modification de règlement ayant eu lieu pendant le cours de tournoi. Lei Saarlainen, par respect, lui laissa le premier prix, un magnifique full metal planet.

1.-2. J.G. Pont,
1.-2 Lei Saarlainen
3. Michel Heger