Stratégie

Ouverture à la d'Artagnan

Quand la France ouvre à la D’Artagnan 

(The Iberian Gambit)

Publié sur 18centres le vendredi 3 avril 2009, par bcompte, Chris Warren

Article de Chris Warren écrit pour Diplomacy World. Première publication dans le numéro 81, V.O. consultable sur The Iberian Gambit. Traduction de bcompte.

Deux ouvertures françaises sont particulièrement utilisées. Les deux contiennent A PAR – BOU et F BRE – ATL. La première, dite « Maginot », est complétée par A TOU S PAR – BOU ; la seconde, simplement nommée ouverture bourguignonne, par A TOU – ESP. Les deux permettent de se défendre contre l’armée allemande de MUN et offre l’opportunité de se saisir des 2 centres de la péninsule Ibérique dès 1901.

La troisième ouverture, dite « picarde » s’écrit : A TOU – ESP, F BRE – ATL et A PAR – PIC. Cette dernière est pro-allemande en ce qu’elle offre un compromis sur la BOU en laissant la France son mot à dire sur la Belgique. Cela peut être excellent car une alliance France / Allemagne, bien que difficile à mettre en place, peut offrir une merveilleuse stabilité pour la fin du jeu et une croissance explosive une fois l’Angleterre démembrée. Le joueur français est néanmoins contraint de révéler ses intentions dès la fin de 1901 par ses décisions au sujet de la bataille de Belgique.

À ce moment, l’Angleterre sait où construire pour mettre en place sa défense et la seule flotte française est en Ibérie, à deux années pleines du premier centre anglais. Je propose une ouverture connue comme l’ouverture gasconne mais que j’aime appeler la « Manœuvre ibérique » ou l’ouverture à la D’Artagnan [NDT : The Iberian Gambit, titre original de l’article, a été « légèrement » adapté pour le titre et la suite de l’article en honneur de la faconde de ce légendaire Gascon.]. D’Artagnan ouvre A PAR – GAS, F BRE – ATL, A TOU – ESP. Si cela laisse la BOU ouverte, cette ouverture n’est pas plus faible défensivement que l’ouverture Picarde puisque la Gascogne est limitrophe des 3 centres nationaux français. Bien entendu, pour être pleinement efficace, elle nécessite de bonnes relations avec l’Allemagne. À l’automne, A ESP continue au Portugal et A GAS va en Espagne pour prendre les deux centres ibériques laissant la flotte française libre de ses mouvements. Les options anti-anglaises sont d’avancer en Manche, mer d’Islande ou Canal Saint-Georges mais la menace de passer en Méditerranée pour un blitz contre l’Italie existe également. Si l’option italienne n’est pas aussi ravageuse que l’attaque contre l’Anglais, elle n’en demeure pas moins essentielle. Elle signifie en effet, que cette ouverture peut être justifiée à l’anglais comme une ouverture forte d’une Triplice (F/G/E) ou simplement une ouverture anti-italienne, ceci afin de pousser l’Anglais à partir plein nord sur la Russie (une flotte en mer de Barents à l’automne 1901 étant idéale). Avec une flotte en eau anglaise, une deuxième construite à Brest (et éventuellement une troisième à Toulon), le Français peut prendre un avantage rapide dans le combat pour les Îles britanniques.

Bien entendu, toute « manœuvre » comporte des risques, c’est également vrai pour celle-ci. Si elle est aussi sûre défensivement pour 1901 que l’ouverture picarde, elle n’est pas aussi sécurisante que la Bourguignonne ou la Maginot. Mais si vous avez un véritable allié en Allemagne, cela ne devrait pas poser problème. Ce qui peut être un problème en revanche est le fait que vos 2 armées soient en Espagne et Portugal début 1902. Même un fidèle allié allemand ne peut résister qu’à un certain degré de tentation. C’est pourquoi je recommande de construire F BRE et A PAR en 1901. Une flotte à Toulon, quoique utilisable plus rapidement, devra faire son chemin autour de l’Espagne pour gagner une position utile en Atlantique, ce qui laissera l’armée portugaise immobile pour un an de plus, ou bénéficier d’un Italien qui veut bien vous voir passer en LIO, ce qui devient plus acceptable.

En résumé, l’ouverture à la D’Artagnan est la meilleure méthode pour projeter au plus vite sa force navale au nord et probablement l’arme la plus puissante dont dispose une alliance France / Allemagne contre l’Angleterre. Ses défauts défensifs sont mineurs, surtout comparés aux autres ouvertures pro-allemandes et c’est un mouvement surprenant. En prime elle permet d’éviter d’aller s’embourber en Belgique. Si seulement Napoléon avait su.