Stratégie
La question Septentrionale
Site crée en Aout 2022, Mise en Ligne le 01/05/2023 (348 pages Actuellement - Bonne Lecture)
La question Septentrionale
Russie : La Question Septentrionale
Publié sur frog : Écrit par David Hood, Traduit par Hervé Guilloux, Mise en Page par Ernst Niedermoser
Au printemps 1901, la Russie a quatre unités. Ce fait, particulièrement pour des novices, semble indiquer que la Russie est le pays le plus fort sur le plateau au début d'une partie de Diplomacy. Toutefois, comme les vétérans le savent, ces quatre unités de la Russie ont la même puissance tactique que les trois unités des autres puissances au départ, puisque les quatre unités sont dispersées sur plusieurs fronts. Gérer ses frontières avec les autres nations de façon à tirer le meilleur profit de son unité supplémentaire au départ, tout en minimisant les possibilités d'attaque est le défi que la Russie doit relever. De nombreux joueurs russes ont échoué dans cette mission. Pourquoi? Parce qu'ils se sont surimpliqués au sud, et en conséquence ils ont perdu dans le nord.
La stratégie russe consiste souvent à envoyer tout au sud, dans une campagne en liaison avec l'Autriche ou la Turquie contre l'une de ces puissances. Bien que cette politique n'est pas en soi mauvaise, ses partisans échouent souvent à réaliser que la plus grande menace pour la Russie provient de l'Angleterre et/ou de l'Allemagne, et non de l'est. Je réalise que cela semble contre-intuitif - après tout, la plupart des analystes de Diplomacy considèrent la Russie comme une puissance orientale plus qu'occidentale. Mais la position unique de la Russie des deux côtés de la ligne de stalemate nécessite une forte action russe à la fois en Scandinavie et dans les Balkans. Trop souvent la Russie fera une percée dans le sud, en prenant peut-être Vienne et Budapest, ou Constantinople et Ankara, tandis que l'Angleterre et l'Allemagne se précipiteront en Baltique, en Botnie et à Saint Pétersbourg. La Russie va rarement très loin dans une telle situation.
La solution à ce dilemme réside, comme d'habitude, dans la négociation. La Russie doit s'allier d'entrée de jeu avec quelqu'un dans le nord, de préférence l'Allemagne. Le Kaiser possède les clés de la Suède pour la Russie et partage une frontière commune en Prusse et en Silésie. L'Angleterre peut parfois s'avérer un bon allié, mais la question de la Norvège et de Saint Pétersbourg rend souvent cette alliance branlante. Paradoxalement, gagner un allié au nord nécessite souvent plus que l'engagement de la seule flotte de Saint Pétersbourg là-bas. Cette flotte peut mettre la pression sur le Danemark ou la Norvège, mais quelqu'un doit monter la garde à Saint Pétersbourg!
Aussi voici mes propositions pour une croissance et un succès russe :
1. Soyez patient au sud. Y engager toutes les armées russes peut appeler la défaite au nord. Une guerre prolongée entre l'Autriche et la Turquie n'est pas la fin du monde. En fait, l'expansion russe peut parfois être plus facile au nord, aussi une guerre balkanique larvée est peut-être suffisante. Prenez juste la Roumanie et gardez la, s'il le faut.
2. Considérez A Mos-Stp au Printemps 1901. Certes, vous pouvez ainsi vous faire de l'Angleterre un ennemi, mais mon expérience m'indique que la Russie ne va jamais très loin avec l'Angleterre de toute façon. L'idée ici est de convaincre l'Allemagne que vous êtes prêt et désireux de l'aider dans une attaque de l'Angleterre. C'est une bien meilleure façon de prévenir l'alliance anglo-allemande redoutée qu'en employant simplement des mots. L'Allemagne ne va pas s'engager sans une démonstration du soutien de la Russie, bien sûr. Si vous rendez l'Allemagne heureuse... la Suède. A l'automne, les ordres F Bot-Sue et A Stp-Fin permettent la construction d'une flotte à Saint Pétersbourg (côte nord) et une très forte position contre l'Angleterre.
3. Construisez de manière égale sur les deux fronts. Réellement, des unités construites à Saint Pétersbourg peuvent souvent descendre dans l'arène dans le nord plus rapidement qu'une unité construite ailleurs pour une campagne méridionale. Et pour certaines raisons, construire sur différents fronts sert à créer l'illusion que vous êtes moins fort que vous ne l'êtes en réalité. La Russie est souvent la cible de l'approche "tapons sur le plus fort" pour la constitution de coalitions, aussi l'apparence de force est quelque chose à éviter aussi longtemps que possible.
Le déploiement de force sur une variété de fronts est toujours un problème à Diplomacy, même quand vous jouez une puissance qui n'a souvent qu'un seul front important (e.g. la Turquie). Toutefois, dans le cas de la Russie, les choix concernant le déploiement d'unités sont critiques, pas seulement accessoires pour réussir. Il y a toujours pratiquement une sorte de menace depuis le nord, et de nombreux joueurs russes sous-estiment grandement l'importance de cette menace.
Avertissement: il a été suggéré (dans "Le guide du joueur" de Rod Walker) que la Russie pouvait se permettre de perdre St-Pétersbourg si elle était satisfaite d'être une puissance méridionale avec trois centres. C'est particulièrement vrai quand St-Pétersbourg est occupée par une flotte étrangère. St-Pétersbourg est de l'autre côté de la ligne de stalemate - son occupation ne signifie pas nécessairement la mort. Toutefois, de nombreuses flottes entrant dans le Golfe de Botnie, et en Baltique peuvent aggraver la situation. De plus, alors qu'il est exact que la Russie peut souvent survivre intacte après une défaite totale dans le nord, cela ramène souvent son expansion à la vitesse d'un escargot. La progression dans les Balkans est toujours lente - si la Russie ne prend pas beaucoup de centres après cela, elle fera probablement face à une menace en Prusse et en Silésie, ou dans le Golfe de Botnie et en Livonie sans suffisamment d'unités pour monter une défense efficace.
Rappelez-vous seulement: jouer la Russie revient à jouer simultanément la Turquie et l'Angleterre. Vous avez besoin d'une stratégie méridionale et d'une septentrionale.
Première Parution : DiploWorld # 54