Stratégie

Soutiens et Ruptures de Soutiens

Soutiens et ruptures de soutiens

Publié sur 18centres le dimanche 19 janvier 2003, Écrit par Matthew Self, Traduit par Laurent Lafrechoux

Table des matières

 L'auto-rebond

 Le soutien non sollicité

 Le soutien assuré

 La défense d'un territoire par l'attaque de ses propres troupes

 Le soutien d'une unité délogée n'est jamais effectif

 Quand la seule défense passe par l'attaque de votre agresseur

 Les différents ordres défensifs lors d'une bataille

L'auto-rebond

Nous commencerons par un exemple tactique très simple concernant l'auto-rebond, avec lequel chacun doit être familier. Dans l'exemple 1.1, La France n'a pas encore occupé l'Espagne lors d'une phase d'automne et n'est pas sûre des bonnes intentions de l'Allemagne. Elle doit néanmoins se prémunir d'une attaque italienne sur Toulon, mais souhaiterait dans le même temps se maintenir en Bourgogne et en Espagne.

Exemple 1.1

 Italie : A Piedmont -> Toulon. (*rebond*)

 France : A Espagne -> Toulon. (*rebond*)

 France : A Bourgogne -> Toulon. (*rebond*)

L'auto-rebond garantit l'échec d'une attaque italienne et permet de rester en Espagne et en Bourgogne quel que soit le mouvement de l'unité du Piedmont.

Malheureusement, bien des joueurs de Diplomacy ont un vif souvenir de la première fois qu'ils furent victime du soutien non sollicité pour l'une de leur unité, contrecarrant du même coup leur projet d'auto-rebond.

Exemple 1.2

 Italie : A Piedmont S A Espagne -> Toulon.

 France : A Espagne -> Toulon.

 France : A Bourgogne -> Toulon. (*rebond*)

En jouant ce petit tour, l'Italie prive la France d'une construction supplémentaire et se protège contre l'éventualité d'une nouvelle flotte à Toulon !

Le soutien non sollicité

Nous avons vu dans l'exemple précédent comment un soutien non sollicité pouvait avoir raison d'un auto-rebond adverse. Mais il existe bien d'autres situations dans lesquelles un soutien inattendu peut modifier les mouvements d'un rival.

Dans l'exemple 1.3, la Russie a informé l'Autriche qu'elle allait s'attaquer à la Turquie. L'Autriche espère tirer parti de cette situation en attaquant Varsovie pendant que la Russie se sera compromise au sud. Pour s'assurer que l'attaque se déroulera comme prévue, l'Autriche accorde un soutien non sollicité à l'un des mouvements russes.

Exemple 1.3

 Autriche : A Roumanie S A Ukraine -> Odessa

 Autriche : Budapest -> Galicie

 Russie : Ukraine -> Odessa

 Russie : Odessa -> Arménie

Turquie : Mer Noire -> Odessa (*rebond*)

Sans le soutien de Roumanie, l'armée d'Ukraine serait restée en place et aurait été à même de défendre Varsovie au tour suivant.

Le soutien assuré

Que vous soyez le défenseur ou l'attaquant, l'une des premières étapes concernant l'analyse d'une position consiste à déterminer quels sont les soutiens susceptibles d'être coupés ou non. Vous devez être en mesure de trouver en un coup d'œil quels seront les soutiens assurés puisque c'est sur eux que reposent les mouvements que vous avez planifiés jusque-là.

Dans l'exemple 1.4, l'Italie essaie d'annexer Trieste en suivant la logique (mauvaise) : " J'ai deux soutiens tout comme mon adversaire, mais je peux couper l'un des siens. Donc, je dois l'emporter. "

Exemple 1.4

 Italie : A Alpes S Venise -> Trieste

 Italie : A Venise -> Trieste (*rebond*)

 Italie : F Adriatique S Venise -> Trieste (*coupé*)

 Italie : F Ionienne -> Montenegro (*rebond*)

 Autriche : A Vienne S Trieste

 Autriche : A Trieste H

 Autriche : F Montenegro -> Adriatique (*rebond*)

Malheureusement l'Italie n'a pas regardé assez attentivement. Le soutien de Alpes est fiable (car Vienne ne peut pas le couper tout en donnant le sien), mais celui de l'Adriatique ne l'est en revanche pas. Il peut être coupé depuis le Montenegro. Si l'Italie souhaite absolument s'approprier Trieste dès ce tour, elle doit utiliser le soutien assuré de Venise au lieu de celui de l'Adriatique. Cela signifie que l'Italie devra prendre Trieste avec une flotte au lieu d'une armée. C'est certes moins prometteur pour sa progression future, mais c'est là le prix à payer pour le succès du mouvement.

La défense d'un territoire par l'attaque de ses propres troupes

Une façon efficace de protéger un territoire que vous occupez est d'attaquer ce dernier avec vos propres unités. Si votre ennemi l'attaque également, alors vous êtes protégé par " la règle de la garnison assiégée ". Si votre ennemi n'attaque pas, alors vous êtes protégé par la règle qui veut que l'on ne puisse déloger ses propres troupes.

L'avantage d'une telle approche est que vous pouvez attaquer depuis derrière la ligne de front libérant ainsi les unités directement concernées par le combat.

Dans l'exemple 1.5, la Turquie accepte d'accorder un soutien pour l'entrée de l'armée russe à Budapest depuis la Galicie. Nous savons grâce à l'exemple précédent que le soutien de la Serbie est assuré, mais ce n'est pas le cas du soutien de Trieste. La Turquie décide donc d'accorder son soutien depuis la Serbie et d'utiliser Trieste pour couper un éventuel soutien défensif de Vienne. Ceci ouvre des perspectives d'attaques sur Trieste. Aussi, la Turquie décide d'attaquer elle-même ce territoire depuis le Montenegro et l'Adriatique. Venise rompt enfin un éventuel dernier soutien de Alpes contre Trieste et l'assaut est enrayé !

Exemple 1.5

 Turquie : A Serbie S A Galicie -> Budapest

 Turquie : A Trieste -> Vienne (*rebond*)

 Turquie : F Montenegro -> Trieste (*rebond*)

 Turquie : F Adriatique S F Montenegro -> Trieste

 Turquie : A Venise -> Alpes (*rebond*)

 Russie : A Galicie -> Budapest

 Russie : F Roumanie H

 Autriche : A Vienne S Budapest (*coupé*)

 Autriche : A Budapest S Alpes -> Trieste (*coupé, délogée*)

 Autriche : A Alpes -> Trieste (*rebond*)

Observez la différence avec l'évidente défense de Trieste qui consiste à soutenir une unité restant sur place. Le fait de ne pouvoir attaquer Vienne vous obligerait à compter sur un soutien supplémentaire pour assurer l'attaque de Budapest. Or, le soutien de Trieste n'étant pas fiable (puisque vulnérable à une attaque), il vaut mieux s'assurer que celui de Vienne ne le sera pas plus en l'attaquant soi-même.

Exemple 1.6

 Turquie : A Serbie S A Galicie -> Budapest

 Turquie : A Trieste S A Galicie -> Budapest (*coupé*)

 Turquie : F Montenegro S A Trieste

 Turquie : F Adriatique S A Trieste

 Turquie : A Venise -> Alpes (*rebond*)

 Russie : A Galicie -> Budapest (*rebond*)

 Russie : F Roumanie H

 Autriche : A Vienne S Budapest

 Autriche : A Budapest s A Alpes -> Trieste (*coupé*)

 Autriche : A Alpes -> Trieste (*rebond*)

On peut ici extraire deux importants principes généraux :

Tout d'abord, le fait de rompre un soutien adverse est plus sûr que d'accorder soi même un soutien susceptible d'être à son tour coupé.

Ensuite, vous devez penser qu'il est préférable d'utiliser activement les unités exposées aux attaques ennemies pendant que les unités placées en arrière assurent la défense de vos positions. C'est la manière la plus simple que je connaisse pour trouver rapidement de bons coups d'attaque.

Gardez à l'esprit que vous ne pouvez déloger vos propres unités, même si votre attaque est soutenue ou effectuée par des unités ennemies. Les joueurs interprètent souvent mal ce point de règle. Pour déloger une unité comportant des soutiens de nationalités différentes, les soutiens de la même nation que l'unité visée ne sont pas pris en compte pour un éventuel succès d'attaque.

Le soutien d'une unité délogée n'est jamais effectif

Bien qu'en principe, une unité ne puisse rompre un soutien directement dirigé contre elle-même, n'importe quelle unité délogée voit son soutien annulé. Il est donc possible de rompre un soutien contre soi-même en délogeant l'unité accordant le soutien.

Dans l'exemple1.7, la Russie s'est entendue pour soutenir la Serbie vers Budapest. La Flotte du Montenegro coupera le soutien de Trieste, mais que se passe t'il si Budapest accorde un soutien à Trieste pour entrer en Serbie ?

Exemple 1.7

 Russie : A Roumanie S A Serbie -> Budapest

 Turquie : A Serbie -> Budapest

 Turquie : F Montenegro -> Trieste (*rebond*)

 Turquie : Bulgarie -> Serbie (*rebond*)

 Autriche : A Budapest S A Trieste -> Serbie

 Autriche : A Trieste -> Serbie (*rebond*)

 Autriche : A Alpes -> Trieste (*rebond*)

Parce que l'attaque de la Serbie déloge l'armée de Budapest, le soutien de cette dernière est coupé et Trieste ne peut entrer en Serbie. Notez toutefois que cette tactique peut s'avérer très dangereuse dans la mesure où elle s'appuie sur le succès de l'attaque sur Budapest. Si la Russie omet d'accorder son soutien, un véritable désastre s'ensuit.

Exemple 1.8

 Russie : A Roumanie H

 Turquie : A Serbie -> Budapest (*rebond, délogée*)

 Turquie : F Montenegro -> Trieste (*rebond*)

 Turquie : Bulgarie -> Serbie (*rebond*)

 Autriche : A Budapest S A Trieste -> Serbie

 Autriche : A Trieste -> Serbie

 Autriche : A Alpes -> Trieste (*rebond*)

Au lieu de s'emparer de Budapest, La Turquie perd la Serbie !

Pour les utilisateurs des règles de 1982 Il existe une exception à cette règle. Une unité convoyée ne peut couper le soutien donné par une flotte, même si cette dernière est délogée.

Quand la seule défense passe par l'attaque de votre agresseur

Si vous ne pouvez ni défendre une unité en la maintenant sur place, ni couper de soutiens adverses, vous pouvez toujours tenter de soutenir une attaque vers l'ennemi qui vous menace.

Dans l'exemple 1.9, l'Angleterre souhaite défendre Brest contre une attaque française. Elle ne peut toutefois soutenir sa flotte bretonne car son soutien sera probablement coupé ; elle ne peut pas davantage rompre le soutien de Paris ; pas plus que d'attaquer Brest elle-même avec ses propres unités. La seule façon de contrer la France est de retourner à l'attaque !

Exemple 1.9

 France : F Picardie -> Brest (*rebond*)

 France : A Paris S F Picardie -> Brest

 France : A Espagne -> Océan Atlantique

 Angleterre : F Brest -> Picardie (*rebond*)

 Angleterre : F Belgique S F Brest -> Picardie

 Angleterre : F Océan Atlantique -> Brest (*rebond*)

Bien que la Belgique ne puisse ni soutenir ni attaquer Brest, il lui est possible d'intervenir sur l'attaque de la Picardie qui lui est adjacente. Mais il faut, bien entendu, que l'attaque provienne de ce territoire.

Si la France opère d'une autre façon, il est possible que l'attaque bretonne réussisse, il devient donc nécessaire de protéger Brest depuis l'Océan Atlantique.

Notez que si la France décide finalement de soutenir son attaque depuis la Picardie à la place de Paris, alors le soutien ne sera pas valide puisque la flotte picarde sera délogée. (voir l'exemple 1.7)

Exemple 1.10

 France : F Picardie S A Paris -> Brest (*coupé, délogée*)

 France : A Paris -> Brest (*rebond*)

 France : Espagne -> Océan Atlantique (*rebond*)

 Angleterre : F Brest -> Picardie

 Angleterre : A Belgique S F Brest -> Picardie

 Angleterre : F Océan Atlantique -> Brest (*rebond*)

Les différents ordres défensifs lors d'une bataille

Au bas mot, il existe cinq façons différentes de défendre une unité soumise à une attaque. Assurez-vous de n'avoir pas omis une possibilité cachée !

1. Accorder un soutien défensif. Vous utilisez une unité adjacente qui soutient l'unité concernée. Assurez-vous que votre soutien ne sera pas coupé. L'unité ne pourra pas se déplacer (mais pourra accorder un soutien ou un convoi)

2. Attaquer un soutien offensif adverse. Vous utilisez une unité proche de l'action pour attaquer une unité adverse susceptible d'apporter son soutien à l'attaque. Il est possible que vous deviez spéculer sur le choix de votre adversaire concernant son soutien, mais l'unité attaquée est libre de se déplacer et donc de tenter une attaque. Assurez-vous toutefois que tous les soutiens adverses seront coupés. Le cas échéant, ce serait aussi bien d'accorder un soutien défensif.

3. Attaquer soi même le territoire concerné. Utilisez diverses unités adjacentes au territoire pour porter une attaque au moins supérieure en nombre de votre territoire menacé. L'unité y étant basée est alors libre d'être activement utilisée. (voir l'exemple 1.5)

4. Déloger un soutien adverse. L'unité attaquée peut couper un soutien dirigé contre elle, si elle parvient à déloger l'unité qui en est responsable. (Voir l'exemple 1.7)

5. Contre attaquer son agresseur. Utilisez une unité adjacente à votre assaillant pour organiser une contre-attaque sur son territoire en soutenant cette dernière. (Voir Exemple 1.9)