Stratégie

L'Angleterre

L'Angleterre

Une vision personnelle de stratégie d'ouverture.

 

Publié sur Frog : Écrit par Stephen Agar, Traduit par Laurent Lafrechoux

Introduction

 Avant tout, je voudrais de nouveau soumettre cet avertissement. Cet article n'est pas une analyse en profondeur des possibilités d'ouvertures pour l'Angleterre à Diplomacy. Il s'agit d'un regard porté sur ma façon de jouer. Il est possible que vous trouviez mes propos peu inspirés ou insensés. 

 

A l'attaque de la France!

Soyons honnête, il n'est pas difficile pour la Grande-Bretagne de se trouver bloquée en possédant quatre voire cinq unités. Attaquer St. Petersbourg est une funeste stratégie qui généralement se conclut par une perfide attaque dans le dos. L'Allemagne est une cible difficile au début de la partie, bien que l'on doive constamment se prémunir d'une attaque allemande en Mer du Nord. Ce qu'il faut, c'est construire des flottes, débarquer des armées sur le continent et, le plus important disposer d'un accès à la Méditerranée. Aussi, la logique est implacable; vous devez attaquer au plus tôt la France.


Généralement, les ordres britanniques sont Edi-Nwg et Lon-Nth, une combinaison qui se produit dans 64% des parties, Lpl-Yor étant plus fréquent que Lpl-Edi. D'après moi, il s'agit là d'une ouverture de poltrons. Bien sûr cela vous garantit la prise de la Norvège, et quoi d'autre? Avec l'Allemagne et la Russie, vous êtes en négociation à trois pour le partage de la Scandinavie, sans la moindre assurance que vous n'en serez pas exclu. Il est probable que la France construise une nouvelle flotte à Brest en 1901 et parfois vous aurez la mauvaise surprise de constater l'invasion de Nao caractérisant une précoce attaque à revers.


Pour ma part, j'ai toujours favorisé l'attaque contre la France par les mouvements Edi-Nth, Lon-Eng et Lpl-Wal. En préambule à ces mouvements, il convient de faire en sorte que l'Allemagne ordonne la prise du Danemark avec sa flotte et par-dessus tout, de s'assurer que la France ne prendra pas la direction de la Manche. Les statistiques portant sur les combats pour la Manche en 1901 sont d'ailleurs assez intéressantes. Dans 56% des cas, aucune des deux puissances ne tente de prendre cette mer; dans 25% des parties, la Grande-Bretagne s'en empare contre 10% pour la France et enfin dans 9% les deux joueurs s'y neutralisent. Moralité : négociez la démilitarisation de la Manche et emparez vous en; vos chances sont supérieures à 75%! Pourtant, seuls 34% des joueurs britanniques tentent leur chance et seuls 7% se risquent complètement dans un sanglant assaut contre la France.

L'aide de l'Allemagne est indispensable pour une rapide victoire contre votre ennemi. Vous allez devoir vous engager dès le départ et il sera nécessaire que vous preniez de l'ampleur tout en maintenant le Kaiser à vos côtés, même si vous devez lui promettre la Belgique.

  

La Grande-Bretagne s'empare de la Manche 

Plus vous avancez, meilleur c'est. Mais maintenant, l'aspect psychologique atteint son paroxysme. Il y a désormais une flotte en Atlantique et probablement une armée française en Picardie, Bourgogne ou même occasionnellement, les deux. Les armées allemandes peuvent être en Ruhr et à Kiel, mais surtout, il est souhaitable que leur flotte ne se trouve pas en Hollande.

Considérons maintenant les options qui se dégagent:

1. Eng c Wal-Bre; Nth-Nor.

Pour l'Angleterre, l'idéal serait que le convoi réussisse, mais il suffit que la France protège Brest pour qu'il en résulte un désastre complet. Votre attaque échoue et la France pourra construire une nouvelle flotte bretonne. Quoi que les experts puissent en dire, il s'agit d'un coup de poker au résultat très aléatoire. Bonne chance

2. Eng c Wal-Pic; Nth-Nor

Une stratégie un peu plus sûre dans la mesure où elle semble réussir plus souvent en fonction de la présence ou non d'une armée française en Picardie. En outre la probabilité de voir la Belgique sous protectorat français est à envisager. En contrepartie, vous disposez d'un pied sur le continent et vous pouvez désormais disposer utilement de votre armée. Voilà qui est tout de même mieux que de rester à contempler le décor au pays. Bien sûr, si ce coup peut être accompagné d'une invasion allemande en Bourgogne, cela est encore meilleur. Même si la France s'empare perfidement de la Belgique, il est possible de s'occuper de cela grâce à une alliance avec l'Allemagne.

3. Eng c Wal-Bel; Nth-Nor

Si vous êtes convaincu de l'alliance allemande et que le Kaiser a ordonné Kie-Den; Ber-Kie, pourquoi ne pas demander son aide pour votre entrée triomphale en Belgique assurant ainsi une prochaine poussée en Bourgogne pour sa troisième unité? Nth-Nor vous assure deux constructions en cas de succès, néanmoins, ne soyez pas trop gourmand. La Grande-Bretagne n'a pas besoin de cinq arsenaux fin 1901. Votre position avancée est bien plus importante que le gain d'une unité. En revanche, je ne préconise pas d'aider l'entrée des allemands en Belgique qui assurerait trois constructions allemandes dont l'une serait inévitablement une menace (F Kiel). Bien sûr, si la neutralité de la Norvège est une certitude, vous pouvez décider de remettre à plus tard la prise de ce territoire et utiliser votre flotte de la mer du nord pour soutenir vous-même votre attaque sur la Belgique.

4. Eng-Mao; Nth-Nor; Wal h.

C'est certainement à terme, la stratégie la plus tortueuse. Si la France protège Brest, ce sera un succès déterminant, sous réserve que vous vous empariez de la Norvège. La construction d'une flotte à Londres, accompagnée de son entrée en Manche lors de la prochaine saison grâce à un soutien Atlantique est assurée. Voilà qui place la Grande-Bretagne dans une très forte position. En outre, en automne 1902, la Flotte Atlantique pourra tenter des raids spéculatifs sur les territoires ibériques ou encore supporter une attaque sur Brest. Vous pouvez également vous permettre d'ordonner un retour de la flotte Norvégienne en Mer du Nord afin de décourager une éventuelle trahison allemande. Si l'Allemagne se joint à votre attaque, l'avenir de la France est scellé.

D'un autre côté, si la France décide d'annexer le Portugal ou l'Espagne en ignorant la menace sur Brest, elle aura la possibilité de construire une seconde unité navale et votre stratégie tombe à l'eau. Votre flotte devient dangereusement isolée et sans un appui allemand, la poursuite de l'attaque devient difficile.

Alors, laquelle de ces quatre alternatives est la meilleure? Ne me le demandez pas, je ne suis pas en mesure de vous répondre. Faites un état des lieux après les mouvements de printemps 1901. Prenez en considération l'attitude du Kaiser et dans quelle mesure ce dernier semble disposé à vous aider. Essayez de percer à jour la personnalité du dirigeant français (est-il de nature prudente, prend-il volontiers des risques). Si votre instinct vous trompe, vous serez perçu comme un fou, dans le cas contraire, vous serez considéré comme un génie... Mais je crois qu'il vaut mieux encore tenter de deviner de manière réfléchie les mouvements adverses dans une attaque contre la France que de s'engouffrer aux confins de la Mer de Barents ou n'importe où ailleurs. 

Rebond en Manche 

Bien sûr, comme chacun sait, un rebond en Manche est désastreux pour la Grande-Bretagne. Si cela se produit, vous allez être contraint à des choix cornéliens dès l'automne. Allez vous vous battre pour la possession du bras de mer qui vous sépare de la France au risque de voir l'Allemagne s'immiscer en Mer du Nord? allez vous préférer sécuriser cette dernière en prenant le risque de voir la France aux portes de Londres? Cette dernière solution est vraisemblablement la moins mauvaise dans la mesure où vous ne pouvez tout simplement pas prendre le risque de céder la Mer du Nord. Ceci enlève toute perspective à votre unité galloise qui peut du même coup prendre ses vacances au même titre que votre stratégie défaillante.

L'Angleterre se heurtera à coup sûr à un mur en Atlantique après un échec en Manche dès la première saison. La France libérera Brest pour la construction d'une flotte qui bloquera toute tentative britannique. L'Allemagne est la grande bénéficiaire d'une telle situation et se jettera sur le premier de ses voisins qui commettra une erreur. Armée d'un maximum de trois unités navales en 1902, l'Albion ne pourra que faire front contre la France, monopolisant toutes ses forces et laissant la possibilité à l'Allemagne d'effectuer un dévastateur mouvement en direction de la Mer du Nord. Si vous avez promis dès le départ au Kaiser votre appui pour son entrée en Belgique, cela peut être suffisant pour vous assurer son appui contre votre ennemi, mais il faudra toutefois vous attendre à un long et difficile chemin avant d'espérer des gains en France. Vous devriez alors sérieusement reconsidérer totalement votre stratégie et présenter vos excuses à la France pour envisager un nouveau terrain d'expansion. Bien sûr, il vous faut convaincre Paris de ne pas vous attaquer aussitôt que vous aurez le dos tourné.

Croyez-moi, en tant que joueur qui l'a déjà essayé, si votre attaque contre la France échoue dès le premier mouvement, oubliez la.